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Bastia : Ces mercenaires corses au service de Venise …


Philippe Jammes le Mardi 4 Décembre 2018 à 19:46

De la fin du XVe siècle à sa chute en 1797, la république de Venise employa des milliers de mercenaires corses pour servir son expansion territoriale dans le nord de la Péninsule, intervenir lors de ses conflits avec l’archiduché d’Autriche et l’Espagne, et participer à toutes les grandes guerres qui l’opposèrent à l’Empire ottoman : Chypre (1570-1573), Candie (1645-1669) ou les deux guerres de Morée (1684-1699 et 1714-1718).



Thierry Giappiconi  a captivé le public par ces révélations
Thierry Giappiconi a captivé le public par ces révélations
Ces révélations nous les trouvons dans le très intéressant  et volumineux ouvrage de Thierry Giappiconi : « «De l’épopée vénitienne aux révolutions corses : Engagements militaires et combats politiques insulaires (XVe-XVIIIe siècles) ». 
Mardi soir, dans le cadre des animations mises en place par la mairie pour « A Festa di a Nazione »,  l’auteur était l’invité de la médiathèque Barberine Duriani du centre culturel L’Alb’Oru dans les quartiers sud ce Bastia.  
Thierry Giappiconi  est un directeur de bibliothèque et historien français. Conservateur de bibliothèque jusqu’en juin 2013, il a consacré l’essentiel de sa carrière à direction de la bibliothèque municipale de Fresnes. Docteur en histoire moderne, il a déjà publié divers articles et a participé à plusieurs colloques sur l’histoire de la Corse. 
Son ouvrage sur Venise et la Corse est le fruit de longues années de recherches originales en Corse et à Paris, en Italie, à Venise, Gênes, Naples, Turin, Milan, en Espagne, à Simancas et à Madrid, ainsi qu’à Kew en Grande-Bretagne.

S’appuyant sur de nombreuses sources inédites, cet ouvrage apporte sa contribution à la connaissance des phases fondatrices de la révolution de Corse. Il rappelle que, dès 1731, le peuple corse a rompu avec Gênes et, qu’en 1736, il s’est érigé pour la première fois en État libre et indépendant doté de lois fondamentales, d’une monnaie et d’une armée. Il rend justice aux rôles précurseurs de Luigi Giafferi, Erasmo Orticoni, Sebastiano Costa, mais aussi à celui de Théodore de Neuhoff , aristocrate rebelle, injustement caricaturé et qu’il convient de replacer dans le faisceau des soutiens napolitains, hollandais et anglais à la Corse insurgée, ainsi qu’à celui du maréchal Schulenburg. 


« De la fin du XVe siècle à sa chute en 1797, la république de Venise employa des milliers de mercenaires corses pour servir son expansion territoriale dans le nord de la Péninsule, intervenir lors de ses conflits avec l’archiduché d’Autriche et l’Espagne, et participer à toutes les grandes guerres qui l’opposèrent à l’Empire ottoman : Chypre (1570-1573), Candie (1645-1669) ou les deux guerres de Morée (1684-1699 et 1714-1718). Cet exil massif qui toucha près de 10% de la population insulaire en âge de porter les armes ne fut pas sans conséquences pour la société corse. Il en modifia notamment chez les Corses leur mode de représentation politique des élites. La bonne administration et la tradition militaire de Venise, dernier État italien réellement indépendant, contrastaient en effet avec celles de Gênes » explique l’auteur. 
« Ce modèle inspira naturellement les propositions réformatrices de Luigi Giafferi, capitaine au service de Venise lors de la première guerre de Morée, et, après son retour dans l’île, Noble Douze et orateur de la Corse. Lorsqu’en 1729 une révolte populaire offrit à Luigi Giafferi l’opportunité d’exiger des réformes, puis, devant la fin de non-recevoir de la république de Gênes, de prendre la tête de la première révolution insulaire, le lien des Corses avec Venise eut une influence plus concrète encore, dont témoigne par exemple l’étroite relation des colonels vénitiens, Giacinto et Marc Antonio Giappiconi et Domenico Paganelli-Zicavo, avec les chefs insurgés et les deux principaux foyers de radicalisation insulaires.  Précoces partisans de la rupture totale avec Gênes, hostiles à toute concession aux démarches de soumission exigées sous la pression des interventions militaires impériales et françaises, les Corses de Venise jouèrent un rôle politique original jusqu’au ralliement du colonel Marc Antonio Giappiconi au gouvernement national, en août 1764, devant la menace de la conquête française » ….  
CNI a rencontré cet historien passionnant juste avant sa conférence…