« Renommée pour son patrimoine naturel exceptionnel, mais aussi pour le patrimoine bâti ancien de ses villes et villages, la Corse bénéficie dʼune forte attractivité touristique liée à son territoire" a souligné la présidente de la Maison de l'architecture.
Mais aujourdʼhui, en raison de cette activité touristique, faisant émerger de nouveaux usages ce patrimoine se transforme. "Des organisations nouvelles se mettent en place questionnant sur la qualité de lʼespace public, la disponibilité des équipements partagés, mais aussi sur lʼhabitat, sur lʼorganisation des commerces, des lieux de travail, des lieux touristiques, des lieux dédiés au transport, aux infrastructures, à la production dʼénergie, à la production agricole."
Ressource essentielle de lʼéconomie insulaire, le tourisme nʼest généralement pas abordé sous lʼangle de la modification du cadre de vie quʼil génère estime la présidente de la Maison de l'architecture de la Corse. "Et bien que les enjeux notamment économiques soient de taille, la question des conséquences de ces transformations pour le territoire et ses habitants se pose."
"Dans ce contexte, chacun doit sʼinterroger sur la meilleure façon dʼanticiper le tourisme de demain pour mieux réfléchir à « quoi et comment construire pour ce tourisme ? » et veiller ainsi à une transformation attentive et délicate, pour que les sites ainsi transfigurés se bonifient sans que nul ne puisse dire « cʼétait mieux avant ».
Pour Michèle Barbé, lʼarchitecture peut apporter des réponses simples, adaptées, partagées et efficaces à ces besoins de transformation. "Car lʼarchitecture aide à transformer lʼespace que nous partageons" explique t-elle. "Elle intéresse tout le monde, tous les citoyens mais aussi tous les métiers. Son utilité publique est indéniable. Elle ne résulte dʼailleurs pas du seul travail de lʼarchitecte (qui prend sa part de responsabilité) mais dʼun travail collectif, dʼune intelligence partagée. Il faut pour cela que non seulement les architectes mais aussi les citoyens, élus et entreprises se mobilisent autour d'une vraie réflexion"
Questions à... Marie-Antoinette Maupertuis
- C’est vrai qu’il existe une règlementation très stricte sur le plan urbanistique notamment dans la construction d’infrastructures touristiques Mais il est absolument nécessaire que l’on travaille ensemble pour voir quels sont ces obstacles qui peuvent poser problème dans le cadre de certains dossiers même s’il s’agit de dossier en matière de tourisme durable. Il important donc de travailler en commun afin de lever ces obstacles et faire en sorte que l’on ait une offre touristique, aussi bien du point de vue des infrastructures que de celui des hébergements, qui soit la plus soutenable possible
- Fréquentation touristique : La Corse à saturation ?
- Tout dépend de l’échelle que l’on considère. Aujourd’hui nous avons une capacité de charge qui est limitée en termes d’infrastructures ou en terme d’acceptabilité par la population. Au 15 Aout il y a 400 000 personnes en plus sur le territoire. Sur l’année cela fait un total de 3 200 000 personnes. En Août on peut faire difficilement plus, parce que on risque d’abord d’avoir un rejet de la population et une expérience touristique qui n’est pas intéressante. Nous menons une réflexion dans ce sens, sachant que les tendances que nous avons indiquent qu’il y aura en Méditerranée toujours et encore plus de fréquentation et que nous sommes sur des taux de croissance de 3, 4 et 5 %. Mais cette pression ne s'exerce pas sur le tout le territoire. Il y a des endroits où il y a très peu de monde et d’autres qui sont hyperfréquentés. Et aujourd’hui c’est sur ces sites qu’il faut véritablement travailler. D’abord pour protéger notre environnement ou notre patrimoine bâti et d’autre part, pour que cela soit à la fois acceptable par la population et que cela constitue une bonne expérience pour le touriste.
C'est tout l’intérêt de cette journée marquées par la présentation de sites où la fréquentation est nettement plus élevée que celle enregistrée sur nos sites comme par exemple Rocamadour, ou la grotte de Lascaux 2. On y apprend que par l'intermédiaire innovations liées aux nouvelles technologies que l'on peut mieux gérer les flux et mieux gérer l’expérience touristique. Ainsi, pour protéger la grotte de Lascaux on l’a fermée et reconstitué sa réplique.
Il faudra faire attention à nos sites emblématiques et nous inspirer de cet exemple qui relève de la technique. Le tout c’est qu’il y ait une volonté politique - elle est actée dans la feuille de route adoptée à l’unanimité par l’assemblée de Corse - mais aussi une coordination entre tous les acteurs concernés.
- Une charte pour les paillotes ?
- Le sujet des paillotes est un problème d'urbanisme. Ce n’est pas le sujet du jour. Il concerne occupation du littoral et le domaine public maritime. Le lien avec les échanges du jour, au-delà du fait que l’on ait le.droit ou pas de s'installer à tel endroit précis, c’est surtout qu’on aurait pu penser depuis longtemps à une charte architecturale.
Nous savons qu’il y a des restaurants de plage qui devront être très certainement démontés et qui seront remontés : dans ce cas il serait bien qu'ils suivent une charte architecturale pour que du point de vue paysager on ait une cohérence et un respect de ce qui fait notre attractivité, c’est à dire notre environnement !