À l'occasion de son 40ème anniversaire, Corse Composites Aéronautiques recevait ce vendredi matin la visite de nombreux officiels à l'instar du président de l'Exécutif, Gilles Simeoni, du président de l'Adec, Alex Vinciguerra, et du maire d'Ajaccio, Stéphane Sbraggia (Photo : Paule Santoni)
- Vous fêtez ce vendredi les 40 ans de Corse Composites Aéronautiques. Un cap important ?
- Oui, c'est un cap important. Nous avons rassemblé l'ensemble des gros clients de Corse Composites Aéronautiques, des partenaires et les actionnaires de l'entreprise également pour bien évidemment fêter les 40 ans, mais surtout montrer la transformation que nous venons de faire du site d’Ajaccio pour en faire le pôle d'excellence de notre groupe. Nous avons fait de très gros investissements ces deux dernières années.
- Justement, au cours des deux dernières années le secteur de l’aéronautique a connu un certain ralentissement du fait notamment de la crise COVID. Corse Composites Aéronautiques fait donc le pari d'investir dans ce site d'Ajaccio pour se relancer ?
- Tout à fait. La crise COVID a impacté l'activité aéronautique en 2020 et 2021 de manière très très forte. Nous avons perdu pratiquement la moitié de notre activité pendant deux ans. La pérennité de l'entreprise était en jeu. Nous avons bâti un plan stratégique pour traverser la crise et pour en sortir plus fort. Aujourd'hui, nous avons montré à l'ensemble de nos invités la transformation que l'on a fait du site d'Ajaccio : au lieu d'un site de production, c’est devenu notre pôle d'excellence, c'est-à-dire que nous avons beaucoup investi ces deux dernières années dans des moyens digitaux, de la robotisation, du bureau d'études, pour faire de site d'Ajaccio le pôle du groupe qui développe des solutions techniques, des pièces, qui les met au point, qui les certifie et ensuite, nous les faisons produire soit dans le pôle aéronautique, soit dans notre filiale en Tunisie. Nous préparons les prochains programmes avions qui seront lancés par Boeing et/ou Airbus d'ici à peu près deux ou trois ans. Dans ce cadre, nous avons beaucoup robotisé nos processus parce que nous pensons que les prochains programmes seront lancés pour des hypothèses de cadence d'à peu près 100 avions par mois. Et lorsqu'on sera sur de telles hypothèses, si on ne robotise pas notre processus de production, on ne répondra pas aux besoins des clients.
- Aujourd'hui, le secteur de l'aéronautique va-t-il mieux ? Comment Corse Composite Aéronautique tire son épingle du jeu au milieu des autres acteurs ?
- Oui et non. Le secteur aéronautique est sorti d'une crise de la demande, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, les compagnies aériennes demandent des avions neufs alors qu'il y a quelque temps, elles n'en avaient plus besoin. Par contre, aujourd'hui, on a une vraie crise de l'offre. Airbus, Boeing et la supply chain dont on fait partie, ne sont pas à même de repartir, de remonter en cadence pour livrer les besoins qui sont demandés. Donc la supply chain aéronautique ne va pas bien aujourd'hui, elle est vraiment convalescente. C'est un petit peu la particularité de notre site, c'est-à-dire que nous nous sommes préparés au rebond et nous espérons bien aujourd'hui que ce que les clients ont vu de notre entreprise leur donnera l’idée de nous questionner pour qu'on les aide à monter en cadence.
- Il y a un autre grand défi auquel vous devez faire face aujourd'hui, c'est celui d’adapter votre activité aux nouvelles exigences environnementales. Comment cela se passe-t-il ?
- Là- dessus, nous avons plutôt de la chance, parce que pour faire des avions plus verts, on doit faire des avions plus légers. Et cela tombe très bien parce que notre activité, le composite, vise justement à alléger les avions qui auparavant étaient dans des matériaux métalliques. De plus en plus, l'aéronautique utilise des pièces en composites et notre core business c'est vraiment de développer des pièces en matériaux composites et les produire ensuite. Donc, on est plutôt bien placé dans la course au verdissement de l'aéronautique.
- Lancer une industrie tel que Corse Composites Aéronautiques en Corse il y a 40 ans était un pari osé. Quelle a été la clef du succès ?
- C'était un pari très, très osé en 1983. L'entreprise a vécu pendant dix ans à peu près correctement, mais sans beaucoup se poser de questions, puis elle aurait dû disparaître car on était complètement déconnecté du prix du marché. Donc il a fallu bâtir une vraie stratégie de positionnement et nous avons fait plusieurs choix. Le premier, c'est de se positionner en ce que l'on appelle un concepteur de solution, c'est-à-dire que la valeur ajoutée de l'entreprise n'est pas de fabriquer les pièces, c'est de les concevoir. À Ajaccio, avec notre bureau d'études, nous concevons des pièces, nous les testons, nous les certifions et ensuite nous les produisons. Ce positionnement nous a conduit tout de suite très haut, derrière les gros avionneurs. Le deuxième choix stratégique a été de développer un pôle aéronautique autour de CCA, le Pôle des Industries Aéronautiques Corse, dont je suis le président. Le troisième choix stratégique, a été de développer notre propre source best cost dans un pays à bas coût, avec une filiale en Tunisie. Et dernièrement, le choix stratégique que nous venons de faire c'est d'investir fortement alors qu'on est en en pleine crise pour être prêt pour le rebond. On a investi à peu près 10 millions d'euros sur le site d'Ajaccio ces deux dernières années. Aujourd'hui, il faut bien reconnaître que nous sommes très crédibles sur le marché aéronautique. Notre plus petit concurrent est 20 fois plus gros que nous et c'est notre seul concurrent sur le sol français. Et l'intérêt aujourd'hui d'Ajaccio, c'est la compétence que nous avons acquise ces 40 dernières années et qui est reconnue sur le développement de pièces en composite. C'est cela qui fait la richesse du site d'Ajaccio.
- Dans une île qui a quand même des ressources humaines assez limitées, comment vous adaptez vous au défi du recrutement ?
- Pour la partie des opérateurs de production, nous avons notre propre école interne et nous arrivons à trouver ici localement ce qu'il nous faut. En revanche, les techniciens et ingénieurs sont très recherchés sur le marché. Aujourd'hui, le recrutement est une problématique énorme, mais pour nos partenaires sur le continent également et pas que dans notre domaine d'activité. Nous avons des partenariats, par exemple avec le lycée Laetitia qui forme de futurs jeunes ingénieurs, et avec des écoles d'ingénieurs sur le continent. Et nous essayons de faire connaître l'entreprise pour attirer de nouveaux talents. Aujourd'hui, nous avons une vingtaine de postes de commerciaux, d’ingénieurs, de techniciens et d’opérateurs techniciens pour l’atelier qui sont ouverts.
- Oui, c'est un cap important. Nous avons rassemblé l'ensemble des gros clients de Corse Composites Aéronautiques, des partenaires et les actionnaires de l'entreprise également pour bien évidemment fêter les 40 ans, mais surtout montrer la transformation que nous venons de faire du site d’Ajaccio pour en faire le pôle d'excellence de notre groupe. Nous avons fait de très gros investissements ces deux dernières années.
- Justement, au cours des deux dernières années le secteur de l’aéronautique a connu un certain ralentissement du fait notamment de la crise COVID. Corse Composites Aéronautiques fait donc le pari d'investir dans ce site d'Ajaccio pour se relancer ?
- Tout à fait. La crise COVID a impacté l'activité aéronautique en 2020 et 2021 de manière très très forte. Nous avons perdu pratiquement la moitié de notre activité pendant deux ans. La pérennité de l'entreprise était en jeu. Nous avons bâti un plan stratégique pour traverser la crise et pour en sortir plus fort. Aujourd'hui, nous avons montré à l'ensemble de nos invités la transformation que l'on a fait du site d'Ajaccio : au lieu d'un site de production, c’est devenu notre pôle d'excellence, c'est-à-dire que nous avons beaucoup investi ces deux dernières années dans des moyens digitaux, de la robotisation, du bureau d'études, pour faire de site d'Ajaccio le pôle du groupe qui développe des solutions techniques, des pièces, qui les met au point, qui les certifie et ensuite, nous les faisons produire soit dans le pôle aéronautique, soit dans notre filiale en Tunisie. Nous préparons les prochains programmes avions qui seront lancés par Boeing et/ou Airbus d'ici à peu près deux ou trois ans. Dans ce cadre, nous avons beaucoup robotisé nos processus parce que nous pensons que les prochains programmes seront lancés pour des hypothèses de cadence d'à peu près 100 avions par mois. Et lorsqu'on sera sur de telles hypothèses, si on ne robotise pas notre processus de production, on ne répondra pas aux besoins des clients.
- Aujourd'hui, le secteur de l'aéronautique va-t-il mieux ? Comment Corse Composite Aéronautique tire son épingle du jeu au milieu des autres acteurs ?
- Oui et non. Le secteur aéronautique est sorti d'une crise de la demande, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, les compagnies aériennes demandent des avions neufs alors qu'il y a quelque temps, elles n'en avaient plus besoin. Par contre, aujourd'hui, on a une vraie crise de l'offre. Airbus, Boeing et la supply chain dont on fait partie, ne sont pas à même de repartir, de remonter en cadence pour livrer les besoins qui sont demandés. Donc la supply chain aéronautique ne va pas bien aujourd'hui, elle est vraiment convalescente. C'est un petit peu la particularité de notre site, c'est-à-dire que nous nous sommes préparés au rebond et nous espérons bien aujourd'hui que ce que les clients ont vu de notre entreprise leur donnera l’idée de nous questionner pour qu'on les aide à monter en cadence.
- Il y a un autre grand défi auquel vous devez faire face aujourd'hui, c'est celui d’adapter votre activité aux nouvelles exigences environnementales. Comment cela se passe-t-il ?
- Là- dessus, nous avons plutôt de la chance, parce que pour faire des avions plus verts, on doit faire des avions plus légers. Et cela tombe très bien parce que notre activité, le composite, vise justement à alléger les avions qui auparavant étaient dans des matériaux métalliques. De plus en plus, l'aéronautique utilise des pièces en composites et notre core business c'est vraiment de développer des pièces en matériaux composites et les produire ensuite. Donc, on est plutôt bien placé dans la course au verdissement de l'aéronautique.
- Lancer une industrie tel que Corse Composites Aéronautiques en Corse il y a 40 ans était un pari osé. Quelle a été la clef du succès ?
- C'était un pari très, très osé en 1983. L'entreprise a vécu pendant dix ans à peu près correctement, mais sans beaucoup se poser de questions, puis elle aurait dû disparaître car on était complètement déconnecté du prix du marché. Donc il a fallu bâtir une vraie stratégie de positionnement et nous avons fait plusieurs choix. Le premier, c'est de se positionner en ce que l'on appelle un concepteur de solution, c'est-à-dire que la valeur ajoutée de l'entreprise n'est pas de fabriquer les pièces, c'est de les concevoir. À Ajaccio, avec notre bureau d'études, nous concevons des pièces, nous les testons, nous les certifions et ensuite nous les produisons. Ce positionnement nous a conduit tout de suite très haut, derrière les gros avionneurs. Le deuxième choix stratégique a été de développer un pôle aéronautique autour de CCA, le Pôle des Industries Aéronautiques Corse, dont je suis le président. Le troisième choix stratégique, a été de développer notre propre source best cost dans un pays à bas coût, avec une filiale en Tunisie. Et dernièrement, le choix stratégique que nous venons de faire c'est d'investir fortement alors qu'on est en en pleine crise pour être prêt pour le rebond. On a investi à peu près 10 millions d'euros sur le site d'Ajaccio ces deux dernières années. Aujourd'hui, il faut bien reconnaître que nous sommes très crédibles sur le marché aéronautique. Notre plus petit concurrent est 20 fois plus gros que nous et c'est notre seul concurrent sur le sol français. Et l'intérêt aujourd'hui d'Ajaccio, c'est la compétence que nous avons acquise ces 40 dernières années et qui est reconnue sur le développement de pièces en composite. C'est cela qui fait la richesse du site d'Ajaccio.
- Dans une île qui a quand même des ressources humaines assez limitées, comment vous adaptez vous au défi du recrutement ?
- Pour la partie des opérateurs de production, nous avons notre propre école interne et nous arrivons à trouver ici localement ce qu'il nous faut. En revanche, les techniciens et ingénieurs sont très recherchés sur le marché. Aujourd'hui, le recrutement est une problématique énorme, mais pour nos partenaires sur le continent également et pas que dans notre domaine d'activité. Nous avons des partenariats, par exemple avec le lycée Laetitia qui forme de futurs jeunes ingénieurs, et avec des écoles d'ingénieurs sur le continent. Et nous essayons de faire connaître l'entreprise pour attirer de nouveaux talents. Aujourd'hui, nous avons une vingtaine de postes de commerciaux, d’ingénieurs, de techniciens et d’opérateurs techniciens pour l’atelier qui sont ouverts.