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Cutuli e Curtichjati : Hommage à Jean Dominique « Mémé » Ferrandi


José Fanchi le Lundi 25 Août 2014 à 17:02

Dimanche, à Cutuli e Curtichjatu, s’est déroulée une manifestation du souvenir en hommage à Jean Dominique Ferrandi, grand résistant, mort sur les barricades de Paris au quartier des Halles le 25 août 1944, le jour même de la libération de la capitale



Né le 4 octobre 1904 à Cutuli e Curtichjatu, Jean Dominique Ferrandi était le fils de Jean-Antoine et de Barberine née Burelli. Aîné de sept enfants, il s’occupa de ses frères et sœurs tout au long de son adolescence et seconda sa mère. Il effectua ses études secondaires à Ajaccio et entra à l’Ecole Normale d’où il sortit avant 18 ans le plus jeune instituteur de Corse. Nommé à Casamaccioli, il fit venir une partie de sa famille sur place.

Grande maturité d’esprit, adulte et responsable, plein de générosité et d’humour, Mémé Ferrandi était toujours prêt à rendre service soit à sa famille soit aux habitants de Casamaccioli et ceux de son village natal, Cuttuli e Curtichjatu.

En quête d’idéal, d’une grande cause, c’est à cette époque qu’il adhéra au Parti Communiste créé depuis deux ans. Il fut ensuite nommé instituteur à Paris, près de chez lui, où il enseigna deux années durant. Ses anciens élèves se souviennent d’un homme affable, agréable, compétent et d’un grand humanisme.

En 1929, il épouse Toussainte Marie Leccia et l’année suivante, est nommé à Paris où il s’installe avec sa femme et sa fille Jeanne Antoinette. Il enseignera dans plusieurs écoles parisiennes et continuera de militer au Parti Communiste en pleine période du Front Populaire.

Les années de résistance
En automne 1938, il envoie sa femme et ses deux enfants en Corse, à Peri, où il les rejoint l’année suivante. Il est lors mobilisé à Ajaccio, Bastelica et Bonifacio. C’est à partir de là qu’il commence à résister à l’ennemi. 

En automne 1940 il rejoint son poste à Paris sous peine de révocation. Il espère cependant revenir en Corse, zone libre, pour rejoindre ses amis Benielli et Giovonni mais c’est son épouse qui le rejoint dans la capitale.

Il entre alors dans la clandestinité. Sa femme et ses filles restent longtemps sans nouvelles alors que la Gestapo et les policiers français viennent perquisitionner l’appartement familial à diverses reprises. Mémé Ferrandi est traqué et son domicile est surveillé par la police. 

Rédacteur du journal clandestin « l’Ecole Laïque », il est chargé, en juin 1943, de la reconstruction du syndicat national des instituteurs. En octobre, il montre à ses filles une minuscule coquille de noix reçue de Corse, à l’intérieur de laquelle, sur un minuscule papier de soie, une fine écriture annonce la libération de la Corse.

La vie est dure dans la clandestinité, Ferrandi fuit de cachette en cachette et sa femme vient le rejoindre comme agent de liaison sous le nom d’Andrée Rivière. Lui aussi adoptera plusieurs noms dans la clandestinité : Jean-Paul, Drouot, Bompart, Rondeau…Il continue ainsi sa vie de résistant traqué, crée des liens importants en banlieue et en province.            

Au cours du printemps 1944, un groupe de ses compagnons est arrêté mais, en retard, il échappe au piège tendu. Il vit alors dans une totale solitude, sans refuge, traqué. Il tient bon grâce à sa faculté d’écrire, à sa profonde philosophie. Le coupable qui a « donné » ses amis est découvert et dès lors Mémé retrouve sa place et se lance de nouveau dans l’action, acceptant des missions périlleuses.

Mortellement blessé sur une barricade
En mai, il est affecté dans les rangs des Franc Tireurs et Partisans Français. Il fut parmi les organisateurs du mémorable 14 juillet 1944 à Paris, manifestation sans précédant.

Après le débarquement allié, l’insurrection de Paris se prépare. Mémé Ferrandi fait partie du Comité Parisien de la Libération avec le grade de lieutenant major FFI. Il combat activement avec le bataillon responsable du quartier des Halles. Le dernier jour de la Libération, le 25 août, il est mortellement blessé sur une barricade. Il meurt le 26 août 1944 à l’hôpital Hôtel-Dieu. Il allait avoir 40 ans.

Voilà ce qu’il est advenu de ce courageux instituteur corse, résistant, tombé lors de la libération de Paris, qui mérite de donner son nom à l’école de Peri où il a enseigné.

Un exemple pour la jeunesse. Les Cuttolais lui ont rendu ce dimanche un vibrant hommage.

J. F.