Une ex-compagne, Priscilla Lamour, a livré un témoignage accablant à l'encontre de Paul-Roch Martini. (DR)
Depuis les terribles faits de la nuit du 21 septembre 2010 (au cours de laquelle Joanna Tavera avait perdu la vie après avoir été littéralement battue à mort selon le rapport d’autopsie et la contre-expertise réalisée – voir notre précédent article) et sa mise en examen pour violences volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner, le principal mis en cause dans cette affaire, Paul-Roch Martini, avait toujours nié avoir porté les coups au terme desquels la jeune femme avait perdu la vie.
Maintien de la ligne de défense initiale de Paul-Roch Martini lors du premier jour du procès
Jusqu’à mercredi encore, au premier jour de son procès, le présumé meurtrier maintenait sa ligne de défense. Et donnait à entendre à la cour la version selon laquelle, la jeune femme se serait elle-même infligé les nombreux coups violents qui lui ont coûté la vie, en se cognant sur le sol et contre des meubles. Affirmant également que Joanna Tavera était fréquemment sujette à des crises « d’hystérie ».
Si Paul-Roch Martini reconnaissait « avoir pris beaucoup de drogue » et « donné deux ou trois gifles » à Joanna Tavera le soir des faits car « elle était en train de se massacrer » elle-même, il affirmait également qu’il n’avait « pas voulu la tuer » et concluait qu’il n’avait « pas su gérer la situation ».
Une ligne de défense vivement critiquée par les avocats de la partie civile…
Une ligne de défense largement attaquée par les avocats de la partie civile, Maitre Jean-Michel Mariaggi évoquant un « tableau clinique de l’horreur » pour dépeindre le viol sauvage ayant précédé les nombreux coups qui avaient fait perdre la vie à la jeune femme. Une indignation largement reprise par Maitre Alijia Fazai pour la partie civile, qui évoquait mercredi la découverte du « corps supplicié » de Joanna Tavera par les secours. Mentionnant également « un viol avec une pénétration sexuelle d’une violence inouïe qui ne peut pas, en aucun cas, être assimilé à un rapport consenti », Maitre Alijia Fazai affirmait que « Monsieur Martini depuis le début se décharge complètement, il se victimise (…) Personne ne croit en la version de Monsieur Martini » (voir par ailleurs notre article sur l’ouverture du procès).
Revirement au second jour de procès : Paul-Roch Martini a partiellement reconnu sa responsabilité
Est-ce que ce sont ces mots, d’une criante portée qui ont pour, partie, eu un impact sur Paul-Roch Martini entre mercredi soir et jeudi matin ? Nul ne peut le dire mais toujours est-il qu’au cours de la seconde journée de ce procès, Paul-Roch Martini a fait évoluer sa version initiale des faits maintenue jusqu’alors.
Le coup de théâtre s’est produit dans la matinée, alors que Paul-Roch Martini était interrogé par le Président de la Cour d’Assises.
Le meurtrier présumé de Joanna Tavera a pris la parole, reconnaissant partiellement sa responsabilité. Il a reconnu s’être battu avec Joanna Tavera et avoir porté une partie des coups qui ont fait perdre la vie à la jeune femme. « On s’est bagarrés, je lui ai porté des coups, ça me revient par flashs… (…) Cela a été brouillon, ça ne me ressemble pas (…) C’est parti en vrille, je n’ai pas su gérer » a déclaré Paul-Roch Martini d’une voix hachée, avec de longs silences entre chaque phrase.
Visiblement mal à l’aise après ces premières révélations, l’homme s’est ensuite recroquevillé peu à peu dans son box, disparaissant presque de la vue de la Cour.
Suspension d’audience puis défilé des experts à la barre
Une suspension d’audience a été demandée par la défense afin de s’entretenir sur la ligne de défense à adopter pour son client.
Puis, ce sont les experts qui se sont succédé à la barre afin de donner leur point de vue sur le profil psychologique de Paul-Roch Martini.
Questionné par la Cour, l’expert psychologue Alain Pénin a brossé le portrait d’un « homme intelligent, sans pathologie particulière » mais qui a « du mal à admettre la violence des coups infligés » à Joanna Tavera et qui ont conduit à sa mort.
« D’observateur, il est devenu acteur de cette scène de violence »
Sur les faits, l’expert-psychologue a expliqué que jusqu’à présent « Paul-Roch Martini refusait toute responsabilité » mais a noté que « ce matin, il semble qu’il ait amorcé un travail de reconnaissance partielle de sa responsabilité, mais ce n’est qu’une amorce » a-t-il noté.
Interrogé par la défense, l’expert a précisé que « de mon point de vue, le plus gros du travail psychologique est fait », affirmant également que « d’observateur, il est devenu acteur de cette scène de violence ».
Puis, les médecins légistes, experts, psychologues et toxicologues se sont succédé à la barre au cours de l’après-midi.
Moment particulièrement éprouvant pour la famille de la victime, lorsque le médecin légiste a évoqué, dans le détail, les conditions précises de la mort de Joanna Tavera.
Le récit, particulièrement sordide, a évoqué une agonie qui aurait duré plusieurs heures avant le décès, et un calvaire qui se serait étalé sur au moins 6 jours, pour Joanna Tavera, qui pesait moins d’une quarantaine de kilos avant son décès.
Le témoignage accablant de Priscilla Lamour, ex-compagne de Paul-Roch Martini
Enfin, le témoignage particulièrement accablant de deux ex-compagnes de Paul-Roch Martini a eu lieu durant l’audience jeudi après-midi. L’une d’elles, Priscilla Lamour, une jeune femme qui a été la compagne de Paul-Roch Martini pendant plusieurs mois, avait déjà déposé plainte pour violences contre Paul-Roch Martini par le passé.
Cette dernière a livré un témoignage à charge contre le meurtrier présumé de Joanna Tavera. Les propos, accablants évoquent la violence et la maltraitance qu’elle aurait subi peu après le début de sa relation.
Agressivité, violences physiques et sexuelles, enfermement, le récit est poignant.
En larmes, elle a raconté son calvaire : « Je suis désolée qu’on en soit arrivé là pour Joanna… Mais j’avais dit, si on reprend mes dépositions au cours de la première plainte, que l’on avait affaire à un individu dangereux qui pouvait récidiver à tout moment. Un pervers qui m’a manipulée, enfermée,. Et voila, on est là aujourd’hui… J’ai de la chance, je suis en vie. Joanna n’a pas eu cette chance…».
Un récit qui a conduit le président à questionner Paul-Roch Martini sur ce témoignage : « C’est une honte, une menteuse ! » a-t-il pour sa part affirmé.
Le troisième jour (prévu pour être le dernier) de ce procès vendredi tout au long de la journée, devrait voir, à terme, prononcé le verdict de la Cour.
Yannis-Christophe GARCIA
Maintien de la ligne de défense initiale de Paul-Roch Martini lors du premier jour du procès
Jusqu’à mercredi encore, au premier jour de son procès, le présumé meurtrier maintenait sa ligne de défense. Et donnait à entendre à la cour la version selon laquelle, la jeune femme se serait elle-même infligé les nombreux coups violents qui lui ont coûté la vie, en se cognant sur le sol et contre des meubles. Affirmant également que Joanna Tavera était fréquemment sujette à des crises « d’hystérie ».
Si Paul-Roch Martini reconnaissait « avoir pris beaucoup de drogue » et « donné deux ou trois gifles » à Joanna Tavera le soir des faits car « elle était en train de se massacrer » elle-même, il affirmait également qu’il n’avait « pas voulu la tuer » et concluait qu’il n’avait « pas su gérer la situation ».
Une ligne de défense vivement critiquée par les avocats de la partie civile…
Une ligne de défense largement attaquée par les avocats de la partie civile, Maitre Jean-Michel Mariaggi évoquant un « tableau clinique de l’horreur » pour dépeindre le viol sauvage ayant précédé les nombreux coups qui avaient fait perdre la vie à la jeune femme. Une indignation largement reprise par Maitre Alijia Fazai pour la partie civile, qui évoquait mercredi la découverte du « corps supplicié » de Joanna Tavera par les secours. Mentionnant également « un viol avec une pénétration sexuelle d’une violence inouïe qui ne peut pas, en aucun cas, être assimilé à un rapport consenti », Maitre Alijia Fazai affirmait que « Monsieur Martini depuis le début se décharge complètement, il se victimise (…) Personne ne croit en la version de Monsieur Martini » (voir par ailleurs notre article sur l’ouverture du procès).
Revirement au second jour de procès : Paul-Roch Martini a partiellement reconnu sa responsabilité
Est-ce que ce sont ces mots, d’une criante portée qui ont pour, partie, eu un impact sur Paul-Roch Martini entre mercredi soir et jeudi matin ? Nul ne peut le dire mais toujours est-il qu’au cours de la seconde journée de ce procès, Paul-Roch Martini a fait évoluer sa version initiale des faits maintenue jusqu’alors.
Le coup de théâtre s’est produit dans la matinée, alors que Paul-Roch Martini était interrogé par le Président de la Cour d’Assises.
Le meurtrier présumé de Joanna Tavera a pris la parole, reconnaissant partiellement sa responsabilité. Il a reconnu s’être battu avec Joanna Tavera et avoir porté une partie des coups qui ont fait perdre la vie à la jeune femme. « On s’est bagarrés, je lui ai porté des coups, ça me revient par flashs… (…) Cela a été brouillon, ça ne me ressemble pas (…) C’est parti en vrille, je n’ai pas su gérer » a déclaré Paul-Roch Martini d’une voix hachée, avec de longs silences entre chaque phrase.
Visiblement mal à l’aise après ces premières révélations, l’homme s’est ensuite recroquevillé peu à peu dans son box, disparaissant presque de la vue de la Cour.
Suspension d’audience puis défilé des experts à la barre
Une suspension d’audience a été demandée par la défense afin de s’entretenir sur la ligne de défense à adopter pour son client.
Puis, ce sont les experts qui se sont succédé à la barre afin de donner leur point de vue sur le profil psychologique de Paul-Roch Martini.
Questionné par la Cour, l’expert psychologue Alain Pénin a brossé le portrait d’un « homme intelligent, sans pathologie particulière » mais qui a « du mal à admettre la violence des coups infligés » à Joanna Tavera et qui ont conduit à sa mort.
« D’observateur, il est devenu acteur de cette scène de violence »
Sur les faits, l’expert-psychologue a expliqué que jusqu’à présent « Paul-Roch Martini refusait toute responsabilité » mais a noté que « ce matin, il semble qu’il ait amorcé un travail de reconnaissance partielle de sa responsabilité, mais ce n’est qu’une amorce » a-t-il noté.
Interrogé par la défense, l’expert a précisé que « de mon point de vue, le plus gros du travail psychologique est fait », affirmant également que « d’observateur, il est devenu acteur de cette scène de violence ».
Puis, les médecins légistes, experts, psychologues et toxicologues se sont succédé à la barre au cours de l’après-midi.
Moment particulièrement éprouvant pour la famille de la victime, lorsque le médecin légiste a évoqué, dans le détail, les conditions précises de la mort de Joanna Tavera.
Le récit, particulièrement sordide, a évoqué une agonie qui aurait duré plusieurs heures avant le décès, et un calvaire qui se serait étalé sur au moins 6 jours, pour Joanna Tavera, qui pesait moins d’une quarantaine de kilos avant son décès.
Le témoignage accablant de Priscilla Lamour, ex-compagne de Paul-Roch Martini
Enfin, le témoignage particulièrement accablant de deux ex-compagnes de Paul-Roch Martini a eu lieu durant l’audience jeudi après-midi. L’une d’elles, Priscilla Lamour, une jeune femme qui a été la compagne de Paul-Roch Martini pendant plusieurs mois, avait déjà déposé plainte pour violences contre Paul-Roch Martini par le passé.
Cette dernière a livré un témoignage à charge contre le meurtrier présumé de Joanna Tavera. Les propos, accablants évoquent la violence et la maltraitance qu’elle aurait subi peu après le début de sa relation.
Agressivité, violences physiques et sexuelles, enfermement, le récit est poignant.
En larmes, elle a raconté son calvaire : « Je suis désolée qu’on en soit arrivé là pour Joanna… Mais j’avais dit, si on reprend mes dépositions au cours de la première plainte, que l’on avait affaire à un individu dangereux qui pouvait récidiver à tout moment. Un pervers qui m’a manipulée, enfermée,. Et voila, on est là aujourd’hui… J’ai de la chance, je suis en vie. Joanna n’a pas eu cette chance…».
Un récit qui a conduit le président à questionner Paul-Roch Martini sur ce témoignage : « C’est une honte, une menteuse ! » a-t-il pour sa part affirmé.
Le troisième jour (prévu pour être le dernier) de ce procès vendredi tout au long de la journée, devrait voir, à terme, prononcé le verdict de la Cour.
Yannis-Christophe GARCIA
> RÉACTIONS >
Maitre Jean-Michel Mariaggi, avocat de la partie civile
« Ce sont des faux-fuyants, une vérité qui n’en est pas une, une simple concession à la réalité. Nous pouvions penser que c’était l’amorce d’un aveu sincère, mais ce n’est qu’une feinte d’audience et une feinte de défense ».
Maitre Jean-Marc Lanfranchi, avocat de la défense
« Si Paul-Roch Martini reconnait s’être montré violent le soir des faits qui ont conduit au drame, pour autant, lui considère que Joanna n’était pas une femme battue car pour lui il s’agit d’un épisode. Et non pas des violences habituelles ».
Maitre Jean-Michel Mariaggi, avocat de la partie civile
« Ce sont des faux-fuyants, une vérité qui n’en est pas une, une simple concession à la réalité. Nous pouvions penser que c’était l’amorce d’un aveu sincère, mais ce n’est qu’une feinte d’audience et une feinte de défense ».
Maitre Jean-Marc Lanfranchi, avocat de la défense
« Si Paul-Roch Martini reconnait s’être montré violent le soir des faits qui ont conduit au drame, pour autant, lui considère que Joanna n’était pas une femme battue car pour lui il s’agit d’un épisode. Et non pas des violences habituelles ».
SAVOIR +
Lire également notre article sur le rappel des faits et le compte-rendu de la première journée du procès
Lire également notre article sur le rappel des faits et le compte-rendu de la première journée du procès