Pris pour cible avec son unité au cours d’une embuscade qui vire rapidement à l’émeute, Gary se retrouve isolé de ses compagnons, seul et pris au piège en territoire ennemi. Traqué, la lutte pour survivre va commencer. (DR)
ON A VU POUR VOUS… '71 (Action, Drame – Britannique), réalisé par Yann Demange, 2014, durée : 1h39
Lorsque Gary (interprété par l’excellent Jack O’Connell), une jeune recrue de l’Armée Britannique quitte sa campagne natale et son jeune fils pour être envoyé sur le front de la guerre qui fait rage entre Catholiques et Protestants en 1971 à Belfast, il ne peut imaginer un seul instant que sa vie va brutalement basculer dans le chaos.
C’est lors d’une patrouille dans un quartier de la ville en plein bouillonnement de violence, que les choses vont mal tourner.
Pris pour cible avec son unité au cours d’une embuscade qui vire rapidement à l’émeute, Gary se retrouve isolé de ses compagnons d’armes, seul et pris au piège en territoire ennemi.
Traqué, il va devoir entrer dans une lutte de tous les instants pour tenter de rester en vie, espérant que ses compagnons se lancent à sa recherche…
Une œuvre profonde et totalement novatrice dans un genre surexploité
Si le thème du soldat pris au piège par l’ennemi et qui doit mener une lutte désespérée pour tenter de rester en vie a déjà été traité abondamment par le cinéma à travers les années (Rambo, Full Métal Jacket, Il Faut Sauver le Soldat Ryan, Band Of Brothers etc.), ce '71, réalisé par Yann Demange, se distingue nettement des œuvres précédentes, par un traitement scénaristique et filmique littéralement différent de cette thématique.
Là où les films classiques réservent leur lot permanent d’explosions, attaques, incursions et arsenal militaire déployé, l’œuvre de Yann Demange paraît presque mutique et froide, tant l’économie de paroles, de coups de feu et autres explosions recentrent inévitablement le spectateur sur le sujet principal du film : Gary Hook.
L’action est totalement fixée sur lui, à la manière d’un documentaire « embarqué ».
Et, une fois les premières minutes (un peu déroutantes pour le spectateur) passées, c’est précisément cette technique qui va immerger le public dans l’action et ne plus le faire décrocher jusqu’à la dernière scène du film.
Qui va l’emmener dans les profondeurs d’une réflexion dont il ne sortira pas indemne.
Lorsque Gary (interprété par l’excellent Jack O’Connell), une jeune recrue de l’Armée Britannique quitte sa campagne natale et son jeune fils pour être envoyé sur le front de la guerre qui fait rage entre Catholiques et Protestants en 1971 à Belfast, il ne peut imaginer un seul instant que sa vie va brutalement basculer dans le chaos.
C’est lors d’une patrouille dans un quartier de la ville en plein bouillonnement de violence, que les choses vont mal tourner.
Pris pour cible avec son unité au cours d’une embuscade qui vire rapidement à l’émeute, Gary se retrouve isolé de ses compagnons d’armes, seul et pris au piège en territoire ennemi.
Traqué, il va devoir entrer dans une lutte de tous les instants pour tenter de rester en vie, espérant que ses compagnons se lancent à sa recherche…
Une œuvre profonde et totalement novatrice dans un genre surexploité
Si le thème du soldat pris au piège par l’ennemi et qui doit mener une lutte désespérée pour tenter de rester en vie a déjà été traité abondamment par le cinéma à travers les années (Rambo, Full Métal Jacket, Il Faut Sauver le Soldat Ryan, Band Of Brothers etc.), ce '71, réalisé par Yann Demange, se distingue nettement des œuvres précédentes, par un traitement scénaristique et filmique littéralement différent de cette thématique.
Là où les films classiques réservent leur lot permanent d’explosions, attaques, incursions et arsenal militaire déployé, l’œuvre de Yann Demange paraît presque mutique et froide, tant l’économie de paroles, de coups de feu et autres explosions recentrent inévitablement le spectateur sur le sujet principal du film : Gary Hook.
L’action est totalement fixée sur lui, à la manière d’un documentaire « embarqué ».
Et, une fois les premières minutes (un peu déroutantes pour le spectateur) passées, c’est précisément cette technique qui va immerger le public dans l’action et ne plus le faire décrocher jusqu’à la dernière scène du film.
Qui va l’emmener dans les profondeurs d’une réflexion dont il ne sortira pas indemne.
Un film qui met en lumière les luttes fratricides des diverses branches d’activistes au cœur même de la guerre civile entre Catholiques et Protestants. Il souligne également tous les travers de l'armée Britannique. (Photo : DR)
Ni vision édulcorée de la guerre ni Manichéisme dans ce film brut et poignant
Un tour de force de la part du réalisateur qui offre avec ce '71 une œuvre à la fois immersive et sans concessions sur cette période noire de l’Histoire de l’Irlande.
Sans concessions car Yann Demange ne sombre pas dans une vision édulcorée, "héroïsante" ou manichéenne de son sujet et des évènements historiques qui y sont liés.
Il n’y a véritablement ni héros, ni anti-héros dans ce film violent (toujours par nécessité) et presque nihiliste, qui met en lumière les luttes fratricides des diverses branches d’activistes Irlandais au cœur même de la guerre civile entre Catholiques et Protestants.
Mais qui souligne également tous les travers d’une armée Britannique, empêtrée dans un conflit qui la dépasse, et qui use de méthodes inavouables pour tenter d’en sortir, quitte à se « salir les mains » d’une façon insensée et à son tour ne pas hésiter à sacrifier ses propres hommes.
Une véritable poétique de l’image qui façonne l’ensemble de l’œuvre dans un tout cohérent
Une vision juste qui est en permanence sous-tendue, à la fois par un scénario habilement ficelé, une mise en scène impeccable et sans fioritures, une technique filmique immersive et une bande-originale sobre et redoutablement efficace (notamment dans les moments de grandes tensions où l’attente du dénouement en devient presque insoutenable).
Si la violence (parfois particulièrement dure à supporter mais qui n’est jamais là « pour être là » ni « meubler » cinq minutes de creux scénaristiques, contrairement à bien d’autres film du genre) qui parcourt tout le film est « brute », Yann Demange n’a pas pour autant cédé à la facilité.
Bien au contraire, il parvient à insuffler une vraie dimension, à la fois psychologique, philosophique et dans une certaine mesure poétique, notamment grâce à la présence de plusieurs scènes à valeur indéniablement métaphoriques.
Et ce, dans des moments aussi divers que la peur, les relations humaines et la mort.
Une véritable poétique de l’image qui façonne l’ensemble de l’œuvre dans un tout cohérent et qui produit forcément une résonance sur le public.
Un tour de force de la part du réalisateur qui offre avec ce '71 une œuvre à la fois immersive et sans concessions sur cette période noire de l’Histoire de l’Irlande.
Sans concessions car Yann Demange ne sombre pas dans une vision édulcorée, "héroïsante" ou manichéenne de son sujet et des évènements historiques qui y sont liés.
Il n’y a véritablement ni héros, ni anti-héros dans ce film violent (toujours par nécessité) et presque nihiliste, qui met en lumière les luttes fratricides des diverses branches d’activistes Irlandais au cœur même de la guerre civile entre Catholiques et Protestants.
Mais qui souligne également tous les travers d’une armée Britannique, empêtrée dans un conflit qui la dépasse, et qui use de méthodes inavouables pour tenter d’en sortir, quitte à se « salir les mains » d’une façon insensée et à son tour ne pas hésiter à sacrifier ses propres hommes.
Une véritable poétique de l’image qui façonne l’ensemble de l’œuvre dans un tout cohérent
Une vision juste qui est en permanence sous-tendue, à la fois par un scénario habilement ficelé, une mise en scène impeccable et sans fioritures, une technique filmique immersive et une bande-originale sobre et redoutablement efficace (notamment dans les moments de grandes tensions où l’attente du dénouement en devient presque insoutenable).
Si la violence (parfois particulièrement dure à supporter mais qui n’est jamais là « pour être là » ni « meubler » cinq minutes de creux scénaristiques, contrairement à bien d’autres film du genre) qui parcourt tout le film est « brute », Yann Demange n’a pas pour autant cédé à la facilité.
Bien au contraire, il parvient à insuffler une vraie dimension, à la fois psychologique, philosophique et dans une certaine mesure poétique, notamment grâce à la présence de plusieurs scènes à valeur indéniablement métaphoriques.
Et ce, dans des moments aussi divers que la peur, les relations humaines et la mort.
Une véritable poétique de l’image qui façonne l’ensemble de l’œuvre dans un tout cohérent et qui produit forcément une résonance sur le public.
La distanciation employée par le réalisateur fait que l’on s’attache davantage à la peinture d’un fort moment de vie, qu’au personnage lui-même. Sauf pour la figure du jeune fils de Gary qui attend son retour à la maison. (DR)
Le soldat Gary Hook, un personnage à la limite de l’abstraction
De même, le traitement distancié, presque froid que le réalisateur emploie avec ses personnages, y compris le principal, fait que l’on s’attache davantage à la peinture d’un moment de vie, véritablement plus qu’au personnage principal lui-même (à la seule exception de la figure du jeune fils de Gary qui attend le retour de son père à la maison).
D’ailleurs, au cours de cette chasse à l’homme permanente, Gary semble cristalliser tous les objets de la haine que chacun cultive si bien, et cette figure de bouc émissaire universel fait presque du personnage de Gary une abstraction.
1h39 d’émotion et de réflexion novatrices sur un sujet délicat projetées en avant-première nationale
En conclusion, ce '71 représente 1h39 d’émotion et de réflexion lourdes de sens sur un sujet délicat, abordé avec talent et justesse par le réalisateur Yann Demange.
L’une de ces œuvres dont on ne saurait que trop recommander de découvrir sans tarder.
Ce qui vient par ailleurs clairement confirmer la montée en puissance (constante depuis plusieurs années) d’un cinéma Britannique et Irlandais d’une remarquable qualité et qui pourrait fort justement devenir incontournable, apportant ainsi une authentique alternative au cinéma Américain dans un futur proche.
On salue à cet égard une nouvelle fois la sélection éclairée de ce film de la part du festival Under My Screen, qui l’a diffusé (et c’est à souligner !) en avant-première nationale (à l’instar de One Chance et Franck).
En attendant de pied ferme la 7è édition du festival l’an prochain, pour pouvoir découvrir de nouvelles « pépites » cinématographiques de cette trempe !
Margaux CANET et Yannis-Christophe GARCIA
De même, le traitement distancié, presque froid que le réalisateur emploie avec ses personnages, y compris le principal, fait que l’on s’attache davantage à la peinture d’un moment de vie, véritablement plus qu’au personnage principal lui-même (à la seule exception de la figure du jeune fils de Gary qui attend le retour de son père à la maison).
D’ailleurs, au cours de cette chasse à l’homme permanente, Gary semble cristalliser tous les objets de la haine que chacun cultive si bien, et cette figure de bouc émissaire universel fait presque du personnage de Gary une abstraction.
1h39 d’émotion et de réflexion novatrices sur un sujet délicat projetées en avant-première nationale
En conclusion, ce '71 représente 1h39 d’émotion et de réflexion lourdes de sens sur un sujet délicat, abordé avec talent et justesse par le réalisateur Yann Demange.
L’une de ces œuvres dont on ne saurait que trop recommander de découvrir sans tarder.
Ce qui vient par ailleurs clairement confirmer la montée en puissance (constante depuis plusieurs années) d’un cinéma Britannique et Irlandais d’une remarquable qualité et qui pourrait fort justement devenir incontournable, apportant ainsi une authentique alternative au cinéma Américain dans un futur proche.
On salue à cet égard une nouvelle fois la sélection éclairée de ce film de la part du festival Under My Screen, qui l’a diffusé (et c’est à souligner !) en avant-première nationale (à l’instar de One Chance et Franck).
En attendant de pied ferme la 7è édition du festival l’an prochain, pour pouvoir découvrir de nouvelles « pépites » cinématographiques de cette trempe !
Margaux CANET et Yannis-Christophe GARCIA
SAVOIR +
Retrouvez l’ensemble de nos chroniques sur cette 6è édition du festival mais également les précédentes en consultant notre rubrique dédiée ICI
Retrouvez l’ensemble de nos chroniques sur cette 6è édition du festival mais également les précédentes en consultant notre rubrique dédiée ICI