Après une introduction signée Arthur Poletti et une modération de Jean-François Pietri, c’est avec brio que le micro a circulé, de main en main, les paroles ont été prises, préparées, pesées, partagées.
Sous les pas du garçon de café, cheville ouvrière du lieu, les tables étaient chaleureusement habillées de thés, cafés, de bières et de vins fruités… L’ambiance était au cœur. Au cœur qui bat et qui cherche à sortir de son for caverneux, de ses représentations, de ses chimères, et du « on dit » d’une masse oppressante.
Quelqu’un détient-il La Vérité ici ?
Peut-on lui faire confiance ?
C’est en ces termes que la question « Faut-il croire aux médias ? » a été posée puis distribuée par Christophe di Caro, organisateur de l’évènement. Ces médias que d’aucuns définissent d’abord par la presse écrite, radio où télévisuelle, peuvent être aussi le papier, le livre, le téléphone, l’intermédiaire entre un fait et sa narration.
Le « média » est au milieu. Je peux être média. Le média est le témoin qui raconte. Mais suis-je pour autant digne de confiance ? Suis-je pour autant objectif ? Faut-il me croire ? Mes sens ne pourraient-ils pas me tromper où orienter involontairement mes jugements ? Autrement dit, si l’on apprend dans le Gorgias de Platon que le sophiste doué d’éloquence peut davantage « faire croire » à la réalité d’un fait juste par le truchement de son art, cela veut-il dire que celui dont le vocabulaire est moins fourni, dont l’habit est moins attrayant, est moins digne d’intérêt que l’autre qui présente une sorte d’excellence ? Et vice versa ? L’habit ferait-il le moine ?
La Liberté dans les médias ? N’est-elle pas une utopie ?
Qui peut donc détenir la Vérité ? Faut-il croire aux médias ? Faut-il croire aux beaux parleurs ? Peut-on croire en toute objectivité si l’on admire le beau-parleur ? Les réseaux sociaux sont emplis de pseudos journaux d’informations parallèles qui crient à la découverte d’OVNIS, de complot judéo-maçonnique au sujet du World Trade Center où encore des Chemtrails, de l’origine extraterrestre des Frères Bogdanov… Mais également de musulmans derrière DAESH, de vrais juifs qui crucifièrent Jésus, que les hommes politiques sont de bons samaritains…
Heureux le temps où un Diogène demandait à Alexandre le Grand de s’ôter de devant son Soleil. Heureux sera le temps où les hommes seront libres sans intermédiaires, sans médiateurs, sans… médiatiques et se contenteront de la vérité de fait et, pourquoi pas, de la contemplation silencieuse en prémices à la bonne action.
Mais l’Homme n’est-il pas voué à donner sa liberté à des instances qui le dépassent, à des intermédiaires, des médiateurs pour avoir la paix ? Et Hobbes nous en est témoin dans son Léviathan, même une fois que l’État sera aboli, les nouveaux Hommes libres mettront toutes leurs volontés en une seule volonté. Celle de la politique, celle d’une Tour de Babel qui chancèle d’avidité, de Gloire et… d’Éternité politique. Les Hommes attendent que le temps passe, regardent passifs et commentent, sont spectateurs à l’esprit critique souvent bien cyclique et au gré des médias. Ils aliènent leur liberté sans mêmes ne s’en rendre compte. Leurs « contestations » d’hommes libres semble alors prémâchée.
Faut-il croire aux médias ? Le journaliste peut-il réellement être objectif ?
Lorsque l’on sait que la plupart des journaux où encore les chaines de télévision publique qui ont pignon sur rue sont grandement subventionnées par l’État. Et lorsque l’argent émane de sources privées savons-nous réellement d’où il provient ? Et quelles sont les motivations de celui où ceux qui financent ? Nous parlerons ensuite de l’objectivité du journaliste -employé- de ces chaines, radios, journaux… Qui, de surcroit, est de plus en plus pressé de « rendre un travail » par soucis du rendement.. Donc parfois avec peu de profondeur. Lorsque nous sommes sous le joug du salaire mensuel où, pis encore, de celui de la pige, pouvons-nous encore parler d’esprit libre et, par extension, d’une réelle liberté d’expression au sein du média que l’on sert ? L’homme et la femme journalistes sous contrat, bien souvent précaire, ne sont-ils pas, au fond, que des rouages qui doivent exécuter et mettre en œuvre la « culture d’entreprise » en dépit de leur libre et objective pensée ?
Le média aliène-t-il la libre pensée ?
Si les médias étaient réellement objectifs, comment justifier alors que d’une chaîne à l’autre, d’un journal à l’autre, un même évènement soit traité de manière tellement différente ? N’est-ce pas cela que l’on nomme finalement la « part de subjectivité » ? La « culture d’entreprise » où encore « l’aspiration politique » du média ?
Les gens de Gauche et ceux de Droite auraient-ils pu écrire le Coran où la Torah, médias par excellence, de la même manière ? Et ainsi encadrer des fidèles sur des siècles et des siècles et selon leur vue propre ? Certains médias télévisés en revanche, devant l’affluence de plus en plus prégnante du direct, semblent s’orienter davantage vers un sensationnel de divertissement immédiat au détriment d’un traitement objectif et « véritable » de l’information avec prise de recul. Ils uniformisent leur traitement d’informations et ne semblent servir le fait qu’avec peu de discernement, sans soucis de la manière dont le téléspectateur recevra cette information au risque de le tromper et de lui imposer un piètre avis, comme une image subliminale. La question en filigrane concerne donc la Vérité dans la source.
L’interrogation véritable pourrait être : comment croire quel média ? Et, enfin, la Liberté d’expression dans les médias existe-t-elle en réalité ? Est-elle réellement un pas vers la narration neutre d’une vérité de fait ? Le média qui traite l’information n’est-il pas aux antipodes de la liberté d’expression ?
Croyez-moi si vous le voulez mais ceci est une autre histoire….
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