- Tout ce que nous avons proposé a été accepté. Nous ne pouvons qu’être satisfaits. Les amendements essentiels, ceux qui sont déterminants et modifient en substance le rapport initial, ont été votés. Du moment que rien n’est venu contrarier, en substance, les orientations que nous avons voulues, conformément aux différents votes qui ont déjà eu lieu dans cet hémicycle, je ne vois pas ce qui nous aurait interdit de voter ce rapport.
- On taxe ce rapport de très libéral. Qu’en pensez-vous ?
- Le mot libéral n’a pas de sens. Le mot, qui compte, est : est-ce qu’on se met au service de la Corse et des intérêts de la Corse en responsabilité par rapport au droit actuel ? Notre groupe a fait un travail remarquable et utile au service de la Corse, qui a permis, à l’Exécutif, de modifier substantiellement, pour ne pas dire totalement, le rapport initial. Ce qui lui a aussi permis de régler des problèmes internes à sa majorité. Il a laissé faire beaucoup de choses pour ne pas avoir à trancher, de façon à ne pas décevoir certains membres de sa majorité.
- L’Exécutif s’est donc servi de vous ?
- C’est nous qui nous sommes servis de lui pour faire avancer le Schmilblick parce qu’il était temps qu’on avance ! Ça fait longtemps qu’on tourne en rond ! Ce n’est pas normal que l’Exécutif nous ait présenté un rapport aussi indigent, aussi anachronique, qui ne tenait pas la route. Nous l’avons nettement amélioré. Je suis heureux de voir que la majorité apprécie notre travail. L’Exécutif nous a rejoint sur nos propositions et s’est appuyé sur nous pour atteindre cet objectif. La sagesse l’a emporté. Nous sommes raisonnables, responsables et déterminés. C’est tout le bénéfice que la Corse doit en retirer dans un cadre européen, défini et connu. Nous ne sommes pas dans l’imaginaire, mais dans la réalité.
- Quelle était la teneur des amendements que vous avez proposés ?
- Nous avons fait en sorte qu’il n’y ait pas une situation de monopole et qu’on permette aux entreprises qui, le désirent, de desservir la Corse, que ce soit dans le cadre de la Délégation de service public (DSP) ou d’Obligations de service public (OSP). Cette desserte doit être profitable à tous.
- Vous avez obtenu un plafonnement de l’offre et de l’aide. Dans quel but ?
- La suppression du service complémentaire et, concomitamment, de l’aide sociale aux passagers doit générer une économie substantielle. Le futur délégataire ne doit pas bénéficier de la même masse financière que celle qu’il avait auparavant, puisque le service n’est plus le même. Cette masse doit être redéployée. L’économie réalisée, grâce à un plafonnement de l’offre, doit bénéficier, essentiellement, à la diminution du tarif du fret, ce qui va d’ailleurs aider le délégataire par rapport à la concurrence existant sur un autre port. Cela va rééquilibrer légèrement parce qu’une baisse de tarif attire la clientèle.
- Pourquoi vous êtes-vous opposés à la baisse des tarifs passagers ?
- Il faut, si possible, baisser le tarif résident tout en considérant que les offres promotionnelles doivent être faites en dehors du tarif résident. L’économie réalisée, par rapport à la dépense actuelle, doit permettre d’agir sur deux points, au delà de la baisse du fret qui sera déterminante. Soit, nous la déployons par la fongibilité sur les infrastructures portuaires, soit nous la déployons sur l’enveloppe au bénéfice de l’aérien. Il faut bien comprendre qu’une île est desservie par la mer, donc la relation maritime est indispensable pour le fret. Par contre, la relation avec les passagers dans l’économie touristique et le développement de la Corse, telle qu’elle se produit aujourd’hui avec les courts séjours, doit profiter à l’aérien dont c’est la vocation. Il faut jouer sur les deux modes de transport.
Propos recueillis par Nicole MARI
Pierre Mattei : « La DSP va dans le sens du droit »
Le Directeur de la Corsica Ferries, comme ses concurrents de la SNCM et de la CMN, a été présent tout au long des débats de l’Assemblée de Corse sur le cahier des charges de la future Délégation de service public (DSP) maritime. Il est le seul qui a accepté de s’exprimer après le vote et de commenter, brièvement, le cahier des charges adopté.
« Nous avons suivi, avec attention, le débat et le vote de tous les amendements. Il a été difficile de tout voir, certains détails nous ont échappés. Mais on peut, d’ores et déjà, noté qu’une grande partie des amendements ont repris des éléments de droit qui ont été précisés par une étude juridique mandatée par le ministère des transports lui-même. Ces éléments de droit, en apparence pour l’instant, respectent les règlements européens qui ont été mis en vigueur en 1992 dans le but de favoriser la concurrence et de protéger les îles contre les abus des monopoles. De ce point de vue-là, la DSP va dans le bon sens ».