(Photo d'illustration)
C'est un dispositif qui peut sauver des vies. L'opération "Cap sur les Chantiers Corse", qui s'est déroulée pour la quatrième fois du 17 au 19 octobre dernier, a vu la Direction des Risques Professionnels (DRP) de la Carsat Sud-Est aller à la rencontre des acteurs insulaires du BTP. 28 chantiers visités et 30 entreprises rencontrées plus tard, le bilan est toujours aussi préoccupant. "On a souvent des manquements et on a envoyé au total dix injonctions aux entreprises : des courriers demandant la mise en œuvre de mesures de prévention précises dans un délai imparti compte tenu des situations de risques particulièrement graves constatées sur le terrain, détaille Jean-Claude Stefani, Ingénieur Conseil à la Carsat Sud-Est. Ça représente un tiers des visites et c'est énorme."
L'an dernier, la filière avait connu quatre accidents de travail mortels, dont un intérimaire. Un effroyable bilan, en comparaison des onze survenus sur l'ensemble du continent la même année. A travers cette démarche, la DRP - intervenue simultanément de Bastia à Porto-Vecchio, en passant par la Balagne, Propriano et Ajaccio - a pu mettre en lumière trois sources d'accidents qui reviennent régulièrement : "les chutes de hauteur, les ensevelissements lors de travaux dans les tranchées et tout ce qui est lié à l'utilisation ou le stockage de banches (parois utilisées pour les murs), énumère Jean-Claude Stefani. Souvent, on a des problèmes au niveau des protections périphériques : des garde-corps manquants, non conformes ou non continus. On a aussi de nombreux accidents avec des banches qui tombent ou des talus d'une hauteur énorme qui s'effondrent."
Informer, anticiper et aider
C'est suite à la dramatique année 2018 et ses douze accidents de travail mortels, dont sept dans le BTP, que la Carsat Sud-Est - qui gère aussi les six départements de la région PACA - a particulièrement renforcé son action en Corse.
Mais pourquoi l'île est-elle plus touchée que le continent ? Jean-Claude Stefani l'explique par la spécificité insulaire : "Ici, quand on parle de majors, il y en a peu et ils sont locaux. Tout le reste du territoire est occupé par des PME voire des TPE. Et souvent, il y a un manque d'informations, une méconnaissance sur le matériel, les dangers."
Mais pourquoi l'île est-elle plus touchée que le continent ? Jean-Claude Stefani l'explique par la spécificité insulaire : "Ici, quand on parle de majors, il y en a peu et ils sont locaux. Tout le reste du territoire est occupé par des PME voire des TPE. Et souvent, il y a un manque d'informations, une méconnaissance sur le matériel, les dangers."
Au-delà des manquements à la réglementation, la non anticipation est caractéristique de la filière en Corse. "Quand on improvise, c'est accidentogène : si on n'a pas le matériel adapté, pas réfléchi au mode opératoire, pas prévu certaines choses, c'est souvent là qu'on a des accidents, affirme l'Ingénieur Conseil de la Carsat Sud-Est. Ce qui manque dans certains chantiers, c'est cette anticipation : il faut prévoir dès la conception."
Pour lutter contre ce phénomène, une équipe de trois contrôleurs de sécurité a vu le jour il y a quatre ans, aux côtés de Jean-Claude Stefani. "Plus que ce rôle de contrôle, on accompagne aussi techniquement les entreprises, poursuit l'Ingénieur Conseil. L'autre volet est financier : on peut soutenir les entreprises avec des aides pour s'équiper, se former."
La Corse, dont le nombre d'entreprises représente 8% de la région PACA-Corse, a reçu 25% des subventions de la Carsat Sud-Est l'an dernier.
La Corse, dont le nombre d'entreprises représente 8% de la région PACA-Corse, a reçu 25% des subventions de la Carsat Sud-Est l'an dernier.