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En Corse, une sécheresse pour l’instant contenue excepté sur la façade orientale


le Vendredi 19 Juillet 2024 à 09:37

Comme chaque été, du fait de l'augmentation des températures et de l'absence de précipitations, la tension s'accroit à mesure que les sols s'assèchent sur l'île. Si pour le moment la sécheresse reste contenue sur une grande partie de l'île, la situation est en revanche très délicate sur le Cap Corse, la région bastiaise et la Plaine Orientale.



(Photo d'illustration)
(Photo d'illustration)
« Selon les prévisions de Météo France, la Corse devrait connaître un été plus chaud et plus sec que la moyenne ». Conséquence directe de la hausse des températures qui caracolent 3 à 4 degrés au-dessus des normales et de précipitations qui se font rares, dans un communiqué en date du 3 juillet, la préfecture de Corse avertissait comme chaque été du risque de sécheresse qui plane sur l’île. Même si la situation semble de façon générale moins préoccupante que certaines années. « Évidemment quand il fait chaud il y a plus d’évaporation, et la sécheresse du sol augmente rapidement. Globalement sur la Corse, il y a bien un déficit d’humidité du sol sur tout le littoral, mais cela n’est en rien comparable aux situations exceptionnelles rencontrées en 2022, 2017 et 2003 » », explique Patrick Rébillout, le directeur du centre Météo-France d’Ajaccio, en précisant toutefois : « Mais nous ne sommes que mi-juillet, il faut donc faire attention, d’autant qu’aucune précipitation n’est prévue d’ici la fin du mois ».
 
Sur la Corse-du-Sud, le météorologue relève notamment que sur le littoral Ouest, il existe des signes « qui montrent qu’il y a une sécheresse du sol qui n’est pas exceptionnelle pour le moment, mais qui commence à être sévère et qui nécessite d’être surveillée ». « La saison de recharge a été satisfaisante sur le département, même si au cours des trois derniers mois, on a un déficit de précipitations surtout marqué sur le littoral », constate-t-il. En Haute-Corse, la situation est revanche beaucoup plus contrastée et même très tendue par endroits. « Le relief et la côte Ouest, y compris la Balagne qui est considérée habituellement comme une zone assez sèche, ont été bien arrosés. Mais sur la partie orientale du département et notamment la région bastiaise, le Cap Corse et la Plaine Orientale, on a des déficits de pluie très importants », observe Patrick Rébillout en développant : « La façade orientale de la Haute-Corse est en sécheresse depuis quasiment octobre. En janvier, la situation était même très préoccupante, car il n’y avait toujours pas eu d’eau. Il a finalement plu un peu en février et mars, puis il y a aussi eu quelques précipitations en mai sur le littoral oriental. Ce n’est pas suffisant pour rattraper le déficit, mais cela limite la sécheresse ». Au total, il n’est ainsi tombé que 60% du cumul de précipitations attendu depuis le 1er janvier 2023 sur cette zone. Un bilan « catastrophique ». « Et maintenant que les températures plus élevées arrivent, cela devient très compliqué », soulève le directeur du centre Météo-France d’Ajaccio. Dans la même veine, dans son bulletin mensuel du 1erjuillet, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières, pointe également que les « nappes du Cap Corse et de la plaine orientale présentent une situation dégradée ».
 
 

Dans la région bastiaise, il n'est tombé que 60% du cumul de précipitations attendu depuis le 1er janvier 2023 (Crédit : Météo France)
Dans la région bastiaise, il n'est tombé que 60% du cumul de précipitations attendu depuis le 1er janvier 2023 (Crédit : Météo France)
Des restrictions d’eau dans les deux départements 
 
Afin de prévenir une aggravation de la situation, les deux préfectures de l’île ont pris de premières mesures. En Corse-du-Sud, « malgré une relative disponibilité de la ressource en eau », le comité de gestion de la ressource en eau a ainsi constaté que « le niveau de consommation actuel n’apparaît pas soutenable et pourrait conduire à une situation de pénurie à l’automne prochain », et a de facto jugé « nécessaire d’engager dès maintenant une démarche raisonnée de l’eau ». Par arrêté préfectoral, le département a donc été placé en situation de « vigilance » sécheresse le 3 juillet et de premières mesures de restrictions des usages de l’eau ont été prises à l’instar de l’interdiction « de tout arrosage par aspersion des espaces verts et cultures entre 11 et 18 heures », « du lavage de véhicules, bateaux et engins nautiques chez les particuliers » et de « remplissage et vidange des piscines individuelles ».
 
Le 10 juin dernier, les communes du Cap Corse, du Nebbio et de la Plaine Orientale ont pour leur part été placées en « alerte » sécheresse. Il y est depuis interdit d’arroser les jardins potagers, les pelouses, massifs fleuris et espaces verts accessibles au public, ainsi que les stades, terrains de sport, hippodromes et golfs sur de larges plages tout au long de la journée. De même, le remplissage et la vidange de piscines privées y sont prohibés, tout comme le lavage de véhicules, bateaux et engins nautiques chez les particuliers ou avec de l’eau douce, sauf dans les aires de lavage des aires de carénage autorisées avec un système équipé de recyclage de l’eau. Mais conséquence directe ce de déficit de précipitations, les sources de certains villages commencent tout de même à se tarir et Patrimonio a pris un arrêté municipal limitant la distribution d’eau du robinet à certains horaires.
 
Un scénario qui pourrait devenir la norme
 
Des situations auxquelles il faudra s’habituer selon Patrick Rébillout, qui pointe les effets directs du changement climatique. « La Corse va devoir faire face à un climat de plus en plus contrasté. Les étés méditerranéens sont de plus en plus chauds, et de facto de plus en plus arides. La sécheresse a toujours existé, sauf que maintenant, elle a tendance à être plus sévère et surtout à durer plus longtemps », souligne-t-il en s’inquiétant ainsi du retour de plus en plus tardif des précipitations conséquentes. « Ce que l’on voit pendant la saison de recharge, ce sont des précipitations très concentrées et pas tellement sur septembre-octobre, mais plutôt entre novembre et janvier. On voit qu’il y a de plus en plus de précipitations extrêmes comme on a connu en novembre dernier avec les tempêtes Ciaran et Domingo, durant lesquelles il est tombé l’équivalent de pratiquement toute la saison de recharge en novembre », note encore le météorologue.