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À l’hôpital d’Ajaccio, les urgences sous tension


le Lundi 17 Juillet 2023 à 18:25

Lors d’une conférence de presse ce lundi matin, plusieurs médecins urgentistes et personnels paramédicaux de l’hôpital de la Miséricorde à Ajaccio ont alerté sur un manque d’effectifs qui mettra le service sous tension tout au long de l’été. Une situation inédite, face à laquelle ils appellent à la responsabilité de la population, l’invitant à pas surcharger les urgences pour des pathologies relevant de la médecine de ville



(Photo : Archives Michel Luccioni)
(Photo : Archives Michel Luccioni)
C’est une « situation de crise inédite ». Ce lundi matin, lors d’une conférence de presse au cabinet médical de la Gravona, médecins urgentistes et personnels paramédicaux ont entendu lancer un message d’alerte à la population sur la situation de tension que les urgences de l’hôpital d’Ajaccio vont connaître tout au long de l’été. 
 
« À compter d’aujourd’hui et jusqu’au 1er septembre, en journée nous nous retrouvons à trois médecins pour pouvoir accueillir les patients. Habituellement, les autres étés, nous étions cinq. Nous nous trouvons clairement en sous-effectif », indique le Dr Jérôme Colonna d’Istria, chef de service adjoint des urgences. « À trois médecins nous pouvons assurer les urgences, mais pas tout ce qui relève de la bobologie ou des problématiques médicales plus légères », ajoute-t-il en précisant : « Les patients qui se présenteront aux urgences parce qu’ils ont par exemple marché sur un oursin, nous ne pourrons pas les recevoir. Ils seront évalués par une infirmière d’accueil et seront réorientés soit vers leur médecin traitant, soit vers SOS Médecins s’il y a une possibilité qu’ils puissent les voir, soit éventuellement vers la maison médicale de garde attachée aux urgences tenues par un médecin libéral le soir de 20h à minuit, ou vers certains médecins généralistes qui ont des créneaux d’urgence ».
 
« Cela fait plusieurs semaines que l’on voit venir le problème, nous en avons discuté avec notre direction et avec l’ARS qui ont essayé de trouver de la ressource médicale. Mais malheureusement on n’a pas trouvé de solution », souffle encore le chef de service adjoint des urgences de l’hôpital de la Miséricorde. Selon lui, si les difficultés de recrutement existaient déjà, cette situation d’un tel manque d’effectif au sein de l’établissement ajaccien serait en grande partie liée à l’application la loi Rist. « Cela a pour conséquence directe que les médecins intérimaires qui venaient habituellement chez nous l’été ne sont plus venus. Nous avons une dizaine de médecins qui se sont désengagés sur l’été », déplore-t-il. « Nous étions d’accord sur le principe de cette loi, beaucoup moins sur sa mise en application de la saison estivale », grince de son côté le Dr Laurent Carlini, médecin libéral et urgentiste. 

" On ne peut pas faire plus que ce que l’on fait "

Médecins urgentistes et personnels paramédicaux tenaient une conférence de presse ce lundi pour alerter sur la situation de tension qui touchera les urgences d'Ajaccio tout l'été
Médecins urgentistes et personnels paramédicaux tenaient une conférence de presse ce lundi pour alerter sur la situation de tension qui touchera les urgences d'Ajaccio tout l'été
En effet, alors que l’île entre dans son pic de fréquentation estivale, comme chaque année les passages aux urgences se multiplient, passant de 60 à 100 par tranche de 24 heures à près de 200, en accroissant ainsi encore la tension sur des personnels déjà débordés et épuisés par trois ans de crise Covid. De facto, les urgentistes entendent lancer un appel à la population afin de la pousser à se tourner vers la médecine de ville comme l’Agence Régionale de Santé de Corse l’avait fait il y a quelques jours. « Nous faisons cela dans un souci de protéger la population, de se protéger nous-mêmes et de nous recentrer sur notre mission première : les urgences vitales et relatives », souligne le Dr Carlini en insistant sur la grande mobilisation des personnels médicaux et paramédicaux au sein de l’établissement. « Nous avons proposé des solutions à court terme, comme se rajouter sur les plannings médicaux, bien au-delà de nos possibilités. C’est ce qui a fait que jusqu’à présent nous avons réussi, dans la limite du possible, à combler les plannings médicaux jusqu’à maintenant », relève-t-il.  « Nous sommes des médecins dévoués, mais on ne peut pas faire plus que ce que l’on fait », reprend le Dr Colonna d’Istria. 
 
Il y quelques jours, la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF) de Corse avait sollicité le ministre de la Santé afin de l’alerter sur l’inquiétude qui règne chez les médecins libéraux corses « quant à l’accès aux soins et à la prise en charge des patients dans les structures de santé insulaires ». Un appel qui avait également été relayé par le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni. Des courriers qui sont jusqu’à ce jour restés sans réponse. « Force est de constater qu’il n’y avait peut-être pas de solution immédiate à nous proposer », regrette le Dr Laurent Carlini.