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Violences sexuelles contre les enfants : A Ajaccio, l’association C3S Corsica dévoile son plan de lutte


Cécile Orsoni le Mercredi 24 Avril 2024 à 18:32


Mardi 23 avril, à l’Hôtel Campo dell’oro à Ajaccio, l’association C3S Corsica a présenté un plan d’action destiné à éradiquer les violences sexuelles intra et extra familiales. Plus de 60 propositions ont été retenues.



Le docteur Hatem Ballé
Le docteur Hatem Ballé
Comment protéger les enfants victimes de violences sexuelles ? C’est la question à laquelle l’association C3S, collectif corse mobilisé autour des thématiques de la santé sexuelle, a tenté de répondre ce mardi 23 avril, à l’hôtel Campo dell’oro d'Ajaccio. Face au public, et en présence du député et médecin Paul-André Colombani, Arnaud Gallais, ex-membre de la Civiise, a dévoilé un plan d’action issu du travail de la cellule scientifique de l’association.

Car il y a urgence: en France, 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année, mais seuls 8% d’entre eux bénéficient d’un soutien et d'un accompagnement psychologique. Tout aussi grave, 73% des plaintes sont classées sans suite. « Les enfants parlent et nous ne les protégeons pas », déplore Arnaud Gallais. Ainsi, 60 propositions d’action ont été retenues. Elles s’articulent autour de 3 axes majeurs : la prévention, la protection des victimes et leur reconstruction.

Dans le volet préventif, l’association propose d’instaurer un module d’accompagnement destiné aux futurs parents au sein des centres hospitaliers dans le cadre des suivis de grossesse. Il est également primordial de sensibiliser les enfants sur la notion de consentement et de leur apprendre à dire non.

En matière de protection, l’association souhaite rendre obligatoire le signalement effectué auprès des professionnels, en s’appuyant sur l’article de loi « non-assistance à personne en danger. » Il est également impératif de recruter un interprète pour les personnes sourdes ou malentendantes en Corse. Pour l’heure, sur le territoire insulaire, les personnes handicapées ne bénéficient d’aucun relais.

Pour aider à la reconstruction des victimes, l'association souhaite promouvoir un accompagnement systématique des victimes et de leurs proches en formant davantage les interlocuteurs à recueillir les témoignages. Il est aussi question de favoriser la gratuité aux soins psychologiques. Ce projet doit être discuté en lien avec la Collectivité de Corse. Enfin, pour améliorer la coordination entre les différents secteurs, l’association propose de créer une formation spécifique aux violences sexuelles sur mineurs au sein de l’IFRTS, l'Institut de Formation et de Recherche en Travail social, médico-social et sanitaire.

 2000 situations de violences sexistes et sexuelles en Haute-Corse
La question des violences sur les enfants est intrinsèquement liée à celle des violences conjugales. C’est ce qu'explique Hatem Ballé, médecin en Haute-Corse : « Depuis 2017, j’ai traité plus de 2000 situations de violences sexistes et sexuelles dans l’agglomération de Bastia. Il ne faut pas attendre que les victimes viennent à nous, mais aller vers elles. »
Là aussi, les chiffres avancés sont alarmants : 3 viols ont lieu toutes les heures en France, et, dans 91% des cas, l‘agresseur est connu de la victime. Mais seuls 12% des victimes portent plainte et moins de 2% des auteurs sont condamnés. « Les violences sexuelles, contrairement aux violences physiques qui sont visibles par les coups, sont plus compliquées à identifier. La victime doit apporter des preuves. Soit elle est dans une situation de sidération, soit elle accepte la maltraitance pour protéger ses enfants. », explique Hatem Ballé.

« Il faut d'abord convaincre les victimes de parler et d'entamer une procédure judiciaire. Aussi, une femme qui consulte pour violence conjugale doit être reçue plus rapidement. » Afin de mettre en œuvre l'ensemble de ces recommandations, l'association annonce la création de la Criviise. Cette unité devrait héberger ce qu'elle nomme un laboratoire de violences. Le but : rassembler un maximum d’éléments pour confirmer les faits et traiter au plus vite les dossiers. Cette unité sera effective à partir du mois de mai 2024.