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A Furiani, le refuge de Fornacina est saturé : "Les gens prennent les animaux pour des peluches"


Rose Casado le Dimanche 11 Août 2024 à 12:17

À peine inauguré, le refuge de Fornacina, à Furiani, affiche déjà complet. Conçu pour accueillir les animaux abandonnés de Haute-Corse, il est déjà saturé par l'afflux de chiens et de chats. Face à cette crise, les responsables du refuge, débordés mais déterminés, redoublent d'efforts pour trouver des solutions.



Au total, 39 chiens sont actuellement au refuge de Fornacina.
Au total, 39 chiens sont actuellement au refuge de Fornacina.

Au refuge de Fornacica, à Furiani, la liste d'attente des animaux à accueillir n'en finit plus. Pourtant, l'unique structure du département, inaugurée le 13 mai dernier, n'est ouverte au public que depuis quelques semaines seulement. Elle y compte déjà 39 chiens et environ 40 chats, abandonnés par leurs maîtres ou retrouvés errants dans les rues. "Les chenils et les chatteries sont pleins. Et à l'heure où l'on se parle, 17 chiens sont dans l'attente d'être placés chez nous", rapporte ce vendredi 9 août Alexandre Olmeta, responsable du refuge Fornacina, en examinant son carnet plein à craquer.

 Si 22 chiens ont déjà été adoptés, le refuge ne désemplit pas. Au grand dam d'Alexandre Olmeta : "Chaque chien qui s'en va ouvre une place à un autre qui figurait jusqu'à présent sur la liste d'attente. On aimerait que les boxes soient vides, mais pour l'heure, on se contente de rayer le nom d'une liste."


"Les gens prennent les animaux pour des peluches"

"Je me demande parfois s'il ne s'agit pas d'un phénomène de mode", déplore Alexandre Olmeta.
"Je me demande parfois s'il ne s'agit pas d'un phénomène de mode", déplore Alexandre Olmeta.
Véritables amoureux des animaux, le responsable et les 10 employés du refuge tentent de trouver malgré tout des solutions dans l'urgence pour accueillir les animaux. "La plupart du temps, nous sommes confrontés à des gens désespérés, qui ne sont plus en capacité de garder leur animal. Séparations, décès, manque de ressources financières constituent le cœur des motifs d'abandon. C'est terrible, mais nous ne sommes pas là pour les juger, on essaie simplement de pousser les murs lorsque cela est possible", assure-t-il.
 
Aux yeux des employés de la structure mise sur pied grâce à l'énergie déployée des années durant par Pierre-Michel Simonpietri, maire de Furiani, il apparaît évident que ces drames de la vie ne sont en rien prévisibles. Mais pour limiter les risques que des abandons ne se reproduisent dans les foyers d'adoptions, la somme que représente l'entretien d'un animal, va être affichée à l'accueil.
 
Cependant, d'autres motifs avancés pour justifier un abandon sont moins entendables. "Nous avons vu passer beaucoup de Malinois depuis l'ouverture. Mais il s'agit d'une race ayant particulièrement besoin de se dépenser, d'interagir… Je me demande parfois s'il ne s'agit pas d'un phénomène de mode où les gens prennent les animaux pour des peluches. Certains propriétaires ne comprennent pas toujours qu'il s'agit d'êtres vivants, qui constituent un budget et qui demandent surtout du temps, de l'énergie et de la patience", s'interroge le responsable. 
 
 
Si les abandons sont la cause principale de cette saturation du site géré par la Fondation Assistance aux animaux, elle s'explique également par un autre facteur. À savoir, l'ouverture de la fourrière de la ville ayant eu lieu avant celle du refuge. "La fourrière a ouvert en mai, alors que le refuge n'a été opérationnel qu'au début du mois de juillet. Ainsi, ce décalage a contraint la fourrière à garder les chiens et les chats bien plus longtemps que les 8 jours maximum prévus initialement. Donc, lorsque nous avons pu accueillir les animaux, nous avons fait face à une énorme vague, jusqu'alors contenue dans leurs chenils", pondère-t-il.
 

Une seule option : la stérilisation

Face aux abandons, les employés encourage les familles à se tourner vers des chiens adultes, souvent délaissés au profit de chiots.
Face aux abandons, les employés encourage les familles à se tourner vers des chiens adultes, souvent délaissés au profit de chiots.
Pour tenter de limiter l'affluence de ces animaux domestiques, la Fondation a pour fer de lance la stérilisation. "Nous recevons régulièrement des chattes et des chiennes avec leurs portées. C'est un véritable problème pour ces animaux parfois errants", rapporte Alexandre Olmeta. Et pour cause, c'est parfois une demi-douzaine d'animaux qui sont amenés en même temps au sein du refuge, qui trouve rapidement des limites en termes de place. "Nous avons un partenariat avec la clinique vétérinaire Cyrnevet. Donc, lorsque les chats et les chiens errants arrivent, on s'occupe systématiquement de les faire stériliser, avant de les relâcher sur site, ajoute-t-il. Quant à leurs petits, on fait tout pour les garder, dans la limite du possible."
 
Mais la démarche ne s'arrête pas là. En effet, au moment de l'adoption de chatons ou de chiots – encore trop jeunes pour subir cette intervention –, le refuge de Fornacina a mis en place un système de caution. Ainsi, un chèque est récupéré par la structure en échange d'un bon de stérilisation. Après l'intervention effectuée, le nouveau propriétaire revient au refuge pour présenter le carnet de santé à jour de son animal, pour récupérer sa caution. "C'est le meilleur moyen d'inciter les gens à entamer les démarches. Mais dans l'ensemble, les gens jouent le jeu", remarque Alexandre Olmeta. Et si la situation reste globalement préoccupante – avec près de 330 animaux abandonnés sur l'île au cours de l'année 2023 selon la SPA –, le responsable du refuge de Fornacina tente de rester optimiste quant au comportement des propriétaires d'animaux : "J'ai l'impression que les gens, et surtout la nouvelle génération, ont de plus en plus conscience de la responsabilité que représente l'adoption."