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Ajaccio : le PDG de La Poste veut rassurer, les agents inquiets


Philippe Peraut le Vendredi 10 Décembre 2021 à 19:54

Philippe Wahls président-directeur général du groupe La Poste était en visite ce vendredi 10 décembre à Ajaccio où il a rencontré le président de l’Exécutif et les organisations syndicales pour évoquer la restructuration de l’institution sur l'ile.

On fait le point



Philippe Wahls Président Directeur Général de La Poste - Photo Michel Luccioni
Philippe Wahls Président Directeur Général de La Poste - Photo Michel Luccioni
Depuis l’annonce du projet de restructuration de La Poste, l’inquiétude est vive du côté des salariés. En Corse, où l’entreprise compte 1 580 employés, un bras de fer s’est installé depuis juin dernier entre agents et direction. Ce vendredi, 10 décembre, à l'occasion de la venue sur l'ile de Philippe Wahls, président-directeur général du groupe La Poste, l'intersyndicale CGT-FO-STC, avait appelé à la grève générale.
A Ajaccio une cinquantaine de salariés se sont rassemblés devant les grilles de l'Hôtel de Région où le PDG du groupe aurait du rencontrer le président de l'Exécutif et une délégation des salariés. Finalement, les deux présidents se sont entretenus au téléphone, Gilles Simeoni étant toujours sur Paris dans le cadre d’autres dossiers. Ce qui n’a guère empêché les syndicats de donner une conférence de presse devant pour dénoncer leur mécontentement  « Nous constatons, indique Rudy Albertini  délégué CGT de La Poste, la dégradation des conditions de travail et l’absence de reconnaissance due au personnel. Nous avons été reçus ce matin par le PDG du groupe mais nous restons très amers par rapport à nos demandes, notamment la prise en compte de la territorialité. Il nous a écoutés mais il ne nous a pas entendus. » .

Parmi les revendications figurent l’obtention d’un moratoire immédiat sur le développement du plan de restructuration national du service public postal qui touche tous les métiers en Corse, le maintien et le développement du centre financier, de la ligne bancaire, de la Direction Régionale, la pérennisation du service aérien, un plan massif de recrutement en CDI pour combler l’ensemble des emplois vacants ou encore l’attribution d’une prime de vie chère et d’un 13e mois.
 
Miser sur le développement

Une heure plus tard, Philippe Wahls, donnait à son tour une conférence de presse dans les locaux de la direction régionale de La Poste, afin de donner son point de vue sur la situation. « Nous sommes, explique-t-il, face à une transformation profonde de La Poste. Nous perdons 600 millions d’euros chaque année par rapport à l’envoie des lettres qui diminue. On est passé de 18 milliards de lettres en 2008, à 8 milliards en 2019, 7 en 2021 et nous serons à 6 milliards en 2023. C’est un choc pour l’entreprise, on est face à une diminution des effectifs, ce qui ne veut pas dire qu’il y aura licenciement ! »
Pour la Corse, le PDG veut donner la priorité au développement. « Une plateforme sera créée à Bastia, celle d’Ajaccio sera renforcée, nous allons développer le service de proximité, renforcer la banque assurance... »

Inquiétude majeure pour les organisations syndicales, le centre financier d’Ajaccio. « Ce centre financier va être maintenu avec une autre activité, réplique Philippe Wahls, c’est une activité d’expertise, le suivi des clientèles fragiles sur la totalité du territoire, ce qui représente 3 millions de personnes. La mutualisation de cette activité se fait au profit d’Ajaccio. Il y aura des formations mais ce sont des suivis qu’ils connaissent.»

Pour autant, le PDG ne garantit pas les emplois. « Nous apportons suffisamment d’activités pour que ceux qui sont au travail gardent leur emploi et ceux qui veulent évoluer dans La Poste puissent le faire. Il n’y aura pas de suppression d’emplois mais que vont devenir les technologies d’ici dix ans, personne ne peut répondre...La décision que La Poste prend car elle est une entreprise publique responsable, c’est de ne fermer aucun des 26 centres qui existent sur tout le territoire. »
 
Vers une issue ?

Autre point épineux, le transport. « Il n’y a pas de décision définitives quant au nombre de liaisons. En revanche, la qualité sera toujours là. Pour les colis en J+1, l’avion sera privilégié avec le coût qui convient. Pour le reste, on pourra s’acheminer vers des liaisons maritimes moins polluantes. »

Des décisions qui, pour l’heure, sont loin de satisfaire les organisations syndicales. « Ce projet de réorganisation va conduire à une réduction des effectifs, ajoute Rudy Albertini, on transfère trois des quatre activités actuelles et on en récupère une mais le compte n’y sera pas au niveau des emplois...Nous allons rencontrer Pascal Mariani, directeur régional, Philippe Wahls lui a, semble-t-il, donné de nouvelles responsabilités, nous verrons à quoi cela nous mènera. »

Un bras de fer qui risque fort de se poursuivre.
 

L'intersyndicale devant la CdC - Photo Michel Luccioni
L'intersyndicale devant la CdC - Photo Michel Luccioni