Hervé de Cheuzeville, auteur, conférencier et humanitaire depuis 1978, découvre le peuple Enawenê Nawê en 2021, en préparant une émission pour Radio Salve Regina. « Passionné par l’Amazonie, j’ai découvert ce peuple lors de mes recherches et j’ai pu entrer en contact avec ses habitants, notamment Iholalare, un jeune vidéaste de 22 ans, avec qui j’ai sympathisé », explique-t-il.
Ce peuple de 1 500 âmes, dont la moitié sont des enfants et adolescents, vit en harmonie avec la nature, dans des huttes disposées en cercles autour d’une esplanade centrale. Non carnivores à l’origine, les Enawenê Nawê se nourrissent de poissons, de plantes et de miel, mais ont récemment introduit le poulet dans leur alimentation. Leur mode de vie itinérant les contraint à déplacer leur village tous les dix ans, lorsque la terre s’appauvrit.
Hervé de Cheuzeville découvre rapidement leurs manques, notamment en matière d’éducation. « Pas d’école. J’ai donc commencé par acheter des fournitures scolaires pour que Iholalare puisse organiser des cours de lecture, d’écriture et d’arithmétique. Grâce aux dons, il a monté une salle de classe rustique en planches, qui accueille aujourd’hui une soixantaine d’élèves », raconte-t-il. Depuis, ces enfants lui envoient régulièrement des cahiers ornés de dessins.
CorsicAmazônia : Un pont entre la Corse et l’Amazonie
En 2024, Hervé de Cheuzeville crée l’association CorsicAmazônia avec des amis pour structurer et amplifier son aide. Soutenue par des dons, un legs de la librairie Alba à L’Île-Rousse et une subvention de la Collectivité de Corse, l’association expédie régulièrement des fournitures scolaires et autres outils éducatifs.
Cette fin d’année, Hervé de Cheuzeville a décidé de franchir une nouvelle étape en se rendant sur place. Il partira de Bastia le 27 décembre pour un voyage marathon : Marseille, Paris, São Paulo, Cuiabá, puis Vilhena en avion ou en bus (14 heures) avant de parcourir quatre heures de piste en 4x4 jusqu’à Enawenê Nawê. « Je resterai quelques jours sur place, mais j’irai aussi à Vilhena pour acheter des fournitures supplémentaires, du poulet et des produits d’hygiène, histoire de soutenir l’économie locale », précise-t-il.
Un projet global pour l’éducation et la santé
En observant les photos des élèves, Hervé de Cheuzeville a remarqué l’état préoccupant de leur dentition. « C’est en partie dû à leur alimentation et à un manque d’immunité, ce qui favorise les caries. L’an passé, nous avons pu faire consulter dix élèves par un dentiste. Aujourd’hui, notre projet associe aide scolaire et soutien bucco-dentaire, avec l’achat de brosses à dents et de dentifrice », souligne-t-il.
L’état brésilien, conscient de la situation, a récemment lancé la construction d’une école en dur pour le village. « Une fois l’école construite, nous réorienterons notre aide. Notre salle en planches deviendra un espace dédié aux cours de soutien, à l’apprentissage des langues étrangères et à l’informatique. Nous viendrons en complément de la nouvelle école », explique Hervé de Cheuzeville.