Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse et leader de Corsica Libera, à la tribune des Ghjurnate internaziunale di Corti, aux côtés des deux conseillers exécutifs, Jean-Christophe Angelini, président de l'ADEC et leader du PNC, et François Sargentini, président de l'ODARC et membre de l'Exécutif de Corsica Libera.
- Peut-on dire que ces Ghjurnate, les premières après la victoire de décembre, furent très symboliques ?
- Oui ! Evidemment ! Très symboliques et très importantes ! Ces premières Ghjurnate depuis notre victoire et depuis l’installation du gouvernement corse ont été, pour nous, un moment d’émotion partagée. L’ensemble des participants a communié dans cette ferveur militante. 40 années de lutte et d’opposition ont débouché sur cette prise de pouvoir politique qui nous permet, - et c’est le plus important ! - de mettre en œuvre un projet sur lequel nous travaillons depuis quatre décennies. Nous avons eu le temps de le mettre au point dans tous les domaines, c’est pour cela, qu’il est à la fois précis et cohérent. Il y a néanmoins des dossiers très complexes. L’attitude de Paris reste très fermée. Nous en avons fait un compte-rendu à tous ceux qui nous font confiance et qui continueront à nous soutenir dans les semaines et les mois à-venir.
- Aux Ghjurnate l’an dernier, vous tentiez laborieusement de faire l’union. Cette année, vous présentez un front uni. Un pas a été franchi. Un retour en arrière est-il possible ?
- Un pas immense a été franchi ! Le retour en arrière n’est pas possible ! D’abord, l’union a été faite. Elle a été, ensuite, souhaitée par les Corses, validée massivement et même plébiscitée. Elle l’est encore plus, depuis notre élection, si j’en juge par les études et les sondages qui sont faits. Cette démarche de complémentarité entre les deux courants du nationalisme est vitale et naturelle. On ne peut imaginer un seul instant d’emprunter une autre voie que celle qui a été empruntée en décembre dernier. Ces deux courants agissent et gouvernent en complémentarité, travaillent au quotidien, ensemble, main dans la main, avec leurs spécificités, mais aussi avec tout ce qui les rapproche, comme les Corses l’ont voulu. Il est de notre responsabilité de porter cette démarche le plus loin possible.
- Un absent de marque à ces Ghjurnate : U Rinnovu. Envisagez-vous qu’il puisse intégrer cette grande union des Nationalistes ?
- Avec U Rinnovu, nous avons eu des difficultés qui ont été réglées de façon démocratique et tout à fait sereine. Nous nous sommes quittés, il y a fort peu de temps, dans un commun accord et dans le respect réciproque. Aujourd’hui, nous en sommes là ! Il ne m’appartient pas de dire que les choses ont vocation à changer dans les semaines à-venir. C’est une question que nous n’avons pas abordée.
- Plaidez-vous comme Gilles Simeoni pour une union au-delà des Nationalistes ?
- Nous sommes dans une démarche de rassemblement de la communauté nationale corse autour d’orientations très claires. Nous travaillons tous les jours à l’union des Corses autour d’un projet commun pour un développement économique, social et culturel, pour protéger notre terre et notre langue, pour faire libérer nos prisonniers et faire arrêter les poursuites contre les recherchés. Ces sujets sont, aujourd’hui, partagés par une grande partie de la société corse.
- Vous étiez force d’opposition, vous devenez parti de gouvernement. Comment vivez-vous l’épreuve du feu ?
- Corsica Libera et Femu a Corsica étaient des formations d’opposition souvent très énergiques. Corsica Libera occupait une place particulière sur l’échiquier politique. Devenir une formation de gouvernement demande une adaptation qui est en train de se faire. Corsica Libera travaille sur les dossiers sur lesquels planchent les élus territoriaux et les membres de l’Exécutif. Une complémentarité est en train de s’installer entre les deux formations, les deux groupes à l’Assemblée et ceux qui sont aux responsabilités. Ces premiers mois se sont passés dans de très bonnes conditions, nous nous donnons les moyens d’être encore plus performants.
- Oui ! Evidemment ! Très symboliques et très importantes ! Ces premières Ghjurnate depuis notre victoire et depuis l’installation du gouvernement corse ont été, pour nous, un moment d’émotion partagée. L’ensemble des participants a communié dans cette ferveur militante. 40 années de lutte et d’opposition ont débouché sur cette prise de pouvoir politique qui nous permet, - et c’est le plus important ! - de mettre en œuvre un projet sur lequel nous travaillons depuis quatre décennies. Nous avons eu le temps de le mettre au point dans tous les domaines, c’est pour cela, qu’il est à la fois précis et cohérent. Il y a néanmoins des dossiers très complexes. L’attitude de Paris reste très fermée. Nous en avons fait un compte-rendu à tous ceux qui nous font confiance et qui continueront à nous soutenir dans les semaines et les mois à-venir.
- Aux Ghjurnate l’an dernier, vous tentiez laborieusement de faire l’union. Cette année, vous présentez un front uni. Un pas a été franchi. Un retour en arrière est-il possible ?
- Un pas immense a été franchi ! Le retour en arrière n’est pas possible ! D’abord, l’union a été faite. Elle a été, ensuite, souhaitée par les Corses, validée massivement et même plébiscitée. Elle l’est encore plus, depuis notre élection, si j’en juge par les études et les sondages qui sont faits. Cette démarche de complémentarité entre les deux courants du nationalisme est vitale et naturelle. On ne peut imaginer un seul instant d’emprunter une autre voie que celle qui a été empruntée en décembre dernier. Ces deux courants agissent et gouvernent en complémentarité, travaillent au quotidien, ensemble, main dans la main, avec leurs spécificités, mais aussi avec tout ce qui les rapproche, comme les Corses l’ont voulu. Il est de notre responsabilité de porter cette démarche le plus loin possible.
- Un absent de marque à ces Ghjurnate : U Rinnovu. Envisagez-vous qu’il puisse intégrer cette grande union des Nationalistes ?
- Avec U Rinnovu, nous avons eu des difficultés qui ont été réglées de façon démocratique et tout à fait sereine. Nous nous sommes quittés, il y a fort peu de temps, dans un commun accord et dans le respect réciproque. Aujourd’hui, nous en sommes là ! Il ne m’appartient pas de dire que les choses ont vocation à changer dans les semaines à-venir. C’est une question que nous n’avons pas abordée.
- Plaidez-vous comme Gilles Simeoni pour une union au-delà des Nationalistes ?
- Nous sommes dans une démarche de rassemblement de la communauté nationale corse autour d’orientations très claires. Nous travaillons tous les jours à l’union des Corses autour d’un projet commun pour un développement économique, social et culturel, pour protéger notre terre et notre langue, pour faire libérer nos prisonniers et faire arrêter les poursuites contre les recherchés. Ces sujets sont, aujourd’hui, partagés par une grande partie de la société corse.
- Vous étiez force d’opposition, vous devenez parti de gouvernement. Comment vivez-vous l’épreuve du feu ?
- Corsica Libera et Femu a Corsica étaient des formations d’opposition souvent très énergiques. Corsica Libera occupait une place particulière sur l’échiquier politique. Devenir une formation de gouvernement demande une adaptation qui est en train de se faire. Corsica Libera travaille sur les dossiers sur lesquels planchent les élus territoriaux et les membres de l’Exécutif. Une complémentarité est en train de s’installer entre les deux formations, les deux groupes à l’Assemblée et ceux qui sont aux responsabilités. Ces premiers mois se sont passés dans de très bonnes conditions, nous nous donnons les moyens d’être encore plus performants.
- Votre présidence est très active. Cette hyper-présidence ne traduit-elle pas un rapport de forces entre les deux mouvements ?
- Absolument pas ! J’applique strictement le statut de la Corse qui donne un certain nombre de prérogatives à la présidence de l’Assemblée. Il est vrai que certains de mes prédécesseurs ne les ont pas mises en œuvre. En ce qui me concerne, je le fais dans un esprit de complémentarité totale et de travail au quotidien avec le président de l’Exécutif. Les choses se passent pour le mieux. Nous avons bien l’intention de continuer de cette manière-là.
- Lors du débat, vous avez tous dit que les choses étaient en train d’avancer. Qu’est-ce qui a véritablement changé en huit mois de gouvernance ?
- Nous avons commencé à mettre en œuvre une autre manière de concevoir la politique. Un exemple : la transparence de la vie publique. Nous avons immédiatement installé un Comité d’évaluation des politiques publiques. Il y a quelques jours, nous avons voté la création d’une Assemblée corse des jeunes. Il ne s’agit pas d’une action pédagogique, mais de faire que ces jeunes, âgés de 16 à 25 ans, deviennent une ressource pour l’action publique, non seulement du gouvernement de la Corse, mais aussi de l’Assemblée. Donner la parole à la jeunesse dans les institutions est une alternative très cohérente et profitable, compte tenu du fossé qui existe entre les jeunes et la politique. Ce fossé, il faut le combler autrement qu’à travers des « Nuits debout », même si je respecte profondément ce type d’action. Ensuite, nous nous sommes attelés à l’ensemble des dossiers qui intéressent les Corses en matière d’économie, de social, d’emploi, de déchets, de transports maritimes… Tout cela est, bien sûr, en construction.
- La récente visite du 1er ministre a confirmé la fermeture de Paris sur nombre de ces dossiers. Que pouvez-vous faire ?
- On ne peut pas voir les choses de manière aussi globale. Sur certaines questions, comme l’officialité de la langue ou le statut de résident, il n’y a pas eu de surprise. Même si le gouvernement voulait mettre ces revendications en œuvre, il ne pourrait pas le faire parce qu’il faut changer la Constitution. Or, il ne dispose pas de la majorité des 3/5ème du Congrès pour le faire. Nous savons depuis longtemps que cela ne se fera pas avant les prochaines élections présidentielles françaises. Pour le reste, nous avons avancé sur certains sujets. La collectivité unique, ce n’est pas rien, alors que nous la demandons depuis plusieurs années ! Jusqu’à il y a quelques semaines, le gouvernement ne voulait pas rouvrir le dossier de la fiscalité du patrimoine, - ce qu’on appelait les Arrêtés Miot -, en disant que le Conseil constitutionnel avait tranché. Aujourd’hui, nous avons réussi à mettre le pied dans la porte. Nous ne sommes pas au bout de nos peines, mais une nouvelle démarche est en route. Je crois qu’il y a un certain nombre d’éléments positifs, mais pas suffisamment !
- La question des prisonniers politiques semble, en revanche, faire l’objet d’un blocage total ?
- Oui ! C’est un véritable abcès de fixation alors qu’elle pourrait être solutionnée. Elle ne nécessite pas une révision de la Constitution, y compris pour une amnistie. Nous sommes en confrontation totale avec le gouvernement sur cette question-là qui fait l’objet d’un sentiment quasi-unanime de la part des Corses. Il suffit de voir toutes les délibérations qui ont été prises en ce sens à l’Assemblée de Corse, au Conseil départemental de Haute-Corse et dans les communes dont plus de 200 ont voté pour l’amnistie. Il y a un véritable désaccord entre la Corse et Paris, et pas seulement entre les Nationalistes et Paris. Il faudra lever cette difficulté par la mobilisation.
- Absolument pas ! J’applique strictement le statut de la Corse qui donne un certain nombre de prérogatives à la présidence de l’Assemblée. Il est vrai que certains de mes prédécesseurs ne les ont pas mises en œuvre. En ce qui me concerne, je le fais dans un esprit de complémentarité totale et de travail au quotidien avec le président de l’Exécutif. Les choses se passent pour le mieux. Nous avons bien l’intention de continuer de cette manière-là.
- Lors du débat, vous avez tous dit que les choses étaient en train d’avancer. Qu’est-ce qui a véritablement changé en huit mois de gouvernance ?
- Nous avons commencé à mettre en œuvre une autre manière de concevoir la politique. Un exemple : la transparence de la vie publique. Nous avons immédiatement installé un Comité d’évaluation des politiques publiques. Il y a quelques jours, nous avons voté la création d’une Assemblée corse des jeunes. Il ne s’agit pas d’une action pédagogique, mais de faire que ces jeunes, âgés de 16 à 25 ans, deviennent une ressource pour l’action publique, non seulement du gouvernement de la Corse, mais aussi de l’Assemblée. Donner la parole à la jeunesse dans les institutions est une alternative très cohérente et profitable, compte tenu du fossé qui existe entre les jeunes et la politique. Ce fossé, il faut le combler autrement qu’à travers des « Nuits debout », même si je respecte profondément ce type d’action. Ensuite, nous nous sommes attelés à l’ensemble des dossiers qui intéressent les Corses en matière d’économie, de social, d’emploi, de déchets, de transports maritimes… Tout cela est, bien sûr, en construction.
- La récente visite du 1er ministre a confirmé la fermeture de Paris sur nombre de ces dossiers. Que pouvez-vous faire ?
- On ne peut pas voir les choses de manière aussi globale. Sur certaines questions, comme l’officialité de la langue ou le statut de résident, il n’y a pas eu de surprise. Même si le gouvernement voulait mettre ces revendications en œuvre, il ne pourrait pas le faire parce qu’il faut changer la Constitution. Or, il ne dispose pas de la majorité des 3/5ème du Congrès pour le faire. Nous savons depuis longtemps que cela ne se fera pas avant les prochaines élections présidentielles françaises. Pour le reste, nous avons avancé sur certains sujets. La collectivité unique, ce n’est pas rien, alors que nous la demandons depuis plusieurs années ! Jusqu’à il y a quelques semaines, le gouvernement ne voulait pas rouvrir le dossier de la fiscalité du patrimoine, - ce qu’on appelait les Arrêtés Miot -, en disant que le Conseil constitutionnel avait tranché. Aujourd’hui, nous avons réussi à mettre le pied dans la porte. Nous ne sommes pas au bout de nos peines, mais une nouvelle démarche est en route. Je crois qu’il y a un certain nombre d’éléments positifs, mais pas suffisamment !
- La question des prisonniers politiques semble, en revanche, faire l’objet d’un blocage total ?
- Oui ! C’est un véritable abcès de fixation alors qu’elle pourrait être solutionnée. Elle ne nécessite pas une révision de la Constitution, y compris pour une amnistie. Nous sommes en confrontation totale avec le gouvernement sur cette question-là qui fait l’objet d’un sentiment quasi-unanime de la part des Corses. Il suffit de voir toutes les délibérations qui ont été prises en ce sens à l’Assemblée de Corse, au Conseil départemental de Haute-Corse et dans les communes dont plus de 200 ont voté pour l’amnistie. Il y a un véritable désaccord entre la Corse et Paris, et pas seulement entre les Nationalistes et Paris. Il faudra lever cette difficulté par la mobilisation.
- Cette question sera-t-elle le dossier chaud de la rentrée ?
- Pour nous, ce n’est pas un dossier, mais une partie de nous-mêmes ! Nous allons mettre en place un rapport de forces, dès la rentrée, avec des revendications très fortes qui sont absolument incontournables. On ne peut pas accepter que les choses demeurent en l’état ! Il est impossible d’envisager une solution politique qui ne prendrait pas en compte ceux qui ont payé le prix fort, c’est-à-dire les prisonniers et les recherchés.
- Dans votre discours de clôture, vous évoquez la menace terroriste et demandez aux Corses de ne pas faire justice eux-mêmes. Est-ce une réponse au communiqué du FLNC du 22 octobre ?
- Non ! Absolument pas ! Aujourd’hui, les Corses ressentent une grande inquiétude. Même si nous n’avons pas la compétence juridique en matière de sécurité, nous sommes en charge des intérêts matériels et moraux du peuple corse, nous avons, donc, la compétence en matière politique et morale. Nous demandons simplement aux Corses, si un événement devait survenir, de faire confiance aux responsables politiques qu’ils se sont donnés. A ce moment-là, nous assumerons l’ensemble de nos responsabilités. Nous leur avons demandé de ne pas avoir d’attitude désordonnée parce qu’il faut agir de façon méthodique et rationnelle. Il ne s’agit pas, au gré d’un événement dramatique, de mettre la Corse encore plus en difficulté et de diviser notre société parce que c’est ce que l’ennemi, véritablement, souhaiterait. Nous avons réaffirmé de manière très forte la demande formulée, à notre initiative, par l’Assemblée de Corse, concernant la fermeture des lieux de prière où se tiennent les discours appelant à la haine et l’expulsion des pseudo-religieux qui se rendent coupables de cela. Nous répétons que le salafisme n’a pas de place sur la terre de Corse !
- Dans ce même discours de clôture, vous demandez cinq ans aux Corses pour mettre en place votre politique. Pourquoi cinq ans ?
- Nous évaluons à cinq ans la durée nécessaire pour changer radicalement les choses en Corse dans tous les domaines économique, social, culturel, en matière d’emploi, de foncier… Nous avons besoin de cinq ans pour que ce pays change du tout au tout au bénéfice de tous les Corses, pas seulement ceux qui ont voté pour nous. Cinq ans pour qu’une nouvelle manière de concevoir la politique soit mise en œuvre et que la Corse s’enrichisse, y compris sur le plan matériel. Vouloir le développement économique est la moindre des choses ! Comment accepter que, dans un pays comme le nôtre, béni des Dieux, aussi riche de potentialités, il y ait des étudiants et des retraités dans la précarité ! C’est une insulte au bon sens et à la morale ! Pour combattre tout cela, il faut que les Corses nous réitèrent leur confiance lors des prochaines élections.
- Croyez-vous vraiment qu’en cinq ans, vous pouvez radicalement changer la donne ?
- En cinq ans, nous pouvons changer les choses ! En deux ans, nous ne le pouvons pas ! Lorsque on voit déjà tout ce que nous avons mis en route en quelques mois, nous sommes à peu près certains que les premiers effets positifs de notre action seront perceptibles avant même cinq ans. Mais, si les Corses nous réaffirment leur confiance, dans cinq ans, la situation sera très différente au plan économique, social et culturel, au plan des rapports de forces avec Paris. Nous sommes susceptibles de changer la vie des Corses. C’est notre ambition. Encore faut-il que nous puissions rester aux responsabilités un temps raisonnable pour mettre en œuvre tout cela !
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Pour nous, ce n’est pas un dossier, mais une partie de nous-mêmes ! Nous allons mettre en place un rapport de forces, dès la rentrée, avec des revendications très fortes qui sont absolument incontournables. On ne peut pas accepter que les choses demeurent en l’état ! Il est impossible d’envisager une solution politique qui ne prendrait pas en compte ceux qui ont payé le prix fort, c’est-à-dire les prisonniers et les recherchés.
- Dans votre discours de clôture, vous évoquez la menace terroriste et demandez aux Corses de ne pas faire justice eux-mêmes. Est-ce une réponse au communiqué du FLNC du 22 octobre ?
- Non ! Absolument pas ! Aujourd’hui, les Corses ressentent une grande inquiétude. Même si nous n’avons pas la compétence juridique en matière de sécurité, nous sommes en charge des intérêts matériels et moraux du peuple corse, nous avons, donc, la compétence en matière politique et morale. Nous demandons simplement aux Corses, si un événement devait survenir, de faire confiance aux responsables politiques qu’ils se sont donnés. A ce moment-là, nous assumerons l’ensemble de nos responsabilités. Nous leur avons demandé de ne pas avoir d’attitude désordonnée parce qu’il faut agir de façon méthodique et rationnelle. Il ne s’agit pas, au gré d’un événement dramatique, de mettre la Corse encore plus en difficulté et de diviser notre société parce que c’est ce que l’ennemi, véritablement, souhaiterait. Nous avons réaffirmé de manière très forte la demande formulée, à notre initiative, par l’Assemblée de Corse, concernant la fermeture des lieux de prière où se tiennent les discours appelant à la haine et l’expulsion des pseudo-religieux qui se rendent coupables de cela. Nous répétons que le salafisme n’a pas de place sur la terre de Corse !
- Dans ce même discours de clôture, vous demandez cinq ans aux Corses pour mettre en place votre politique. Pourquoi cinq ans ?
- Nous évaluons à cinq ans la durée nécessaire pour changer radicalement les choses en Corse dans tous les domaines économique, social, culturel, en matière d’emploi, de foncier… Nous avons besoin de cinq ans pour que ce pays change du tout au tout au bénéfice de tous les Corses, pas seulement ceux qui ont voté pour nous. Cinq ans pour qu’une nouvelle manière de concevoir la politique soit mise en œuvre et que la Corse s’enrichisse, y compris sur le plan matériel. Vouloir le développement économique est la moindre des choses ! Comment accepter que, dans un pays comme le nôtre, béni des Dieux, aussi riche de potentialités, il y ait des étudiants et des retraités dans la précarité ! C’est une insulte au bon sens et à la morale ! Pour combattre tout cela, il faut que les Corses nous réitèrent leur confiance lors des prochaines élections.
- Croyez-vous vraiment qu’en cinq ans, vous pouvez radicalement changer la donne ?
- En cinq ans, nous pouvons changer les choses ! En deux ans, nous ne le pouvons pas ! Lorsque on voit déjà tout ce que nous avons mis en route en quelques mois, nous sommes à peu près certains que les premiers effets positifs de notre action seront perceptibles avant même cinq ans. Mais, si les Corses nous réaffirment leur confiance, dans cinq ans, la situation sera très différente au plan économique, social et culturel, au plan des rapports de forces avec Paris. Nous sommes susceptibles de changer la vie des Corses. C’est notre ambition. Encore faut-il que nous puissions rester aux responsabilités un temps raisonnable pour mettre en œuvre tout cela !
Propos recueillis par Nicole MARI.