En plein cœur de l’été, la plaisance tourne au ralenti en Corse. Une baisse de la fréquentation que le directeur du port Charles Ornano à Ajaccio, Paul Corticchiato, constate depuis quelques semaines. « La saison s’annonçait très bonne au départ. Nous avions une activité largement en hausse entre avril et fin juin », indique-t-il dévoilant que la tendance s’est inversée dès les premiers jours de juillet, au point que la structure ajaccienne accuse aujourd’hui une diminution des passages de l’ordre de 10%. « Cela est certainement lié aux effets du contexte économique national, mais aussi à l’arrêté relatif au mouillage de la grande plaisance », analyse-t-il.
Pour rappel, le 7 juin dernier, la préfecture maritime de Méditerranée est venue interdire le mouillage des navires d’une longueur supérieure ou égale à 24 mètres, le long de la bande territoriale abritant les herbiers de posidonie, sur une zone allant de la pointe de Lozari au golfe de Roccapina. « Depuis, nous avons perdu une grosse partie des réservations des bateaux de plus de 24m dans les ports corses, au profit de la Sardaigne », regrette Paul Corticchiato. « Cela représente un manque à gagner important, car les équipages de ces bateaux descendaient à terre pour s’avitailler », note-t-il en prenant l’exemple du yacht d’un milliardaire américain qui, lors de sa venue en juin dernier, avait dépensé « plus de 9000 euros rien qu’en fruits et légumes ». « Le capitaine de ce bateau nous a dit qu’il ne viendrait plus mouiller en Corse et irait en Sardaigne. Tous les ports qui reçoivent de la grande plaisance comme Bonifacio, Porto-Vecchio, Saint-Florent ou Calvi ont perdu cette manne qui est très importante », souffle encore le directeur du port Charles Ornano.
Pour rappel, le 7 juin dernier, la préfecture maritime de Méditerranée est venue interdire le mouillage des navires d’une longueur supérieure ou égale à 24 mètres, le long de la bande territoriale abritant les herbiers de posidonie, sur une zone allant de la pointe de Lozari au golfe de Roccapina. « Depuis, nous avons perdu une grosse partie des réservations des bateaux de plus de 24m dans les ports corses, au profit de la Sardaigne », regrette Paul Corticchiato. « Cela représente un manque à gagner important, car les équipages de ces bateaux descendaient à terre pour s’avitailler », note-t-il en prenant l’exemple du yacht d’un milliardaire américain qui, lors de sa venue en juin dernier, avait dépensé « plus de 9000 euros rien qu’en fruits et légumes ». « Le capitaine de ce bateau nous a dit qu’il ne viendrait plus mouiller en Corse et irait en Sardaigne. Tous les ports qui reçoivent de la grande plaisance comme Bonifacio, Porto-Vecchio, Saint-Florent ou Calvi ont perdu cette manne qui est très importante », souffle encore le directeur du port Charles Ornano.
Les coffres d'amarrage, une solution pour relancer l'activité ?
Face à cette désertion, il estime qu’une partie de la solution pourrait venir de l’installation des coffres d’amarrage au large de la cité impériale. Ce projet porté par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Corse (CCI) pour répondre à la fréquentation croissante des méga-yachts et éviter les mouillages sauvages qui occasionnent de gros dégâts aux herbiers de posidonie, a été retenu comme lauréat du fonds vert eu avril dernier et doit être financé par l’État à hauteur de plus de 500 000 euros. Mais l’annonce de la création prochaine de ces équipements au large de la plage du Lazaret a immédiatement suscité l’ire des associations de défense de l’environnement. Ces dernières ont d’ailleurs à nouveau tenu à s’opposer à ce projet ce jeudi, à l’occasion d’un rassemblement au cours duquel elles ont notamment déploré que du fait de l’installation de ces coffres, toutes baignades et activités nautiques seront interdites dans un périmètre attenant. Une levée de boucliers que le directeur du port Charles Ornano dit avoir du mal à comprendre. « Les gens se baignent devant la plage. Je ne vois personne au large, sauf quand il y a une course qui est programmée et il y a alors des arrêtés préfectoraux qui sont pris car on ne traverse pas un golfe comme cela, c’est dangereux, il y a aussi des bateaux de commerce qui passent », siffle-t-il en reprenant : « Il y a un faux débat sur la mise en place des coffres. Je pense qu’il y a peut-être une certaine désinformation, ou en tous cas de mauvaises explications ».
Trouver un équilibre entre préservation de l'environnement et économie
Selon Paul Corticchiato, un coffre d’amarrage contribue au contraire à « préserver l’environnement au niveau de l’herbier de posidonie » car grâce à cet équipement, « une ancre ne peut pas déraper, le bateau est sécurisé et tourne autour de la bouée ». Il argue par ailleurs que l’argument selon lequel ces yachts sont de supers pollueurs ne tient pas. « La mer n’est pas polluée par la plaisance, mais par les faits anthropiques à terre. De plus, il y a quand même à bord de ces navires des capitaines qui sont formés aux éco-gestes, ne dégazent pas en mer, vont dans des stations de pompage des eaux grises, des eaux noires et des eaux de fond de cale et sont très vertueux. On va même aujourd’hui jusqu’à mettre des caméras au bout des guindeaux qui permettent de savoir où va se planter l’ancre », avance-t-il.
« En fait, on est en train d’opposer l’économie à l’environnement, c’est dommage. On a besoin de préserver notre environnement naturel qui est notre plus grande richesse, mais aussi le facteur économique », regrette-t-il encore en concluant : « À un moment donné, on doit comprendre que l’on a besoin de tout cela, ou alors il faut mettre la Corse sous cloche ».
« En fait, on est en train d’opposer l’économie à l’environnement, c’est dommage. On a besoin de préserver notre environnement naturel qui est notre plus grande richesse, mais aussi le facteur économique », regrette-t-il encore en concluant : « À un moment donné, on doit comprendre que l’on a besoin de tout cela, ou alors il faut mettre la Corse sous cloche ».