Diana Saliceti, en dixième position sur la liste Alliance Rurale pour les élections européennes. © Kamil Zihnioglu
- Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre la liste de Jean Lassalle pour les prochaines élections européennes ?
- Parce que comme son nom l’indique c'est une liste d'alliance. Elle est considérée comme apolitique, donc il y a plusieurs obédiences qui s'y rejoignent. Nous n'avons pas tous les mêmes opinions, mais nous avons tous les mêmes ambitions : nous souhaitons faire entendre la ruralité et ses acteurs que ce soit les artisans, les socioprofessionnels, les agriculteurs et les jeunes agriculteurs notamment, dont je fais partie. Nous pensons que faire entendre sa voix, aussi petite soit-elle, au Parlement européen est important. L'ambition, à long terme, est de créer un groupe ruralité au sein de l'assemblée européenne.
- Quelles sont les priorités principales du mouvement de Jean Lassalle pour l'Union Européenne ?
- Nous avons vraiment axé notre programme sur l'importance de la reconnaissance des langues et des identités minorées, comme il en existe beaucoup en Europe. Nous avons aussi travaillé sur l'importance des PETR (Pôle d'équilibre territorial et rural) et sur l'importance de mettre au point des plans exceptionnels pour revitaliser les villages et reconnecter la ruralité à la réalité. Et puis, une grande partie des dossiers que nous avons travaillés portent sur la mer et sur la sauvegarde des métiers de la mer. Pour résumer, nous misons sur l'agriculture, le patrimoine, la sauvegarde du pastoralisme, l'identité, et la sauvegarde des langues et des traditions qui en découlent.
- Comment votre mouvement prévoit-il de combler le fossé entre les zones rurales et urbaines en Europe ?
- Nous voulons essayer de faire des contrats de réciprocité entre les PETR et les communautés d'agglomération. Nous souhaitons aussi défendre les associations qui sont très tributaires de l'Europe pour leurs subventions, et leur faciliter la vie car elles sont vraiment des facteurs de sociabilisation, des facteurs de vie sociale aussi bien dans les banlieues, dans les zones périurbaines qu’en milieu rural. Nous voudrions essayer de créer des canaux de communication à travers des projets concrets entre les villes, les pays, les communautés.
- Jean Lassalle est connu pour sa forte défense des zones rurales. Comment comptez-vous soutenir les communautés rurales en Corse ?
- J'aimerais participer à la dynamique de l'Europe dans le rural en Corse. J’habite moi-même dans une commune assez excentrée, et je voudrais que l'Europe soit un vrai levier de revitalisation pour l'intérieur. Nous avons notamment essayé de travailler sur la question des déserts médicaux, avec un maillage du territoire plus fourni et peut-être aussi la création d’un CHU. L'Université de Corse doit aussi rayonner un maximum à travers des projets de recherche. Ce que nous voulons, c'est faire profiter davantage le rural des dispositifs européens, que ce soit en matière de santé, d'agriculture, de culture, de social.
- Quelles mesures spécifiques proposerez-vous pour améliorer les moyens de subsistance des agriculteurs et des entrepreneurs ruraux ?
- Nous avons pensé à pas mal de choses sur le développement du pastoralisme. Denise Leiboff (2ème sur la liste), est la présidente des communes pastorales de France, et fait un énorme travail à ce niveau. Malgré les bonnes volontés, le pastoralisme est en déclin et représente moins de 5 % du PIB Corse. Nous avons beaucoup de choses à sauver. Nous voulons par exemple accompagner davantage les jeunes sur leur réouverture d'estive. Nous souhaitons travailler sur une synergie entre la Corse, la Sardaigne la Toscane, mais aussi le Pays basque, pour la mise en place d'un plan de sauvegarde, de relance du pastoralisme.
- L'environnement est une préoccupation majeure pour de nombreux électeurs. Quels sont vos plans pour promouvoir l'agriculture durable et protéger les ressources naturelles en Corse ?
- Nous voulons absolument mettre en place une agriculture qui produit et qui nourrit. Nous avons beaucoup de fleurons de l'agriculture durable et biologique en Corse. Nous pouvons aussi dialoguer avec les pays, faire valoir ce que nous savons faire. Nous, ce que nous voulons, ce sont des productions raisonnables, raisonnées et réfléchies. Moi qui suis dans l'agriculture depuis plusieurs années, je vois que nous sommes, en tant que jeunes agriculteurs, en retard et peu accompagnés vis-à-vis des directives et de pas mal de normes. J'aimerais que l'on arrive à bénéficier des directives européennes, à prendre les trains qu'il faut afin de jouir pleinement de ce que l'Europe a à offrir.
- Quelle est votre position sur la reconnaissance des langues et cultures régionales au sein de l'UE ?
- Je pense que la survivance de la langue passe par la reconnaissance à toutes les échelles. L'Europe, peut être un très bon levier pour essayer de dynamiser toujours plus la locution du corse. À travers des projets européens ou à travers la recherche entre les différents pays et les différentes langues minoritaires d'Europe, je pense que nous pouvons considérer l'Europe comme un bienfaiteur des langues minoritaires.
- Quelle est votre position sur l'autonomie de la Corse ?
- Je suis de très près le processus de Beauvau, et je suis totalement favorable à ce qui est en train de se passer. Nous sommes encore dans l'expectative, mais en tout cas cette liste, et notamment Jean Lassalle, attend beaucoup de ce processus et est très favorable à l'autonomie de la Corse car elle pourrait être un territoire d'essai, qui pourrait inspirer d'autres communautés autonomes d'Europe.