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Assemblée de Corse : Un nouveau règlement des aides pour "donner à la jeunesse le pouvoir d’agir"


Nicole Mari le Vendredi 28 Janvier 2022 à 16:30

C’est un Pattu di à ghjuventù renforcé qui a été adopté à l’unanimité, jeudi après-midi, à la première session de l’année de l’Assemblée de Corse. Un nouveau règlement pour mieux coller aux besoins de la jeunesse avec des mesures inédites, notamment des aides pour un projet entrepreneurial, des bourses pour des formations d’animateurs ou des projets de mobilité internationale. Egalement la signature de contrats jeunesse avec les EPCI. De même, le dispositif d’ambassadeurs sportifs est renouvelé et élargi. L’objectif, explique à Corse Net Infos, Lauda Guidicelli, conseillère exécutive en charge de la jeunesse, des sports, de l'égalité femmes-hommes, de la vie associative et de l’innovation sociale, est de donner le pouvoir et l’envie d’agir aux jeunes.



Lauda Guidicelli, conseillère exécutive en charge de la jeunesse, des sports, de l'égalité femmes-hommes, de la vie associative et de l’innovation sociale. Photo Michel Luccioni.
Lauda Guidicelli, conseillère exécutive en charge de la jeunesse, des sports, de l'égalité femmes-hommes, de la vie associative et de l’innovation sociale. Photo Michel Luccioni.
- Pourquoi un nouveau règlement des aides pour la jeunesse ?
- Depuis le début de la construction du Pattu di a Ghjuventù et des aides en faveur de la jeunesse, j’ai souhaité que nous travaillons sur des documents qui ne soient jamais figés. La jeunesse bouge, elle évolue. Ses préoccupations changent. On l’a vu pendant la pandémie. Nos rencontres avec la jeunesse ont fait émerger de nouveau besoins. Pour y répondre, cela passe notamment par un nouveau règlement des aides.  
 
- Quel bilan avez-vous tiré des premières années d’application ?
- Avec le Pattu di a Ghjuventù et l’adoption de son plan d’action, nous faisions le choix d’innover et de nous engager en faveur d’une véritable politique publique de la jeunesse. C’est un choix que peu de régions ont fait. C’était faire preuve d’audace pour venir réorganiser la politique publique, changer de prisme. C’était une tâche laborieuse, menée avec beaucoup de conviction et d’énergie par la Direction adjointe jeunesse et par les autres directions de la Collectivité qui ont presque toutes été sollicitées. Il est trop tôt pour faire un bilan, mais je crois pouvoir dire, trois ans après, que c’était le bon choix.  
 
- Avez-vous atteint vos objectifs ?
- Le Pattu est encore trop jeune pour dire si nous avons atteint nos objectifs. Il reste tant de sujets qui préoccupent les jeunes, tant de problématiques qui parfois échappent même aux compétences de notre Collectivité. Ce que nous pouvons dire, c’est que nous avançons. Nous sommes passés par exemple en deux ans de 69 actions « restant à créer » à seulement 26. Nous comptons bien continuer à mettre en place les actions prévues et à réaliser tout ce qui est en notre pouvoir. Nous restons en alerte pour adapter les dispositifs dès que cela sera nécessaire.

- Le Pattu a-t-il été beaucoup utilisé par les jeunes ?
- Il a rencontré un bel accueil. Il a eu l’avantage de permettre l’accès des jeunes à des outils -comme le site ghjuventù.corsica ou le guide des aides de la CdC - qui concentrent les aides et permettent de les rendre plus accessibles. Grâce à lui, beaucoup de jeunes bénéficiaires ont tout simplement découvert qu’ils étaient éligibles et que la CdC pouvait les accueillir et les aider dans de nombreux domaines.

Gilles Simeoni et Lauda Guidicelli. Photo Michel Luccioni.
Gilles Simeoni et Lauda Guidicelli. Photo Michel Luccioni.
- Qu’est-ce qui a bien marché et que faut-il ajouter ou modifier ?
- Certains dispositifs ont été plébiscités comme « Prima Strada » avec 321 dossiers reçus depuis 2 ans, dont 200 dossiers individualisés. Ce sont donc 200 jeunes qui ont déjà reçu une aide pour financer leur permis de conduire et qui, en contrepartie, ont justifié de 20 heures minimum d’engagement citoyen et/ou bénévole. « Prima strada » répond à un vrai besoin quand on connaît l’importance de la mobilité sur notre territoire.
 
- Quelles mesures nouvelles proposez-vous ?
- Pour soutenir les jeunes qui ont un projet entrepreneurial avec une perspective de création d’emploi, nous proposons le dispositif Ghjovani in mossa « Scumessa d’avvene ». Les bourses « Animazioni » pour ceux qui souhaiteraient passer leur BAFA, BAFD ou le BNSSA. Les projets de mobilité internationale pourront bénéficier des bourses « Mobighjovani ». Nous avons également mis en place un soutien pour les communes et EPCI afin d’aider les jeunes via leurs territoires. Pour mieux connaitre tous ces dispositifs, j’invite tous les jeunes, leurs parents, leurs encadrants à visiter notre site, nos réseaux sociaux et à contacter les services Jeunesse de la CdC.
 
- Vous mettez l’accent sur les EPCI pour la signature de contrats jeunesse. De quoi s’agit-il et avec quel financement ?
- Nous sommes allés à la rencontre des EPCI et des communes. Ils ont une excellente connaissance des besoins du terrain. Ils nous ont fait part de leur souhait de porter des projets localement, mais également de leurs difficultés. La Collectivité de Corse a donc proposé de les aider pour monter leurs dossiers, mais aussi de les soutenir financièrement avec des subventions de fonctionnement et des subventions d’investissement, dès lors qu’ils porteront des actions ou projets à destination des jeunes âgés de 6 à 30 ans. Dans ces contrats, nous pourrons donc retrouver les aides qui faisaient autrefois l’objet des contrats éducatifs locaux, mais également des aides aux territoires tout à fait nouvelles.
 
- Vous voulez également « donner le pouvoir et l’envie d’agir aux jeunes ». De quelle façon ?
- L’envie des jeunes est là ! Nous voulons lui donner de la voix ! C’est le but du Prix « M’impegnu per l’avvene », d’un montant de 1000 euros, qui vient encourager et valoriser l’engagement des jeunes. C’est aussi la logique de « Prima strada » qui prévoit 20 heures minimum d’engagement citoyen et bénévole. Par ailleurs, toujours pour renforcer la participation des jeunes dans la construction des politiques publiques locales, la création d’un budget participatif, directement géré par eux, sera étudiée avec l’Assemblea di a Ghjuventù. Enfin, nos services proposent des formations au bénéfice des acteurs de jeunesse spécifiquement dédiées à cette thématique : comment faire en sorte de donner aux jeunes de la confiance et les capacités de passer à l’action.

- Vous renouvelez pour deux ans les ambassadeurs sportifs. Quel bilan tirez-vous de la mise en place de ce dispositif ?
- Ce dispositif, adopté en 2019 pour la première fois, était une innovation. La Collectivité faisait alors le pari de sélectionner des athlètes, tous volontaires, pour qu’ils deviennent ses Ambassadeurs. Malgré la pandémie, qui a rendu difficile la tenue d’événements, il y a quand même eu près de 80 interventions réalisées, avec de très belles rencontres entre les enfants et les sportifs. Avec 13 nouveaux Ambassadeurs, nous souhaitons mettre en lumière des sportives et sportifs inspirants, qui pourront être des modèles pour les enfants de notre île. 
 
- Les jeunes choisis ont-ils répondu à vos attentes en termes notamment de droits et de devoirs ?
- Les Ambassadrices et Ambassadeurs sportifs de la CDC ont tous été à la hauteur de nos attentes. Certains les ont même dépassées, comme Thierry Corbalan et Bastien Caraccioli qui se sont investis bien au-delà ce que prévoyait leur statut d’Ambassadeurs. Quant à la dialectique des droits et des devoirs qui figure dans le dispositif, et qui est très chère à mes yeux, elle a parfaitement fonctionné. Ces athlètes ont pu bénéficier d’un soutien - pas uniquement financier - de la part de la Direction adjointe Sports. Ils nous ont, dans le même temps, rendus fiers par leur engagement et leurs actions en tant qu’Ambassadrices et Ambassadeurs.
 
- Ce dispositif subit-il, lui aussi, des évolutions ?
- Oui, effectivement. Il ne prévoyait pas, au départ, de catégorie « juges et arbitres », elle a été ajoutée fin 2019. Par ailleurs, compte tenu de la grande qualité des profils qui se sont portés candidats, nous avons décidé de donner plus d’envergure au dispositif et de passer de 7 à 13 Ambassadeurs. Cela permet de soutenir plus d’athlètes, dans plus de disciplines, qui le méritent et qui ont un vif souhait de s’engager. Cela permet également de voir plus grand en termes d’interventions en milieux scolaires et non scolaires, de participations à des événements, d’organisation de stages et de démonstrations.

Gilles Simeoni et Lauda Guidicelli. Photo Michel Luccioni.
Gilles Simeoni et Lauda Guidicelli. Photo Michel Luccioni.
- Après deux ans de pandémie, jamais le moral de la jeunesse n’a été aussi bas en France. Dans quel état est la jeunesse corse ?
- La jeunesse corse était, avant la crise, une jeunesse très mature et très consciente des difficultés supplémentaires auxquelles elle doit faire face. La pandémie a eu un impact considérable sur le moral des enfants, des adolescents et des jeunes adultes. Nous n’en mesurons pas encore tous les effets. Mais je crois beaucoup en la résilience de la jeunesse, et d’autant plus de la jeunesse corse. Je serai à leurs côtés, et nous saurons accompagner leurs besoins.
 
- 2022 est l’année européenne de la jeunesse. Le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni, a fait de la jeunesse sa priorité. Comment aider les jeunes à mieux se projeter vers l'avenir ?
Une toute récente étude menée par l’Union européenne auprès de 4700 jeunes a fait émerger quatre thèmes : l’éducation et l’apprentissage, la santé et la santé mentale, la lutte contre les discriminations et le changement climatique. Trois de ces préoccupations figurent parmi les compétences de la Collectivité. Quant à la 4ème, elle concerne toutes les générations, et chacun peut et doit agir. Nous allons donc continuer notre travail commun mené avec les jeunes, les membres de l’Assemblea di a Ghjuventù, les acteurs de terrains, autour de ces sujets et de ceux qui émergent plus localement pour proposer un suivi toujours mieux adapté et des réponses concrètes pour leur construire un meilleur avenir. D’ailleurs, en ce qui concerne l’année européenne de la jeunesse, nous avons choisi de la célébrer pendant l’année à venir avec la mise en valeur d’initiatives de jeunes et notamment la présentation de toutes les opportunités que nous pouvons proposer aux jeunes en matière de mobilité internationale.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.