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A Bonifacio, le phare de la Madonetta brille de mille feux après sa restauration


le Vendredi 12 Juillet 2024 à 15:06

Jeudi en fin d'après-midi, le nouveau phare de la Madonetta a été inauguré. Le Conservatoire du littoral, propriétaire du site, avait invité les élus, hauts-fonctionnaires de l'Etat et artisans locaux de ce chantier exceptionnel, qui aura duré deux ans. Le phare de la Madonetta se délabrait, il avait besoin d'être restauré et sa restauration semble aujourd'hui faire l'unanimité.



Deux ans de travaux ont été nécessaires pour restaurer le phare de la Madonetta, qui s'élève à l'entrée du goulet de Bonifacio.
Deux ans de travaux ont été nécessaires pour restaurer le phare de la Madonetta, qui s'élève à l'entrée du goulet de Bonifacio.
Oh madonna, Madonetta ! « Je crois que c’est le plus bel endroit au monde. » Jean-Charles Orsucci manque d’objectivité, sans doute, mais on est bien en peine de contredire le maire de Bonifacio. Tourné vers la Sardaigne, le phare de la Madonetta se dresse sur son éperon rocheux à 28 mètres au-dessus du niveau de la mer. Situé à l’entrée du goulet qui permet d’accéder au port, entre Cala di Paraguano et Capu Pertusatu, il se donne à voir des bateaux et des randonneurs. Une petite heure de marche suffit pour l’atteindre, au départ du sentier d’A Strada Vecchia, en basse-ville.

Le détail des réalisations

Construit entre 1852 et 1854 sur le modèle des maisons phares, il n’avait plus été rénové depuis 1946. Giflé par le vent, rongé par la salinité des embruns, le phare de la Madonetta restait certes debout, mais en proie au délabrement. Entre 2020 et 2021, une première tranche de travaux est venue restaurer les marches de pierre calcaire, qui relient le « continent corse » au promontoire du phare. « Il fallait prioriser le chemin d’accès, les escaliers étaient en très mauvais état, ce n’était pas du tout sécurisé », se souvient Emmanuelle Fauvelle, chargée de mission du Conservatoire du littoral, qui a acquis le site en 2018. Coût de l’opération : 177 000 €, pris en charge pour moitié par la Collectivité de Corse.

Les travaux sur le phare et son enceinte ont débuté un an plus tard. Ils ont duré deux ans. « On n’a pas pris trop de retard, se réjouit Jean-Mathieu De Lipowski, du cabinet Orma Architettura. Mais c’était un chantier compliqué. On faisait venir les matériaux avec des barges ou par héliportage. Les six ou sept ouvriers en moyenne chaque jour sur le chantier ont dû travailler dans des conditions de tempête, non pas extrêmes, mais régulières. » Dans ces conditions, l’architecte salue le travail et la discipline dont ont fait preuve les ouvriers de l’entreprise bonifacienne Micro TP et de la Ferronnerie artisanale de Lecci : « On a eu un chantier très propre, malgré le vent. C’est passé par une vigilance de tous les instants pour ne pas polluer le site. »

Avant et après travaux : les escaliers d'accès au phare. PHOTO E.FAUVELLE CONSERVATOIRE DU LITTORAL
Avant et après travaux : les escaliers d'accès au phare. PHOTO E.FAUVELLE CONSERVATOIRE DU LITTORAL
L'Etat a financé 86 % du projet

Au début de XXe siècle, une annexe disgracieuse avait été accolée à l’arrière du phare, pour permettre au gardien d’y vivre avec sa famille. Elle a été démolie. Les sols et murs ont été refaits en moellons de calcaire, revêtus d’une chaux spécialement conçue pour résister au milieu marin et mélangée à du sable bonifacien. « C’est pour avoir la sensation d’avoir un écrin de mur qui prenne la teinte de la falaise », explique Jean-Mathieu De Lipowski. Devant le phare, l’esplanade a été soigneusement murée. Plongeant vers la mer, elle offre une vue à 180 degrés, exceptionnelle. Au sol, une scénographie représentant une rose des vents a été imaginée. En contrebas, le local technique qui servait à alimenter la citerne à gaz a été transformé en une sorte de grotte calcaire éclairée par deux petites ouvertures qui invitent à poser le regard inlassablement sur les falaises et la citadelle. Enfin, un coup de peinture a redonné de la flamboyance au phare, dont le rouge vif tranche avec l’aspect crayeux de l’édifice.

Ainsi paré, le phare s'offre un répit de cinquante ans et va pouvoir reprendre le cours de son affrontement contre vents, tempêtes et embruns. Auprès des marins, rien ne va véritablement changer, la Madonetta continuera de veiller sur eux. Auprès des visiteurs, l’enceinte et l’esplanade deviendront à coup sûr des incontournables sur le chemin de la randonnée côtière, même si l’intérieur du phare restera fermé au public (à l’exception des Journées du patrimoine). Le coût total de l’opération s’élève à près de 800 000 euros, dont l’essentiel (86 %) a été abondé par l’État. 

En haut, les murs délabrés avant travaux. En bas : le résultat, après l'enduit à la chaux. PHOTO E.FAUVELLE CONSERVATOIRE DU LITTORAL
En haut, les murs délabrés avant travaux. En bas : le résultat, après l'enduit à la chaux. PHOTO E.FAUVELLE CONSERVATOIRE DU LITTORAL
Et maintenant, Pertusatu ?

Et en ces temps d’instabilité politique, le sous-préfet de Sartène Gaël Rousseau se dit « qu’on a peut-être loupé quelque chose » dans la manière de communiquer sur les financements d’État. « Et ce quelque chose, c’est ce qu’on a sous le yeux, le résultat de notre travail commun. » Si le phare de la Madonetta a pu obtenir un tel subventionnement, c’est principalement parce que le dossier a bénéficié du dispositif France Relance, qui visait à relancer la croissance du pays au sortir de la crise sanitaire, en faisant travailler des entrepreneurs locaux. 

Le chantier d'un phare en chasse un autre, et désormais c’est le site du phare de Pertusatu que la municipalité souhaiterait voir requalifié, avec un projet d’espace de stationnement, agrémenté d’un sentier pédestre aménagé. Durant son discours, Jean-Charles Orsucci en a glissé deux mots devant le sous-préfet... lequel a bien reçu le message !