Le cardinal Bustillo avec le directeur de CNI, Charles Monti. (Photos Paule Santoni)
- La Corse a fait de vous un évêque et un cardinal… Nos lecteurs vous ont ensuite choisi comme personnalité de l’année. Peut-on dire que la terre corse vous a porté chance ?
- Elle m'a apporté beaucoup de joie, elle m'a apporté la grâce quand même de vivre ce que je vis avec beaucoup de passion, et avec le soutien d'un peuple, et pour moi ça c'est unique. Quand on est évêque, on est nommé quelque part, c'est plonger dans la vie de ce peuple et dans l'histoire de ce peuple, dans les rêves de ce peuple. C'est une manière magnifique pour moi de répondre à l'appel de Dieu et de répondre aussi à l'appel de mon peuple.
- En parlant des rêves du peuple corse, justement, pour de nombreux politiciens, 2024 sera l’année de l'autonomie. Selon Gilles Simeoni, président de l’exécutif, celle-ci « devra répondre aux attentes et aux urgences du quotidien des Corses ». Vous qui parcourez régulièrement l’île et qui rencontrez chaque jour beaucoup d’insulaires, quels seraient, à votre avis, leurs besoins urgents ?
- Je pense qu’en premier lieu, ce peuple a besoin de vivre en paix. Selon la tradition biblique, lorsqu’un olivier peut tenir pendant des siècles, cela signifie qu’il y a eu des périodes de paix. Je pense que la Corse doit d’abord avoir la paix et vivre en paix. Ensuite, du point de vue social, la Corse doit retrouver son autonomie, sa liberté et sa capacité à gérer sa vie politique, économique, culturelle et même sanitaire, à tous les niveaux. Par conséquent, il y a des défis à relever. Cependant, la politique n’est pas mon domaine ; ce sont les politiciens qui doivent avoir les solutions. Ils ont été élus par le peuple, mais, moi, je pense que la Corse a avant tout besoin de retrouver la paix et la fierté de vivre ensemble. La Corse a aussi besoin de projets : des rêves qui la font bouger et l’incitent à avancer. J’y crois vraiment.
- Comment l'Église peut aborder les enjeux urgents auxquels la Corse est confrontée, et quel rôle peut-elle jouer dans la résolution de ces défis au niveau spirituel et social ?
- Je crois que l'Église doit contribuer à sa manière. L'Église n'est pas une institution politique. L'Église est une institution spirituelle, mais elle vit dans la société donc elle doit contribuer à apporter à cette société l'espérance, la paix et la joie. Donc moi, avec mes prêtres, avec les diacres, avec les confréries, avec les catéchistes, avec tous ceux qui ont des responsabilités, nous devons travailler pour être un soutien, pour former, quelque part un corps intermédiaire. Il y a les politiques qui ont été élus pour gouverner, il y a la base, et il y a des corps intermédiaires pour apporter à la société une solidité, et moi, je crois beaucoup à l'espérance.
Je ne crois pas que le but d’un peuple soit d’être gouverné par des élus et celui des élus soit simplement de gérer. Gérer, c’est important, mais ensuite il faut montrer une voie, un objectif, faire en sorte que les gens aillent quelque part. Le peuple corse possède un potentiel ; je le répète souvent. Il est donc important qu’il puisse aller de l’avant et trouver son autonomie.
- La Corse, tout comme le reste du pays, est confrontée à des problèmes d'immigration, de drogue, au recul de la foi et de certaines valeurs. Des voix s'élèvent "pour défendre l'héritage culturel et chrétien de l'île", qu'ils estiment "menacé". Face à cette situation, comment envisagez-vous que l'île puisse concilier la préservation de ses traditions tout en s'ouvrant à la diversité ?
- Un chrétien, un catholique, il est universel. Un catholique ne se renferme pas. Il n'est pas hermétique. Un catholique est ouvert, intelligent et il a en lui l'esprit de l'authenticité et de la mission. Un catholique est capable de communiquer, il est capable de tisser des liens, il est capable aussi d'avoir une intelligence sociale et une intelligence aussi relationnelle. Moi, je crois que les valeurs du catholicisme sont des valeurs, et d'ailleurs l'évangile dit clairement "ne jugez pas, ne condamnez pas. Aimez, pardonnez". Ce sont des valeurs qui vont structurer un peuple et qui vont l'ouvrir vers l'universel.
- C’est un peu le contraire de la xénophobie et de la peur de l’autre, de celui qui vient de l’extérieur ou de l’étranger…
- En Occident, la crainte ressentie par certaines personnes dans certains milieux est un mauvais conseiller. L’amour, lui, doit être au cœur de la vie et non la peur.
- Quatre mois après votre création comme cardinal, connaissez-vous mieux les tâches qui vous attendent et qui vous ont été confiées par le Pape ?
- La première tâche qu'il m' a confiée c'est la Corse, c'est mon diocèse. Après, il y a une autre tâche qui m'a été confiée par le Saint-Père, c'est ce qu'on appelle le dicastère pour le clergé qui s’occupe de tout ce qui concerne les prêtres et les diacres du clergé diocésain concernant leur personne, leur ministère pastoral et ce qui est nécessaire à son exercice. Quand on parle des prêtres, on tend à avoir une vision occidentale. Or, en Afrique, en Asie et en Amérique, les problèmes ne sont pas les mêmes. Dans ma responsabilité romaine et catholique, je dois donc tenir compte des cultures, des traditions et des défis différents de chaque prêtre.
- Un dernier mot pour nos lecteurs qui vous ont donc désigné personnalité de l'année 2023....
- Écoutez, moi, je leur dis ma reconnaissance. C’est très touchant. J’étais vraiment impressionné. Et comme je le dis souvent en public, quand on te fait confiance, tu ne peux pas décevoir. Tu dois être responsable, il faut que tu donnes le meilleur de toi-même, et tu dois sortir des meilleures choses qui sont en toi. C’est ma responsabilité, alors, je voudrais dire un grand merci à tous vos lecteurs pour leur confiance, et je voudrais aussi ajouter que je me donnerai jusqu’au bout.
- Elle m'a apporté beaucoup de joie, elle m'a apporté la grâce quand même de vivre ce que je vis avec beaucoup de passion, et avec le soutien d'un peuple, et pour moi ça c'est unique. Quand on est évêque, on est nommé quelque part, c'est plonger dans la vie de ce peuple et dans l'histoire de ce peuple, dans les rêves de ce peuple. C'est une manière magnifique pour moi de répondre à l'appel de Dieu et de répondre aussi à l'appel de mon peuple.
- En parlant des rêves du peuple corse, justement, pour de nombreux politiciens, 2024 sera l’année de l'autonomie. Selon Gilles Simeoni, président de l’exécutif, celle-ci « devra répondre aux attentes et aux urgences du quotidien des Corses ». Vous qui parcourez régulièrement l’île et qui rencontrez chaque jour beaucoup d’insulaires, quels seraient, à votre avis, leurs besoins urgents ?
- Je pense qu’en premier lieu, ce peuple a besoin de vivre en paix. Selon la tradition biblique, lorsqu’un olivier peut tenir pendant des siècles, cela signifie qu’il y a eu des périodes de paix. Je pense que la Corse doit d’abord avoir la paix et vivre en paix. Ensuite, du point de vue social, la Corse doit retrouver son autonomie, sa liberté et sa capacité à gérer sa vie politique, économique, culturelle et même sanitaire, à tous les niveaux. Par conséquent, il y a des défis à relever. Cependant, la politique n’est pas mon domaine ; ce sont les politiciens qui doivent avoir les solutions. Ils ont été élus par le peuple, mais, moi, je pense que la Corse a avant tout besoin de retrouver la paix et la fierté de vivre ensemble. La Corse a aussi besoin de projets : des rêves qui la font bouger et l’incitent à avancer. J’y crois vraiment.
- Comment l'Église peut aborder les enjeux urgents auxquels la Corse est confrontée, et quel rôle peut-elle jouer dans la résolution de ces défis au niveau spirituel et social ?
- Je crois que l'Église doit contribuer à sa manière. L'Église n'est pas une institution politique. L'Église est une institution spirituelle, mais elle vit dans la société donc elle doit contribuer à apporter à cette société l'espérance, la paix et la joie. Donc moi, avec mes prêtres, avec les diacres, avec les confréries, avec les catéchistes, avec tous ceux qui ont des responsabilités, nous devons travailler pour être un soutien, pour former, quelque part un corps intermédiaire. Il y a les politiques qui ont été élus pour gouverner, il y a la base, et il y a des corps intermédiaires pour apporter à la société une solidité, et moi, je crois beaucoup à l'espérance.
Je ne crois pas que le but d’un peuple soit d’être gouverné par des élus et celui des élus soit simplement de gérer. Gérer, c’est important, mais ensuite il faut montrer une voie, un objectif, faire en sorte que les gens aillent quelque part. Le peuple corse possède un potentiel ; je le répète souvent. Il est donc important qu’il puisse aller de l’avant et trouver son autonomie.
- La Corse, tout comme le reste du pays, est confrontée à des problèmes d'immigration, de drogue, au recul de la foi et de certaines valeurs. Des voix s'élèvent "pour défendre l'héritage culturel et chrétien de l'île", qu'ils estiment "menacé". Face à cette situation, comment envisagez-vous que l'île puisse concilier la préservation de ses traditions tout en s'ouvrant à la diversité ?
- Un chrétien, un catholique, il est universel. Un catholique ne se renferme pas. Il n'est pas hermétique. Un catholique est ouvert, intelligent et il a en lui l'esprit de l'authenticité et de la mission. Un catholique est capable de communiquer, il est capable de tisser des liens, il est capable aussi d'avoir une intelligence sociale et une intelligence aussi relationnelle. Moi, je crois que les valeurs du catholicisme sont des valeurs, et d'ailleurs l'évangile dit clairement "ne jugez pas, ne condamnez pas. Aimez, pardonnez". Ce sont des valeurs qui vont structurer un peuple et qui vont l'ouvrir vers l'universel.
- C’est un peu le contraire de la xénophobie et de la peur de l’autre, de celui qui vient de l’extérieur ou de l’étranger…
- En Occident, la crainte ressentie par certaines personnes dans certains milieux est un mauvais conseiller. L’amour, lui, doit être au cœur de la vie et non la peur.
- Quatre mois après votre création comme cardinal, connaissez-vous mieux les tâches qui vous attendent et qui vous ont été confiées par le Pape ?
- La première tâche qu'il m' a confiée c'est la Corse, c'est mon diocèse. Après, il y a une autre tâche qui m'a été confiée par le Saint-Père, c'est ce qu'on appelle le dicastère pour le clergé qui s’occupe de tout ce qui concerne les prêtres et les diacres du clergé diocésain concernant leur personne, leur ministère pastoral et ce qui est nécessaire à son exercice. Quand on parle des prêtres, on tend à avoir une vision occidentale. Or, en Afrique, en Asie et en Amérique, les problèmes ne sont pas les mêmes. Dans ma responsabilité romaine et catholique, je dois donc tenir compte des cultures, des traditions et des défis différents de chaque prêtre.
- Un dernier mot pour nos lecteurs qui vous ont donc désigné personnalité de l'année 2023....
- Écoutez, moi, je leur dis ma reconnaissance. C’est très touchant. J’étais vraiment impressionné. Et comme je le dis souvent en public, quand on te fait confiance, tu ne peux pas décevoir. Tu dois être responsable, il faut que tu donnes le meilleur de toi-même, et tu dois sortir des meilleures choses qui sont en toi. C’est ma responsabilité, alors, je voudrais dire un grand merci à tous vos lecteurs pour leur confiance, et je voudrais aussi ajouter que je me donnerai jusqu’au bout.
La remise du bandeau corse d'or de Gabriel Diana