Lors de son discours devant les élus de l'Assemblée de Corse, le 28 septembre, Emmanuel Macron a marqué son souhait de voir "la langue corse mieux enseignée et placée au coeur de la vie de chaque Corse" (Photo : AFP/ Pascal Pochard-Casabianca)
« Je souhaite que la langue corse puisse être mieux enseignée et placée au cœur de la vie de chaque Corse ». Jeudi dernier, devant l’Assemblée de Corse, Emmanuel Macron a profité de son discours pour aborder cette question hautement emblématique. S’il n’a jamais prononcé le mot de coofficialité, le Président de la République a toutefois laissé entendre qu’il souhaite voir engagé un travail plus poussé sur ce dossier. Il s’est ainsi prononcé en faveur de la création d’un « service public de l’enseignement, en faveur du bilinguisme ». Des annonces très générales qui laissent un goût d’incertitude aux différents acteurs.
« C'est sûr que ce sont des mots nouveaux de la part du président de la République, mais on reste quand même dubitatifs face à de tels propos », note ainsi Micheli Leccia, président du collectif Parlemu corsu en reprenant : « Ce qu'on peut espérer, c'est que ce ne soit pas des paroles en l'air, que ce ne soit pas des fausses promesses. Après, tout cela reste trop vague pour qu'on soit vraiment confiants, surtout qu'on avait l'habitude jusqu'à présent de peu d'engagement ». « La simple évocation du sujet de la langue corse montre qu’il y a une décrispation à ce niveau, en sachant que la question linguistique est au cœur de l’idéologie française et de la conception de l’État-nation français depuis maintenant plusieurs centaines d’années. C’est l’une des questions peut être les plus sensibles », estime pour sa part Romain Colonna, maître de conférences HDR en sociolinguistique et études corses à l’Université Pasquale Paoli et conseiller territorial Fà Populu, en soulignant dans le même temps : « Mais Emmanuel Macron n’a pas été très clair sur la question de la langue corse dans son discours. Il y a des contours à préciser de la part de l’État ».
« C'est sûr que ce sont des mots nouveaux de la part du président de la République, mais on reste quand même dubitatifs face à de tels propos », note ainsi Micheli Leccia, président du collectif Parlemu corsu en reprenant : « Ce qu'on peut espérer, c'est que ce ne soit pas des paroles en l'air, que ce ne soit pas des fausses promesses. Après, tout cela reste trop vague pour qu'on soit vraiment confiants, surtout qu'on avait l'habitude jusqu'à présent de peu d'engagement ». « La simple évocation du sujet de la langue corse montre qu’il y a une décrispation à ce niveau, en sachant que la question linguistique est au cœur de l’idéologie française et de la conception de l’État-nation français depuis maintenant plusieurs centaines d’années. C’est l’une des questions peut être les plus sensibles », estime pour sa part Romain Colonna, maître de conférences HDR en sociolinguistique et études corses à l’Université Pasquale Paoli et conseiller territorial Fà Populu, en soulignant dans le même temps : « Mais Emmanuel Macron n’a pas été très clair sur la question de la langue corse dans son discours. Il y a des contours à préciser de la part de l’État ».
"On reste dans le champ des possibles"
De son côté, Jean-Pierre Luciani, secrétaire national du STC Éducation, se veut plus tranché. « Pour moi il n’y a pas d’avancées palpables », souffle-t-il. Pour lui, le fait d’avancer que la langue corse doit être mieux enseignée veut en effet « tout et rien dire ». « En fait on reste dans le champ des possibles », glisse-t-il en déplorant par ailleurs : « De plus, il existe un réseau de service public d’éducation mis en place pour l’enseignement immersif avec Scola Corsa et il ne parle pas de cela alors que c’est un dossier qui est important, d’autant plus que le préfet a fait un recours par rapport aux aides financières que l’Assemblée de Corse avait voté en sa faveur de ce service public d’éducation ».
Micheli Leccia observe d’ailleurs que le Président de la République aurait pu « utiliser plus de mots qui nous donneraient confiance ». « Il n’y a pas besoin de la coofficialité pour faire certaines choses, mais cela passe par la volonté de l'État de ne pas mettre des freins et de s'engager sur ces voies », indique-t-il en déroulant : « Ce que nous aurions aimé entendre dire clairement c’est que le bilinguisme peut être généralisé dans le secondaire, ou que l’immersion qui existe à titre expérimental dans certaines écoles de l'éducation publique peut être généralisée. Et puis, un signe qui aurait peut-être pu accompagner les paroles du Président en amont aurait été de montrer que l'administration française était prête à ratifier la Charte de la langue de Corse définie par l'Assemblée de Corse ». De facto, le président de Parlemu Corsu se dit « très sceptique » et attend la suite. « Du côté de la majorité territoriale, nous continuerons dans les semaines et les mois à venir à faire valoir de manière déterminée ce droit à la langue, notamment à travers l’espace public pour reconnaître un certain nombre de droits aux locuteurs corses, ce que recouvre en partie le vocable coofficialité », appuie pour sa part Romain Colonna.
Micheli Leccia observe d’ailleurs que le Président de la République aurait pu « utiliser plus de mots qui nous donneraient confiance ». « Il n’y a pas besoin de la coofficialité pour faire certaines choses, mais cela passe par la volonté de l'État de ne pas mettre des freins et de s'engager sur ces voies », indique-t-il en déroulant : « Ce que nous aurions aimé entendre dire clairement c’est que le bilinguisme peut être généralisé dans le secondaire, ou que l’immersion qui existe à titre expérimental dans certaines écoles de l'éducation publique peut être généralisée. Et puis, un signe qui aurait peut-être pu accompagner les paroles du Président en amont aurait été de montrer que l'administration française était prête à ratifier la Charte de la langue de Corse définie par l'Assemblée de Corse ». De facto, le président de Parlemu Corsu se dit « très sceptique » et attend la suite. « Du côté de la majorité territoriale, nous continuerons dans les semaines et les mois à venir à faire valoir de manière déterminée ce droit à la langue, notamment à travers l’espace public pour reconnaître un certain nombre de droits aux locuteurs corses, ce que recouvre en partie le vocable coofficialité », appuie pour sa part Romain Colonna.