Le fonds d'amorçage Alzà a été présenté ce jeudi 30 septembre à Venaco. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
- Quel bilan tirez-vous cinq ans après le lancement du Fonds d’Investissement de Proximité (FIP) Suminà ?
- Le volume de fonds collectés a été multiplié par cinq en cinq ans. Femu Quì avait une capacité d’intervention de cinq millions d’euros, aujourd’hui, nous approchons les 25. Ça nous permet d’augmenter la taille et le nombre de nos investissements et c’est positif en termes d’impacts. Après, on peut toujours faire mieux mais la stratégie a été la bonne. Elle consistait à créer une société de gestion, la filiale Femu Quì Ventures, nous permettant de gérer les fonds Suminà et de développer Femu Quì qui était à l’origine une structure associative. L’équipe de gestion a été élargie et s’est professionnalisé.
- Aujourd’hui Femu Quì lance le fonds d’amorçage Alzà. En quoi consiste-t-il ?
- Femu Quì Ventures a été sélectionnée pour la gestion administrative et financière de ce nouvel outil régional. C’est un fonds qui intervient avant l’attaque de marché. Il a vocation a aidé l’entrepreneur à démarrer. En général, ce sont des jeunes n’ayant pas encore un réseau très développé et ils se tournent vers leur entourage pour financer les premières phases. C’est ce qu’on appelle généralement la Love Money. Un fonds d’amorçage est une sorte de complément de Love Money.
Beaucoup de régions en Europe ont développé ce type de fonds. Ils permettent de potentialiser l’entrepreneuriat local. Au début, le projet entrepreneurial est incertain, il a besoin de ressources et il se localise souvent à l’endroit où on le finance. Ce que nous avons pu voir sur certains projets, c’est qu’ils sont créés par des entrepreneurs corses qui partent ailleurs, faute de financements. L'objectif est de localiser des entreprises innovantes en Corse en faisant de l'île une destination de choix pour les entrepreneurs du digital.
- Quels sont les montants investis ?
- L'enveloppe totale est de 4 millions d'euros à répartir sur une vingtaine de projets maximum. Pour chacun des projets sélectionné l'investissement est situé entre 100 000 et 600 000 euros et se fera en différentes phases. Le premier ticket de 100 000 euros est attribué sur dossier et présentation du projet puis nous voudrions passer une sorte de contrat avec l’entrepreneur où nous fixerions des jalons avec lui. Jalons qui, une fois atteints, débloqueront d’autres financements pour enfin atteindre le total de 600 000 euros. C’est fait dans le but de donner une chance au plus de projets possibles tout en privilégiant ceux qui auront le plus de chances de succès.
- Quelle est la différence avec Suminà ?
- Avec Alzà les projets sont beaucoup plus risqués car ils sont en démarrage. Suminà peut investir dans ces projets mais il arrivera plus tard, une fois que le projet sera plus mature. Pour l’instant, le fonds est doté uniquement par la Collectivité de Corse et le FEDER (Fonds Européen de Développement Régional), à 50 % chacun. Il n’est pas ouvert aux particuliers. C’est en discussion car certaines personnes veulent investir et techniquement ce n’est pas impossible. C’est d’ailleurs une évolution potentielle du fonds. En termes d’avantages pour les investisseurs, la défiscalisation est spécifique aux FIP, donc à Suminà, nous n’en aurons jamais sur Alzà. En revanche il y a d’autres incitations. L’intérêt des investisseurs privés est plus la passion de l’entrepreneuriat et la participation à un projet qui leur parle. Souvent ils ont une sensibilité à la base. Ce sont d’anciens entrepreneurs et ils aiment bien la technologie.
- Pourquoi cette spécialisation dans le champ technologique ?
- C’est le cahier des charges de la région. La spécialisation a été votée à l’Assemblée de Corse. En plus des projets purement techno qui sont notre focus, typiquement, il y a des modèles que nous voyons émerger. Notamment dans la vente des Digital Native Vertical Brand (DNVB). Clairement ce sont des marques qui, au lieu d’avoir un circuit de distribution traditionnel passant par des revendeurs, vend directement aux clients via les réseaux sociaux ou leur propre site internet. Ces entreprises ne sont pas purement technologiques mais elles utilisent la technologie même dans la fabrication de leurs produits.
- Si vous lancez un fonds dédié c’est qu’il y a un vivier potentiel d’entreprises et de projets spécialisés ?
- Oui ! Nous en avons sourcé quelques-uns. Le fait de faire cette offre de capital peut aussi inciter la diaspora corse à venir s’installer sur l’île. En plus d’avoir candidaté au fonds d’amorçage nous avons poussé pour qu’il existe d’autres types de fonds en Corse. Nous avons également discuté avec le ministère des finances pour renforcer les crédits d’impôts innovation et le crédit d’impôt recherche pour attirer des entreprises technologiques et les inciter à déplacer une partie de leur branche Recherche et Développement (R&D) en Corse. L’Europe a malheureusement retoqué la partie crédits d’impôts recherche. En revanche, nous avons obtenu une majoration du Crédit d'Impôt Innovation (CII) qui est passé de 20 à 40 %
- La Corse, terre d’excellence de l’entrepreneuriat numérique. Est-ce une utopie ?
- Je pense que ce n’est pas une réalité. Je n’aime pas trop ce genre de slogan disant qu’il faut faire la Silicon Valley en Corse. Parce que nous avons autant de soleil qu’en Californie ? Les Américains ont commencé dans les années 1930 avec des programmes militaires qui ont largement financé la recherche. La Californie a aussi les meilleures universités du monde. Le problème de ces slogans c’est qu’ils ne sont pas accompagnés de moyens. Combien d’écoles d’ingénieurs vont être crées par exemple ? Notre objectif ici, c’est d’avoir un écosystème d’une cinquantaine d’entreprises dans le domaine. C’est déjà pas mal par rapport à la population.
- Le volume de fonds collectés a été multiplié par cinq en cinq ans. Femu Quì avait une capacité d’intervention de cinq millions d’euros, aujourd’hui, nous approchons les 25. Ça nous permet d’augmenter la taille et le nombre de nos investissements et c’est positif en termes d’impacts. Après, on peut toujours faire mieux mais la stratégie a été la bonne. Elle consistait à créer une société de gestion, la filiale Femu Quì Ventures, nous permettant de gérer les fonds Suminà et de développer Femu Quì qui était à l’origine une structure associative. L’équipe de gestion a été élargie et s’est professionnalisé.
- Aujourd’hui Femu Quì lance le fonds d’amorçage Alzà. En quoi consiste-t-il ?
- Femu Quì Ventures a été sélectionnée pour la gestion administrative et financière de ce nouvel outil régional. C’est un fonds qui intervient avant l’attaque de marché. Il a vocation a aidé l’entrepreneur à démarrer. En général, ce sont des jeunes n’ayant pas encore un réseau très développé et ils se tournent vers leur entourage pour financer les premières phases. C’est ce qu’on appelle généralement la Love Money. Un fonds d’amorçage est une sorte de complément de Love Money.
Beaucoup de régions en Europe ont développé ce type de fonds. Ils permettent de potentialiser l’entrepreneuriat local. Au début, le projet entrepreneurial est incertain, il a besoin de ressources et il se localise souvent à l’endroit où on le finance. Ce que nous avons pu voir sur certains projets, c’est qu’ils sont créés par des entrepreneurs corses qui partent ailleurs, faute de financements. L'objectif est de localiser des entreprises innovantes en Corse en faisant de l'île une destination de choix pour les entrepreneurs du digital.
- Quels sont les montants investis ?
- L'enveloppe totale est de 4 millions d'euros à répartir sur une vingtaine de projets maximum. Pour chacun des projets sélectionné l'investissement est situé entre 100 000 et 600 000 euros et se fera en différentes phases. Le premier ticket de 100 000 euros est attribué sur dossier et présentation du projet puis nous voudrions passer une sorte de contrat avec l’entrepreneur où nous fixerions des jalons avec lui. Jalons qui, une fois atteints, débloqueront d’autres financements pour enfin atteindre le total de 600 000 euros. C’est fait dans le but de donner une chance au plus de projets possibles tout en privilégiant ceux qui auront le plus de chances de succès.
- Quelle est la différence avec Suminà ?
- Avec Alzà les projets sont beaucoup plus risqués car ils sont en démarrage. Suminà peut investir dans ces projets mais il arrivera plus tard, une fois que le projet sera plus mature. Pour l’instant, le fonds est doté uniquement par la Collectivité de Corse et le FEDER (Fonds Européen de Développement Régional), à 50 % chacun. Il n’est pas ouvert aux particuliers. C’est en discussion car certaines personnes veulent investir et techniquement ce n’est pas impossible. C’est d’ailleurs une évolution potentielle du fonds. En termes d’avantages pour les investisseurs, la défiscalisation est spécifique aux FIP, donc à Suminà, nous n’en aurons jamais sur Alzà. En revanche il y a d’autres incitations. L’intérêt des investisseurs privés est plus la passion de l’entrepreneuriat et la participation à un projet qui leur parle. Souvent ils ont une sensibilité à la base. Ce sont d’anciens entrepreneurs et ils aiment bien la technologie.
- Pourquoi cette spécialisation dans le champ technologique ?
- C’est le cahier des charges de la région. La spécialisation a été votée à l’Assemblée de Corse. En plus des projets purement techno qui sont notre focus, typiquement, il y a des modèles que nous voyons émerger. Notamment dans la vente des Digital Native Vertical Brand (DNVB). Clairement ce sont des marques qui, au lieu d’avoir un circuit de distribution traditionnel passant par des revendeurs, vend directement aux clients via les réseaux sociaux ou leur propre site internet. Ces entreprises ne sont pas purement technologiques mais elles utilisent la technologie même dans la fabrication de leurs produits.
- Si vous lancez un fonds dédié c’est qu’il y a un vivier potentiel d’entreprises et de projets spécialisés ?
- Oui ! Nous en avons sourcé quelques-uns. Le fait de faire cette offre de capital peut aussi inciter la diaspora corse à venir s’installer sur l’île. En plus d’avoir candidaté au fonds d’amorçage nous avons poussé pour qu’il existe d’autres types de fonds en Corse. Nous avons également discuté avec le ministère des finances pour renforcer les crédits d’impôts innovation et le crédit d’impôt recherche pour attirer des entreprises technologiques et les inciter à déplacer une partie de leur branche Recherche et Développement (R&D) en Corse. L’Europe a malheureusement retoqué la partie crédits d’impôts recherche. En revanche, nous avons obtenu une majoration du Crédit d'Impôt Innovation (CII) qui est passé de 20 à 40 %
- La Corse, terre d’excellence de l’entrepreneuriat numérique. Est-ce une utopie ?
- Je pense que ce n’est pas une réalité. Je n’aime pas trop ce genre de slogan disant qu’il faut faire la Silicon Valley en Corse. Parce que nous avons autant de soleil qu’en Californie ? Les Américains ont commencé dans les années 1930 avec des programmes militaires qui ont largement financé la recherche. La Californie a aussi les meilleures universités du monde. Le problème de ces slogans c’est qu’ils ne sont pas accompagnés de moyens. Combien d’écoles d’ingénieurs vont être crées par exemple ? Notre objectif ici, c’est d’avoir un écosystème d’une cinquantaine d’entreprises dans le domaine. C’est déjà pas mal par rapport à la population.
Appel à candidatures pour le fonds Alzà
Pour déposer une candidature il faudra toutefois répondre à un certain nombre de règles. Alzà s'adresse à des jeunes et petites entreprises en activité depuis moins de 5 ans, ayant un fort contenu innovant ou technologique. Le siège social et/ou la majorité de l'activité doit être en Corse.
Les candidatures sont ouvertes jusqu'au 29 octobre 2021 via le site internet dédié à Alzà : alza.femu.com
Les candidatures sont ouvertes jusqu'au 29 octobre 2021 via le site internet dédié à Alzà : alza.femu.com