Montrer que l’on peut réussir même dans un quartier populaire. C’est l’ambition portée par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Corse (CCI) qui, dans le cadre des Cités Éducatives, organise ce vendredi une journée dédiée à l’entrepreneuriat à Ajaccio. Une initiative née de son récente adhésion au dispositif, qui vise à multiplier les actions éducatives en dehors du cadre scolaire.
« On a été contactés pour notre rôle de formateur et d’accompagnant à la création d’entreprises. On s’est alors demandé ce qu’on allait pouvoir apporter de nouveau dans ce dispositif, et on s’est rendu compte que l’entrepreneuriat n’avait pas été traité dans les actions qui avaient déjà été proposées aux jeunes. On a donc souhaité nous focaliser là-dessus », explique Pascal Agostini, directeur de la formation à la CCI de Corse.
Valoriser les réussites locales
Durant cette journée, une dizaine de chefs d’entreprise viendront rencontrer des collégiens pour présenter leur activité et raconter leur parcours. Tous ont un point commun : ils sont issus des quartiers prioritaires d’Ajaccio, tout comme les jeunes à qui ils s’adressent. « On ne fait pas venir une entreprise lambda qui va expliquer à des jeunes ce qu’est l'entrepreneuriat. On veut que ce soient des personnes au cœur des quartiers qui parlent à de jeunes collégiens, eux-mêmes issus des quartiers. Ils sont tous concernés par le même environnement, par le même cadre de vie, et ils montrent aux jeunes que l’entrepreneuriat est possible et qu’il joue un rôle important. » détaille le directeur.
Pour la CCI, il s’agit aussi de changer les représentations. « Ils ont envie de montrer qu’ils sont la vie économique du quartier, puisqu’ils créent des emplois. L’idée, c’est que les personnes puissent se faire une autre idée de ce qu’il se passe dans les quartiers », poursuit Pascal Agostini.
Transmettre l’envie de créer
Au-delà du témoignage, cette journée s’inscrit dans une volonté plus large : faire naître des vocations, germer des projets et d’ouvrir le champ des possibles. « L’école leur propose d’apprendre, mais pas forcément d’être curieux, d’innover ou de se dire qu’ils vont monter un projet. L’idée, c’est de leur montrer qu’il y a un aspect dynamique à tout ça, et qu'il est possible d’avoir une voie professionnelle en tant qu’entrepreneur. » explique Pascal Agostini.
Un message d’autant plus important que certains entrepreneurs locaux approchent de la retraite, et que des opportunités se profilent. Pour accompagner ces jeunes, la CCI mise sur plusieurs dispositifs : formations en apprentissage, parcours de pré-incubation, ou encore incubation de projets. « Si des jeunes des quartiers populaires veulent se lancer dans l’entrepreneuriat, ils peuvent accéder à des formations en apprentissage, où ils seront immergés dans une entreprise pendant plusieurs mois, voire années. Ils peuvent entrer dans le monde de l’entreprise juste après la troisième », rappelle le directeur. Et pour ceux qui ont déjà une idée ? « Si un jeune a une idée d’entreprise, on l’accompagne, on fait mûrir son idée et on entre dans un système d’incubation pendant six mois pour qu’il réalise son entreprise. Mais l’entrepreneuriat, ce n’est pas uniquement devenir chef d’entreprise, c’est aussi entrer dans une entreprise et devenir salarié. »
Entre récits inspirants et outils concrets, la CCI espère faire passer un message simple : dans les quartiers prioritaires aussi, l’initiative peut être une voie d’avenir.