Photo Christian Andreani.
Les compagnons de route
Roland Tafani, très ému : « Avoir connu Edmond est le plus beau cadeau que la vie a pu me faire ! »
« Edmond, c’est, d’abord, plus de 50 ans de vie commune, tout ce que cela peut entrainer de peines, de misère et de joie. C’est toute une vie ! Nous nous sommes connus à Marseille au stade vélodrome en tapant sur un ballon. Nous ne nous sommes plus jamais quittés. J’ai assisté à sa première opération du cœur. Nous l’avons veillé jour et nuit parce que c’était dangereux, Mr Gaston Deferre nous avait autorisés à porter une arme. Il y a trop de souvenirs : notre visite au Pays Basque, les réunions… Il était très attaché à la protection de l’environnement, il m’a beaucoup aidé pour protéger les Bouches de Bonifacio. Il était toujours là, fidèle au poste, il ne lâchait jamais rien… Sa qualité première, c’est l’humanisme. C’était, pour tous, un exemple. Nous avons perdu notre guide. Nous avons écrit, tous ensemble, un bout de l’histoire de la Corse. Les générations futures pourront se pencher dessus… C’est une longue et belle histoire ! C’était merveilleux, même dans les moments les plus durs où il fallait serrer les dents. Avoir connu Edmond est le plus beau cadeau que la vie a pu me faire ! C’est une chance énorme que d’avoir rencontrer cet homme ! Qu’il repose en paix dans son village. La jeunesse viendra se recueillir dans ce lieu historique, dans cette montagne qui est notre âme. Elle aura, au moins, un repère pour la guider. C’est tout notre souhait. »
Les politiques
Le député Jean Lassalle : « Edmond Simeoni, c’est le symbole de la reconquête de nos langues patrimoniales »
« Je l’ai rencontré. C’était un homme très réfléchi. Il avait une grande concentration, il écoutait énormément. C’est rare les gens qui écoutent ! Ils veulent toujours parler ! Lui, il écoutait beaucoup et il ne parlait que quand on lui demandait. Il a marqué notre époque de son empreinte. Si mes enfants chantent, aujourd’hui, béarnais, occitan et basque, si les Bretons chantent de nouveau en breton, allègrement et en dehors du cadre familial, et si c’est pareil en Alsace, c’est parce qu’il y a eu Edmond Simeoni qui a donné le courage aux papas d’apprendre à leurs enfants de nouveau le corse, le créole, et bien d’autres langues qu’on pensait à tout jamais oubliées. Avant lui, on n’osait pas les parler. Avec lui, on a appris à les parler et on a été fier de les parler de nouveau. C’est le symbole de la reconquête de nos langues patrimoniales. Il a permis de franchir, dans ce monde déjà globalisé, où tout était contre nous, une des plus merveilleuses aventures de notre ère… ».
Le député Paul-André Colombani : « Edmond représente l’éveil des consciences de toute la Corse »
« Edmond représente l’éveil des consciences de toute la Corse, le réveil sur le plan culturel, la prise de conscience de tout ce que l’on est aujourd’hui. On lui doit énormément de choses. On savait bien qu’un jour ou l’autre, il devait partir, mais ça fait quand même un énorme vide. Il y a quelques jours encore, il était sur tous les fronts : la précarité avec François Pernin, la diaspora, et bien d’autres sujets. Il n’a jamais arrêté. Pour nous, c’était un guide. Il a une place dans l’histoire de la Corse comme peu de personnes peuvent l’avoir ces dernières années ».
Le conseiller exécutif, Jean-Christophe Angelini : « Nous sommes, tous, ses héritiers politiques »
« Je retiendrais deux souvenirs d’Edmond. Le premier, c’est que les hasards de la vie ont fait qu’en 2004, nous soyons lui, doyen, et moi, benjamin, de l’Assemblée de Corse. C’est là qu’il a prononcé son fameux discours, resté célèbre, pendant le temps duquel il a été président de l’Assemblée. C’était un moment très fort pour moi parce que c’était mon premier mandat en tant qu’élu territorial. C’était surtout mon entrée dans un hémicycle qui était, pour moi, un lieu sacré aux côtés d’un homme, lui-même entré dans la légende quelques années plus tôt. Le deuxième souvenir, c’est quand nous avons gagné en 2015. Je le revois debout sur cette voiture dans un de ses fameux discours pour expliquer que si nous avions gagné les élections et qu’une parenthèse de presque 50 ans se refermait ce soir-là, une autre s’ouvrait qui allait être toute aussi compliquée, peut-être toute aussi douloureuse, mais en toute hypothèse, toute à fait différente. Ce qu’Edmond nous laisse ne peut être ni quantifié, ni évalué. C’est tellement important qu’on n’aura pas assez des décennies qui viennent pour faire la part des choses. Nous sommes, tous, ses héritiers politiques. Nous sommes aux responsabilités grâce à lui et à sa génération, et nous essaierons d’être dignes de l’exemple qu’il nous laisse ».
Le conseiller exécutif, Saveriu Luciani : « Les gens, qui luttent pour la liberté d’un peuple, ne meurent jamais ! »
« J’ai connu Edmond quand j’étais lycéen. Mon premier souvenir est son retour de prison en 1977, quand j’étais étudiant à Aix, militant à la CSC. J’ai assisté à une réunion à la salle Vallier à Marseille où il y avait à peu près 3000 personnes. Nous avons tous chanté la chanson que Jean-Paul Poletti avait composée sur Edmond. Il est l’homme qui a réveillé nos consciences à l’époque où nous étions encore au lycée. J’ai connu l’épisode des boues rouges, les grandes étapes du Riacquistu. Nous nous sommes lancés avec eux dans la bataille. Edmond a vu l’aboutissement d’une partie du rêve que nous avions à l’époque, il nous a permis de renouer avec lui. Aujourd’hui, on se rend compte que, dès les années 70, il était déjà rentré dans l’histoire. Il continuera de marcher, pieds nus, à côté de nous. Il est toujours là. Les gens, qui luttent pour la liberté d’un peuple, ne meurent jamais ! ».
Le maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci : « Edmond Simeoni était un symbole fort »
« J’ai de la tristesse vis à vis de mon amitié avec Gilles Simeoni. Je suis, depuis longtemps, un autonomiste convaincu. Mon père a été un militant nationaliste de la première heure. Edmond Simeoni était un symbole fort, il a été un des premiers à défendre la culture et l’identité insulaires. C’était normal d’être là aujourd’hui ».
Le maire de Peri, Xavier Lacombe : « C’était un grand homme de cœur »
« Bien évidemment, la disparition d’Edmond Simeoni marque tous les esprits. C’était un grand homme de cœur. Il était le chef de file de ceux qui ont éveillé ou réveillé les consciences pour l’avenir de la Corse. Je le côtoyais très souvent. Il y a quelques jours encore, nous échangions longuement au téléphone. C’est une grande émotion de se retrouver à Lozzi pour l’accompagner selon ses dernières volontés. Je garde le souvenir d’un homme remarquable, exceptionnel qui savait écouter et comprendre les autres. Face à la contradiction, il tentait toujours de comprendre et d’apporter la réponse la plus appropriée. Au-delà de la peine que j’éprouve, il y a la relation et l’amitié que j’ai avec ses enfants, particulièrement avec Gilles avec qui j’ai des liens étroits ».
Propos recueillis par Nicole MARI.
Roland Tafani, très ému : « Avoir connu Edmond est le plus beau cadeau que la vie a pu me faire ! »
« Edmond, c’est, d’abord, plus de 50 ans de vie commune, tout ce que cela peut entrainer de peines, de misère et de joie. C’est toute une vie ! Nous nous sommes connus à Marseille au stade vélodrome en tapant sur un ballon. Nous ne nous sommes plus jamais quittés. J’ai assisté à sa première opération du cœur. Nous l’avons veillé jour et nuit parce que c’était dangereux, Mr Gaston Deferre nous avait autorisés à porter une arme. Il y a trop de souvenirs : notre visite au Pays Basque, les réunions… Il était très attaché à la protection de l’environnement, il m’a beaucoup aidé pour protéger les Bouches de Bonifacio. Il était toujours là, fidèle au poste, il ne lâchait jamais rien… Sa qualité première, c’est l’humanisme. C’était, pour tous, un exemple. Nous avons perdu notre guide. Nous avons écrit, tous ensemble, un bout de l’histoire de la Corse. Les générations futures pourront se pencher dessus… C’est une longue et belle histoire ! C’était merveilleux, même dans les moments les plus durs où il fallait serrer les dents. Avoir connu Edmond est le plus beau cadeau que la vie a pu me faire ! C’est une chance énorme que d’avoir rencontrer cet homme ! Qu’il repose en paix dans son village. La jeunesse viendra se recueillir dans ce lieu historique, dans cette montagne qui est notre âme. Elle aura, au moins, un repère pour la guider. C’est tout notre souhait. »
Les politiques
Le député Jean Lassalle : « Edmond Simeoni, c’est le symbole de la reconquête de nos langues patrimoniales »
« Je l’ai rencontré. C’était un homme très réfléchi. Il avait une grande concentration, il écoutait énormément. C’est rare les gens qui écoutent ! Ils veulent toujours parler ! Lui, il écoutait beaucoup et il ne parlait que quand on lui demandait. Il a marqué notre époque de son empreinte. Si mes enfants chantent, aujourd’hui, béarnais, occitan et basque, si les Bretons chantent de nouveau en breton, allègrement et en dehors du cadre familial, et si c’est pareil en Alsace, c’est parce qu’il y a eu Edmond Simeoni qui a donné le courage aux papas d’apprendre à leurs enfants de nouveau le corse, le créole, et bien d’autres langues qu’on pensait à tout jamais oubliées. Avant lui, on n’osait pas les parler. Avec lui, on a appris à les parler et on a été fier de les parler de nouveau. C’est le symbole de la reconquête de nos langues patrimoniales. Il a permis de franchir, dans ce monde déjà globalisé, où tout était contre nous, une des plus merveilleuses aventures de notre ère… ».
Le député Paul-André Colombani : « Edmond représente l’éveil des consciences de toute la Corse »
« Edmond représente l’éveil des consciences de toute la Corse, le réveil sur le plan culturel, la prise de conscience de tout ce que l’on est aujourd’hui. On lui doit énormément de choses. On savait bien qu’un jour ou l’autre, il devait partir, mais ça fait quand même un énorme vide. Il y a quelques jours encore, il était sur tous les fronts : la précarité avec François Pernin, la diaspora, et bien d’autres sujets. Il n’a jamais arrêté. Pour nous, c’était un guide. Il a une place dans l’histoire de la Corse comme peu de personnes peuvent l’avoir ces dernières années ».
Le conseiller exécutif, Jean-Christophe Angelini : « Nous sommes, tous, ses héritiers politiques »
« Je retiendrais deux souvenirs d’Edmond. Le premier, c’est que les hasards de la vie ont fait qu’en 2004, nous soyons lui, doyen, et moi, benjamin, de l’Assemblée de Corse. C’est là qu’il a prononcé son fameux discours, resté célèbre, pendant le temps duquel il a été président de l’Assemblée. C’était un moment très fort pour moi parce que c’était mon premier mandat en tant qu’élu territorial. C’était surtout mon entrée dans un hémicycle qui était, pour moi, un lieu sacré aux côtés d’un homme, lui-même entré dans la légende quelques années plus tôt. Le deuxième souvenir, c’est quand nous avons gagné en 2015. Je le revois debout sur cette voiture dans un de ses fameux discours pour expliquer que si nous avions gagné les élections et qu’une parenthèse de presque 50 ans se refermait ce soir-là, une autre s’ouvrait qui allait être toute aussi compliquée, peut-être toute aussi douloureuse, mais en toute hypothèse, toute à fait différente. Ce qu’Edmond nous laisse ne peut être ni quantifié, ni évalué. C’est tellement important qu’on n’aura pas assez des décennies qui viennent pour faire la part des choses. Nous sommes, tous, ses héritiers politiques. Nous sommes aux responsabilités grâce à lui et à sa génération, et nous essaierons d’être dignes de l’exemple qu’il nous laisse ».
Le conseiller exécutif, Saveriu Luciani : « Les gens, qui luttent pour la liberté d’un peuple, ne meurent jamais ! »
« J’ai connu Edmond quand j’étais lycéen. Mon premier souvenir est son retour de prison en 1977, quand j’étais étudiant à Aix, militant à la CSC. J’ai assisté à une réunion à la salle Vallier à Marseille où il y avait à peu près 3000 personnes. Nous avons tous chanté la chanson que Jean-Paul Poletti avait composée sur Edmond. Il est l’homme qui a réveillé nos consciences à l’époque où nous étions encore au lycée. J’ai connu l’épisode des boues rouges, les grandes étapes du Riacquistu. Nous nous sommes lancés avec eux dans la bataille. Edmond a vu l’aboutissement d’une partie du rêve que nous avions à l’époque, il nous a permis de renouer avec lui. Aujourd’hui, on se rend compte que, dès les années 70, il était déjà rentré dans l’histoire. Il continuera de marcher, pieds nus, à côté de nous. Il est toujours là. Les gens, qui luttent pour la liberté d’un peuple, ne meurent jamais ! ».
Le maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci : « Edmond Simeoni était un symbole fort »
« J’ai de la tristesse vis à vis de mon amitié avec Gilles Simeoni. Je suis, depuis longtemps, un autonomiste convaincu. Mon père a été un militant nationaliste de la première heure. Edmond Simeoni était un symbole fort, il a été un des premiers à défendre la culture et l’identité insulaires. C’était normal d’être là aujourd’hui ».
Le maire de Peri, Xavier Lacombe : « C’était un grand homme de cœur »
« Bien évidemment, la disparition d’Edmond Simeoni marque tous les esprits. C’était un grand homme de cœur. Il était le chef de file de ceux qui ont éveillé ou réveillé les consciences pour l’avenir de la Corse. Je le côtoyais très souvent. Il y a quelques jours encore, nous échangions longuement au téléphone. C’est une grande émotion de se retrouver à Lozzi pour l’accompagner selon ses dernières volontés. Je garde le souvenir d’un homme remarquable, exceptionnel qui savait écouter et comprendre les autres. Face à la contradiction, il tentait toujours de comprendre et d’apporter la réponse la plus appropriée. Au-delà de la peine que j’éprouve, il y a la relation et l’amitié que j’ai avec ses enfants, particulièrement avec Gilles avec qui j’ai des liens étroits ».
Propos recueillis par Nicole MARI.