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En Corse aussi, la gauche accuse Emmanuel Macron de « bafouer la démocratie »


le Vendredi 30 Août 2024 à 17:18

En début de semaine, le Président de la République a écarté l'hypothèse de nommer la candidate du NFP, Lucie Castets, à Matignon estimant qu'elle serait "immédiatement censurée par l'ensemble des autres groupes à l'Assemblée nationale". Une décision qui suscite l'ire des ex-candidats de gauche aux législatives anticipées, alors que la France ne dispose toujours pas de Premier ministre, près de deux mois après les élections.



Photo archives
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Presque deux mois après les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, la France ne dispose toujours pas de Premier ministre en cette fin août. Après une première série de rencontres avec les chefs de partis entre vendredi dernier et ce début de semaine, le Président de la République, Emmanuel Macron, a de plus affirmé qu’il rejette l’option de la candidate à Matignon du Nouveau Front Populaire (NFP), Lucie Castets, qui serait selon lui « immédiatement censurée par l’ensemble des autres groupes représentés à l’Assemblée nationale ». Une prise de position qui suscite l’ire des candidats de la coalition de gauche en Corse. 
 
« Je pense que le Président de la République fait la sourde oreille aux revendications des Français. Au-delà du fait que le NFP soit arrivé en tête en termes de sièges dans cette élection, il faut aussi dire que ce qui a été sanctionné, que ce soit aux législatives ou même aux élections précédentes, c’est que les Français n’ont plus envie de subir la politique anti-sociale d’Emmanuel Macron. Or, on voit qu’après avoir dit que le problème était La France Insoumise, on nous explique désormais que le programme du NFP serait trop à gauche, trop social pour Emmanuel Macron. On se rend compte que finalement il va à contre-sens de l’avis des Français », fustige Marc-Antoine Leroy, militant du Parti Communiste Français et candidat du NFP dans la 1èrecirconscription de Corse-du-Sud lors des législatives. 
 
De son côté, Jean-Baptiste Luccioni, maire de Pietrosella et candidat du NFP dans la 2ème circonscription de Corse-du-Sud, avoue sans détour que les dernières déclarations du Président de la République lui laissent un « sentiment amer ». « Le Président bafoue la démocratie », cingle le militant du Parti Socialiste, « Sa responsabilité après avoir pris la décision de dissoudre l’Assemblée et de demander l’avis du peuple, c’est de respecter son engagement, d’autant plus que le peuple s’est manifesté de façon massive. Or, aujourd’hui Emmanuel Macron est en train d’abîmer la démocratie et l’image déjà bien écornée des politiques. Il essaye à travers des combinaisons obscures de reprendre la main, quand son rôle en tant que Président de la République n’est que de respecter sa parole et l’engagement du peuple.  Nous sommes dans un régime parlementaire, mais aujourd’hui il agit comme si on était dans un régime présidentiel et il refuse de prendre acte des choix des citoyens. Il est en train de faire de la politique fiction en disant que tel ou tel candidat n’aura pas de majorité ou fera l’objet d’une motion de censure ».
 
Dans ce droit fil, les ex-candidats appellent Emmanuel Macron à nommer rapidement un Premier ministre et comptent bien que celui-ci soit bien issu des rangs du NFP. Le nom de Bernard Cazeneuve, qui circule ces dernières heures, est ainsi loin de recueillir leur assentiment. « On fait du neuf avec du vieux », tance Marc-Antoine Leroy en raillant : « Alors que l’on a enterré Alain Delon il y a peu de temps, on se rend compte qu’Emmanuel Macron lui rend hommage en le citant dans le film Le Guépard de Visconti quand il disait il faut que tout change pour que rien ne change. Nous souhaitons un Premier ministre issu du NFP, or Bernard Cazeneuve s’est illustré depuis plusieurs années en se construisant en opposition à toutes les unions de la gauche qui ont été faite, y compris au NFP ». « C’est un moyen détourné d’essayer de faire croire qu’on entendu le message à travers la nomination de quelqu’un qui pourrait avoir une sensibilité de gauche. Pour autant ce n’est pas une personne qui pourrait arriver à fédérer. C’est juste un leurre du Président pour continuer à mener le pays comme il l’entend, mais sans respecter la démocratie », renchérit Jean-Baptiste Luccioni en avertissant : « Il faut qu’Emmanuel Macron se montre à l’écoute de ce qu’ont exprimé les Français. S’il ne nomme pas de Premier ministre rapidement, ou si la personne qui est nommée n’est pas issue du camp qui est arrivé en tête, il est évident qu’on va aller aux devants de réactions car le peuple ne va pas se laisser voler son engagement ». 
 
À l’instar de l’appel à manifestation lancé au niveau national pour le 7 septembre prochain, un rassemblement des forces de gauche pourrait également avoir lieu en Corse, probablement à Ajaccio.