- Vous êtes le premier candidat important à la présidentielle à vous déplacer en Corse. Faut-il y voir une forte implication pour apporter des réponses aux problèmes qui se posent ?
- Oui, c’est une forte implication, politique certes mais aussi affective. Je connais et j'aime la Corse depuis bien longtemps. Pendant ces deux jours je vais aller à la rencontre des Corses, afin de les écouter et de travailler avec eux pour construire un projet d’avenir pour l’Île.
- En 1996, Premier ministre du gouvernement Chirac, vous avez fait de la Corse une zone franche. Si vous êtes élu, envisagez-vous de prendre des mesures économiques de même type ?
- La zone franche répondait, à l’époque, a une forte nécessité. J’observe qu’elle a eu des effets positifs. Beaucoup de chefs d’entreprise m’en parlent encore et me disent qu’elle a été un vrai ballon d’oxygène pour l’économie de l’île. Depuis, aucun gouvernement n’a pris de mesures de cette ampleur pour répondre aux difficultés de l’économie corse liées aux spécificités insulaires. Aujourd’hui, les entreprises corses ont besoin de plus de libertés, comme toutes les entreprises d’ailleurs. Elles doivent pouvoir accéder plus facilement aux financements bancaires et s’appuyer sur des écosystèmes permettant le développement de leur marché. Les secteurs du numérique, de la santé connectée, de la silver economy et bien sûr du tourisme ont un fort potentiel de croissance en Corse. Pour compenser les handicaps de l’insularité, je suis prêt à imaginer, avec les élus et les responsables économiques de l'île, les dispositions fiscales et sociales particulières qui soutiendront le dynamisme des entreprises insulaires.
- Quelle est votre position sur la coofficialité de la langue corse rejetée par le gouvernement actuel ?
- La langue Corse est une vraie richesse et un atout. Elle doit absolument pouvoir être enseignée et davantage, pour être transmise et, avec elle, faire vivre la culture et l’identité Corse. Je suis favorable à un bilinguisme renforcé, mais défavorable à la coofficialité.
- Actée par le gouvernement, la Collectivité unique peut-elle être remise en cause ?
- Si je suis favorable au principe de la collectivité unique, je partage les positions de mes amis insulaires qui considèrent que sa mise en œuvre, prévue par ordonnances, néglige la vision et le projet politique. Pour que cette collectivité unique ne soit pas une coquille vide, je plaide pour qu’une loi spécifique installe une nouvelle organisation institutionnelle en Corse, définissant clairement les compétences de la nouvelle collectivité et renforçant l’échelon intercommunal, garant d’une action de proximité dont les Corses ont besoin.
- Que vous inspire la suppression programmée des arrêtés Miot ?
- Je ne suis pas favorable à ce que tous les territoires soient « passés à la toise » sur le plan fiscal. Encore moins aujourd’hui, dans un contexte difficile lié à la crise. Les dispositions fiscales particulières doivent pouvoir être prorogées en matière de successions, mais aussi en soutien à certains secteurs fragiles. Je pense notamment à la viticulture insulaire. Je soutiens les propositions de Laurent Marcangeli en ce sens.
- La loi sur le rapprochement familial des prisonniers n'est pas appliquée. Que souhaiteriez-vous faire ?
- Promis par tous les gouvernements depuis 10 ans, le rapprochement des prisonniers n’a jamais été réalisé. Je pense que l’éloignement des familles comme les délais de détention préventive excessifs contreviennent à l’Etat de droit. Je suis donc favorable au rapprochement, avec un examen au cas par cas des situations et de leur urgence. Encore faut il que l'engagement soit tenu et cela passe par des aménagements dans les établissements pénitentiaires insulaires ! C’est ce que prévoit le programme de réaménagement des prisons qui figure dans mon projet.
- Comment voyez-vous l'évolution de la Corse ?
- La Corse a des atouts formidables et un potentiel de développement que personne ne peut contester. Elle a de l’eau à profusion avec ses sources, du bois, des vins dont la variété et la qualité sont de plus en plus appréciées, des niches écologiques, des plantes et essences rares, une culture (du livre, de la musique, des musées, des traditions..). Elle a surtout le talent de ses habitants et leur envie de vivre et de réussir en Corse. Le tourisme est porteur d’innovation, on voit bien la place grandissante de la dimension numérique dans cette activité. Il est aussi un outil de rayonnement puisqu’il fait partager des valeurs culturelles profondes aux voyageurs qui ont la chance de découvrir la Corse. Mais il est devenu un métier complexe qui nécessite, un grand niveau de professionnalisme et de qualification, ainsi qu’une grande attention aux détails, que ce soit dans la chaîne de l’accueil, dans la qualité de l’urbanisme et des espaces publics, dans la protection des sites qui sont en Corse, des joyaux.
- Que préconisez-vous ?
- Il faut une volonté, des choix politiques forts et beaucoup de pragmatisme. La Corse a besoin d’un action économique territorialisée afin de rallumer les moteurs de la croissance, en particulier l’investissement et le financement bancaire pour accompagner les projets innovants et structurants, mais aussi le développement des filières agricoles, de l’industrie, de l’artisanat, du numérique… Nous pouvons ensemble y travailler, surmonter les handicaps, faire tomber les préjugés, identifier les outils de valorisation, les secteurs d’excellence à accompagner prioritairement et construire un projet qui tienne compte de la situation géographique de la Corse, préserve son environnement, ses ressources naturelles, et respecte les aspirations et la volonté de ses habitants, qui en font un territoire d’exception. La Corse doit pour cela disposer d’une autonomie plus large, dans le cadre de la République, pour répondre à ses besoins et ses caractéristiques spécifiques.
- Vous avez choisi lors de votre déplacement de vous rendre en Balagne et plus particulièrement à Calvi. Pourquoi ce choix?
- J’ai un attachement très particulier pour cette micro-région où je suis déjà venu plusieurs fois et où j’ai de grands amis. Je suis très heureux de répondre à l’invitation d'Ange Santini, Maire de Calvi, et d’Etienne Suzzoni, Maire de Lumio. J’aurai l’occasion de rencontrer des entrepreneurs balanins, mais aussi de retrouver beaucoup d’amis et de nombreux soutiens.
Propos recueillis par JEAN-PAUL LOTTIER
Le programme de la visite:
Alain Juppé arrivera à Bastia le mardi 4 octobre. Il se rendra au siège du Service Départemental d'Incendie et de Secours.
A 12 heures, il déjeunera avec les membres de son comité de soutien, avant d'animer une réunion en tout début d'après-midi avec ses sympathisants à l'Hôtel "Chez Walter".
Puis, il prendra la direction de la Balagne où il sera accueilli à 16H30 à l'Hôtel de Ville de Calvi par le premier magistrat Ange Santini.
Enfin, à 18h30, c'est au Clos Colombu, à Lumio, chez Etienne Suzzoni, sous chapiteau, qu'il animera une réunion publique.
Le lendemain, mercredi 5 octobre, direction le Sud de la Corse pour Alain Juppé. Il sera reçu à 11 heures dans les salons d'honneur de l'Hôtel de Ville par le député-maire Laurent Marcangeli.
A 14 heures, il s'entretiendra avec les socioprofessionnels avant de rencontrer les médias.
Cette journée sera clôturée par un grand meeting à 19 heures, au Palais des Congrès d'Ajaccio.
Jean Baggioni appelle au rassemblement autour d'Alain Juppé
En ma qualité de coordinateur régional des comités de soutien à Alain Juppé , j'invite tous ceux qui partagent les valeurs républicaines de la droite et du centre et qui souhaitent le plus large rassemblement dans une France apaisée , à nous rejoindre lors de ces manifestations citoyennes .
Nous vivrons ensemble un moment de réflexion et d'écoute avec Alain Juppé et nous manifesterons ainsi notre confiance dans sa démarche au service de la France , empreinte de fermeté et de crédibilité .
L'invitation d'Etienne Suzzoni
A l’occasion de la campagne des présidentielles 2017, moment majeur de notre démocratie, nous avons l'honneur d’accueillir en Balagne, Alain Juppé candidat à la primaire des « Républicains et du Centre».
C'est au Clos Culombu à Lumiu qu'il animera une réunion publique le mardi 4 octobre à 18 heures 30.
Quelques soient vos opinions et vos idées, c’est avec plaisir que je vous invite à participer à cette rencontre qui sera suivie du verre de l’amitié.
Très démocratiquement,