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Ajaccio : À son tour, Femu a Corsica dit non au projet du téléporté


le Vendredi 23 Juin 2023 à 17:52

Le parti tenait une conférence de presse ce vendredi matin sur le parking de Saint Joseph afin de faire valoir ses arguments contre le projet porté par la CAPA et d'appeler la population à se prononcer, à quelques jours de la fin de l'enquête publique



Plusieurs militants et élus de Femu a Corsica ont tenu une conférence de presse sur le parking de Saint Joseph, l'un des lieux devant accueillir une gare du téléporté.
Plusieurs militants et élus de Femu a Corsica ont tenu une conférence de presse sur le parking de Saint Joseph, l'un des lieux devant accueillir une gare du téléporté.
« Un projet inutile et démesuré ». Sur le parking Saint-Joseph, là même d’où doit partir le futur téléporté, Femu a Corsica a à son tour fait part de son opposition à la construction de ce nouveau moyen de transport porté par la Communauté d'Agglomération du Pays ajaccien (CAPA), à l’occasion d’une conférence de presse ce vendredi matin. « Nous voulons dire aux Ajacciens qu’il est encore temps de faire reculer ce projet à condition de se mobiliser », indique Sébastien Masala, secrétaire général de la section locale du parti, en invitant la population à participer de façon massive à l’enquête publique qui se terminera le 30 juin. Dans ce droit fil, la conseillère municipale d’opposition Aiacciu Pà Tutti, Danielle Antonini pointe un « projet incompréhensible à plus d’un titre et voué à l’échec ». 
 
« Pour qui le téléporté est-il conçu ? », s’interroge-t-elle, « Pour rejoindre Mezzavia ou le Stilettu, les Ajacciens venant de la ville vont-ils préférer le téléphérique à la Rocade ou à l’avenue Noël Franchini, alors qu’il leur faudrait remonter jusqu’au rond-point de Corse Azur pour revenir vers le parking de Saint-Joseph où il sera quasiment impossible de stationner ? Même interrogation s’agissant des habitants d’Alata et Villanova. Imagine-t-on un seul instant les habitants de la Gravona venir jusqu’à Saint-Joseph pour rejoindre Mezzavia ou le Stilettu ? Tout cela n’a pas de sens, pas d’utilité ». En outre, l’élue note que si selon les porteurs de projet l’intermodalité est au cœur de la réussite du projet « actuellement nous sommes bien loin du compte et nous avons la très désagréable impression que l’on veut mettre la charrue avant les bœufs ». 
 
Derrière elle, le jeune conseiller territorial Don Joseph Luccioni relève pour sa part « un coût exorbitant injustifié ». « Le projet s’élève actuellement à près de 50 millions d’euros, auxquels il convient d’ajouter les 2,5 millions d’euros par an d’exploitation et d’entretien, sous réserve de l’inflation à venir », relève-t-il. En outre, si 70% du projet doit être financé via le PTIC, il reste dubitatif sur les 30% restants. « Considérant l’état des finances communautaires, nous émettons de sérieux doutes quant à l’opportunité et à la capacité de la CAPA à assumer des dépenses dont l’ampleur n’a d’égale que l’inutilité du projet », estime-t-il avant de formuler par ailleurs des interrogations sécuritaires vis-à-vis du lieu d’implantation du téléporté.  « Nous sommes sur une zone qui présente un triple risque. Il y a un risque incendie, feux de forêt et habitations, avec beaucoup de chênes, du petit maquis, et des essences inflammables. Il y a aussi un risque technologique et un risque industriel, notamment à proximité de la zone commerciale de Mezzavia.  Est-ce que les porteurs du projet ont intégré ces risques en termes de moyens humains, de dispositifs, de moyens techniques, de respect des plans et procédures d’évacuation ? Et si oui sur quels financements », questionne-t-il en disant s’inquiéter d’une « éventuelle bombe à retardement sécuritaire ». 

Femu demande l'organisation d'un référendum local dans les plus brefs délais

De facto, face à l’ensemble des arguments, les militants de Femu a Corsica appellent la population à « dire non à ce projet ». Jean-Philippe Martini explique en effet que « rien n’est fait à ce stade » en soulignant que l’enquête publique « est un prérequis incontournable à la déclaration d’utilité publique des travaux, une étape sans laquelle le chantier ne peut avoir lieu, alors que son commencement est prévu pour début juillet ». « Cette étape est décisive. Après clôture de l’enquête, le commissaire enquêteur disposera d’un mois pour établir un rapport et rédiger ses conclusions motivées, en précisant si elles sont favorables, avec ou sans réserve, ou défavorables. Le préfet aura alors deux options : soit prendre un arrêté de déclaration d’utilité publique et instaurer des servitudes de survol et de passage, soit prendre un arrêté de refus que nous appelons de nos vœux », détaille-t-il. Il prend d’ailleurs à l’appui l’exemple lyonnais où l’année passée face à « la forte hostilité des citoyens » à l’occasion d’une concertation publique, « la Métropole de Lyon a dû abandonner son projet de téléporté ». 
 

Plus loin qu’appeler les Ajacciens « à s’exprimer massivement via l’enquête publique », les militants du parti autonomiste ont également entendu demander « l’organisation dans les plus brefs délais d’un référendum consultatif local à l’échelle de la CAPA ». En parallèle, ils ont assuré que d’autres pistes « dont le coût ne serait pas pharaonique et dont l’utilité semble tout à fait pertinente » sont à explorer en matière de transports publics. « Nous prenons l’engagement d’aller vers les Ajacciens et les associations dans les prochaines semaines pour élaborer en concertation un certain nombre de propositions et de réflexions quant à la mobilité et à notre vision de l’aménagement à l’échelle du pays ajaccien », a annoncé le conseiller territorial et ex-candidat aux législatives, Romain Colonna.