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François Gabrielli réélu président de la CMA2A : "Chaque jour une entreprise ferme en Corse"


le Jeudi 20 Octobre 2016 à 17:14

La non-distribution de plus de 650 enveloppes contenant le matériel de vote n'a pas empêché la réélection de François Gabrielli, seul candidat en lice, à la tête de la chambre de métiers et de l'artisanat de la Corse-du-Sud. Le président tire la sonnette d'alarme, et entend très vite faire baisser les charges qui pèsent sur l'artisanat. Interview...



François Gabrielli réélu président de la CMA2A : "Chaque jour une entreprise ferme en Corse"
" Quel est l'enjeu principal de ce nouveau mandat ?

 Mon premier cheval de bataille, c'est faire baisser les charges pour les artisans. C'est très urgent : aujourd'hui, depuis ma première élection, près de 8.000 entreprises ont été créées. Ces entreprises ne payent rien, et les artisans qui ont de nombreuses charges sont en grande difficulté. Si l'on ne rabaisse pas ces charges, un maximum de 30 %, 50 % de l'artisanat aura disparu d'ici trois ans.

Est-ce réalisable selon vous ?

Quand nous avons commencé notre mobilisation, le 22 septembre dernier, tout le monde disait que l'on allait droit dans le mur. Et puis la Ministre est venue, et nous a balancé vingt millions d'euros et 10 % de crédit d'impôt. Sur cette revendication-là par-contre, elle n'a rien voulu entendre. Aujourd'hui, elle a reconnu le poids de l'insularité sur l'économie corse. Donc notre bataille première désormais, c'est la baisse des charges dans l'artisanat via cette reconnaissance de l'insularité.

Vous dites que des entreprises se créent tous les jours, mais les entreprises corses ne se portent pas bien pour autant ?

Quand je suis arrivé à la Chambre de Métiers il y a cinq ans, il y avait 4.200 artisans. Aujourd'hui, il y en a 6.900, et tous les jours ouvrables j'en inscris sept de plus en Corse-du-Sud, et le phénomène est le même en Haute-Corse. Comme je vous l'ai dit cela fait près de 8.000 entreprises artisans en plus créées en cinq ans sur l'île.

Cela semble être une bonne chose non ?

Non ! Parce qu'il s'agit en majorité de micro-entreprises. Un chiffre que je tiens de l'Etat : plus de 6.000 de ces entreprises ne déclarent rien, c'est donc selon moi du travail au noir, point final.

Et donc vous souhaiteriez réguler cette situation ?

On ne peut rien faire car c'est une loi que l'Etat a mis en place. La seule chose qu'il convient de faire pour réguler la situation, c'est de faire reconnaître le handicap dû à notre insularité. Il faut impérativement l'égalité pour tous, que nos artisans, les TPE corses ne payent plus de charges, comme les autres n'en paient pas. Autrement tout le monde paie à égalité, on ne peut plus laisser les choses telles qu'elles sont.

C'est-à-dire faire payer les micro-entrepreneurs ?

Si on ne veut pas les faire payer, et bien l'artisanat n'a pas à payer pour eux ! L'artisan ne peut plus payer ! Ces entreprises mettent l'artisanat en difficulté. Si on veut les garder, on doit mettre les artisans au même niveau, et qu'eux non plus ne paient plus de charges, pour pouvoir survivre. Il faut savoir, chiffre de l'ADEC à l'appui, que quatre entreprises différentes téléphonent chaque jour parce qu'elles sont en difficulté. L'Etat a reconnu qu'il y a déjà plus de 2.000 entreprises en difficulté en Corse. Si l'Etat en reconnait deux milliers, cela signifie qu'il y en a beaucoup plus. Autre chiffre communiqué par l'Etat : chaque jour une enseigne disparaît dans l'île. C'est énorme.

Vous avez dit que l'Etat avait jusqu'ici refusé catégoriquement cette demande de suppression des charges... Aujourd'hui pensez-vous avoir les armes pour négocier ?

Je vous rappelle quand même que l'an dernier nous avons occupé la Direccte pendant 36 heures. Aujourd'hui je pense que nous allons faire une action encore plus grande. Ce sera peut-être long, mais on aura satisfaction, j'en suis certain : nous ne céderons pas !

Une action qui serait prévue dans combien de temps ?

Nous attendons les élections de la CCI dans un mois. Par le passé nous nous sommes tous unis et nous le sommes encore. Dès la fin des élections, s'il n'y a pas de réponse positive de l'Etat, le conflit redémarrera. "