Retour sur les faits
Ce jeudi matin à l’ouverture de la session ordinaire, une question orale posée par Jean-Martin Mondoloni a créé un micro-incident au sein de l’hémicycle. En cause : un communiqué de Corsica Libera daté de janvier. Le voici :
Posté sur Facebook le 28 janvier au matin, il était accompagné du message suivant :
« Nous lançons un avertissement aux candidats acheteurs de biens immobiliers en Corse. Sur la base du vote à une large majorité de l'Assemblée de Corse sur le statut de résident, dès que nous en aurons la possibilité nous lancerons des démarches d'expropriation pour les biens acquis hors de ces dispositions.
Voté le 24 avril 2014 par les institutions légitimes et représentatives du Peuple Corse, le statut de résident doit d'ores et déjà s'appliquer en l'état en permettant de combattre la spéculation et la dépossession immobilière qui privent les Corses de l'accès à la propriété dans leur pays. ÙN PIANTEREMU MAI ! TERRA CORSA À I CORSI ! »
En bref, pour le groupe Le Rassemblement :
« Cette communication présente un caractère d'intimidation insupportable. Intimidation à l’encontre des personnes « étrangères à la Corse » qui se porteraient acquéreurs de biens immobiliers sis en Corse. Intimidation également à l’encontre des professionnels du secteur. […]
La dite communication se conclut par "un avertissement qui n'émane pas d'un mouvement politique d'opposition mais de l'une des deux composantes de l'actuelle majorité". […] A ce titre, les Corses ont besoin de savoir si vous (Gilles Simeoni, Président du Conseil exécutif, ndlr) cautionnez le ton de cette communication, qui, de notre point de vue, a tous les attributs d'une menace. »
- Pour accéder à la question orale dans son intégralité :
Question orale posée par le groupe Le Rassemblement relative au statut de résident
Un sujet d’autant plus polémique qu’une motion concernant les propos de Corsica Libera relatifs à la spéculation foncière en Corse avait été elle aussi déposée, qui finalement a été reportée au mois prochain.
La réponse apportée par Gilles Simeoni n’était pas tout à fait celle attendue par le groupe d’opposition. En voici un extrait :
"Que cherchez-vous à faire ? A diviser la majorité territoriale ? Vous n’y arriverez pas. A aviver les antagonismes pour radicaliser les positions ? C’est un jeu dangereux, un calcul à courte vue. […]
Vous me demandez donc de me déterminer, par rapport, à « des mots exclusifs », […] j’y répondrai d’abord sous une forme allégorique, en citant le proverbe chinois : « Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt ». Dans notre cas, lorsque le sage montre la lune de la spéculation, l’idiot regarde le doigt de la maladresse verbale. L’idiot, ou plus exactement, celui qui feint de l’être. Car enfin, comment quelqu’un d’intelligent comme vous peut-il me demander, dans sa question orale, de ne m’attacher qu’à la forme ? Vous dénoncez des mots « exclusifs », un « style comminatoire », là où le débat essentiel est celui du fond.
Qu’allons-nous faire, pour, selon la délibération du 24 avril 2014 votée par notre Assemblée, mettre un terme « à une situation particulièrement préoccupante dans les domaines du foncier et de l’immobilier », et favoriser « la pérennité du peuple corse sur sa terre » ? Pas dans cinq ans, pas dans dix ans. Dans cinq ans ou dans dix ans, il sera trop tard. Non, dès aujourd’hui, et ensemble."
A la suite de cet échange, la promesse d’un débat futur portant sur la mise en place de ce statut de résident a suffi à rétablir le calme dans l’hémicycle.
- Interview de Jean Martin Mondoloni, conseiller territorial, groupe « Le Rassemblement ».
Enfin, pour clôturer le débat, Petr’Antò Tomasi, Président du Groupe Corsica Libera, revient pour son mouvement sur ce communiqué. Interview :