Ce jeudi matin, c'est plus de 80 personnes, professionnels de la santé, élus et population, qui se sont une nouvelle fois rassemblées sur le parking du cabinet médical de Lumiu, en soutien au docteur Yann Perchoc agressé physiquement lundi 14 février dans le cadre de ses fonctions.
"Nous avons voulu nous rassembler ici pour soutenir notre confrère. Nous vous soutenons dans cette démarche et espérons que vous resterez parmi nous, car la défection d'un médecin en ce moment est catastrophique pour la microrégion. Nous sommes tous sous pression depuis plusieurs années, et on ne comprend pas l'agressivité de certains patients" indique le docteur Dominique Simeoni, généraliste à L'isula, présidente du CTPS de Balagne, avant de laisser la parole au docteur Perchoc "je suis très ému et agréablement surpris par une telle mobilisation, des professionnels de santé, mais aussi de la population".
Une plaine déposée à la gendarmerie pour défendre toute une profession
Le lendemain des faits, le docteur Perchoc s'est rendu à la gendarmerie afin de déposer une plainte contre le patient agressif. Une plainte personnelle qui de surcroît défend toute une profession. "Effectivement j'ai déposé une plainte. Nous ne pouvons pas laisser la place à la pression et l'intimidation, encore moins aux menaces verbales et physiques. Je n'ai pas uniquement déposé plainte pour moi, mais c'est surtout pour la profession en général. Cet acte porte atteinte à tout le personnel de santé ".
Le patient agressif avait d'ailleurs été délogé de la salle d'attente du cabinet par les forces de l'ordre le jour de l'agression. Le médecin s'inquiète également de la violence récurrente de la part de ses patients, depuis son installation il y a 4 mois. "C'est arrivé assez fréquemment. L'après-midi même de l'agression, une personne, qui n'est pas un patient du cabinet et venu sans rendez-vous, s'en est pris à l'infirmière du cabinet qui s'occupe du secrétariat, en l'occurrence mon épouse. On ne peut pas travailler dans ce genre de conditions".
Une recrudescence de violence qui, selon le praticien, serait aussi due à la pression de la crise sanitaire. "Nous avons dû mettre en place des mesures de protection et réglementer les accès aux cabinets, avec une organisation particulière quant aux patients, mais qui sont des directives de la santé publique. Une adaptation de notre part, mais aussi de la part des patients qui n'a peut-être pas forcément été bien accueillie".
A ce jour, le praticien a souhaité, avec son épouse, réfléchir quant à l'avenir de son activité professionnelle en Corse. "Ne jamais prendre de décision trop hâtive. Nous devons nous poser et réfléchir un peu à la situation. Laisser également la justice faire son travail. Pour l'heure rien n'est décidé, mais c’est un élément qui entre en compte dans notre réflexion" a-t-il ajouté. Mais une grande préoccupation fait également partie de cette réflexion, celle de laisser la population locale sans médecin généraliste.
Ne pas stigmatiser toute une population pour l'attitude de quelques individus
Le docteur François Agostini, sur place, dénonce l'attitude inacceptable du patient mis en cause. "Nous avons bien évidemment tenu à être présents auprès de notre collègue pour faire face à ce genre de situations. Un évènementinsupportable, sachant ce que subit aujourd'hui la médecine de premier recours, en particulier les médecins généralistes qui sont soumis à beaucoup de travail. De plus on connaît la carence que notre région subit , même si aujourd'hui elle est un peu comblée grâce à l'installation de jeunes médecins".
Cependant, le docteur Agostini a rappelé qu'il ne fautsurtout pas stigmatiser toute une population. "C'est aussi le sens de notre présence. On ne veut pas laisser stigmatiser une population. C'est seulement l'agissement de quelques individus. Il faut dire aussi que le peuble corse est un peuple accueillant et solidaire. Les Corses sont des gens ouverts qui sont heureux d'avoir près de chez eux de nouveaux médecins".