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Commission Colonna : Polémique entre Gérald Darmanin et Jean-Félix Acquaviva sur l’audition de Jean Castex


Nicole Mari le Mercredi 26 Avril 2023 à 21:56

Après l’audition houleuse, le 9 mars dernier, de l’ex-Premier ministre Jean Castex par la Commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur l'assassinat d'Yvan Colonna, le ministre de l’Intérieur a demandé par courrier des comptes au député Jean-Félix Acquaviva, président de la Commission, et les preuves des accusations formulées. Le député nationaliste corse confirme sereinement ces propos et s’étonne de l’ignorance du ministre face à qu’il appelle « des évidences ».



Jean-Félix Acquaviva, député de la 2nde circonscription de Haute-Corse, président de la Commission d’enquête parlementaire sur l’assassinat d’Yvan Colonna.
Jean-Félix Acquaviva, député de la 2nde circonscription de Haute-Corse, président de la Commission d’enquête parlementaire sur l’assassinat d’Yvan Colonna.
« Je suis serein ». Jean-Félix Acquaviva, député de la 2nde circonscription de Haute-Corse, président de la Commission d’enquête parlementaire sur l’assassinat d’Yvan Colonna, ne cache pas son étonnement en évoquant le courrier qu’il a reçu du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, suite à l’audition de l’ex-Premier ministre Jean Castex, le 9 mars dernier. Une audition particulièrement houleuse entre l’ancien locataire de Matignon, en poste au moment de l’assassinat d’Yvan Colonna par un détenu islamiste radicalisé Frank Elong Abe, le 2 mars 2022, à la maison centrale d’Arles, et le député nationaliste sur le maintien du statut de Détenu Particulièrement Signalé (DPS) auquel le commando Erignac était toujours soumis et qui empêchait son rapprochement en Corse. « En raison de l’obligation de déport à laquelle était et reste astreint le Garde des Sceaux, vous êtes à la fois le dernier responsable à avoir maintenu le statut de DPS d’Yvan Colonna, et le seul à l’avoir levé, par la force des choses », avait-il asséné en pointant des décisions qui « interrogent ». Jean Castex avait riposté sans ciller qu’il « n’y a jamais eu en aucun cas la recherche de vengeance d’État, mais l’application de texte » et qu’il n’avait « jamais été, ni de près ni de loin, l’instrument d’un moindre complot. (…), jamais je n’aurais pu le tolérer, car c’eut été un grave abaissement de l’État ». Des dénégations pas convaincantes pour le député corse pour qui le maintien en DPS et le refus du transfert à Borgu obéissaient à une gestion politique et à « une promesse de ne pas le faire, en raison du traumatisme de l’assassinat du préfet Erignac ». Avant de tonner : « Le lendemain du drame, nous avons été en possession de messages de préfets en exercice, qui disent qu’il fallait décorer Elong Abe, qu’il avait fait ce qui aurait dû être fait il y a longtemps. Vous entendez ce que je dis ? Cette haine a existé. Le dire, c’est rendre la dignité à la famille d’Yvan Colonna ». Estimant cette accusation « particulièrement grave », le ministre de l’Intérieur a adressé au député corse un courrier daté du 14 avril, lui demandant d’apporter les preuves, considérant « qu'il est indispensable de savoir ce qu'il en est réellement ».
 
La découverte d’une évidence
« Je prends acte du courrier et je confirme mes propos », réagit Jean-Félix Acquaviva. Le député corse reste droit dans ses bottes sur ce qu’il a pu dire le jour de l’audition de Jean Castex. « J’ai cité les messages à titre d’exemple, de manière spontanée. Cet élément s’additionne à d’autres éléments factuels qui ont été révélés lors des différentes auditions et qui confirment la gestion particulière et politique du statut de DPS des trois membres du commando Erignac ». A Gérald Darmanin qui veut « savoir ce qu'il en est réellement », il rétorque : « Le ministère de l’Intérieur a la capacité technique et politique de savoir ce qu’il en est des messages téléphoniques, s’il veut investiguer ». Le député s’étonne également qu’au-delà de la lettre, les ministres qu’ils croisent souvent en tant que parlementaire dans les couloirs de l’Assemblée nationale ne soient pas venus l’interroger. « En tant que président de la Commission d’enquête parlementaire, si Monsieur le ministre veut me voir pour qu’on en discute, il n’y a aucun problème ! ». Jean-Félix Acquaviva fait remarquer que la Commission d’enquête parlementaire n’a pas terminé ses travaux. « C’est dans le cadre de cette Commission d’enquête parlementaire en cours qu’usant de mes prérogatives de président de la Commission d’enquête, je mène ces travaux avec le rapporteur. C’est dans ce cadre-là que j’ai tenu ces propos et que je déciderais de la suite à donner au courrier ministériel. Le gouvernement doit prendre en compte ce processus qui est issu du Parlement et qui va déboucher sur des conclusions et un rapport qui précisera tous ces éléments et la genèse de l’acte ». Enfin, le député nationaliste rappelle que « faire toute la lumière sur l’assassinat d’Yvan Colonna s’inscrit pleinement dans l’engagement de « Justice et Vérité » pris par le gouvernement dans le cadre du processus de négociation ». Et de commenter « Peut-être que le ministère découvre quelque chose qui était une évidence pour l’ensemble de la société Corse, un certain nombre de juristes et les associations de défense des droits de l’Homme, cette haine de l’État et d’une partie de la Haute-administration - je ne mets pas tous les préfets et toute la Haute-administration dans le même sac – qui a empêché le rapprochement. On échangera dans le cadre de la Commission parlementaire pour apporter des éclaircissements ».
 
N.M.