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Bernard Cazeneuve teste le dispositif incendie du SDIS dans le Boziu


Nicole Mari le Jeudi 12 Juin 2014 à 23:46

Après une première étape ajaccienne et une visite à la base aéronavale d’Aspretto, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, s’est rendu, dans un avion militaire, près de Corte pour assister à un exercice grandeur nature de lutte contre les feux de forêts. Organisé par le Service départemental d’incendie et de secours de Haute-Corse (SDIS 2B) en collaboration avec l’ensemble des acteurs de la sécurité civile, cet exercice a permis au ministre de vérifier l’efficacité et la rapidité des interventions. Elus et SDIS ont formulé des demandes, notamment celle de la création d’une école de pompiers.



Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur à Corte.
Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur à Corte.
 
C’est sous une température de 37° C, à quelques kilomètres de Corte, sur un site situé à cheval sur les communes de Favalello, Poggio di Venaco et San Andrea di u Boziu que le ministre a assisté à cet exercice grandeur nature que le SDIS 2B a mis dix jours à préparer. A ses côtés, le préfet de Corse, Christophe Mirmand, le préfet de Haute-Corse, Alain Rousseau, le président de l’Exécutif territorial, Paul Giacobbi, le président du Conseil général, Joseph Castelli, le conseiller général de Corte, Pierre Ghionga, le maire et conseiller général de Calenzana, président du SDIS 2B, Pierre Guidoni…
 
Horus en action
Débutant la visite, le Colonel Gerard Re présente l’Unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile 5 (UIISC 5) basée au quartier Chabrières à Corte. Puis, le Colonel Baldassari, patron du SDIS 2B, détaille le dispositif de prévention, de surveillance et de lutte contre les feux de forêts et les manœuvres opérationnelles. Dans la foulée, une démonstration de manœuvres interservices et un exercice grandeur nature du dispositif sont effectués. Des dizaines d’intervenants, tous services confondus, mettent en œuvre les principales techniques, notamment commandos, et les engins spéciaux de prévention et de lutte, notamment, les blindés et les engins chenillés. Bernard Cazeneuve et les élus corses peuvent, donc, admirer en action les deux Trackers de la Sécurité civile ordinairement basés à Bastia, un hélicoptère bombardier d’eau et surtout le fameux Horus 2B, avion phare de l’aérosurveillance, détectant les points chauds.
 
Une stratégie modèle
Le but de l’exercice est d’expliquer au ministre le rôle des trackers dans les feux naissants, celui des Canadairs et du Dash, l’efficacité de la mutualisation des moyens avec l’emploi d’avions bombardiers d’eau et l’importance de la mise à disposition des hélicoptères de la sécurité civile dans la lutte contre les feux de forêt. « Le ministre a pu voir, aussi, le poste de commandement de site et la visualisation des images d’Horus 2B en temps réel dans le spectre du visible et de l’infrarouge. Il a pu se rendre compte que le spectre d’intervention de cet aéronef était exceptionnel. C’est pour cela qu’il s’intéresse de très près aux expérimentations menées par le SDIS 2B. D’ailleurs, le Directeur général de la sécurité civile devrait créer un groupe national pour reprendre, à son compte, cette technique et la développer au niveau national », précise le Colonel Baldassari.
 
Une école de pompiers
Les élus ont profité de l’occasion pour adresser des demandes spécifiques au ministre visant à obtenir plus de moyens et, surtout, la création à Corte d’un centre de formation territoriale des acteurs de la sécurité civile. « J’ai félicité le Colonel Baldassari d’avoir organisé cet exercice qui a démontré les moyens importants dont dispose le SDIS 2B grâce à l’appui du département. Je disais au Directeur général de la sécurité civile, qui l’a d’ailleurs reconnu, que la Haute Corse est l’un des départements les mieux équipés, proportionnellement au nombre d’habitants, et que nous méritons d’avoir une école de pompiers. C’est un projet qui, j’espère, aboutira », indique Joseph Castelli.
Pour le Colonel Baldassari, cette école est indispensable pour préparer les jeunes recrues. « C’est l’élément incontournable de la maintenance et de l’acquisition des compétences dans le domaine de la sécurité civile. La Corse doit se structurer à travers cet outil indispensable, notamment à travers les simulateurs de feux de forêts, le lien avec l’université de Corse, les élus, les médias... Tout doit se mettre en synergie pour que nous bâtissions ensemble. Nous en avons réellement besoin. Nous l’avons bien fait comprendre au ministre ».
 
Des moyens exceptionnels
Le ministre suit la démonstration et écoute patiemment les requêtes. « J’ai pu assister à une démonstration très impressionnante des moyens mobilisés, à la fois, par les collectivités locales et l’Etat pour assurer la protection de sites exceptionnels de beauté contre les feux de forêts qui sont un véritable drame pour la Corse », commente-t-il. Rendant hommage aux collectivités qui « s’impliquent financièrement et de façon déterminée pour réussir cette mission ô combien essentielle pour l’île », il constate « une mobilisation de moyens exceptionnels qui témoignent de l’efficacité des SDIS non seulement en raison de la grande compétence des hommes qui agissent sur le terrain, mais aussi de la grande performance des matériels mobilisés ».
 
Une visite coûteuse
Pas sûr, qu’au-delà des stricts sourires de circonstance, l’Etat soit prêt à délier les cordons de sa bourse pour améliorer ce qui fait déjà figure de modèle en France, et même en Europe. A chaque été trop brûlant, à chaque drame inévité, la même polémique sur le manque de moyens et de matériels ressurgit de manière récurrente. Bernard Cazeneuve n’a rien promis. Jugera-t-il ces requêtes inutiles ? Mais l’on peut aussi se demander à l’aune du résultat peu probant de sa visite en Corse, si celle-ci était bien utile ? Il serait intéressant de connaître la facture, que l’on imagine salée, de ce déplacement express qui a nécessité un déploiement non négligeable de moyens, de l’escapade privée au village des ancêtres à cet exercice grandeur nature qui a mobilisé des moyens humains et matériels particulièrement coûteux. En ces temps d’austérité budgétaire, où le gouvernement chipote chaque centime et où la Corse a tant besoin d’investissements, était-ce bien raisonnable ?
 
N.M.
 

Extraits de l’allocution de Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur.