La Moby Lines au départ de Bunifaziu. Photo CNI.
Des avaries de moteurs sur le navire La Giraglia interrompent périodiquement la desserte maritime entre la Corse et la Sardaigne. Ce fut le cas, il y a une dizaine de jours, sous DSP (Délégation de service public) exclusive, gérée par la Sardaigne, sur le même navire avec un diagnostic sévère pour une remise en eau. Aucune compagnie disponible en cette période automnale pour reprendre la main. Ce fut le cas, l’été dernier, en pleine saison touristique, sous marché libre, c’est-à-dire sans aucune obligation pour le délégataire de mettre en place une solution alternative. Sans parler des aléas météorologiques qui mettent régulièrement la liaison à l’arrêt pendant plusieurs journées consécutives. Pour le groupe Core in Fronte, la coupe est pleine, et il l’a fait savoir, par la voix de sa conseillère Véronique Pietri, lors de la dernière session de l’Assemblée de Corse. « Encore une fois, une fois de plus, une fois de trop, les liaisons maritimes entre la Corse et la Sardaigne sont mises en danger ! Encore une fois, une fois de plus, une fois de trop, les Corses et les Sardes sont pris en otage ! On se pose toujours la question de savoir comment on est arrivé à une telle situation ».
Des responsabilités partagées
C’est in lingua nustrale que l’élue indépendantiste interpelle l’Exécutif corse et rappelle que ces deux « îles sœurs », seulement séparées par 16 kilomètres, devraient développer des liens économiques, sociaux, culturels et politiques. « On attendait, à partir de 2015, que la nouvelle mandature tourne le dos à cette dépendance et cet assujettissement qui étaient les caractéristiques des mandatures traditionnelles. Pour l’instant, nous n’avons pas vu grand-chose, particulièrement dans les transports maritimes » déplore-t-elle. « Il a fallu la réflexion, les actions et les propositions de Core in Fronte pour voir, ces derniers temps, l’Exécutif s’agiter un peu. Cette situation nouvelle et pessimiste met en lumière la responsabilité de la compagnie concernée, Moby Lines, mais aussi de la Région de Sardaigne et de la Collectivité de Corse ». Véronique Pietri demande des explications : « Où en est-on du renforcement sécurisé de la ligne Bunifaziu/Santa Teresa di Gallura ? Où en est-on de l’ouverture promise de la ligne Prubià/Porto Torres ? Quelles sont les initiatives, le cas échéant, que vous souhaitez apporter avec la Sardaigne ? ».
Pas si simple !
Le tableau que brosse, en réponse, la présidente de l’Office des transports de la Corse, Flora Mattei, n’est, de prime abord, guère rassurant. Elle commente sans ambages : « Est-ce que l’on se satisfait de ce scénario répétition ? Non ! Jamais ! Surtout en ce qui concerne la sécurité de nos résidents et la mise en danger récurrente qu’ils peuvent éprouver sur cette ligne unique. Avons-nous essayé de lancer des appels d’offres spécifiques au départ de Pruprià vers Porto Torres ? Oui ! Cela a déjà été fait. Appel d’offres infructueux. Faute d’opérateur maritime intéressé et zéro candidature déposée. Nos deux assemblées n’ont-elles pas délibéré main dans la main pour la création d’un GECT (Groupement européen de coopération territoriale) avec un service partagé entre la Corse et la Sardaigne pour le fret et les passagers ? Oui ! Cela a été fait. Ce même GECT s’est échoué sur un écueil de lenteur administrative côté Etat pour la validation finale entre Etats membres. Avons-nous une solution miracle pour nous extraire des limitations de flotte disponibles, des limitations d’enceintes portuaires trop exigües, des directives européennes et même du joug d’un État membre pour avaliser une signature transnationale ? Non ! Non ! Non ! Les choses ne sont pas si simples pour cette DSP, comme pour d’autres ».
Des solutions
Ceci posé, la présidente de l’OTC réaffirme œuvrer de son mieux, avec son homologue sarde, pour poser un bilan des dysfonctionnements et des pistes de travail à court terme. « Nous nous sommes réunis, une nouvelle fois, avec le cabinet de la présidente de la Sardaigne, Alessandra Todde, et mon homologue l’assessora, Barbara Manca, pour évaluer les solutions à court terme ». Et de préciser qu’une rotation a été mise en place depuis Aiacciu vers Porto Torres, le samedi. La Moby Lines a publié un communiqué de presse « montrant la continuité transfrontalière » à partir du 27 novembre depuis Portivechju jusqu’à Golfu Aranci et à partir du mois de mars, le Livourne ira de Bonifaziu à Santa Térèsa di Gallura avec une capacité plus importante encore que le Giraglia. « Il faut préparer la suite », ajoute Flora Mattei. « Nous avons mis, sur la table des discussions, des issues de moyen ou de court terme. La première est de déposer conjointement un projet maritime et un projet aérien sur lesquels nous avons déjà commencé à travailler, lors de notre réunion de juillet dernier, afin de définir les alternatives maritimes et aériennes pour nos deux îles dans le cadre du traité du Quirinale pour la coopération franco-italienne qui se réunira dans les mois qui viennent. Nous l’espérons. Là encore, c’est à l’État de mener la danse ! La seconde est d’examiner aussi la possibilité pour tous les opérateurs maritimes insulaires de participer à tous les appels d’offres que peut lancer la région sarde qui est également déterminée. J’ai reçu tous les opérateurs maritimes pour voir quelles étaient les disponibilités éventuelles sous marché privé. Une réunion de nos deux présidents, Todde et Simeoni, est à l’agenda afin de rendre opérationnel ce travail en commun. Une nouvelle relation maritime est repensée entre la Corse et la Sardaigne. Une de plus, mais pas une de trop ! ».
N.M.
Des responsabilités partagées
C’est in lingua nustrale que l’élue indépendantiste interpelle l’Exécutif corse et rappelle que ces deux « îles sœurs », seulement séparées par 16 kilomètres, devraient développer des liens économiques, sociaux, culturels et politiques. « On attendait, à partir de 2015, que la nouvelle mandature tourne le dos à cette dépendance et cet assujettissement qui étaient les caractéristiques des mandatures traditionnelles. Pour l’instant, nous n’avons pas vu grand-chose, particulièrement dans les transports maritimes » déplore-t-elle. « Il a fallu la réflexion, les actions et les propositions de Core in Fronte pour voir, ces derniers temps, l’Exécutif s’agiter un peu. Cette situation nouvelle et pessimiste met en lumière la responsabilité de la compagnie concernée, Moby Lines, mais aussi de la Région de Sardaigne et de la Collectivité de Corse ». Véronique Pietri demande des explications : « Où en est-on du renforcement sécurisé de la ligne Bunifaziu/Santa Teresa di Gallura ? Où en est-on de l’ouverture promise de la ligne Prubià/Porto Torres ? Quelles sont les initiatives, le cas échéant, que vous souhaitez apporter avec la Sardaigne ? ».
Pas si simple !
Le tableau que brosse, en réponse, la présidente de l’Office des transports de la Corse, Flora Mattei, n’est, de prime abord, guère rassurant. Elle commente sans ambages : « Est-ce que l’on se satisfait de ce scénario répétition ? Non ! Jamais ! Surtout en ce qui concerne la sécurité de nos résidents et la mise en danger récurrente qu’ils peuvent éprouver sur cette ligne unique. Avons-nous essayé de lancer des appels d’offres spécifiques au départ de Pruprià vers Porto Torres ? Oui ! Cela a déjà été fait. Appel d’offres infructueux. Faute d’opérateur maritime intéressé et zéro candidature déposée. Nos deux assemblées n’ont-elles pas délibéré main dans la main pour la création d’un GECT (Groupement européen de coopération territoriale) avec un service partagé entre la Corse et la Sardaigne pour le fret et les passagers ? Oui ! Cela a été fait. Ce même GECT s’est échoué sur un écueil de lenteur administrative côté Etat pour la validation finale entre Etats membres. Avons-nous une solution miracle pour nous extraire des limitations de flotte disponibles, des limitations d’enceintes portuaires trop exigües, des directives européennes et même du joug d’un État membre pour avaliser une signature transnationale ? Non ! Non ! Non ! Les choses ne sont pas si simples pour cette DSP, comme pour d’autres ».
Des solutions
Ceci posé, la présidente de l’OTC réaffirme œuvrer de son mieux, avec son homologue sarde, pour poser un bilan des dysfonctionnements et des pistes de travail à court terme. « Nous nous sommes réunis, une nouvelle fois, avec le cabinet de la présidente de la Sardaigne, Alessandra Todde, et mon homologue l’assessora, Barbara Manca, pour évaluer les solutions à court terme ». Et de préciser qu’une rotation a été mise en place depuis Aiacciu vers Porto Torres, le samedi. La Moby Lines a publié un communiqué de presse « montrant la continuité transfrontalière » à partir du 27 novembre depuis Portivechju jusqu’à Golfu Aranci et à partir du mois de mars, le Livourne ira de Bonifaziu à Santa Térèsa di Gallura avec une capacité plus importante encore que le Giraglia. « Il faut préparer la suite », ajoute Flora Mattei. « Nous avons mis, sur la table des discussions, des issues de moyen ou de court terme. La première est de déposer conjointement un projet maritime et un projet aérien sur lesquels nous avons déjà commencé à travailler, lors de notre réunion de juillet dernier, afin de définir les alternatives maritimes et aériennes pour nos deux îles dans le cadre du traité du Quirinale pour la coopération franco-italienne qui se réunira dans les mois qui viennent. Nous l’espérons. Là encore, c’est à l’État de mener la danse ! La seconde est d’examiner aussi la possibilité pour tous les opérateurs maritimes insulaires de participer à tous les appels d’offres que peut lancer la région sarde qui est également déterminée. J’ai reçu tous les opérateurs maritimes pour voir quelles étaient les disponibilités éventuelles sous marché privé. Une réunion de nos deux présidents, Todde et Simeoni, est à l’agenda afin de rendre opérationnel ce travail en commun. Une nouvelle relation maritime est repensée entre la Corse et la Sardaigne. Une de plus, mais pas une de trop ! ».
N.M.