Ciblé par un article du Canard Enchaîné publié ce mercredi, Gilles Simeoni a souhaité "rétablir certaines vérités" face à la "gravité des mises en cause dont il fait l'objet"
« Simeoni s’invite à la table du Petit Bar ». C’est le titre d’un article paru dans le Canard Enchaîné de ce mercredi, dans lequel l’hebdomadaire satirique vient remettre en cause les circonstances qui auraient entouré la préemption d’une parcelle sur l’île de Cavallo par la Collectivité de Corse en 2018 pour 2 millions d’euros, n’hésitant pas à cibler la probité du président de l’Exécutif.
Pointant en effet « de drôles de liens entre le président de l’Exécutif corse et le célèbre gang mafieux », le journal cite à l’appui un rapport d’observations de la Chambre Régionale des Comptes (CRC) relatif à l’action pour la prévention des risques et la protection environnementale du littoral de la Corse pour les exercices 2018 et suivants, qui était à l’ordre du jour de la session de ce jeudi. L’occasion pour Gilles Simeoni de faire une mise au point cinglante.
Soulignant que « de façon inattendue » l’institution « a consacré près d’un tiers de son document » à ce dossier, il a rappelé les raisons qui ont conduit la CdC à exercer son droit de préemption sur une île qui « a été pendant des décennies le symbole et l’archétype de la spéculation foncière et immobilière, de l’exclusion sociale et des opérations et des transactions financières occultes via des sociétés écran ». « Je suis en désaccord avec l’essentiel de l’analyse de la CRC car elle se situe exclusivement dans une approche sectorisée, compartimentée et technique de chacune des problématiques soulevées par notre décision de préemption sans jamais resituer celle-ci dans le contexte historique et politique qui l’a fait naitre », a-t-il argué rappelant en quoi cette opération était « essentielle au plan politique ».
Pointant en effet « de drôles de liens entre le président de l’Exécutif corse et le célèbre gang mafieux », le journal cite à l’appui un rapport d’observations de la Chambre Régionale des Comptes (CRC) relatif à l’action pour la prévention des risques et la protection environnementale du littoral de la Corse pour les exercices 2018 et suivants, qui était à l’ordre du jour de la session de ce jeudi. L’occasion pour Gilles Simeoni de faire une mise au point cinglante.
Soulignant que « de façon inattendue » l’institution « a consacré près d’un tiers de son document » à ce dossier, il a rappelé les raisons qui ont conduit la CdC à exercer son droit de préemption sur une île qui « a été pendant des décennies le symbole et l’archétype de la spéculation foncière et immobilière, de l’exclusion sociale et des opérations et des transactions financières occultes via des sociétés écran ». « Je suis en désaccord avec l’essentiel de l’analyse de la CRC car elle se situe exclusivement dans une approche sectorisée, compartimentée et technique de chacune des problématiques soulevées par notre décision de préemption sans jamais resituer celle-ci dans le contexte historique et politique qui l’a fait naitre », a-t-il argué rappelant en quoi cette opération était « essentielle au plan politique ».
Un terrain de 3,3 hectares situés sur l’île de Cavallo a-t-il été payé 30 fois trop cher par la collectivité corse, présidée par Gilles Simeoni ? La justice enquête sur la vente de ce lopin acheté à prix ultra-fort à des proches du grand banditisme…
➡️https://t.co/Tpwe6OBCXa pic.twitter.com/1t9Vw6879R
— Le Canard enchaîné (@canardenchaine) January 31, 2024
"Une crapulerie, une infamie, et peut-être même une barbouzerie"
« Certaines interprétations erronées qu’a pu faire la CRC ont conduit à des interprétations publiques qui vont au-delà d’un simple désaccord technique voire politique. Dès lors que ces mises en cause publiques ont revêtu une importance et une gravité qui ont légitimement interpellé l’opinion publique, je me dois de rétablir un certain nombre de vérités avec la solennité qu’appelle la gravité de la mise en cause dont j’ai fait l’objet », a-t-il sifflé avant de fustiger l’article du Canard Enchaîné : « Je considère qu’il n’est pas possible de laisser passer cela sans rien dire, d’abord pour moi car je suis mis en cause personnellement, puis pour la fonction car c’est celle de président de l’Exécutif de Corse qui est mise en cause, et enfin et surtout pour l’institution dont nous sommes parties car les éléments auxquels fait référence cet article de presse ont tous été débattus, validés et votés par l’Assemblée. Venir dire qu’ils sont constitutifs d’une dérive ou d’une malhonnêteté c’est venir dire que la CdC a manqué à ses obligations, à sa mission et à son devoir qui sont de défendre l’intérêt général, et ce n’est pas possible ! ». Et de citer l’article de presse : « À la lecture du rapport de la CRC publié le 15 janvier, (…) des esprits malintentionnés pourraient douter de la sincérité du bonhomme (ndlr : Gilles Simeoni). À commencer par les magistrats du parquet de Bastia, qui, selon les infos du « Canard », s’intéressent de près audit rapport. Et pour cause : la seule acquisition foncière de la collectivité territoriale s’est effectuée dans des conditions aussi étranges que bizarres, au profit du grand banditisme. Avec Simeoni à la manœuvre ». « Si cet article dit vrai, je ne dois pas rester dans les fonctions qui sont les miennes. Si cet article est une crapulerie, une infamie, et peut-être même une barbouzerie, je dois le dire devant les Corses, et celles et ceux qui l’ont écrit ou inspiré, doivent l’assumer et en répondre. Lorsqu’une décision est prise par la CdC, et notamment dans le cas d’une préemption, elle est prise par rapport à des règles de droit et pour un objectif politique », a-t-il tonné, « Là comme ailleurs, je défends l’intérêt de la Corse et des Corses ». Dans cette optique il démonte une à une les diverses accusations portées par le journal satirique. Là où l’article accuse la CdC d’avoir acheté la parcelle à un « prix surpayé au profit du grand banditisme » il répond : « Mes services se sont livrés à une analyse du prix moyen du terrain non bâti à Cavallo : c’est 120 euros le m2. Nous avons payé 60 euros le m2. Venir dire dans un article que sous le contrôle de l’Assemblée de Corse que j’ai payé 60euros le mètre carré là où j’aurais dû payer 2euros c’est une crapulerie ! ». Dans ce droit fil, le président réfute aussi l’accusation de non-encaissement par la CdC des loyers du restaurant présent sur la parcelle : « Il y a une situation complexe, il y a des intervenants et des personnes morales que je ne connais pas, je ne souhaite pas que la CdC perçoive ces loyers et les intègre dans son budget et je souhaite les consigner ». « J’ai appliqué le droit, de A à Z. Et ceux qui n’ont pas appliqué le droit et qui sont pourtant en charge de le faire ne sont pas cités une seule fois dans cet article », résume-t-il le visage fermé en dénonçant un « article scandaleux » , avant de conclure en martelant : « Je le dis : personne ne nous tient le bras ! ».
Un article scandaleux m'accuse, et à travers moi, les institutions de la Corse, d'avoir préempté en 2018 un terrain sur l'île de Cavaddu, bastion historique du non droit et de la spéculation, "au profit du grand banditisme".
Ma réponse à cette infamie ⤵️https://t.co/xLUb2N7wE8
— Gilles Simeoni (@Gilles_Simeoni) February 1, 2024
Un soutien unanime de l'opposition
Au terme de cette mise au point, le président de l’Exécutif a reçu un soutien unanime de l’opposition. « On ne vous ménage pas souvent du point de vue politique. Sur ce sujet on ne vous a pas préservé. Mais cet article est d’abord contraire à la déontologie journalistique. C’est ensuite une injure faite à notre institution, et on le dit d’autant plus qu’on ne vous a pas accompagné du point de vue politique sur ce sujet. C’est surtout je crois une insulte faite à votre honneur », a ainsi déploré Jean-Martin Mondoloni, assurant de la compassion de son groupe Un Soffiu Novu. « Notre groupe est opposé à l’actuelle majorité mais est-ce que l’on croit une seconde le président de l’Exécutif capable des horreurs que décrit cet article ? C’est non, ce n’est pas possible ! Nous ne croyons pas un traitre mot de cet article », a pour sa part lancé Jean-Christophe Angelini, le leader d’Avanzemu tandis que Jean-Baptiste Arena pour Core in Fronte, et le non-inscrit Pierre Ghionga ont assuré Gilles Simeoni de leur soutien.
« Nous sommes très choqués par l’article qui a été produit et nous récusons son contenu. Nous sommes à travers cet article tous attaqués », a de son côté soufflé Marie-Antoinette Maupertuis, la président de l’Assemblée de Corse, en ajoutant : « Nous sommes attachés à la liberté de la presse, mais dans le contexte actuel un tel article est scandaleux du point de vue du fond, mais il est aussi dangereux car il désigne le président de l’Exécutif comme une cible potentielle car il aurait potentiellement favorisé des personnes par rapport à d’autres ». « Nous avons le devoir de vous soutenir jusqu’au bout, y compris si vous intentez une action juridique pour la bonne et simple raison que notre institution est attaquée à travers votre personne », a encore tonné le président de Fà Populu Inseme, Jean Biancucci, proposant « de ne pas en rester là ». Dans ce droit fil, il a proposé de porter à l’ordre du jour de l’Assemblée une motion de soutien au président de l’Exécutif qui pourrait être votée demain.
Enfin, toujours sur les bancs de la majorité, le député Jean-Félix Acquaviva s’est interrogé sur « l’intention » de cet article. « Il démontre le mensonge avéré, la volonté de nuire personnellement, à l’institution, aux Corses en général, sur fond de discussions sur l’autonomie. Je crois que cela doit nous interpeller. Plus nous cheminons sur la voie d’un accord sur l’avenir de long terme de la Corse sur le plan institutionnel, social et culturel, plus des réseaux s’agitent et tous les coups bas politiques et moraux peuvent être permis », a-t-il instillé.
Au terme de cette mise au point, le président de l’Exécutif a reçu un soutien unanime de l’opposition. « On ne vous ménage pas souvent du point de vue politique. Sur ce sujet on ne vous a pas préservé. Mais cet article est d’abord contraire à la déontologie journalistique. C’est ensuite une injure faite à notre institution, et on le dit d’autant plus qu’on ne vous a pas accompagné du point de vue politique sur ce sujet. C’est surtout je crois une insulte faite à votre honneur », a ainsi déploré Jean-Martin Mondoloni, assurant de la compassion de son groupe Un Soffiu Novu. « Notre groupe est opposé à l’actuelle majorité mais est-ce que l’on croit une seconde le président de l’Exécutif capable des horreurs que décrit cet article ? C’est non, ce n’est pas possible ! Nous ne croyons pas un traitre mot de cet article », a pour sa part lancé Jean-Christophe Angelini, le leader d’Avanzemu tandis que Jean-Baptiste Arena pour Core in Fronte, et le non-inscrit Pierre Ghionga ont assuré Gilles Simeoni de leur soutien.
« Nous sommes très choqués par l’article qui a été produit et nous récusons son contenu. Nous sommes à travers cet article tous attaqués », a de son côté soufflé Marie-Antoinette Maupertuis, la président de l’Assemblée de Corse, en ajoutant : « Nous sommes attachés à la liberté de la presse, mais dans le contexte actuel un tel article est scandaleux du point de vue du fond, mais il est aussi dangereux car il désigne le président de l’Exécutif comme une cible potentielle car il aurait potentiellement favorisé des personnes par rapport à d’autres ». « Nous avons le devoir de vous soutenir jusqu’au bout, y compris si vous intentez une action juridique pour la bonne et simple raison que notre institution est attaquée à travers votre personne », a encore tonné le président de Fà Populu Inseme, Jean Biancucci, proposant « de ne pas en rester là ». Dans ce droit fil, il a proposé de porter à l’ordre du jour de l’Assemblée une motion de soutien au président de l’Exécutif qui pourrait être votée demain.
Enfin, toujours sur les bancs de la majorité, le député Jean-Félix Acquaviva s’est interrogé sur « l’intention » de cet article. « Il démontre le mensonge avéré, la volonté de nuire personnellement, à l’institution, aux Corses en général, sur fond de discussions sur l’autonomie. Je crois que cela doit nous interpeller. Plus nous cheminons sur la voie d’un accord sur l’avenir de long terme de la Corse sur le plan institutionnel, social et culturel, plus des réseaux s’agitent et tous les coups bas politiques et moraux peuvent être permis », a-t-il instillé.
Pour a Maffia no, a vita iè "le ciblage sur la collusion entre le président de l’exécutif et la mafia est très préjudiciable pour le combat anti-mafia"
Plus tôt dans la journée, le collectif a Maffia no, a vita iè avait lui aussi réagit à l’article du Canard Enchaîné. Tout en défendant la liberté de la presse, dans un communiqué, il avait en effet regretté « la lourde mise en cause de l’intégrité de Gilles Simeoni ». « Nous affirmons que lors de toutes nos réunions communes, le Président Simeoni a toujours mis en avant, comme gage de sa volonté de s’opposer aux pressions mafieuses, cette procédure de préemption sur une île de Cavallo si emblématique de l’emprise mafieuse que subit la Corse. C’est donc un comble que de dénaturer cette démarche en semant le doute sur l’intégrité du président territorial », a-t-il ainsi souligné en insistant : « En tant que lanceurs d’alerte, nous affirmons que le ciblage sur la collusion entre le président de l’exécutif et la mafia ne repose sur aucun fait et est très préjudiciable pour le combat anti-mafia. Ces approches mettent en péril la crédibilité de notre démarche au moment où la Collectivité de Corse, en partenariat avec de nombreuses associations, va proposer des mesures contre les lobbying mafieux ».