Quand une nappe d’hydrocarbures touche le littoral, chaque minute compte. Et pour permettre aux acteurs locaux d’intervenir sans attendre, l’Office de l’Environnement de la Corse, en partenariat avec la direction de la mer et du littoral de Corse et le Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre), a organisé ce mercredi 26 mars à Lumiu une journée de formation dédiée à la lutte contre les pollutions maritimes liées aux hydrocarbures.
Destinée aux agents des communes littorales et à ceux du Parc naturel régional de Corse (secteur Scandola), cette session mêlait théorie et ateliers pratiques. « Avec la croissance des flux de navires autour de la Corse, les risques de pollutions augmentent. Ainsi, pour lutter contre les pollutions maritimes notamment liées aux hydrocarbures, nous, l’OEC, organisons des sessions depuis 3 ans dont la formation est dispensée par le Cedre, unique organisme habilité en la matière, reconnu pour son expertise à l'échelle internationale. Normalement, la lutte antipollution relève des services de l’État, et plus précisément du plan ORSEC Polmar Terre », rappelle Nathalie Paoli-Leca, cheffe du service « Développement durable de la mer » à l’OEC.
Si le préfet coordonne l’intervention des moyens départementaux, régionaux ou nationaux selon l’ampleur de la pollution, les premiers gestes sont souvent entre les mains des acteurs locaux. « Avec l’OEC, nous comptons pérenniser ce genre d’opération en formant les agents et en finançant du matériel de premiers secours. Dans les zones portuaires, avec les activités de plaisance et sur le plan d’eau, en découlent des pollutions chroniques. Et lorsqu’il y a des pollutions marines, les acteurs locaux sont directement concernés et doivent être en mesure de pouvoir circonscrire la pollution de manière déterminante en intervenant dès les premières minutes ». détaille Nathalie Paoli-Leca.
C’est dans cette logique que l’OEC, sous la présidence de Guy Armanet, a créé un service dédié à la mer et renforcé sa stratégie antipollution. « Les acteurs sur place doivent être en mesure de déployer le matériel acquis car ce sont les maires des communes littorales qui sont responsables de ce territoire », poursuit Nathalie Paoli-Leca.
Depuis 2023, des formations similaires ont été organisées à Aléria, sur le site de l’étang de Diana, puis en 2024 sur le Grand Site de la Parata. Pour toucher un maximum de participants, l’OEC alterne les sessions entre Haute-Corse et Corse-du-Sud. « C’est essentiellement pour renforcer la capacité de réponse face à de telles crises », explique-t-elle.
Le programme de la journée s’est articulé en deux temps. D’abord une partie théorique, consacrée aux techniques de confinement et de récupération des hydrocarbures, à l’organisation d’un chantier, aux règles de sécurité et d’hygiène, et à l’identification des différents types de pollution. Ensuite, trois ateliers pratiques ont été menés sur le terrain : intervention autour d’un bateau au réservoir fuyant, fermeture de la passe du port à l’aide de boudins, et mise en œuvre d’un chalutage dynamique depuis une petite unité. « Tout est simulé et réalisé en temps réel. Les agents seront ainsi capables de pouvoir mettre en place ce genre d’interventions », souligne Nathalie Paoli-Leca.
Le port de Sant’Ambrosgiu, qui a accueilli la formation, s’inscrit lui aussi dans cette dynamique. La commune de Lumiu envisage en effet de candidater à la norme ISO 18725, dite « Ports Propres ». Le matériel utilisé lors de cette journée a été financé par l’OEC dans le cadre de ce dispositif.