« J’ai énormément de peine. J’ai été avec Edmond depuis le début. Je suis entré à l’ARC en 1971 pour des problèmes de transport maritime, mais, quand j’ai connu Edmond, tout a changé. Il m’a dit la vérité sur les relations entre la Corse et la France et je suis devenu militant. Depuis, nous avons mené toutes les luttes ensemble. Edmond, c’est un grand monsieur, un humaniste, un révolutionnaire. Il faisait l’admiration de beaucoup de gens. Je vais vous raconter une anecdote qui est ancrée en moi : au procès d’Aleria qui a duré presque deux mois, les premiers bancs étaient réservés aux magistrats et avocats du barreau de Paris. Dès que ces derniers avaient un moment de libre, ils venaient écouter Edmond Simeoni et disaient : « Il n’a pas besoin d’avocat. C’est un homme d’Etat ! ». C’était un homme impressionnant, très courageux. A Aleria, il avait peur pour nous, il avait peur d’un drame. On est restés dans cette cave pour dénoncer le scandale du vin, on ne pensait jamais que les forces de l’ordre viendraient ainsi en nombre et que Poniatowski donnerait les ordres qu’il a donnés. On était armés pour ne pas se laisser déloger par 50 gardes mobiles, mais on n’a jamais eu l’intention d’en arriver là. C’était un moment fort ! Edmond s’est investi à fond. Il connaissait le problème corse sur le bout des doigts et a convaincu beaucoup de monde. Il galvanisait les foules. C’était un tribun, c’est énorme dans une lutte. Il a convaincu aussi par son honnêteté, il aurait pu se laisser acheter comme beaucoup, mais il a toujours suivi la même ligne. L’élection de Gilles à Bastia, puis à la région, était, pour lui, un aboutissement. Il était très content, mais il n’en parlait pas beaucoup. Il disait : « Maintenant, nous y sommes, mais demain, peut-être que nous n’y serons plus. Si nous ne faisons pas les choses bien, d’autres nous remplaceront ». Edmond, c’est, pour nous, comme un père. Et puis, il y a Max, ils étaient indissociables, complètement différents, mais tous les deux extraordinaires avec beaucoup d’intelligence, d’humanisme, d’affection… C’est une page qui se tourne ».
Michel Castellani, militant nationaliste député de la 1ère circonscription de Haute-Corse, et compagnon de route d’Edmond Simeoni : « Il a mené des combats tous les jours de sa vie. Il était d’un courage absolu »
« Je viens de perdre un ami. Nous avons mené tellement de combats tout au long de notre vie, des combats très durs à Aleria. J’ai siégé à ses côtés à l’Assemblée de Corse. Je l’ai visité quand il était en prison à Fresnes et à la Santé. Je me souviens d’une image très forte : ils l’ont amené du fond d’un couloir qui était bordé de portes en fer. Je l’ai vu arriver les mains entravées dans le dos. C’est une image terrible ! Eh bien même là, il n’a pas baissé les yeux, il n’a pas lâché, il m’encourageait à continuer à me battre. Jamais je ne l’ai entendu se plaindre sur son sort. Il était d’un courage absolu. Il se situait toujours d’un point de vue politique, jamais par rapport à lui-même. Il y a une grande injustice : il a énormément semé tout au long de sa vie, mais il a recueilli très peu. Il a été très touché quand il a vu ses idées gagner, mais il ne pensait qu’au prochain combat. C’était un homme qui ne regardait jamais dans le rétroviseur. Il a mené des combats tous les jours de sa vie. C’était son choix. Il aurait pu accepter les offres qu’on lui a faites dans la politique traditionnelle, il aurait eu une vie politique classique de haut niveau, il n’aurait pas assumé toutes les souffrances qu’il a vécues, mais il n’aurait pas porté non plus le combat d’émancipation pour la Corse. Au-delà du nationalisme, il était capable d’ouvrir des perspectives et des débats avec des gens qui n’avaient pas les mêmes idées que lui. C’était un démocrate. La diaspora était un des combats de sa vie. On va retenir de lui que c’était une bête politique, il avait l’intelligence des situations et la volonté sans limite d’aboutir. Mais Edmond, c’était, avant tout, un homme d’une grande bonté, un médecin qui accompagnait ses malades jusqu’à ce qu’ils ferment les yeux avec beaucoup d’humanité. Des gens qui l’ont beaucoup combattu sur le plan politique, lui faisaient confiance sur un plan médical. C’était un homme d’une grande honnêteté. C’est toute une vie de sacrifices qui s’en va. C’est une page qui se tourne pour nous tous et pour le combat de la Corse contemporaine ».
Pierre Savelli, maire nationaliste de Bastia : « Edmond, c’est la constance dans l’engagement, un parcours politique exemplaire, il a su éveiller les consciences »
« Il faut voir tout ce qu’il nous apportés. Mon premier déclic citoyen, c’est les boues rouges. J’avais 13 ans. Le bureau, que j’occupe aujourd’hui, a été saccagé à l’époque. Les boues rouges, c’est plus important qu’Aleria, c’est la révolte des citoyens, les petits qui se battent contre les multinationales. Les gilets jaunes, aujourd’hui, nous y renvoient ! Pour moi, Edmond, c’est, d’abord, ça. Et puis, il y a Aleria. La réponse disproportionnée à nos revendications, c’est un choc pour nous tous ! On ne parlait plus que de ça, ça a forgé une âme de militants. Edmond, c’est la constance dans l’engagement, sa détermination quand d’autres ont abandonné. Il n’a jamais lâché. Son parcours politique, durant les 50 années qu’il a duré, a été exemplaire. C’était un pédagogue qui expliquait inlassablement aux gens. Il a souvent dit que la violence était légitime, mais qu’il ne fallait pas la pratiquer. Il a réussi, dix ans après Aleria, à faire son mea culpa sur la mort des policiers. C’est un homme qui est à l’origine de mon engagement car il a su éveiller les consciences ».
Propos recueillis par N.M.
Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse : « Les Corses, de tous âges, dans la diversité de leurs convictions, savent ce qu’ils lui doivent »
« J’avais sept ou huit ans et c’était à Cateraghju. Comme de nombreux Corses, j’entendais pour la première fois parler de la Corse comme d’une nation. Edmond a marqué plusieurs générations de militants et de Corses. Il a été un éveilleur de consciences et un combattant.
À Aleria, devant la disparition programmée de notre communauté nationale, il a pris ses responsabilités. À ce moment précis, il était le vrai représentant du peuple corse, face aux blindés de l’Etat français. À l’époque, la voie démocratique était fermée. L’île était mise en coupe réglée. Le bien public était détourné. La fraude électorale, qu’il ne cessait de dénoncer, déformait les scrutins et ridiculisait la démocratie. Edmond et les jeunes hommes qui l’entouraient ont alors relevé le défi. Après des décennies de lutte sous différentes formes, la Corse est sur un nouveau chemin. Edmond a marché avec nous sur ce chemin, jusqu’à hier encore. À présent, il entre dans l’Histoire. Les Corses, de tous âges, dans la diversité de leurs convictions, savent ce qu’ils lui doivent. Quant à moi, je perds un ami. Mes pensées vont à sa mémoire, mon soutien affectueux à sa famille. Addiu, amicu caru ».
Jean-Martin Mondoloni, président du groupe Per l'Avvene : « Infatigable artisan de la paix »
« Le décès d'Edmond Simeoni nous renvoie à une page d'histoire faite d'engagement humaniste au service exclusif des intérêts de la Corse. Infatigable artisan de la paix, Edmond portait avec talent et sincérité les valeurs universelles de tolérance et de démocratie. Il restera pour ma génération un passeur qui a imprégné nos mémoires collectives d'une corsitude constitutive de notre façon d'être au monde. A titre personnel, je garderai à l'esprit nos échanges réguliers sur la jeunesse de Corse et le rôle de l'école dans la formation des esprits et la lutte contre les déterminismes sociaux. Ch'ellu riposi in pace. A sa famille et ses proches nos condoléances les plus émues ».
Nicolas Alfonsi, ancien député de la Corse et de la Corse-du-Sud, ancien sénateur de la Corse-du-Sud : « La mort d’Edmond Simeoni clôt le chapitre d’un demi-siècle d’histoire de notre île »
« Il l’aura frappé de son empreinte tout autant que celle-ci aura marqué nos relations personnelles. Tout y conduisait : enfants du monde rural, de la même génération, animés l’un et l’autre de la même volonté de défendre la communauté corse en voie de disparition, une même maîtrise de la langue qui était notre mode naturel d’expression ; voilà autant de raisons qui justifiaient l’estime et l’affection que nous nous portions. Elles rendent - avec sa disparition - bien dérisoires nos divergences, nos polémiques ou occasions manquées. À son épouse, Lucie, à ses enfants, j’adresse l’expression de ma peine et de mon entier réconfort. »
Marcel Francisci, président des Républicains de Corse-du-Sud : « Je salue l’engagement de toute une vie au service d’une cause »
A"près 84 années d’engagement au service d’un idéal Corse, Edmond Simeoni s’est éteint aujourd’hui dans la paix et la sérénité, entouré de l’affection des siens.
En ma qualité de Président des Républicains de Corse-du-Sud, j’adresse mes condoléances les plus sincères à l’ensemble de sa famille, avec une pensée toute particulière pour son épouse Lucie, et ses fils Gilles et Marc. La personnalité d’Edmond Simeoni restera gravée dans la mémoire de tous les Corses, parce que si tous ne partageaient pas sa vision politique, ceux qui l’ont connu savent quel homme il était. À titre rigoureusement personnel, je salue l’engagement de toute une vie au service d’une cause. Je salue le courage de l’homme, son intégrité et sa probité. Je rends hommage à la conscience politique qu’il n’a cessé d’être pendant 50 ans. Je rends hommage à l’humaniste Edmond Simeoni. Bien au-delà des divergences politiques, un respect profond et réciproque s’était installé il y plus de 60 ans entre nos deux familles. Ce respect a perduré ; il perdurera. Le Docteur Edmond Simeoni laisse un vide considérable. Les hommes de cette trempe sont rares et font figure d’exception. L’homme de paix s’en est allé. Je salue sa mémoire »
Jean Zuccarelli président de la Gauche Républicaine Corse : « Chacun reconnaissait en lui l’homme de conviction et de combat »
« Au nom de mes amis et en mon nom personnel je veux dire mon émotion et ma tristesse devant la disparition d’Edmond Simeoni qui aura marqué de son empreinte la vie politique de l’Ile pendant près de 50 ans. Chacun reconnaissait en lui l’homme de conviction et de combat. Si le même amour de la Corse nous avait conduit à des positions très différentes quant à l’avenir institutionnel de l’Ile, ces désaccords n’ont jamais exclus un grand respect mutuel.
À a so moglie, à i so figlioli Gilles è Marc, à u so fratellu Max, mandu e mo pensate. »
Femu a Corsica : « Si n’hè andatu Edimondu Simeoni »
« Les responsables et militants de FEMU A CORSICA, unis dans la douleur et le recueillement, veulent rendre un hommage solennel à Edmond Simeoni, décédé ce jour, père du nationalisme corse contemporain, et s'inclinent devant la douleur de ses proches aux premiers rangs desquels sa femme Lucie, ses enfants Marc et Gilles, président du Conseil Exécutif de Corse, leurs épouses et petits enfants. Humaniste et progressiste, homme de paix et de justice, Edmond Simeoni était aussi et surtout comme chacun sait, un militant infatigable de la cause Corse, de la reconnaissance des Droits du peuple de cette île, et du chemin de la responsabilité et de l'autonomie politique en Europe et en Méditerranée. L'homme qui a fondé l'ARC et qui a conduit de nombreux combats justes et nobles sur cette terre pour défendre une communauté de destin et de culture, sa dignité, son environnement et son droit à l'existence, s'en est allé rejoindre les grands hommes du panthéon de la patrie Corse. Par l'Argentella et la lutte contre les boues rouges, par la cave d'Aleria et les combats pour instaurer une réelle démocratie en Corse, par la lutte contre la spéculation et la défense de la langue, par la mobilisation de la diaspora et la lutte contre la précarité... Nous sommes tous les enfants d'Edmond Simeoni.
In stu ghjornu di partenza è di dolu chì face entre Edimondu Simeoni ind'a Storia, chjamemu tutti i corsi à arricurdassi di l'umone ch'ell'era, è à participà à l'umaggi naziunali è sulenni chi li saranu resi ».
U Partitu di a Nazione Corsa « rend hommage au patriote exemplaire »
« Le Pnc s’associe pleinement à la peine de tous ses proches et présente à son épouse, à ses fils Gilles, président du Conseil Exécutif de Corse, et Marc, ainsi qu’à tous les membres de sa famille, ses condoléances émues et sincères. U Partitu di a Nazione Corsa rend hommage au patriote exemplaire que fut Edmond. Inlassable combattant de son peuple, il se sacrifia sans compter à la cause de son émancipation. Depuis les années 70, et bien au-delà des « Boues Rouges » ou d’Aleria, il fut de tous les combats visant à la reconnaissance de notre nation et de ses droits les plus élémentaires. Il restera pour nous tous le premier porte-drapeau du combat nationaliste contemporain.
Salutemu a memoria d’un militente storicu di a lotta di u Populu Corsu.
Cù a sulennità di st’omagiu, ricurdemuci di a lotta ch’ellu principiò tandu, incù i so cumpagni di fede, à nome di i diritti di stu paese è à prò d’un avvene serenu è spannatu per u nostru populu è per e generazione à vene. Chì u so esempiu ghjovi dinò à tutti i populi in cerca pè stu mondu di ghjustizia è di ricunniscenza ! Chì stu mumentu di dolu sia per u nostru populu sanu un mumentu di fratellanza è di racuglimentu ! Davant’à a terra intera, ferma tamanta strada o Edmond. Lasciaci u to sguardu, u to impegnu è a to bandera per dà speranza à dumane. Sai bè chì quellu chì lotta per a Nazione è a so libertà Ùn pò mai more. À tè u riposu serenu in l’alta terra di i toi. À tè a Corsica Regina, à ella tù ».
La Ligue des droits de l’Homme-Corsica : « C’est un homme empreint d'humanisme, un militant de la fraternité et de la dignité »
« La LDH apprend avec une profonde émotion et une grande tristesse le décès d’Edmond SIMEONI. Elle adresse à son épouse, à ses fils ainsi qu’à tous les siens ses sincères condoléances. C’est un homme empreint d'humanisme, un militant de la fraternité et de la dignité pour chacun qui nous quitte. La LDH rend hommage à l’engagement de sa vie au service de notre communauté de destin. Il ne cessa d'être révolté contre toutes les humiliations. Sur ses pas, lors de la cérémonie qui l’honorait le 24 novembre dernier, il en appelait à la conscience de chacun pour refuser toutes les formes d’injustice et poursuivre le combat pour les droits. Que chacun garde en mémoire la force de son engagement altruiste porteur d'avenir pour tous ».
Ghjuvanni Brignole, secrétaire général du STC : « Le Peuple Corse perd aujourd’hui l’un de ses plus grands défenseurs »
« C’est avec une immense tristesse que nous apprenons le décès d'Edmond Simeoni.
Le Peuple Corse perd aujourd’hui l’un de ses plus grands défenseurs.
Pendant toute sa vie, vouée à la défense de notre île, il aura été de tous les combats.
Il a défendu l’idée d’une Corse libre, attachée à ses valeurs, profondément Corse.
Nous lui devons tous une partie de notre engagement. Le STC s’associe à la douleur de sa famille. La Commission Exécutive du Sindicatu di Travagliadori Corsi présente à tous ses proches ses sincères condoléances. Sentimenti fraterni ».
Corsica Libera : « Oghje simu tutti cummossi ma fieri dinù d'avè viaghjatu à fianc'à ellu »
« Si n'hè andatu Edmondu Simeoni; era è ferma uni di l'omi pulitichi i più impurtenti di i dui seculi. L'omu d'Aleria hà marcuti parcchje ghjenerazione di Corsi. A so morte un hè per noi une partenza chi Edmondu ferma in u corse stessu di e lotte di u nostru populu, di a Nazione Corsa,
Oghje simu tutti cummossi ma fieri dinù d'avè viaghjatu à fianc'à ellu. Corsica Libera vole, à nome di tutti i nostri militenti, di à i soi, à a so famiglia, à i so figlioli, tutta a nostra tristezza è e nostre cundulienze afflite. Oghje hè mortu un omu di statu di un Populu, hè partutu unu di i fundatori di a Nazione Corsa »