C’est vers trois heures du matin que Jean Nicoli écrit à ses enfants le 30 août 1943, sur l'emballage d'un paquet de cigarettes, juste avant les Chemises noires viennent le chercher pour exécuter leur sentence :
« A mes enfants,
Tout à l'heure je partirai. Si vous saviez comme je suis calme, presque heureux de mourir pour la Corse et pour le parti. Ne pleurez-pas, souriez-moi. Soyez fier de votre papa. Il sait que vous pouvez l'être, la tête de Maure et la fleur rouge, c'est le seul deuil que je vous demande. Au seuil de la tombe, je vous dis que la seule idée qui, sur notre pauvre terre, me semble belle, c'est l'idée communiste.
Je meurs pour notre Corse et pour mon Parti ».
A la suite d'une série de trahisons, Jean Nicoli avait été arrêté par les agents de l'OVRA, dans la demeure de Jacques Bonafedi, rue Solferino à Ajaccio). Il y étudiait en compagnie de Jérôme Santarelli, la carte de la région des Agriates où le Casabianca devait livrer des armes, dans les tout premiers jours de juillet.
Les trois hommes seront transférés à la caserne Battesti d'Ajaccio où ils resteront deux mois avant d'être conduits à Bastia par camion.
Leur procès ne s’ouvrira que le 28 août 1943. Condamné à mort, Jean Nicoli refuse d'être fusillé dans le dos (comme le précisait sa condamnation). Il dira à ses bourreaux :"Vous n'avez pas le courage de me regarder dans les yeux… Vous êtes des lâches !", il sera alors sauvagement frappé à coups de crosse, et décapité à coups de poignard.
Allocution d’Hélène Giacomoni
Membre de l’ANACR 2 A
« Monsieur le Préfet, Monsieur le Député Maire, Monsieur le Président du Conseil exécutif, Monsieur le Président de l’Assemblée de Corse, Monsieur le Président du Conseil départemental, Mesdames et messieurs les représentants des autorités civiles et militaires, Mesdames et messieurs les représentants des associations patriotiques et leurs porte-drapeaux, Mesdames, messieurs, chers amis,
Nous avons rendu hommage, ce matin, au sacrifice de Michel Bozzi, officier de la mission Pearl Harbour, torturé et fusillé par les fascistes italiens. Un hommage nécessaire à l’un des héros et martyrs auxquels nous devons nos libertés d’aujourd’hui.
Nous sommes réunis ce soir pour saluer la mémoire d’un autre libérateur, Jean Nicoli, dont le destin singulier continue d’inspirer les générations actuelles.
Oui, un destin singulier pour ce fils de la terre corse, devenu tout à la fois hussard de la République, enseignant anticolonialiste en Afrique et militant écologiste avant la lettre, farouche antifasciste, patriote intransigeant, ardent militant communiste, dirigeant du Front National de la Résistance et de la Libération, dont les lettres de prison, écrites durant la nuit précédant son exécution, demeurent comme l’image même du dévouement absolu à la libération humaine. Jean Nicoli est tout cela à la fois.
C’est pour ces raisons qu’il demeure, avec d’autres grandes figures de la résistance et de la libération de la Corse, comme un symbole de l’engagement, du courage et de l’abnégation. Ce n’est pas un hasard si des rues ou des établissements scolaires portent son nom; et si, depuis soixante-douze-ans, ses compagnons d’armes et aussi désormais, les autorités civiles et militaires, continuent d’honorer sa mémoire, chaque 30 août.
Il est impossible, naturellement, pour des représentants actuels de l’ANACR et des Amis de la Résistance qui n’ont pas connu Jean Nicoli, d’évoquer des souvenirs personnels concernant sa personnalité et son action. D’autres dirigeants de notre association ont pu le faire : ses compagnons d’armes, comme Jérôme Santarelli qui fut arrêté et condamné en même temps que lui, comme Albert Ferracci, Paul Bungelmi et Arthur Giovoni, ou encore Leo Micheli qui, dans deux importants discours, en avril 2009 et septembre 2013, fit de lui un portrait saisissant, tirant de sa pensée et de son action, des leçons de portée universelle. Les circonstances de ces discours méritent d’être rappelées : le 29 avril 2009, c’était, à Ajaccio, le baptême du car-ferry qui porte le nom de Jean Nicoli ; le 4 octobre 2013, c’était, à Bastia, le soixante-dixième anniversaire de la libération de la Corse, en présence du Président de la République, François Hollande.
Car l’homme, aujourd’hui, n’appartient plus seulement ni à sa famille, ni à son parti dont il reste l’un des représentants les plus éminents, ni à son village de San Gavino où un monument rappelle son sacrifice. Il appartient, comme Fred Scamaroni et tous les autres martyrs et héros de la résistance, à l’histoire de la Corse, et plus généralement à l’histoire de France .
En quelques mots, je veux simplement rappeler son parcours, son sacrifice et la place qu’il occupe légitimement dans nos cœurs et nos mémoires.
Jean Nicoli est né, en 1899, à San Gavinu di Carbini. Après ses études à l’Ecole Normale d’Instituteurs d’Ajaccio, il reçoit diverses affectations en Corse avant d’obtenir un poste double dans le Haut Sénégal (le Mali actuel). Il y enseignera neuf ans et deviendra directeur d’école à Mopti en 1934.
Cette période de sa vie a été étudiée par des historiens, car c’est, pour lui, un moment de découverte concrète du colonialisme et de sa révolte contre ses effets. Il écrit un livre « L’écolier noir » où se manifeste clairement son rejet de l’exploitation de l’homme par l’homme et ses convictions « écologistes » avant la lettre. La santé de sa femme le contraint à rentrer en France, à Paris notamment où il participe activement aux manifestations du Front Populaire, et adhère alors au Parti socialiste.
Il finit par rentrer en Corse où il se retrouve directeur d’école à Olmeto, puis à Propriano en 1937. Après le décès de son épouse, et une opération chirurgicale, il est réformé de l’enseignement mais continue de se passionner pour les questions de formation, essentielles pour lui.
Dans un article publié par Le Journal de La Corse, le 1er juillet 1938, il se prononce pour un enseignement raisonné et structuré de l’histoire et de la géographie de la Corse. Il soutient que « l’amarre du passé » est le plus sûr garant d’une formation solide et complète. Il ajoute : « Le Corse connaissant mieux son pays s’y attachera dans le sens fécond du terme et comprendra davantage cette grande nation française, la seule qui puisse contenir sans accrocs l’histoire glorieuse et tourmentée du peuple corse ».
Dans un autre article, dans le même journal, il se dresse avec véhémence contre les prétentions annexionnistes de l’Italie fasciste. Il annonce déjà, à sa manière, la résistance à venir. Car la Corse, à la fin de 1938, est le théâtre d’une grande agitation antifasciste et, surtout, pro-française. De puissantes manifestations populaires dans toute l’île, et le fameux Serment de Bastia, l’attestent avec force.
Après l’armistice de 1940, Jean Nicoli fait partie, dès qu’il est démobilisé, des tout premiers à se lancer dans l’agitation patriotique et à s’organiser pour la lutte. Après le débarquement massif des troupes de Mussolini le 11 novembre 1942, la résistance prend un nouvel élan. De nombreux contacts sont pris, des forces nouvelles et déterminées se regroupent. Jean Nicoli adhère au parti communiste clandestin à la fin décembre 1942 et devient rapidement, avec Arthur Giovoni, François Vittori, André Giusti et Nonce Benielli, un des cinq dirigeants du comité départemental illégal du Front National de la Résistance. Il es responsable à l’armement et jouera un rôle décisif dans l’organisation des équipes qui récupèrent les armes parachutées ou débarquées du sous-marin Casabianca.
Mais son activité ne va pas tarder à attirer sur lui et ses camarades les foudres de la police politique de l’armée d’occupation. Après la mort héroïque de Fred Scamaroni, le 19 mars, la répression se durcit à mesure que la résistance populaire se renforce. Au printemps et durant l’été 43 les coups redoublent : l’arrestation de Michel Bozzi le 16 juin, la mort au combat d’André Giusti et Jules Mondoloni le 17 juin, l’arrestation de Jean Nicoli, Jérôme Santarelli, Jacques Bonafedi, et Nonce Benielli le 27 juin, les exécutions capitales d’Andrei et Vernuge le 6 juillet à Bastia... n’impressionnent pas les patriotes qui se sont réorganisés en conséquence.
Mais les condamnations tombent. Michel Bozzi et Jean Nicoli sont condamnés à mort et exécutés le 30 août 1943. Michel Bozzi est fusillé. Jean Nicoli a un traitement symbolique particulier : refusant d’être fusillé dans le dos, il sera sauvagement décapité. Il aura eu le temps, pendant la nuit qui précéda son exécution, d’écrire ces lettres fameuses à sa famille et à son parti qui restent des témoignages lumineux du dévouement absolu à la libération humaine, au combat pour «tous les spoliés de la terre ».
Ces lettres avaient aussi un caractère prémonitoire : huit jours après, la Corse se soulevait et, dès le 9 septembre, la Direction du Front National de la Résistance s’emparait du pouvoir local, se constituait en conseil de préfecture, et prenait ses premiers arrêtés proclamant le rattachement de la Corse à la France libre.
Telle était bien la signification de l’engagement, du combat et du sacrifice de Jean Nicoli.
Tel était l’homme de culture, de conviction, et d’action que nous honorons aujourd’hui. Pour appréhender son destin singulier, on doit le rattacher aux racines profondes de sa formation : la terre corse, l’école de la République, et les grands idéaux de libération humaine qu’il a si puissamment incarnés.
L’ANACR s’honore d’être l’héritière de personnages tels que lui. Elle s’est assigné la tâche de célébrer leur combat et leur destin glorieux. Mais elle veut aussi faire vivre les valeurs humanistes qu’ils, et elles, portaient. Des valeurs toujours à défendre car toujours menacées. Dans la période que nous vivons, l’exemple que nous laissent Jean Nicoli et tous ceux qui se sont levés pour défendre la liberté, cet exemple est un point de repère sûr pour tous.
On peut appliquer aux martyrs de la Résistance et de la Libération le mot du Général De Gaulle évoquant le message que son action laisserait aux générations qui allaient suivre, je le cite :
«Ce que j’ai fait sera un ferment d’ardeurs nouvelles après que j’aurai disparu ». Oui, le sacrifice de Jean Nicoli est un ferment d’ardeurs nouvelles pour la jeunesse d’aujourd’hui.
Vive la Corse ! Vive la République ! Vive la France !
Je vous remercie. »
« A mes enfants,
Tout à l'heure je partirai. Si vous saviez comme je suis calme, presque heureux de mourir pour la Corse et pour le parti. Ne pleurez-pas, souriez-moi. Soyez fier de votre papa. Il sait que vous pouvez l'être, la tête de Maure et la fleur rouge, c'est le seul deuil que je vous demande. Au seuil de la tombe, je vous dis que la seule idée qui, sur notre pauvre terre, me semble belle, c'est l'idée communiste.
Je meurs pour notre Corse et pour mon Parti ».
A la suite d'une série de trahisons, Jean Nicoli avait été arrêté par les agents de l'OVRA, dans la demeure de Jacques Bonafedi, rue Solferino à Ajaccio). Il y étudiait en compagnie de Jérôme Santarelli, la carte de la région des Agriates où le Casabianca devait livrer des armes, dans les tout premiers jours de juillet.
Les trois hommes seront transférés à la caserne Battesti d'Ajaccio où ils resteront deux mois avant d'être conduits à Bastia par camion.
Leur procès ne s’ouvrira que le 28 août 1943. Condamné à mort, Jean Nicoli refuse d'être fusillé dans le dos (comme le précisait sa condamnation). Il dira à ses bourreaux :"Vous n'avez pas le courage de me regarder dans les yeux… Vous êtes des lâches !", il sera alors sauvagement frappé à coups de crosse, et décapité à coups de poignard.
Allocution d’Hélène Giacomoni
Membre de l’ANACR 2 A
« Monsieur le Préfet, Monsieur le Député Maire, Monsieur le Président du Conseil exécutif, Monsieur le Président de l’Assemblée de Corse, Monsieur le Président du Conseil départemental, Mesdames et messieurs les représentants des autorités civiles et militaires, Mesdames et messieurs les représentants des associations patriotiques et leurs porte-drapeaux, Mesdames, messieurs, chers amis,
Nous avons rendu hommage, ce matin, au sacrifice de Michel Bozzi, officier de la mission Pearl Harbour, torturé et fusillé par les fascistes italiens. Un hommage nécessaire à l’un des héros et martyrs auxquels nous devons nos libertés d’aujourd’hui.
Nous sommes réunis ce soir pour saluer la mémoire d’un autre libérateur, Jean Nicoli, dont le destin singulier continue d’inspirer les générations actuelles.
Oui, un destin singulier pour ce fils de la terre corse, devenu tout à la fois hussard de la République, enseignant anticolonialiste en Afrique et militant écologiste avant la lettre, farouche antifasciste, patriote intransigeant, ardent militant communiste, dirigeant du Front National de la Résistance et de la Libération, dont les lettres de prison, écrites durant la nuit précédant son exécution, demeurent comme l’image même du dévouement absolu à la libération humaine. Jean Nicoli est tout cela à la fois.
C’est pour ces raisons qu’il demeure, avec d’autres grandes figures de la résistance et de la libération de la Corse, comme un symbole de l’engagement, du courage et de l’abnégation. Ce n’est pas un hasard si des rues ou des établissements scolaires portent son nom; et si, depuis soixante-douze-ans, ses compagnons d’armes et aussi désormais, les autorités civiles et militaires, continuent d’honorer sa mémoire, chaque 30 août.
Il est impossible, naturellement, pour des représentants actuels de l’ANACR et des Amis de la Résistance qui n’ont pas connu Jean Nicoli, d’évoquer des souvenirs personnels concernant sa personnalité et son action. D’autres dirigeants de notre association ont pu le faire : ses compagnons d’armes, comme Jérôme Santarelli qui fut arrêté et condamné en même temps que lui, comme Albert Ferracci, Paul Bungelmi et Arthur Giovoni, ou encore Leo Micheli qui, dans deux importants discours, en avril 2009 et septembre 2013, fit de lui un portrait saisissant, tirant de sa pensée et de son action, des leçons de portée universelle. Les circonstances de ces discours méritent d’être rappelées : le 29 avril 2009, c’était, à Ajaccio, le baptême du car-ferry qui porte le nom de Jean Nicoli ; le 4 octobre 2013, c’était, à Bastia, le soixante-dixième anniversaire de la libération de la Corse, en présence du Président de la République, François Hollande.
Car l’homme, aujourd’hui, n’appartient plus seulement ni à sa famille, ni à son parti dont il reste l’un des représentants les plus éminents, ni à son village de San Gavino où un monument rappelle son sacrifice. Il appartient, comme Fred Scamaroni et tous les autres martyrs et héros de la résistance, à l’histoire de la Corse, et plus généralement à l’histoire de France .
En quelques mots, je veux simplement rappeler son parcours, son sacrifice et la place qu’il occupe légitimement dans nos cœurs et nos mémoires.
Jean Nicoli est né, en 1899, à San Gavinu di Carbini. Après ses études à l’Ecole Normale d’Instituteurs d’Ajaccio, il reçoit diverses affectations en Corse avant d’obtenir un poste double dans le Haut Sénégal (le Mali actuel). Il y enseignera neuf ans et deviendra directeur d’école à Mopti en 1934.
Cette période de sa vie a été étudiée par des historiens, car c’est, pour lui, un moment de découverte concrète du colonialisme et de sa révolte contre ses effets. Il écrit un livre « L’écolier noir » où se manifeste clairement son rejet de l’exploitation de l’homme par l’homme et ses convictions « écologistes » avant la lettre. La santé de sa femme le contraint à rentrer en France, à Paris notamment où il participe activement aux manifestations du Front Populaire, et adhère alors au Parti socialiste.
Il finit par rentrer en Corse où il se retrouve directeur d’école à Olmeto, puis à Propriano en 1937. Après le décès de son épouse, et une opération chirurgicale, il est réformé de l’enseignement mais continue de se passionner pour les questions de formation, essentielles pour lui.
Dans un article publié par Le Journal de La Corse, le 1er juillet 1938, il se prononce pour un enseignement raisonné et structuré de l’histoire et de la géographie de la Corse. Il soutient que « l’amarre du passé » est le plus sûr garant d’une formation solide et complète. Il ajoute : « Le Corse connaissant mieux son pays s’y attachera dans le sens fécond du terme et comprendra davantage cette grande nation française, la seule qui puisse contenir sans accrocs l’histoire glorieuse et tourmentée du peuple corse ».
Dans un autre article, dans le même journal, il se dresse avec véhémence contre les prétentions annexionnistes de l’Italie fasciste. Il annonce déjà, à sa manière, la résistance à venir. Car la Corse, à la fin de 1938, est le théâtre d’une grande agitation antifasciste et, surtout, pro-française. De puissantes manifestations populaires dans toute l’île, et le fameux Serment de Bastia, l’attestent avec force.
Après l’armistice de 1940, Jean Nicoli fait partie, dès qu’il est démobilisé, des tout premiers à se lancer dans l’agitation patriotique et à s’organiser pour la lutte. Après le débarquement massif des troupes de Mussolini le 11 novembre 1942, la résistance prend un nouvel élan. De nombreux contacts sont pris, des forces nouvelles et déterminées se regroupent. Jean Nicoli adhère au parti communiste clandestin à la fin décembre 1942 et devient rapidement, avec Arthur Giovoni, François Vittori, André Giusti et Nonce Benielli, un des cinq dirigeants du comité départemental illégal du Front National de la Résistance. Il es responsable à l’armement et jouera un rôle décisif dans l’organisation des équipes qui récupèrent les armes parachutées ou débarquées du sous-marin Casabianca.
Mais son activité ne va pas tarder à attirer sur lui et ses camarades les foudres de la police politique de l’armée d’occupation. Après la mort héroïque de Fred Scamaroni, le 19 mars, la répression se durcit à mesure que la résistance populaire se renforce. Au printemps et durant l’été 43 les coups redoublent : l’arrestation de Michel Bozzi le 16 juin, la mort au combat d’André Giusti et Jules Mondoloni le 17 juin, l’arrestation de Jean Nicoli, Jérôme Santarelli, Jacques Bonafedi, et Nonce Benielli le 27 juin, les exécutions capitales d’Andrei et Vernuge le 6 juillet à Bastia... n’impressionnent pas les patriotes qui se sont réorganisés en conséquence.
Mais les condamnations tombent. Michel Bozzi et Jean Nicoli sont condamnés à mort et exécutés le 30 août 1943. Michel Bozzi est fusillé. Jean Nicoli a un traitement symbolique particulier : refusant d’être fusillé dans le dos, il sera sauvagement décapité. Il aura eu le temps, pendant la nuit qui précéda son exécution, d’écrire ces lettres fameuses à sa famille et à son parti qui restent des témoignages lumineux du dévouement absolu à la libération humaine, au combat pour «tous les spoliés de la terre ».
Ces lettres avaient aussi un caractère prémonitoire : huit jours après, la Corse se soulevait et, dès le 9 septembre, la Direction du Front National de la Résistance s’emparait du pouvoir local, se constituait en conseil de préfecture, et prenait ses premiers arrêtés proclamant le rattachement de la Corse à la France libre.
Telle était bien la signification de l’engagement, du combat et du sacrifice de Jean Nicoli.
Tel était l’homme de culture, de conviction, et d’action que nous honorons aujourd’hui. Pour appréhender son destin singulier, on doit le rattacher aux racines profondes de sa formation : la terre corse, l’école de la République, et les grands idéaux de libération humaine qu’il a si puissamment incarnés.
L’ANACR s’honore d’être l’héritière de personnages tels que lui. Elle s’est assigné la tâche de célébrer leur combat et leur destin glorieux. Mais elle veut aussi faire vivre les valeurs humanistes qu’ils, et elles, portaient. Des valeurs toujours à défendre car toujours menacées. Dans la période que nous vivons, l’exemple que nous laissent Jean Nicoli et tous ceux qui se sont levés pour défendre la liberté, cet exemple est un point de repère sûr pour tous.
On peut appliquer aux martyrs de la Résistance et de la Libération le mot du Général De Gaulle évoquant le message que son action laisserait aux générations qui allaient suivre, je le cite :
«Ce que j’ai fait sera un ferment d’ardeurs nouvelles après que j’aurai disparu ». Oui, le sacrifice de Jean Nicoli est un ferment d’ardeurs nouvelles pour la jeunesse d’aujourd’hui.
Vive la Corse ! Vive la République ! Vive la France !
Je vous remercie. »