L’hydrogène pour faire tourner ce bateau est produit à Folelli. Dans un deuxième projet, en parallèle avec Alba, le lycée maritime s’est associé à Corsica Sole, pour fonder un écosystème de production et de distribution d’hydrogène : Folle’HY. Le surplus d'énergie, acquise par les panneaux photovoltaïques, est transformé, en hydrogène. Après le transport en camion de l’énergie verte stockée dans des bundles, le bateau sera souté par une distributrice au port de Bastia. Ce programme révèle l’implication du monde maritime dans l’industrie.
Améliorer l’apprentissage des élèves
Après Liceu Marittimu, semi-rigide avec deux moteurs hors-bord et Scola di marina, navire avec un moteur in-board, Alba est le troisième navire de la flotte du lycée maritime de Bastia. Ses équipements, à la pointe de leurs générations, vont entraîner les élèves à parfaire leurs aptitudes tout en favorisant leurs insertions dans les nombreux métiers de la mer. Ce bateau à énergie verte va être utilisé dans plusieurs formations comme la navigation, la pêche, la manœuvre, la recherche marine ou encore, le système de propulsion. Dans le cadre de ce dernier enseignement, les élèves pourront tirer de leur navire "vert", des compétences rares en hydrogène, dans un contexte dans lequel la protection de l’environnement est fondamentale. La motivation de Julien Cometto réside dans cette idée-là : « Nous souhaitons faire de nos élèves et Alba, les ambassadeurs de la transition énergétique et de la formation maritime. Pour cela, nous allons réaliser des démonstrations et promouvoir les rencontres, ainsi que l'échange ». L’établissement scolaire souhaite s’associer à des scientifiques ainsi qu’à des institutions afin de mettre en place des actions avec les élèves. Notamment, des missions de prélèvements scientifiques.
Des critères stricts à respecter
Dans ce projet, le lycée maritime de Bastia devait répondre à plusieurs missions. Tout d’abord, le bateau doit permettre une formation qualitative. Les objectifs de l’établissement scolaire et de son directeur sont clairs : « concevoir un navire à propulsion hydrogène conforme à la règlementation des navires professionnels ; dimensionner les espaces pour favoriser l'ergonomie et la pédagogie ; doter le navire d'équipements permettant de réaliser des formations pêche et concevoir une coque optimisée d'un point de vue hydrodynamique et adaptée à la mer Méditerranée ». Pour ce faire, trois avant-projets réalisés par le bureau d’architecte naval ont été ajoutés dans un cahier des charges qui été soigneusement élaboré. Ainsi, Julien Commetto « espère accompagner les professionnels vers une mobilité maritime plus vertueuse ». Le financement à 100% de quatre millions d’euros pour ce bateau a été permis par un appel à projet de France Relance, tenu par la direction générale des affaires maritimes, de la pêche et de l’aquaculture (DGAMPA). Cette instruction apporte une aide au développement de navires et bateaux améliorant la performance énergétique ou environnementale des filières de la pêche et de l’aquaculture, obtenue en juin 2021.
Vers une flotte plus durable
« À l'image d'un armateur professionnel, nous travaillons sur toutes les pistes en faveur d'une mobilité plus durable », pointe Cometto. La venue du navire a hydrogène totalement décarboné, relance le débat du développement « du vert » dans la flotte de l’unique établissement maritime de la Corse. Ainsi, le lycée, œuvre sur un nouveau projet de re-motorisation de la Scola marina. Pour correspondre aux nouvelles normes de rejets du moteur et aux enjeux environnementaux, une propulsion hybride, diesel-électrique est actuellement en étude. L’Office de l’Environnement de la Corse collabore en étroite connexion avec le lycée maritime pour l’application d'un programme d'accompagnement des professionnels de la mer vers la modernisation des navires. Alba est le parfait exemple à suivre. D’ailleurs, ce navire est candidat le 29 juin prochain. au prix de la deuxième édition de France hydrogène qui récompense le dynamisme des acteurs de la filière,
(1) Le bateau est muni de deux solutions EODev REXH2 de 70kW approvisionnés par neuf réservoirs d’hydrogène. Les moteurs Danfoss de 200kW sont alimentés par deux parcs de batteries à 177kW, pour une autonomie totale de 110 miles