Deux ans de travail, et l’heure du bilan. Mercredi, la commission chargée de la problématique des violences en Corse organisait une journée de restitution de ses travaux, au Centre du Sport et de la Jeunesse de Corse (CSJC), à Ajaccio, en présence d’une quinzaine de lycéens et de chefs d’établissements de venus des quatre coins de l’île.
Une journée durant laquelle le président de l’Assemblée de Corse et de la commission, Dominique Bucchini, est tout d’abord revenu sur l’initiative de la démarche, en présence du préfet, Christophe Mirmand, et du recteur d’Académie, Michel Barat.
Le projet, né en 2011 suite aux violences dramatiques que connaissait la Corse, visait en effet à engager un débat entre les élus, lequel devait se poursuivre avec la création de cette commission spécifique à laquelle été donné mandant par l’Assemblée le 23 mars 2012. La commission « Violences » recevait alors comme mission d’étudier et d’analyser la problématique de la violence en Corse, et de définir un programme de lutte et de prévention. Pour ce faire, les élus entendaient dès lors donner la parole aux jeunes.
Deux ans plus tard, et après des mois de travail en partenariat avec le Rectorat, ce ne sont pas moins de 9 lycées qui ont été visités par les élus, qui ont pu ainsi rencontrer et échanger avec plus de 600 élèves représentants toutes les filières et toutes les micro régions de Corse. Des rencontres qui leur ont permis de prendre connaissance des expériences des élèves et des acteurs du secteur de la jeunesse, mais qui ont aussi, parallèlement, permis aux lycéens d’exposer leur perception de la violence. « On restitue ce qu’ont dit les lycéens. Une fois qu’on a fait ça, on va essayer de continuer de travailler au niveau de la Commission en présentant la synthèse », explique Dominique Bucchini, ajoutant que les résultats de ces échanges serviront à enrichir les travaux de l’Assemblée, afin de poursuivre le travail sur ce sujet.
De ces échanges, une première caractéristique notable est ressortie : la majorité des élèves ont souligné que, pour eux, la violence est moins présente au sein des établissements scolaires insulaires que dans les lycées continentaux. « J’ai l’impression d’être moi, beaucoup plus inquiet que les jeunes », note ainsi Jean-Charles Orsucci, maire de Bonifacio et membre de la commission, qui a visité pour sa part le lycée de Porto Vecchio, insistant sur le fait que ceux qui souffriraient le plus de ces phénomènes de violence, auraient tendance à rester silencieux face aux élus. Car pour autant, l’île n’échappe pas au phénomène de la violence, loin s’en faut:
« Il y a une prise de conscience de la jeunesse qui est incontestable, tournée sur deux faits : Ici on ne craint pas la violence, on est préservé. Mais d’un autre côté, ils sont conscients qu’il y a des meurtres », ajoute en écho le président de la Commission.
A noter également que parmi les causes contextuelles de la violence en Corse, mises en évidence par les jeunes, ont notamment été relevé l’échec scolaire, l’absence de perspectives pour la jeunesse, et le sentiment d’impunité. Ce dernier s’expliquant du fait de la perte de confiance en les institutions judiciaires et policières, et dans le ressenti d’une mauvaise protection de la population. Une population qui doit donc, selon eux, assurer elle même sa défense.Un phénomène qui a, dès lors, engendré une certaine banalisation de la violence sur l’île.Se sont multipliés les comportements à risques, tels que le port d’armes et la gestion personnelle des conflits, avec une volonté de vengeance et défense en cas d’agression, de pressions ou encore d’intimidation.
Une inquiétante hausse du racisme a également été notée lors de ces échanges.
En fin de matinée, les lauréats du concours « Imagine une campagne contre la violence » lancé par la CTC, ont par ailleurs présenté leur film au sein du CSJC. Dans ce clip vidéo de quelques minutes, de jeunes élèves du lycée Jules Antonini ont imaginé une campagne de prévention et de sensibilisation au phénomène de la violence sur l’île. Par la suite, une pièce de théâtre créée et interprétée par l’association « la Récré-l’Art est créé », destinée, là aussi, à sensibiliser les élèves au thème des violences au quotidien, a été présentée au public.
L’après-midi a quant à elle été consacrée à des ateliers de travail, au cours desquels ont eu lieu de nombreux échanges, afin de poursuivre les débats avec la communauté éducative et de définir ensemble de nouveaux axes de travail.
Enfin, il est à noter que la commission entend aujourd’hui initier des partenariats pour permettre un travail conjoint des collectivités publiques et de la société civile, afin de créer les conditions d’une réussite durable.
Manon PERELLI
Une journée durant laquelle le président de l’Assemblée de Corse et de la commission, Dominique Bucchini, est tout d’abord revenu sur l’initiative de la démarche, en présence du préfet, Christophe Mirmand, et du recteur d’Académie, Michel Barat.
Le projet, né en 2011 suite aux violences dramatiques que connaissait la Corse, visait en effet à engager un débat entre les élus, lequel devait se poursuivre avec la création de cette commission spécifique à laquelle été donné mandant par l’Assemblée le 23 mars 2012. La commission « Violences » recevait alors comme mission d’étudier et d’analyser la problématique de la violence en Corse, et de définir un programme de lutte et de prévention. Pour ce faire, les élus entendaient dès lors donner la parole aux jeunes.
Deux ans plus tard, et après des mois de travail en partenariat avec le Rectorat, ce ne sont pas moins de 9 lycées qui ont été visités par les élus, qui ont pu ainsi rencontrer et échanger avec plus de 600 élèves représentants toutes les filières et toutes les micro régions de Corse. Des rencontres qui leur ont permis de prendre connaissance des expériences des élèves et des acteurs du secteur de la jeunesse, mais qui ont aussi, parallèlement, permis aux lycéens d’exposer leur perception de la violence. « On restitue ce qu’ont dit les lycéens. Une fois qu’on a fait ça, on va essayer de continuer de travailler au niveau de la Commission en présentant la synthèse », explique Dominique Bucchini, ajoutant que les résultats de ces échanges serviront à enrichir les travaux de l’Assemblée, afin de poursuivre le travail sur ce sujet.
De ces échanges, une première caractéristique notable est ressortie : la majorité des élèves ont souligné que, pour eux, la violence est moins présente au sein des établissements scolaires insulaires que dans les lycées continentaux. « J’ai l’impression d’être moi, beaucoup plus inquiet que les jeunes », note ainsi Jean-Charles Orsucci, maire de Bonifacio et membre de la commission, qui a visité pour sa part le lycée de Porto Vecchio, insistant sur le fait que ceux qui souffriraient le plus de ces phénomènes de violence, auraient tendance à rester silencieux face aux élus. Car pour autant, l’île n’échappe pas au phénomène de la violence, loin s’en faut:
« Il y a une prise de conscience de la jeunesse qui est incontestable, tournée sur deux faits : Ici on ne craint pas la violence, on est préservé. Mais d’un autre côté, ils sont conscients qu’il y a des meurtres », ajoute en écho le président de la Commission.
A noter également que parmi les causes contextuelles de la violence en Corse, mises en évidence par les jeunes, ont notamment été relevé l’échec scolaire, l’absence de perspectives pour la jeunesse, et le sentiment d’impunité. Ce dernier s’expliquant du fait de la perte de confiance en les institutions judiciaires et policières, et dans le ressenti d’une mauvaise protection de la population. Une population qui doit donc, selon eux, assurer elle même sa défense.Un phénomène qui a, dès lors, engendré une certaine banalisation de la violence sur l’île.Se sont multipliés les comportements à risques, tels que le port d’armes et la gestion personnelle des conflits, avec une volonté de vengeance et défense en cas d’agression, de pressions ou encore d’intimidation.
Une inquiétante hausse du racisme a également été notée lors de ces échanges.
En fin de matinée, les lauréats du concours « Imagine une campagne contre la violence » lancé par la CTC, ont par ailleurs présenté leur film au sein du CSJC. Dans ce clip vidéo de quelques minutes, de jeunes élèves du lycée Jules Antonini ont imaginé une campagne de prévention et de sensibilisation au phénomène de la violence sur l’île. Par la suite, une pièce de théâtre créée et interprétée par l’association « la Récré-l’Art est créé », destinée, là aussi, à sensibiliser les élèves au thème des violences au quotidien, a été présentée au public.
L’après-midi a quant à elle été consacrée à des ateliers de travail, au cours desquels ont eu lieu de nombreux échanges, afin de poursuivre les débats avec la communauté éducative et de définir ensemble de nouveaux axes de travail.
Enfin, il est à noter que la commission entend aujourd’hui initier des partenariats pour permettre un travail conjoint des collectivités publiques et de la société civile, afin de créer les conditions d’une réussite durable.
Manon PERELLI