Le maire de Bastia, Gilles Simeoni, et Jean-Luc Romero-Michel, entourés des adjoints et des représentants d'associations de lutte contre le Sida.
- Pourquoi, dans cette cause qui vous tient à cœur, avez-vous tenu à impliquer les élus ?
- D’abord, c’est un combat individuel puisque je vis avec le VIH depuis 25 ans. J’en ai fait un combat collectif en créant, il y a 19 ans, ELCS, une association qui réunit, aujourd’hui, plus de 16 000 élus. Je suis parti du principe que la plupart des élus sont des bénévoles et sont sur le terrain, notamment les élus de proximité comme les conseillers municipaux. Même si cette lutte est une compétence nationale, il y a, derrière le mot Sida, des hommes et des femmes au quotidien. Le Sida s’insinuant partout, il est important que ces élus soient impliqués dans ce combat, qu’ils aient, à la fois, une parole politique et une parole sur le terrain en termes de prévention ou d’aide aux malades.
- Pourquoi avoir fait escale à Bastia ?
- Pour tout vous dire, il n’était pas prévu que je fasse une réunion sur le Sida à Bastia. Je suis venu assister à deux réunions sur le droit de mourir dans la dignité, une association dont je suis le président. Sachant que je venais, la mairie de Bastia a montré un vrai intérêt pour la question de la lutte contre le Sida et a, donc, profité de l’occasion pour organiser cette réunion de travail que j’ai trouvée intéressante.
- En quoi l’a-t-elle été ?
- Visiblement, les acteurs qui, ici, en Corse, sont impliqués dans la lutte contre le Sida, ne se rencontrent jamais. L’initiative de la mairie de Bastia et d’ELCS leur a donné l’occasion de se retrouver autour d’une table pour voir comment relancer ce combat.
- Quels sont les chiffres du Sida, en France, aujourd’hui ?
- En France, entre 150 000 et 160 000 personnes vivent avec le VIH. 6000 nouvelles personnes infectées sont découvertes par an. Ce qui signifie que le nombre de malades augmente tous les ans. Fort heureusement en France, les malades ont accès aux traitements qui ne les guérissent pas, mais leur permettent de continuer à vivre malgré le virus. De plus en plus de personnes vivent avec le Sida. Cette maladie est devenue, aujourd’hui, tellement invisible que plus personne ne le sait ! La lutte s’est relâchée. Il n’y a plus de campagne de prévention, plus de campagne contre les discriminations et, parfois même, un retour en arrière vis-à-vis de l’acception des personnes contaminées.
- Est-ce l’explication de cette recrudescence de cas ?
- Oui ! Un autre chiffre est très inquiétant : 30 000 à 50 000 personnes ne sauraient pas, en France, qu’elles sont séropositives ! Elles sont porteuses du virus et le découvrent souvent au moment où elles ont un grave problème de santé. Si elles s’étaient faites dépistées en amont, elles auraient pu éviter d’en arriver là. En plus, ce sont les personnes les plus contaminantes puisqu’elles ne prennent aucun traitement. Alors que les personnes, qui sont sous traitement depuis 4 ou 5 ans, ont une charge virale indétectable et contaminent peu. C’est, donc, aux personnes qui ignorent leur statut de porteuse de Sida qu’il faut s’adresser.
- N’est-ce pas fait ?
- Non ! Le problème est qu’il n’y a plus vraiment de campagne de prévention, plus de discours autour du VIH ! Cela n’incite pas les gens à se faire dépister et à faire attention.
- Pourquoi un tel relâchement dans la lutte ?
- A l’arrivée des nouveaux traitements qui permettent aux gens de continuer à vivre, mais dans des conditions difficiles, on s’est dit que le problème était résolu. Une chose dont on ne parle plus dans les médias, dont on ne parle plus en politique, s’oublie parce qu’il y en a d’autres à régler. Les personnes infectées vivent, mais on ne voit pas dans quelles conditions elles vivent ! Et la contamination progresse alors qu’un travail de prévention et d’information, aussi fort qu’il a pu l’être dans les années 1995-2000, pourrait l’éviter.
- Un autre chiffre inquiétant est le taux d’infection des jeunes. Comment l’expliquez-vous ?
- Les jeunes de 18 à 24 ans représentent plus de la moitié des nouveaux séropositifs. Il y a une dizaine d’années, tellement de campagnes et d’actions étaient menées et sensibilisaient suffisamment les gens, notamment les jeunes. Là, on a baissé la garde à tous les niveaux. Il ne faut pas s’étonner ! Quelque chose, dont on ne parle pas, n’existe pas ! Il suffit de voir le retour en arrière des connaissances sur la maladie. Les derniers sondages montrent que 20 à 22% des Français, soit 1 personne sur 5, croit qu’on attrape le Sida en se faisant piquer par un moustique. C’est énorme ! Le silence nourrit les fantasmes et le désintérêt autour de la question.
- Peut-on dire qu’on ne meurt plus du Sida en France, aujourd’hui ?
- Non ! Il y a toujours des gens qui meurent ! C’est sûr que le taux de mortalité n’a plus rien à voir avec celui qui existait en 1995 avant l’arrivée des trithérapies. Avec ces combinaisons de médicaments, le Sida est devenue une maladie chronique, mais reste une maladie mortelle. Dans le monde, on en meurt ! Il y a 4000 morts par an !
- On vit avec le VIH mais on vit mal. Quels sont les problèmes auxquels se heurtent les malades ?
- La discrimination et la précarité. Beaucoup de malades vivent de minima sociaux et, en même temps, sont discriminés. Vivre avec le Sida, c’est subir des discriminations, avoir des difficultés à trouver un travail ou un logement. C’est avoir des problèmes jusque dans sa vie personnelle. Par exemple, tomber amoureux et dire à cette personne : « Je suis séropositif », il y a toutes les chances pour qu’elle s’en aille ! Les personnes séropositives ont du mal à construire une vie affective, sexuelle et amoureuse.
- Avez-vous une idée de la situation en Corse ?
- Des chiffres existent. De 2003 à 2013, on a enregistré 72 nouveaux cas de séropositivité. Maintenant, on sait qu’en Corse, les choses sont plus compliquées ! Les patients ont du mal à se faire soigner dans un hôpital local car ils ont peur d’être reconnus. Même si tout a été fait pour les rassurer. Par exemple, à l’hôpital de Bastia, les séropositifs ne sont pas cantonnés dans un service particulier, mais mélangés avec d’autres pathologies pour les stigmatiser le moins. Néanmoins, la maladie reste taboue, honteuse ! Les Corses ont la possibilité, la Sécurité sociale le leur paye, d’aller se faire soigner sur le continent, à Marseille. Un certain nombre fait ce choix-là. Ce qui fausse totalement les statistiques ! On sait qu’à priori, dans chaque département corse, 150 personnes sont suivies médicalement et ont des traitements. Mais, ce chiffre n’est pas du tout représentatif de la réalité de l’épidémie !
- Que peut faire une municipalité pour aider dans ce combat ?
- Le lien de proximité pour un citoyen, c’est, d’abord, la mairie. Quand on est en plus dans la précarité, c’est le premier endroit où l’on va pour essayer d’obtenir un logement, des aides… Quand une mairie s’engage et dit : « Ce combat est le mien ! », cela incite les malades à venir plus facilement lui demander de l’aide. Une mairie peut faire des tas de choses symboliques. Le Sida se soigne aussi par la politique. On a besoin de paroles et de gestes forts.
- Lesquels ?
- Mettre le 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le Sida, un nœud rouge sur une mairie, est un geste politique fort ! Ce geste dit à la population : « Faites attention car le VIH est toujours là. Un certain nombre d’entre-vous ne savent pas qu’ils sont contaminés ! Pensez à vous faire dépister ». C’est, aussi, un message de solidarité aux personnes qui vivent avec le Sida, avec un virus qui les stigmatise. Ce ne sont pas les malades qu’il faut combattre, c’est bien la maladie ! Certaines mairies, comme la mairie de Paris, donnent la priorité aux séropositifs au niveau de l’accès au logement, mettent gratuitement à disposition du public des préservatifs. Enfin, l’information, que peut véhiculer une mairie, est formidable à travers un journal municipal, un site Internet, des affichages ! Elle peut, par ces actions concrètes, participer de manière forte à l’information et à la prévention sans que cela lui coûte cher.
- La lutte contre le Sida n’étant plus une priorité de santé publique, êtes-vous inquiet pour l’avenir ?
- Oui ! C’est pour cela que je continue mon travail, alors que je pensais que le message était bien entendu ! Il faut recommencer, réexpliquer le dossier aux nouveaux élus qui sont en place. On sent bien que manquent une pulsion politique et une parole ! C’est pour cela qu’il faut aller au plus près du terrain, partout, pour le rappeler aux élus, comme je l’ai fait à Bastia où j’ai trouvé un maire particulièrement réceptif.
- Ne le sont-ils pas tous ?
- Non ! Beaucoup ne le sont pas ! Leurs électeurs ne leur en parlent pas, donc ils ne sont pas sensibles à la question. Je crois qu’il faut avoir un certain sens de l’intérêt général pour se rendre compte qu’il faut s'y intéresser, même si on n’en parle pas ! Les nouveaux élus ne s’occupent que des problèmes des gens qui crient le plus fort. Alors que c’est l’honneur d’un politique de savoir s’occuper d’une question importante qui touche beaucoup de monde, mais dont on n’ose pas parler parce qu'on a honte ! C’est plus facile de s’afficher sur certaines actions que sur la lutte contre le Sida qui a mauvaise réputation et où un élu n’a rien à gagner, ni rien n’a perdre aussi ! Le Téléthon, c’est plus facile ! Je trouve très honorable que des élus s’y intéressent et souhaitent se mobiliser. C’est le cas du maire de Bastia !
Propos recueillis par Nicole MARI
- D’abord, c’est un combat individuel puisque je vis avec le VIH depuis 25 ans. J’en ai fait un combat collectif en créant, il y a 19 ans, ELCS, une association qui réunit, aujourd’hui, plus de 16 000 élus. Je suis parti du principe que la plupart des élus sont des bénévoles et sont sur le terrain, notamment les élus de proximité comme les conseillers municipaux. Même si cette lutte est une compétence nationale, il y a, derrière le mot Sida, des hommes et des femmes au quotidien. Le Sida s’insinuant partout, il est important que ces élus soient impliqués dans ce combat, qu’ils aient, à la fois, une parole politique et une parole sur le terrain en termes de prévention ou d’aide aux malades.
- Pourquoi avoir fait escale à Bastia ?
- Pour tout vous dire, il n’était pas prévu que je fasse une réunion sur le Sida à Bastia. Je suis venu assister à deux réunions sur le droit de mourir dans la dignité, une association dont je suis le président. Sachant que je venais, la mairie de Bastia a montré un vrai intérêt pour la question de la lutte contre le Sida et a, donc, profité de l’occasion pour organiser cette réunion de travail que j’ai trouvée intéressante.
- En quoi l’a-t-elle été ?
- Visiblement, les acteurs qui, ici, en Corse, sont impliqués dans la lutte contre le Sida, ne se rencontrent jamais. L’initiative de la mairie de Bastia et d’ELCS leur a donné l’occasion de se retrouver autour d’une table pour voir comment relancer ce combat.
- Quels sont les chiffres du Sida, en France, aujourd’hui ?
- En France, entre 150 000 et 160 000 personnes vivent avec le VIH. 6000 nouvelles personnes infectées sont découvertes par an. Ce qui signifie que le nombre de malades augmente tous les ans. Fort heureusement en France, les malades ont accès aux traitements qui ne les guérissent pas, mais leur permettent de continuer à vivre malgré le virus. De plus en plus de personnes vivent avec le Sida. Cette maladie est devenue, aujourd’hui, tellement invisible que plus personne ne le sait ! La lutte s’est relâchée. Il n’y a plus de campagne de prévention, plus de campagne contre les discriminations et, parfois même, un retour en arrière vis-à-vis de l’acception des personnes contaminées.
- Est-ce l’explication de cette recrudescence de cas ?
- Oui ! Un autre chiffre est très inquiétant : 30 000 à 50 000 personnes ne sauraient pas, en France, qu’elles sont séropositives ! Elles sont porteuses du virus et le découvrent souvent au moment où elles ont un grave problème de santé. Si elles s’étaient faites dépistées en amont, elles auraient pu éviter d’en arriver là. En plus, ce sont les personnes les plus contaminantes puisqu’elles ne prennent aucun traitement. Alors que les personnes, qui sont sous traitement depuis 4 ou 5 ans, ont une charge virale indétectable et contaminent peu. C’est, donc, aux personnes qui ignorent leur statut de porteuse de Sida qu’il faut s’adresser.
- N’est-ce pas fait ?
- Non ! Le problème est qu’il n’y a plus vraiment de campagne de prévention, plus de discours autour du VIH ! Cela n’incite pas les gens à se faire dépister et à faire attention.
- Pourquoi un tel relâchement dans la lutte ?
- A l’arrivée des nouveaux traitements qui permettent aux gens de continuer à vivre, mais dans des conditions difficiles, on s’est dit que le problème était résolu. Une chose dont on ne parle plus dans les médias, dont on ne parle plus en politique, s’oublie parce qu’il y en a d’autres à régler. Les personnes infectées vivent, mais on ne voit pas dans quelles conditions elles vivent ! Et la contamination progresse alors qu’un travail de prévention et d’information, aussi fort qu’il a pu l’être dans les années 1995-2000, pourrait l’éviter.
- Un autre chiffre inquiétant est le taux d’infection des jeunes. Comment l’expliquez-vous ?
- Les jeunes de 18 à 24 ans représentent plus de la moitié des nouveaux séropositifs. Il y a une dizaine d’années, tellement de campagnes et d’actions étaient menées et sensibilisaient suffisamment les gens, notamment les jeunes. Là, on a baissé la garde à tous les niveaux. Il ne faut pas s’étonner ! Quelque chose, dont on ne parle pas, n’existe pas ! Il suffit de voir le retour en arrière des connaissances sur la maladie. Les derniers sondages montrent que 20 à 22% des Français, soit 1 personne sur 5, croit qu’on attrape le Sida en se faisant piquer par un moustique. C’est énorme ! Le silence nourrit les fantasmes et le désintérêt autour de la question.
- Peut-on dire qu’on ne meurt plus du Sida en France, aujourd’hui ?
- Non ! Il y a toujours des gens qui meurent ! C’est sûr que le taux de mortalité n’a plus rien à voir avec celui qui existait en 1995 avant l’arrivée des trithérapies. Avec ces combinaisons de médicaments, le Sida est devenue une maladie chronique, mais reste une maladie mortelle. Dans le monde, on en meurt ! Il y a 4000 morts par an !
- On vit avec le VIH mais on vit mal. Quels sont les problèmes auxquels se heurtent les malades ?
- La discrimination et la précarité. Beaucoup de malades vivent de minima sociaux et, en même temps, sont discriminés. Vivre avec le Sida, c’est subir des discriminations, avoir des difficultés à trouver un travail ou un logement. C’est avoir des problèmes jusque dans sa vie personnelle. Par exemple, tomber amoureux et dire à cette personne : « Je suis séropositif », il y a toutes les chances pour qu’elle s’en aille ! Les personnes séropositives ont du mal à construire une vie affective, sexuelle et amoureuse.
- Avez-vous une idée de la situation en Corse ?
- Des chiffres existent. De 2003 à 2013, on a enregistré 72 nouveaux cas de séropositivité. Maintenant, on sait qu’en Corse, les choses sont plus compliquées ! Les patients ont du mal à se faire soigner dans un hôpital local car ils ont peur d’être reconnus. Même si tout a été fait pour les rassurer. Par exemple, à l’hôpital de Bastia, les séropositifs ne sont pas cantonnés dans un service particulier, mais mélangés avec d’autres pathologies pour les stigmatiser le moins. Néanmoins, la maladie reste taboue, honteuse ! Les Corses ont la possibilité, la Sécurité sociale le leur paye, d’aller se faire soigner sur le continent, à Marseille. Un certain nombre fait ce choix-là. Ce qui fausse totalement les statistiques ! On sait qu’à priori, dans chaque département corse, 150 personnes sont suivies médicalement et ont des traitements. Mais, ce chiffre n’est pas du tout représentatif de la réalité de l’épidémie !
- Que peut faire une municipalité pour aider dans ce combat ?
- Le lien de proximité pour un citoyen, c’est, d’abord, la mairie. Quand on est en plus dans la précarité, c’est le premier endroit où l’on va pour essayer d’obtenir un logement, des aides… Quand une mairie s’engage et dit : « Ce combat est le mien ! », cela incite les malades à venir plus facilement lui demander de l’aide. Une mairie peut faire des tas de choses symboliques. Le Sida se soigne aussi par la politique. On a besoin de paroles et de gestes forts.
- Lesquels ?
- Mettre le 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le Sida, un nœud rouge sur une mairie, est un geste politique fort ! Ce geste dit à la population : « Faites attention car le VIH est toujours là. Un certain nombre d’entre-vous ne savent pas qu’ils sont contaminés ! Pensez à vous faire dépister ». C’est, aussi, un message de solidarité aux personnes qui vivent avec le Sida, avec un virus qui les stigmatise. Ce ne sont pas les malades qu’il faut combattre, c’est bien la maladie ! Certaines mairies, comme la mairie de Paris, donnent la priorité aux séropositifs au niveau de l’accès au logement, mettent gratuitement à disposition du public des préservatifs. Enfin, l’information, que peut véhiculer une mairie, est formidable à travers un journal municipal, un site Internet, des affichages ! Elle peut, par ces actions concrètes, participer de manière forte à l’information et à la prévention sans que cela lui coûte cher.
- La lutte contre le Sida n’étant plus une priorité de santé publique, êtes-vous inquiet pour l’avenir ?
- Oui ! C’est pour cela que je continue mon travail, alors que je pensais que le message était bien entendu ! Il faut recommencer, réexpliquer le dossier aux nouveaux élus qui sont en place. On sent bien que manquent une pulsion politique et une parole ! C’est pour cela qu’il faut aller au plus près du terrain, partout, pour le rappeler aux élus, comme je l’ai fait à Bastia où j’ai trouvé un maire particulièrement réceptif.
- Ne le sont-ils pas tous ?
- Non ! Beaucoup ne le sont pas ! Leurs électeurs ne leur en parlent pas, donc ils ne sont pas sensibles à la question. Je crois qu’il faut avoir un certain sens de l’intérêt général pour se rendre compte qu’il faut s'y intéresser, même si on n’en parle pas ! Les nouveaux élus ne s’occupent que des problèmes des gens qui crient le plus fort. Alors que c’est l’honneur d’un politique de savoir s’occuper d’une question importante qui touche beaucoup de monde, mais dont on n’ose pas parler parce qu'on a honte ! C’est plus facile de s’afficher sur certaines actions que sur la lutte contre le Sida qui a mauvaise réputation et où un élu n’a rien à gagner, ni rien n’a perdre aussi ! Le Téléthon, c’est plus facile ! Je trouve très honorable que des élus s’y intéressent et souhaitent se mobiliser. C’est le cas du maire de Bastia !
Propos recueillis par Nicole MARI
Gilles Simeoni : « Bastia se mobilisera le 1er décembre pour rappeler que la solidarité est plus que jamais nécessaire »
- Pourquoi vous engagez-vous dans la lutte contre le Sida ?
- Le Sida reste une maladie très grave qui continue de véhiculer son cortège de souffrances individuelles, collectives et familiales. Son cortège d’exclusion aussi ! La maladie continue de frapper, y compris dans notre société insulaire, des femmes, des hommes, quelquefois des jeunes gens. La mobilisation ne doit pas faiblir, même si, aujourd’hui, dans l’opinion publique et dans les préoccupations des pouvoirs publics, elle n’apparaît plus comme une priorité. Il faut, de ce point de vue-là, rendre hommage au travail effectué par les associations, que ce soit au niveau français ou au niveau international avec ELCS. De façon plus générale, nous avons la volonté politique de nous engager dans des domaines qui relèvent de la lutte contre toutes les exclusions et toutes les discriminations. Cette dimension sociale et sociétale est, pour nous, fondamentale et imprime notre action publique au niveau de la ville de Bastia.
- Disposez-vous de chiffres sur le nombre de séropositifs à Bastia ?
- Non ! Tous les acteurs locaux, qui ont assisté à notre réunion, l’ont bien dit ! Dans notre société corse, insulaire, le regard de l’autre et le poids des préjugés restent très prégnants, notamment dans le rapport à la maladie. Ce qui nous interdit d’avoir des statistiques fiables ! Aujourd’hui, comme hier, de nombreux malades préfèrent être soignés sur le continent pour échapper à la stigmatisation réelle ou supposée qui continue de s’attacher au Sida. C’est aussi une des raisons pour laquelle nous, ville de Bastia, sommes très engagés dans la lutte contre toutes les discriminations de quelque nature qu’elles soient. Pour bien montrer le caractère transversal de cette question, j’étais accompagné, lors de la réunion, de Leslie Pellegri, adjointe déléguée à la santé et au handicap, de Didier Grassi, responsable des comités de quartiers, et d’Ivana Polisini, adjointe déléguée à la politique éducative. Etaient, également, présentes la psychologue de l’ADPS (Association de prévoyance santé) et le docteur Belgodère qui est le médecin référent du CDAG (Centre de dépistage anonyme et gratuit).
- Jean-Luc Romero a demandé aux maires de faire des gestes forts le 1er décembre. Les ferez-vous ?
- Oui ! Nous allons en discuter avec ELCS qui possède une expertise en la matière. Mais, il est certain que Bastia s’engagera le 1er décembre pour rappeler que la vigilance contre la maladie, contre l’épidémie de Sida, reste de mise. La solidarité est plus que jamais nécessaire. Il faut, à tous prix, insister sur la prévention. Aujourd’hui, la séropositivité se soigne, se traite, peut se gérer et reste compatible avec une vie normale. L’inconvénient de cette situation est que la maladie, s’étant chronicisée, a tendance à être banalisée, y compris dans les comportements des jeunes. Il a été rappelé que, sur les 6000 nouveaux cas découverts chaque année, près de la moitié concerne les 16-24 ans. Ce chiffre est intolérable, générateur de souffrance ! On ne peut pas ignorer que toutes ces nouvelles contaminations pourraient être évitées si l’information et la prévention étaient plus efficaces. Il faut, donc, continuer à rester mobilisés, à être très vigilants et très solidaires.
Propos recueillis par Nicole MARI
- Pourquoi vous engagez-vous dans la lutte contre le Sida ?
- Le Sida reste une maladie très grave qui continue de véhiculer son cortège de souffrances individuelles, collectives et familiales. Son cortège d’exclusion aussi ! La maladie continue de frapper, y compris dans notre société insulaire, des femmes, des hommes, quelquefois des jeunes gens. La mobilisation ne doit pas faiblir, même si, aujourd’hui, dans l’opinion publique et dans les préoccupations des pouvoirs publics, elle n’apparaît plus comme une priorité. Il faut, de ce point de vue-là, rendre hommage au travail effectué par les associations, que ce soit au niveau français ou au niveau international avec ELCS. De façon plus générale, nous avons la volonté politique de nous engager dans des domaines qui relèvent de la lutte contre toutes les exclusions et toutes les discriminations. Cette dimension sociale et sociétale est, pour nous, fondamentale et imprime notre action publique au niveau de la ville de Bastia.
- Disposez-vous de chiffres sur le nombre de séropositifs à Bastia ?
- Non ! Tous les acteurs locaux, qui ont assisté à notre réunion, l’ont bien dit ! Dans notre société corse, insulaire, le regard de l’autre et le poids des préjugés restent très prégnants, notamment dans le rapport à la maladie. Ce qui nous interdit d’avoir des statistiques fiables ! Aujourd’hui, comme hier, de nombreux malades préfèrent être soignés sur le continent pour échapper à la stigmatisation réelle ou supposée qui continue de s’attacher au Sida. C’est aussi une des raisons pour laquelle nous, ville de Bastia, sommes très engagés dans la lutte contre toutes les discriminations de quelque nature qu’elles soient. Pour bien montrer le caractère transversal de cette question, j’étais accompagné, lors de la réunion, de Leslie Pellegri, adjointe déléguée à la santé et au handicap, de Didier Grassi, responsable des comités de quartiers, et d’Ivana Polisini, adjointe déléguée à la politique éducative. Etaient, également, présentes la psychologue de l’ADPS (Association de prévoyance santé) et le docteur Belgodère qui est le médecin référent du CDAG (Centre de dépistage anonyme et gratuit).
- Jean-Luc Romero a demandé aux maires de faire des gestes forts le 1er décembre. Les ferez-vous ?
- Oui ! Nous allons en discuter avec ELCS qui possède une expertise en la matière. Mais, il est certain que Bastia s’engagera le 1er décembre pour rappeler que la vigilance contre la maladie, contre l’épidémie de Sida, reste de mise. La solidarité est plus que jamais nécessaire. Il faut, à tous prix, insister sur la prévention. Aujourd’hui, la séropositivité se soigne, se traite, peut se gérer et reste compatible avec une vie normale. L’inconvénient de cette situation est que la maladie, s’étant chronicisée, a tendance à être banalisée, y compris dans les comportements des jeunes. Il a été rappelé que, sur les 6000 nouveaux cas découverts chaque année, près de la moitié concerne les 16-24 ans. Ce chiffre est intolérable, générateur de souffrance ! On ne peut pas ignorer que toutes ces nouvelles contaminations pourraient être évitées si l’information et la prévention étaient plus efficaces. Il faut, donc, continuer à rester mobilisés, à être très vigilants et très solidaires.
Propos recueillis par Nicole MARI