Ajaccio : L’immersion pour faciliter les recrutements

Depuis le 1^er janvier dernier, Pôle Emploi est devenu France Travail. Une nouvelle identité qui marque un nouveau cap, comme est venu le rappeler Thibaut Guilluy, le directeur général de France Travail, qui était en visite à Ajaccio ce jeudi. « Avec France Travail, on s’inscrit dans un nouveau contexte », explique-t-il en soulignant que l’objectif est de viser le plein emploi. « Cela suppose que de notre côté on améliore notre accompagnement face à la diversité des situations », ajoute-t-il. Dans ce droit fil, en Corse, l’organisme s’astreint à renforcer des collaborations avec des partenaires précieux que sont notamment la Mission Locale d’Ajaccio, pour épauler les jeunes éloignés de l’emploi, Cap Emploi, qui agit auprès des personnes en situation de handicap, ou encore l’association Cap Solidaire, qui porte la plateforme des métiers de l’autonomie. 

Innover pour mieux recruter

En outre, le directeur général de France Travail relève qu’un changement de paradigme s’est opéré dans le domaine de l’emploi. « En Corse, presque tous les secteurs ont des difficultés à trouver de la main d’œuvre », note-t-il. Afin de booster les recrutements, France Travail pousse ainsi les entreprises à la recherche de main d’œuvre à expérimenter l’immersion facilitée. « Il est important que toutes les entreprises corses qui ont du mal à recruter s’inscrivent sur cette plateforme pour qu’on puisse leur adresser de potentiels candidats pour pouvoir avoir des expériences directement sur le terrain », appuie Thibaut Guilluy en dévoilant que seules 177 entreprises corses sont aujourd’hui inscrites.

Plus loin, des démarches innovantes sont également mises sur pied par France Travail et ses partenaires, à l’instar du premier restaurant éphémère qui avait lieu ce jeudi à l’hôtel Campo dell’Oro en collaboration avec l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH). Alors que le secteur de l’hôtellerie-restauration peine toujours à recruter, ce rendez-vous immersif original - qui sera renouvelé à Ile-Rousse et Bastia – a pour objectif de mettre des demandeurs d’emploi dans le rôle de serveurs ou de cuisiniers le temps d’un service. 
 
Des demandeurs d’emploi s’essayent au monde de la restauration
 
« France Travail nous a proposé de réfléchir complètement différemment en ayant une approche du demandeur d’emploi. On le juge non pas sur un CV ou sur une posture d’un quart d’heure d’entretien avec un costume alors qu’il va être cuisinier ou serveur, mais on le met directement en conditions de travail avec d’autres employés autour. L’idée est de sortir des sentiers battus », indique Benoît Chaudron, directeur hôtelier et vice-président de l’UMIH. « Parfois venir face à un directeur peut être angoissant. Là on casse les codes. Les demandeurs d’emploi n’ont pas besoin de passer un entretien, on va directement parler avec eux autour de fourneaux ou autour d’une table », abonde-t-il.
 

Jeunes majeurs, personnes en reconversion, travailleurs en situation de handicap, en tout, ce sont une dizaine de demandeurs d’emploi, répartis entre la cuisine et le service, qui se sont essayés au monde de la restauration avec cette première opération. « Ils avaient envie de découvrir ou prévu de s’orienter vers ces métiers. Ce sont des publics un peu éloignés de l’emploi à qui il faut tendre la main pour pouvoir d’une part leur permettre de vivre de leurs revenus et leur offrir des chances de recrutement », indique Christian Sanfilippo, le directeur de France Travail Corse. Et certains de ces candidats semblaient déjà comme des poissons dans l’eau, à l’exemple de Dayan, 18 ans, qui a choisi d’officier en salle. « J’ai déjà beaucoup d’expérience en restauration », confie-t-il en insistant sur le côté « bénéfique » de cette initiative pour « se faire des contacts ». « Je compte rentrer dans une école d’hôtellerie en septembre », glisse encore le jeune homme.

Parmi les convives du jour, six restaurateurs ont toutefois pris place autour des tables. Avec l’intention de repartir avec un ou plusieurs futurs employés. Des recrutements qui pourraient aboutir très rapidement si un candidat les convainc au terme du repas. « On ne les juge pas forcément sur le savoir-faire technique, mais plutôt sur le savoir être », signale Benoît Chaudron, « On regarde comment le demandeur d’emploi va se comporter en équipe ou face à une tâche. On cherche aussi à savoir s’il va être capable de sourire, de bien se tenir et d’être à l’aise au contact du client ou de l’équipe, ou encore s’il écoute les consignes et les applique ».  « Pour ceux qui n’ont pas du tout de métier, le recrutement va être difficile », concède-t-il toutefois, « Donc on va peut-être plutôt les orienter vers des écoles pour faire un stage d’un ou plusieurs mois, ou on pourra aussi faire un stage avec eux. Mais pour ceux qui ont un peu de métier derrière eux, l’embauche peut se faire dès aujourd’hui ».