Elles seront associées à des interdictions de baignade dans les rivières du Cavu, du Tarcu et de l’Osu, voire d’autres cours d’eau du sud de la Corse. Ces informations ont été partagées par le Pr Antoine Berry (Toulouse) à l’occasion des 15èmes journées nationales d’infectiologie [1], précise encore sur Medscape le docteur Dr Isabelle Catala.
Le travail épidémiologique qui a suivi la découverte de cas de bilharziose urinaire dans les suites de baignade en rivière du sud de la Corse a rapidement permis à l’équipe de malacologues (zoologues spécialisés dans les mollusques) du Dr André Théron (UMR 5244 CNRS-UPVD Perpignan) de détecter l’hôte intermédiaire de la maladie dans plusieurs cours d’eau : le Tarcu, le Cavu et l’Osu. Il s’agit de bulins contortus qui avaient déjà été retrouvés en 1963 dans cette même région du sud de la Corse.
Une réinfection des bulins chaque année
Pendant que l’équipe perpignanaise était partie à la recherche de l’hôte intermédiaire des schistosomes, les infectiologues de Toulouse ont cherché à caractériser le parasite à l’origine de l’épidémie et qui semble particulièrement virulent. En effet, son taux d’attaque a été estimé à 78 % puisque sur les 22 personnes vivant à Toulouse ou en Allemagne et qui rentraient de vacances dans les bords du Cavu, 17 avaient été infectées.
Or l’été, sur les zones les plus baignables des rivières de cette région, ce sont 50 à 100 vacanciers qui l’on retrouve tous les 100 à 200 mètres de zone de bains. Des centaines de personnes ont potentiellement été infectées et la maladie est généralement peu symptomatique, du moins dans les premiers temps.
« Le schistosome en cause est un hybride entre S haematobium et S bovis qui pourrait avoir été importé d’un pays plus tropical ou s’être hydridé localement. Ce parasite pourrait être à l’origine d’anthropozoonoses puisque S haematobium touche l’homme et S bovis les mammifères » continue le Pr Berry.
« Reste la question de l’origine du schistosome. En hiver lorsque les températures sont inférieures à 20 °C, il est très peu probablement que le parasite infecté survive au sein des bulins. Il faut donc que les mollusques soient réinfectés chaque année et ce depuis 2011 date du début de l’épidémie.
Or qui peut réinfecter les rivières ? Des vacanciers ou la population locale pour peu qu’il s’agisse de personnes asymptomatiques ou pauci symptomatiques. Les mammifères domestiques ou sauvages porteurs chroniques de la maladie pourraient aussi jouer un rôle ».
Des mesures relayées aux ARS et à l’ECDC
Dans ces conditions comment éviter que d’autres vacanciers ou que les populations autochtones s’infectent cet été ? C’est la question qui a été posée par la Direction Générale de la Santé (DGS) au Haut Comité de Santé Publique et à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail(ANSES). Les résultats des concertations devraient être diffusés dans les jours qui viennent et transmises aux Agences Régionales de Santé (ARS) et au Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC).
Une conférence de presse est prévue à ce propos dès ce lundi à Ajaccio.
Medscape, toujours dans le même article précise que "les personnes qui ont présenté une hématurie dans les suites d’un séjour potentiellement infectant en Corse doivent être explorées par examen parasitologie des urines, sérologie (Elisa ou HA), NFS, ECBU et mesure de la créatinine. Il doit s’y associer un examen échographique de la vessie. En cas d’infection, un traitement doit être prescrit. Si aucun signe de bilharziose n’est retrouvé, le patient doit être orienté vers un urologue et un néphrologue.'
" Pour les personnes à risque vivant à proximité des rivières incriminées ou s’y baignant, une sérologie Elisa ou HA doit être prescrite. En l’absence de bilharziose, aucune surveillance supplémentaire ne doit être effectuée. En revanche, si la sérologie se révèle positive, un dosage de la créatinine et une échographie de la vessie seront effectués. En cas d’anomalies, un traitement sera prescrit ainsi qu’une consultation avec un urologue. En l’absence d’anomalies, seul le traitement est nécessaire."
"Pour limiter le risque de nouvelle infection des mesures d’interdiction de baignade devraient être mises en place rapidement au moins au sein des 3 rivières dans lesquelles des bulins ont été retrouvées : le Cavu, le Tarcu et l’Osu."
1-1. Berry A. Emergence d’un foyer de transmission de Schistosoma haematobium en Corse 2014. Session « Actualités de veille sanitaire ». 15èmes journées nationales d’infectiologie, Bordeaux.
2- Bilharziose en Corse : des mesures pour éviter de nouvelles contaminations. Medscape. 14 juin 2014.
Le travail épidémiologique qui a suivi la découverte de cas de bilharziose urinaire dans les suites de baignade en rivière du sud de la Corse a rapidement permis à l’équipe de malacologues (zoologues spécialisés dans les mollusques) du Dr André Théron (UMR 5244 CNRS-UPVD Perpignan) de détecter l’hôte intermédiaire de la maladie dans plusieurs cours d’eau : le Tarcu, le Cavu et l’Osu. Il s’agit de bulins contortus qui avaient déjà été retrouvés en 1963 dans cette même région du sud de la Corse.
Une réinfection des bulins chaque année
Pendant que l’équipe perpignanaise était partie à la recherche de l’hôte intermédiaire des schistosomes, les infectiologues de Toulouse ont cherché à caractériser le parasite à l’origine de l’épidémie et qui semble particulièrement virulent. En effet, son taux d’attaque a été estimé à 78 % puisque sur les 22 personnes vivant à Toulouse ou en Allemagne et qui rentraient de vacances dans les bords du Cavu, 17 avaient été infectées.
Or l’été, sur les zones les plus baignables des rivières de cette région, ce sont 50 à 100 vacanciers qui l’on retrouve tous les 100 à 200 mètres de zone de bains. Des centaines de personnes ont potentiellement été infectées et la maladie est généralement peu symptomatique, du moins dans les premiers temps.
« Le schistosome en cause est un hybride entre S haematobium et S bovis qui pourrait avoir été importé d’un pays plus tropical ou s’être hydridé localement. Ce parasite pourrait être à l’origine d’anthropozoonoses puisque S haematobium touche l’homme et S bovis les mammifères » continue le Pr Berry.
« Reste la question de l’origine du schistosome. En hiver lorsque les températures sont inférieures à 20 °C, il est très peu probablement que le parasite infecté survive au sein des bulins. Il faut donc que les mollusques soient réinfectés chaque année et ce depuis 2011 date du début de l’épidémie.
Or qui peut réinfecter les rivières ? Des vacanciers ou la population locale pour peu qu’il s’agisse de personnes asymptomatiques ou pauci symptomatiques. Les mammifères domestiques ou sauvages porteurs chroniques de la maladie pourraient aussi jouer un rôle ».
Des mesures relayées aux ARS et à l’ECDC
Dans ces conditions comment éviter que d’autres vacanciers ou que les populations autochtones s’infectent cet été ? C’est la question qui a été posée par la Direction Générale de la Santé (DGS) au Haut Comité de Santé Publique et à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail(ANSES). Les résultats des concertations devraient être diffusés dans les jours qui viennent et transmises aux Agences Régionales de Santé (ARS) et au Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC).
Une conférence de presse est prévue à ce propos dès ce lundi à Ajaccio.
Medscape, toujours dans le même article précise que "les personnes qui ont présenté une hématurie dans les suites d’un séjour potentiellement infectant en Corse doivent être explorées par examen parasitologie des urines, sérologie (Elisa ou HA), NFS, ECBU et mesure de la créatinine. Il doit s’y associer un examen échographique de la vessie. En cas d’infection, un traitement doit être prescrit. Si aucun signe de bilharziose n’est retrouvé, le patient doit être orienté vers un urologue et un néphrologue.'
" Pour les personnes à risque vivant à proximité des rivières incriminées ou s’y baignant, une sérologie Elisa ou HA doit être prescrite. En l’absence de bilharziose, aucune surveillance supplémentaire ne doit être effectuée. En revanche, si la sérologie se révèle positive, un dosage de la créatinine et une échographie de la vessie seront effectués. En cas d’anomalies, un traitement sera prescrit ainsi qu’une consultation avec un urologue. En l’absence d’anomalies, seul le traitement est nécessaire."
"Pour limiter le risque de nouvelle infection des mesures d’interdiction de baignade devraient être mises en place rapidement au moins au sein des 3 rivières dans lesquelles des bulins ont été retrouvées : le Cavu, le Tarcu et l’Osu."
1-1. Berry A. Emergence d’un foyer de transmission de Schistosoma haematobium en Corse 2014. Session « Actualités de veille sanitaire ». 15èmes journées nationales d’infectiologie, Bordeaux.
2- Bilharziose en Corse : des mesures pour éviter de nouvelles contaminations. Medscape. 14 juin 2014.