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Après le vote de la DSP aérienne, le soulagement pour Air Corsica et Air France


le Vendredi 1 Mars 2024 à 21:27

Moins de 24 heures après le vote de l’Assemblée de Corse, les dirigeants des deux compagnies tenaient une conférence de presse ce vendredi à Ajaccio au cours de laquelle ils ont marqué leur satisfaction d’avoir à nouveau obtenu la desserte de service public entre les quatre aéroports corses et Paris. Malgré tout, ils se sont dits conscients de la nécessité de faire évoluer le modèle face à des fonds publics qui se raréfient et une nouvelle donne dans le secteur de l’aérien.



De gauche à droite : Hervé Pierret, membre du directoire d'Air Corsica, Pierre Muracciole, président du directoire d'Air Corsica, Marie-Hélène Casanova Servas, présidente du conseil de surveillance d'Air Corsica, Alain-Hervé Bernard, directeur général adjoint Opérations et Cargo Air France, et Henri Hourcade, directeur France Air France-KLM
De gauche à droite : Hervé Pierret, membre du directoire d'Air Corsica, Pierre Muracciole, président du directoire d'Air Corsica, Marie-Hélène Casanova Servas, présidente du conseil de surveillance d'Air Corsica, Alain-Hervé Bernard, directeur général adjoint Opérations et Cargo Air France, et Henri Hourcade, directeur France Air France-KLM
Le soulagement était de mise ce vendredi après-midi. Moins de 24 heures après le vote de l’Assemblée de Corse qui a unanimement accordé la Délégation de Service public (DSP)  2024-2027 pour la desserte aérienne entre les quatre aéroports corses et Paris Orly au groupement Air Corsica – Air France, les dirigeants des deux compagnies aériennes tenaient une conférence de presse à Ajaccio afin de revenir sur cet épisode compliqué. 
 
« Le dénouement de cet appel d’offres montre que si notre candidature a été retenue c’est bien parce qu’elle était compétitive et performante », pose d’emblée Marie-Hélène Casanova Servas, la présidente du conseil de surveillance d’Air Corsica en appuyant : « Le groupement a entièrement mérité de remporter ce marché ». Il aura pourtant fallu sept tours de négociations pour convaincre et écarter définitivement de Volotea, dont la candidature avait été vécue comme « un coup de tonnerre ». « Après plusieurs décennies d’exploitation des lignes d’Orly, nous atouts étaient suffisamment nombreux et cochaient toutes les cases du cahier des charges », glisse en écho la présidente du conseil de surveillance en déroulant : « Un savoir-faire technique et humain parfaitement adapté aux besoins de la Corse ; des acquis reconnus quant aux spécificités des résidents ; une flotte qualitative, notamment sur les performances environnementales ; la solidité financière des deux compagnies ; et une qualité de service à bord comme au sol bien établie, au point que nous avons pu en faire des engagements contractuels assez inédits, comme faire de la ponctualité une obligation contractuelle ». Henri Hourcarde, directeur France pour Air France- KLM abonde : « Nous continuerons d’assurer cette desserte avec l’ambition d’offrir à tous les voyageurs des services adaptés à leurs besoins en maintenant ce lien de continuité territoriale entre la Corse et le continent ». 

 

Pierre Muracciole et Marie-Hélène Casanova Servas l'ont concédé : Air Corsica va devoir évoluer dans les prochaines années pour pouvoir " conserver sa place dans un univers concurrentiel"
Pierre Muracciole et Marie-Hélène Casanova Servas l'ont concédé : Air Corsica va devoir évoluer dans les prochaines années pour pouvoir " conserver sa place dans un univers concurrentiel"
« Évoluer pour conserver notre place dans un univers concurrentiel » 
 
Mais malgré l’obtention « heureuse » de cette DSP, à l’instar de ce qu’exprimaient déjà la veille les élus de l’Assemblée de Corse, les dirigeants deux compagnies le reconnaissent : les défis seront grands dans l’avenir et le modèle va nécessairement devoir évoluer.  « Nous avons en interne des ajustements à définir, une entreprise à faire évoluer pour que l’on puisse conserver notre place dans un univers concurrentiel », concède ainsi Marie-Hélène Casanova Servas en ajoutant : « Notre stratégie va consister à trouver le point d’équilibre entre les impératifs de ces délégations aériennes et un budget qui est contraint ». Hervé Pierret, membre du directoire d’Air Corsica n’en fait d’ailleurs pas mystère : le coût annuel des lignes de la DSP sur Paris-Orly s’élèveront en moyenne à 187 millions d'euros. La compensation financière accordée au groupement est pour sa part établie à un peu moins de 66 millions d'euros. Il faudra donc trouver les voies et moyens d’arriver à l’équilibre.
 
En outre, l’enveloppe de dotation de continuité territoriale, qui n’a pas été revue à la hausse depuis 2009, reste à l’heure actuelle insuffisante pour financer les DSP aériennes et maritimes dans leur intégralité. Depuis deux ans, les députés insulaires ont réussi à arracher une rallonge supplémentaire permettant de maintenir les comptes à flot, mais quid des années à venir ? « Bien sûr que cela nous inquiète », souffle le président du directoire d’Air Corsica. À ses côtés, la présidente du conseil de surveillance temporise. « Le président de l’Exécutif l’a dit : le périmètre de l’enveloppe sera le premier combat qui sera mené sans plus attendre ». « Quoi qu’il en soit, il y a une tendance qui est à la réduction des fonds publics, il faut que l’on s’y prépare en mettant en œuvre des mesures qui nous permettront d’être plus efficients et moins consommateurs de fonds publics », reprend Pierre Muracciole qui ambitionne donc de travailler à réduire les frais en interne. « L’entreprise a 35 ans. Cela laisse entrevoir des remplacements ou non remplacements sur des effectifs qui seront appelés à partir à la retraite dans les années qui viennent », note-t-il alors qu’Air Corsica compte actuellement environ 720 salariés. « Il faut que nous ayons l’adhésion de nos personnels sur la façon de travailler un peu mieux avec moins de personnes », instille-t-il en ajoutant miser également sur la réduction « des frais de structure ».
 
Enfin, la question se pose également quant à la présence d’Air France sur les lignes entre la Corse et Paris après cette DSP. La compagnie a en effet annoncé il y a déjà plusieurs mois qu’elle allait se retirer progressivement d’Orly. Si les dirigeants expliquent que tout a été verrouillé pour que les activités y soient bien maintenues pour la desserte de la Corse jusqu’à 2027, la suite est loin de couler de source. Même si Alain-Hervé Bernard, directeur général adjoint Opérations et Cargo de la compagnie, assure que par principe la collaboration avec Air Corsica devrait perdurer pour desservir Paris. Il marque toutefois une condition : « Il faudra voir quel sera le cahier des charges de la prochaine DSP qui pourrait être fortement revu ». La desserte aérienne de la Corse pourrait donc bien connaître de nouvelles turbulences dans les années à venir.