Au refuge de Fornacica, à Furiani, la liste d'attente des animaux à accueillir n'en finit plus. Pourtant, l'unique structure du département, inaugurée le 13 mai dernier, n'est ouverte au public que depuis quelques semaines seulement. Elle y compte déjà 39 chiens et environ 40 chats, abandonnés par leurs maîtres ou retrouvés errants dans les rues. "Les chenils et les chatteries sont pleins. Et à l'heure où l'on se parle, 17 chiens sont dans l'attente d'être placés chez nous", rapporte ce vendredi 9 août Alexandre Olmeta, responsable du refuge Fornacina, en examinant son carnet plein à craquer.
Si 22 chiens ont déjà été adoptés, le refuge ne désemplit pas. Au grand dam d'Alexandre Olmeta : "Chaque chien qui s'en va ouvre une place à un autre qui figurait jusqu'à présent sur la liste d'attente. On aimerait que les boxes soient vides, mais pour l'heure, on se contente de rayer le nom d'une liste."
"Les gens prennent les animaux pour des peluches"
Aux yeux des employés de la structure mise sur pied grâce à l'énergie déployée des années durant par Pierre-Michel Simonpietri, maire de Furiani, il apparaît évident que ces drames de la vie ne sont en rien prévisibles. Mais pour limiter les risques que des abandons ne se reproduisent dans les foyers d'adoptions, la somme que représente l'entretien d'un animal, va être affichée à l'accueil.
Cependant, d'autres motifs avancés pour justifier un abandon sont moins entendables. "Nous avons vu passer beaucoup de Malinois depuis l'ouverture. Mais il s'agit d'une race ayant particulièrement besoin de se dépenser, d'interagir… Je me demande parfois s'il ne s'agit pas d'un phénomène de mode où les gens prennent les animaux pour des peluches. Certains propriétaires ne comprennent pas toujours qu'il s'agit d'êtres vivants, qui constituent un budget et qui demandent surtout du temps, de l'énergie et de la patience", s'interroge le responsable.
Si les abandons sont la cause principale de cette saturation du site géré par la Fondation Assistance aux animaux, elle s'explique également par un autre facteur. À savoir, l'ouverture de la fourrière de la ville ayant eu lieu avant celle du refuge. "La fourrière a ouvert en mai, alors que le refuge n'a été opérationnel qu'au début du mois de juillet. Ainsi, ce décalage a contraint la fourrière à garder les chiens et les chats bien plus longtemps que les 8 jours maximum prévus initialement. Donc, lorsque nous avons pu accueillir les animaux, nous avons fait face à une énorme vague, jusqu'alors contenue dans leurs chenils", pondère-t-il.
Une seule option : la stérilisation
Mais la démarche ne s'arrête pas là. En effet, au moment de l'adoption de chatons ou de chiots – encore trop jeunes pour subir cette intervention –, le refuge de Fornacina a mis en place un système de caution. Ainsi, un chèque est récupéré par la structure en échange d'un bon de stérilisation. Après l'intervention effectuée, le nouveau propriétaire revient au refuge pour présenter le carnet de santé à jour de son animal, pour récupérer sa caution. "C'est le meilleur moyen d'inciter les gens à entamer les démarches. Mais dans l'ensemble, les gens jouent le jeu", remarque Alexandre Olmeta. Et si la situation reste globalement préoccupante – avec près de 330 animaux abandonnés sur l'île au cours de l'année 2023 selon la SPA –, le responsable du refuge de Fornacina tente de rester optimiste quant au comportement des propriétaires d'animaux : "J'ai l'impression que les gens, et surtout la nouvelle génération, ont de plus en plus conscience de la responsabilité que représente l'adoption."