Corse Net Infos - Pure player corse

Corte : quand l'Enjoy dit "Merci !" à Jacquie et Michel


Benjamin Bourgeois le Mercredi 20 Novembre 2019 à 18:00

La première soirée Jacquie et Michel qui a eu lieu ce mardi 19 novembre dans la boîte de nuit Enjoy à Corte, nous donne l'occasion de parler de pornographie, sujet qui en Corse demeure tabou malgré sa forte popularité sur le net... en l'occurrence le site de Jacquie et Michel est le numéro un en France.



D’après l’article d’Arnaud Gonzague publié le 6 Septembre 2015 dans ​L’obs​, Jacquie et Michel est une société qui prospère, revendiquant 10,5 millions d’euros de chiffre d’affaire et 3 millions de bénéfice, avec des vidéos visionnées entre 2 et 5 millions de fois (certaines allant même jusqu’à 15 millions de visionnages). Sa diversification, par le biais de dizaines de sous-traitants réalisateurs, de 25 sites internets, de la vente de produits dérivés et du “Jacquie et Michel Tour” qui les ont mené à Corte mardi, bâtie la part majeure de son profit, les vidéos, en partie payante, n’étant que peu téléchargées.


Ce succès commercial ainsi que cette popularité ne semblent cependant pas complètement assumés vis à vis de la société consommatrice corse. Il s’agit d’un thème dont on n’ose pas parler, considéré même déshonorant s’il se dévoile au grand jour. En vérité c’est qu’il n’y a pas grand chose à en dire mis à part qu’il n’aurait rien à y gagner à se révéler totalement.
En effet, si Jacquie et Michel a ce succès vis à vis des autres sites existants, c’est parce qu’il adopte un style particulier que l’on pourrait qualifier de “underground”, ou d’amateurisme.


Michel Houellebecq, considéré par certains comme un observateur acerbe de notre société, dans son livre​ La possibilité d’une île​ parle de la pornographie en ces termes :​ “Restait la pornographie, sur laquelle tout le monde s’était cassé les dents. La chose semble à présent résister à toute tentative de sophistication. Ni la virtuosité des mouvements de caméra, ni le raffinement des éclairages n’apportaient pas le moindre atout : ils semblaient au contraire constituer des handicaps.”​
Jacquie et Michel suit ce concept et se contente d’actrices et d’acteurs amateurs, d’une caméra discrète qui noue un dialogue avec ces-derniers qui font mine de se présenter. Pour satisfaire le voyeurisme les actrices ont un vrai travail, elles veulent essayer le porno “bénévolement”, par curiosité ou pour réaliser des fantasmes (bien qu’en réalité c’est l’intérêt pécuniaire qui est en jeu, évidemment) les lieux où se font les actions sont en apparences spontanés, retirés mais communs, comparables aux multiples espaces à l’abri des regards que l’on évite sans savoir.


Ce sens du secret et du voyeurisme, ce sentiment de l’action dissimulée, voilà la part la plus efficace de cet univers. C’est une question de point de vue, la pornographie se nourrit d’appréhensions, de curiosité, de dégoût peut-être, de fantasmes, ce pourquoi malgré la quantité grandissante de visiteurs, celle-ci a continué d’évoluer en catimini.
C’est peut-être le seul charme qu’on peut lui trouver.