- Qu’attendez-vous du débat de lundi sur les transports ?
- Rien. Il n’en sortira rien. Certains vous diront qu’il est prématuré de dire ou de faire. Ils pensent trouver une échappatoire dans le temps qui s’écoule. Nous pensons qu’il faut attraper le problème par le col et le régler une fois pour toutes. Nous perdons des mois essentiels. Tout le système est obsolète. Il faut le repenser.
- Vous militez pour la création d’une compagnie maritime régionale. Seriez-vous favorable à une SEM dont Paul-Marie Bartoli évoque la possibilité ?
- Comparée à une entité totalement privée, une SEM, qui aurait dans son capital une partie prépondérante de capitaux publics, est déjà un progrès. Nous privilégions l’entité publique parce qu’elle a vocation à rendre un service que les Corses sont en droit d’attendre et à chercher l’équilibre. La rentabilité à l’équilibre est un curseur économiquement acceptable face à des entités privées dont la seule ambition est de dégager des marges de bénéfice pour satisfaire un conseil d’administration et reverser des dividendes à des actionnaires.
- On objecte qu’une compagnie publique ne résoudra pas le blocage des ports par la CGT. Ne pensez-vous pas qu’elle risque de s’engluer dans ce problème ?
- Ceux qui le disent sont les mêmes qui, hier, disaient qu’on ne pouvait pas faire une compagnie publique à cause de la concurrence. Pourquoi avec une compagnie privée, il n’y a pas de concurrence ? Avec Veolia, il n’y a plus de CGT ? Nous n’avons pas vocation à être minoritaire ad vitam. L’alternance démocratique, à laquelle le STC appartient, connait une progression significative qui met en minorité la CGT à Marseille et à la SNCM. Aux dernières élections, nous avons totalisé 32 élus contre 28 pour la CGT. Notre but est de faire triompher nos idées, de chercher à convaincre et non à contraindre. Mais, en attendant, la situation ne peut pas être le leitmotiv d’un statu quo. Parce qu’il y a la CGT, on ne fait plus rien ? Cela signifie que la CTC, qui a la responsabilité de définir la politique d’intérêts collectifs du peuple dont elle a la représentation, est paralysée dans ses instances démocratiques par un groupe supposé extrémiste ! Si tel est le cas, changeons de port !
- N’y a-t-il pas d’alternative à une entité publique ?
- Il n’y a pas d’alternative possible à un service public de qualité, que sont en droit d’attendre les usagers, sans entité publique. La seule entité publique, qui soit de nature à prendre en compte l’intérêt collectif de notre peuple, sera celle que nous créerons.
- Pourquoi ?
- Parce que dans le conseil d’administration de la feue SNCM, quand elle était publique, la Corse n’était représentée par personne. Il faut une entité publique nouvelle, c’est-à-dire avec des deniers publics majoritaires, où la Corse serait majoritaire dans le capital et pourrait faire entendre sa voix, exiger des comptes, des réponses en termes de gestion du combustible, de gestion du personnel, d’ouverture de lignes, de pertinence de projets… Pensez-vous que les élus corses auraient validé l’achat du Napoléon Bonaparte ou le NGV Liamone qui se retrouve à l’ancre à Nouméa ?
- La CTC a-t-elle fait preuve d’un manque de responsabilité ?
- Tout à fait. Lorsqu’on donne quitus à des projets mortifères, on porte la responsabilité des meurtres ! Le schéma actuel, où certains font semblant de penser que le problème du transport se résume au combat des bateaux blancs contre les bateaux jaunes, ne s’inscrit pas dans une logique d’intérêt collectif. Cette bataille navale coule les deux bateaux. Il faut changer de schéma.
- Que pensez-vous de d’idée d’exiger un préavis de grève ou d’instaurer un service minimum pour éviter la paralysie du trafic ?
- Ce n’est pas ça qui réglera le problème ! Nous avons fait une proposition à la CCI et aux transporteurs pour la mise en place d’un service social dans le cas où l’ensemble du dispositif SNCM-CNM serait bloqué par la grève.
- Vous voulez dire quand les ports sont bloqués ?
- Non. Le port ne peut pas être bloqué. Il fonctionne. Quand une compagnie cesse le travail pour faire grève, d’autres compagnies rentrent. C’est une malhonnêteté intellectuelle de parler de service minimum. De facto, la Corse n’est pas coupée de l’extérieur.
- Qu’appelez-vous un service social ?
- C’est de définir ensemble les besoins prioritaires. Nous prenons en compte tous les produits de première nécessité, notamment les produits de santé, toutes les personnes ayant pour obligation de suivre, à cause de pathologie ou de thérapie, des soins sur le continent et les situations liées à des deuils. Mais les transporteurs ont refusé.
- Pourquoi ?
- Parce que, dans notre définition de besoins et de passagers prioritaires, il n’y a pas le béton, les réfrigérateurs, les téléviseurs, les déménagements, les autocars tout ce qu’ils transportent en tant qu’entité économique. Par intérêt collectif, nous mettions en place un schéma qui tenait compte des besoins réels de notre peuple, pas de ceux des Japonais qui débarquent ! Nous n’étions pas dans la même logique capitalistique, nous étions dans une logique sociale. Mais leur refus est aussi un aveu. Il signifie que nous ne partageons pas le même point de vue de l’intérêt collectif, que nous n’avons pas les mêmes objectifs. Il est hors de question que nous acceptions ce service prétendu minimum tel qu’il nous a été présenté. Les transporteurs ont refusé le service social. Ce dossier est clos. Nous ne le rouvrirons que sur nos propositions.
Propos recueillis par Nicole MARI
- Rien. Il n’en sortira rien. Certains vous diront qu’il est prématuré de dire ou de faire. Ils pensent trouver une échappatoire dans le temps qui s’écoule. Nous pensons qu’il faut attraper le problème par le col et le régler une fois pour toutes. Nous perdons des mois essentiels. Tout le système est obsolète. Il faut le repenser.
- Vous militez pour la création d’une compagnie maritime régionale. Seriez-vous favorable à une SEM dont Paul-Marie Bartoli évoque la possibilité ?
- Comparée à une entité totalement privée, une SEM, qui aurait dans son capital une partie prépondérante de capitaux publics, est déjà un progrès. Nous privilégions l’entité publique parce qu’elle a vocation à rendre un service que les Corses sont en droit d’attendre et à chercher l’équilibre. La rentabilité à l’équilibre est un curseur économiquement acceptable face à des entités privées dont la seule ambition est de dégager des marges de bénéfice pour satisfaire un conseil d’administration et reverser des dividendes à des actionnaires.
- On objecte qu’une compagnie publique ne résoudra pas le blocage des ports par la CGT. Ne pensez-vous pas qu’elle risque de s’engluer dans ce problème ?
- Ceux qui le disent sont les mêmes qui, hier, disaient qu’on ne pouvait pas faire une compagnie publique à cause de la concurrence. Pourquoi avec une compagnie privée, il n’y a pas de concurrence ? Avec Veolia, il n’y a plus de CGT ? Nous n’avons pas vocation à être minoritaire ad vitam. L’alternance démocratique, à laquelle le STC appartient, connait une progression significative qui met en minorité la CGT à Marseille et à la SNCM. Aux dernières élections, nous avons totalisé 32 élus contre 28 pour la CGT. Notre but est de faire triompher nos idées, de chercher à convaincre et non à contraindre. Mais, en attendant, la situation ne peut pas être le leitmotiv d’un statu quo. Parce qu’il y a la CGT, on ne fait plus rien ? Cela signifie que la CTC, qui a la responsabilité de définir la politique d’intérêts collectifs du peuple dont elle a la représentation, est paralysée dans ses instances démocratiques par un groupe supposé extrémiste ! Si tel est le cas, changeons de port !
- N’y a-t-il pas d’alternative à une entité publique ?
- Il n’y a pas d’alternative possible à un service public de qualité, que sont en droit d’attendre les usagers, sans entité publique. La seule entité publique, qui soit de nature à prendre en compte l’intérêt collectif de notre peuple, sera celle que nous créerons.
- Pourquoi ?
- Parce que dans le conseil d’administration de la feue SNCM, quand elle était publique, la Corse n’était représentée par personne. Il faut une entité publique nouvelle, c’est-à-dire avec des deniers publics majoritaires, où la Corse serait majoritaire dans le capital et pourrait faire entendre sa voix, exiger des comptes, des réponses en termes de gestion du combustible, de gestion du personnel, d’ouverture de lignes, de pertinence de projets… Pensez-vous que les élus corses auraient validé l’achat du Napoléon Bonaparte ou le NGV Liamone qui se retrouve à l’ancre à Nouméa ?
- La CTC a-t-elle fait preuve d’un manque de responsabilité ?
- Tout à fait. Lorsqu’on donne quitus à des projets mortifères, on porte la responsabilité des meurtres ! Le schéma actuel, où certains font semblant de penser que le problème du transport se résume au combat des bateaux blancs contre les bateaux jaunes, ne s’inscrit pas dans une logique d’intérêt collectif. Cette bataille navale coule les deux bateaux. Il faut changer de schéma.
- Que pensez-vous de d’idée d’exiger un préavis de grève ou d’instaurer un service minimum pour éviter la paralysie du trafic ?
- Ce n’est pas ça qui réglera le problème ! Nous avons fait une proposition à la CCI et aux transporteurs pour la mise en place d’un service social dans le cas où l’ensemble du dispositif SNCM-CNM serait bloqué par la grève.
- Vous voulez dire quand les ports sont bloqués ?
- Non. Le port ne peut pas être bloqué. Il fonctionne. Quand une compagnie cesse le travail pour faire grève, d’autres compagnies rentrent. C’est une malhonnêteté intellectuelle de parler de service minimum. De facto, la Corse n’est pas coupée de l’extérieur.
- Qu’appelez-vous un service social ?
- C’est de définir ensemble les besoins prioritaires. Nous prenons en compte tous les produits de première nécessité, notamment les produits de santé, toutes les personnes ayant pour obligation de suivre, à cause de pathologie ou de thérapie, des soins sur le continent et les situations liées à des deuils. Mais les transporteurs ont refusé.
- Pourquoi ?
- Parce que, dans notre définition de besoins et de passagers prioritaires, il n’y a pas le béton, les réfrigérateurs, les téléviseurs, les déménagements, les autocars tout ce qu’ils transportent en tant qu’entité économique. Par intérêt collectif, nous mettions en place un schéma qui tenait compte des besoins réels de notre peuple, pas de ceux des Japonais qui débarquent ! Nous n’étions pas dans la même logique capitalistique, nous étions dans une logique sociale. Mais leur refus est aussi un aveu. Il signifie que nous ne partageons pas le même point de vue de l’intérêt collectif, que nous n’avons pas les mêmes objectifs. Il est hors de question que nous acceptions ce service prétendu minimum tel qu’il nous a été présenté. Les transporteurs ont refusé le service social. Ce dossier est clos. Nous ne le rouvrirons que sur nos propositions.
Propos recueillis par Nicole MARI