- Vous remontez, encore une fois, au créneau pour défendre les Arrêtés Miot. Qu'y a-t-il de nouveau ? - Depuis deux ans, nous tirons la sonnette d'alarme. Le calendrier s'accélère. Le compte à rebours est plus qu'enclenché. A deux mois et demi du terme, nous n'avons toujours aucune réponse. Il y a donc une volonté manifeste de ne pas donner de suite positive à une attente légitime.
- Qu'allez-vous faire ?
- Nous avons décidé d'accélérer la cadence et de lancer un appel à la mobilisation générale parce que, seul, le rapport de forces politiques pourra nous permettre de conserver nos droits acquis.
- Comment va se décliner cette mobilisation ?
- Elle va se décliner autour de trois axes. Le premier est l'appel aux parlementaires qui est indispensable parce que la prorogation du régime dérogatoire ne peut intervenir qu'au travers d'une modification de la loi de finances qui se décide à l'Assemblée nationale. Donc, nous appelons les six parlementaires de l'île, les quatre députés et les deux sénateurs, à parler d'une même voix, à déposer un amendement unique pour demander la prorogation du régime dérogatoire et à bien montrer que la Corse est toute entière unie derrière cette revendication.
- Quel sera le deuxième axe d'action ?
- Il faut que l'Assemblée de Corse (CTC), même si elle l'a déjà fait, mais avec une force et une solennité particulières, interpelle publiquement les plus hautes autorités de l'Etat, c'est-à-dire le Président de la République et le Premier ministre, pour obtenir l'engagement clair et fort de proroger ce régime dérogatoire.
- Et le troisième axe ?
- Parallèlement, dans l'attente de cette interpellation et de la réponse qui lui sera donnée, il faut engager la mobilisation de l'opinion publique. Notre conférence de presse est le point de départ. La semaine prochaine, nous allons distribuer, par le réseau de militants et de sympathisants de Femu A Corsica, 25 000 tracts dans toute l'île et même à l'extérieur dans la diaspora. Nous allons largement diffuser l'information et sensibiliser, dans tous les villages, les gens aux enjeux. Ensuite, un certain nombre d'actions et d'initiatives vont être déclinées dans les jours et les semaines à-venir, notamment des pétitions.
- Quelles seront les autres initiatives ?
- Nous allons nous rapprocher de toutes les forces de progrès, politiques, syndicales, associatives, simples citoyens... Nous allons sensibiliser tous les élus de terrain, tous les maires dans les villages, en milieu urbain comme en milieu rural. C'est, à notre avis, par capillarité que nous réussirons à mobiliser le plus grand nombre de Corses autour de cet enjeu.
- Croyez-vous que ce sera suffisant ?
- Si, dans les dix jours à-venir, nous n'avons pas une réponse ferme et positive de l'Etat, il faudra, de façon déterminée et responsable, descendre dans la rue, tous ensemble, dans une mobilisation élargie pour montrer que la Corse ne se laissera pas déposséder.
- Vous prévoyez donc une manifestation de masse en novembre ?
- Oui. Nous souhaitons que cette manifestation soit la plus large possible parce que le problème de la suppression éventuelle des Arrêtés Miot touche tous les Corses et doit, donc, fédérer tous les Corses. L'Assemblée de Corse l'a d'ailleurs fortement affirmé dans sa délibération d'octobre 2010 qui, elle-même, reprenait les termes de la motion de Femu A Corsica. Notre motion disait que le retour au droit commun aurait des conséquences économiques, sociales et sociologiques désastreuses dans le contexte de dépossession et de spéculation actuel. Ce serait une véritable ruine pour tous les Corses, quelque soit leur situation sociale ou de fortune. Les gens se verraient obligés de vendre tout ou partie de leur patrimoine, qu'il s'agisse du bâti ou des terrains, pour payer les droits de succession. Ce serait une véritable catastrophe !
- Un député socialiste a récemment posé une question écrite au gouvernement demandant la suppression des Arrêtés Miot. Qu'en pensez-vous ?
- Le vice-président socialiste de la Commission des finances, Dominique Baert, a posé, une première fois, cette question, le 30 août 2011 et l'a reformulée le 31 juillet dernier. Il s'appuie notamment sur le contexte d'austérité budgétaire en utilisant un mécanisme d'ensemble que nous connaissons trop bien. La Corse est toujours l'otage de débats franco-français, de surenchère politicienne de gauche ou de droite sur le thème : les Corses sont des privilégiés, etc.
- Que lui répondez-vous ?
- Nous lui renvoyons l'argument. Nous disons que, dans le contexte de crise économique, le retour au droit commun aurait des conséquences encore aggravées. La Corse ne peut pas être l'otage du débat politicien à l'échelon français, ni faire l'objet de surenchère.
- Le fait que ce soit le vice-président de la Commission des finances, qui pose cette question, n'est-ce pas de mauvais augure ?
- C'est déjà très inquiétant qu'il la pose, encore plus qu'il la pose de cette manière très polémique qui sous-entend que les Corses sont favorisés. Et ce qui est aussi inquiétant, c'est que le ministre du budget n'y ait absolument pas répondu, toujours pas à ce jour, alors que la question est posée depuis deux mois. Si l'Etat avait la volonté politique de faire des choix courageux, il aurait répondu que maintenir, en Corse, un régime dérogatoire spécifique, hérité de l'histoire, n'est que justice. Le silence de l'Etat ne peut que nous apparaître comme le témoignage d'une gêne et, peut-être, pire encore, d'un calcul.
- Comment interpréterez-vous une réponse négative du gouvernement ?
- La réponse, qu'apportera l'Etat, à notre demande légitime aura valeur de test politique général par rapport à la démarche d'ensemble de la CTC, notamment la perspective de révision constitutionnelle. Au moment où la CTC travaille à une révision constitutionnelle fortement attendue par les Corses, si l'Etat n'est pas prêt à proroger un dispositif dérogatoire qui est un acquis historique, il est évident qu'il ne sera pas prêt, non plus, à s'engager sur un chantier de révision constitutionnelle. Il faudra, alors, que chacun en tire toutes les conséquences.
Propos recueillis par Nicole MARI
- Qu'allez-vous faire ?
- Nous avons décidé d'accélérer la cadence et de lancer un appel à la mobilisation générale parce que, seul, le rapport de forces politiques pourra nous permettre de conserver nos droits acquis.
- Comment va se décliner cette mobilisation ?
- Elle va se décliner autour de trois axes. Le premier est l'appel aux parlementaires qui est indispensable parce que la prorogation du régime dérogatoire ne peut intervenir qu'au travers d'une modification de la loi de finances qui se décide à l'Assemblée nationale. Donc, nous appelons les six parlementaires de l'île, les quatre députés et les deux sénateurs, à parler d'une même voix, à déposer un amendement unique pour demander la prorogation du régime dérogatoire et à bien montrer que la Corse est toute entière unie derrière cette revendication.
- Quel sera le deuxième axe d'action ?
- Il faut que l'Assemblée de Corse (CTC), même si elle l'a déjà fait, mais avec une force et une solennité particulières, interpelle publiquement les plus hautes autorités de l'Etat, c'est-à-dire le Président de la République et le Premier ministre, pour obtenir l'engagement clair et fort de proroger ce régime dérogatoire.
- Et le troisième axe ?
- Parallèlement, dans l'attente de cette interpellation et de la réponse qui lui sera donnée, il faut engager la mobilisation de l'opinion publique. Notre conférence de presse est le point de départ. La semaine prochaine, nous allons distribuer, par le réseau de militants et de sympathisants de Femu A Corsica, 25 000 tracts dans toute l'île et même à l'extérieur dans la diaspora. Nous allons largement diffuser l'information et sensibiliser, dans tous les villages, les gens aux enjeux. Ensuite, un certain nombre d'actions et d'initiatives vont être déclinées dans les jours et les semaines à-venir, notamment des pétitions.
- Quelles seront les autres initiatives ?
- Nous allons nous rapprocher de toutes les forces de progrès, politiques, syndicales, associatives, simples citoyens... Nous allons sensibiliser tous les élus de terrain, tous les maires dans les villages, en milieu urbain comme en milieu rural. C'est, à notre avis, par capillarité que nous réussirons à mobiliser le plus grand nombre de Corses autour de cet enjeu.
- Croyez-vous que ce sera suffisant ?
- Si, dans les dix jours à-venir, nous n'avons pas une réponse ferme et positive de l'Etat, il faudra, de façon déterminée et responsable, descendre dans la rue, tous ensemble, dans une mobilisation élargie pour montrer que la Corse ne se laissera pas déposséder.
- Vous prévoyez donc une manifestation de masse en novembre ?
- Oui. Nous souhaitons que cette manifestation soit la plus large possible parce que le problème de la suppression éventuelle des Arrêtés Miot touche tous les Corses et doit, donc, fédérer tous les Corses. L'Assemblée de Corse l'a d'ailleurs fortement affirmé dans sa délibération d'octobre 2010 qui, elle-même, reprenait les termes de la motion de Femu A Corsica. Notre motion disait que le retour au droit commun aurait des conséquences économiques, sociales et sociologiques désastreuses dans le contexte de dépossession et de spéculation actuel. Ce serait une véritable ruine pour tous les Corses, quelque soit leur situation sociale ou de fortune. Les gens se verraient obligés de vendre tout ou partie de leur patrimoine, qu'il s'agisse du bâti ou des terrains, pour payer les droits de succession. Ce serait une véritable catastrophe !
- Un député socialiste a récemment posé une question écrite au gouvernement demandant la suppression des Arrêtés Miot. Qu'en pensez-vous ?
- Le vice-président socialiste de la Commission des finances, Dominique Baert, a posé, une première fois, cette question, le 30 août 2011 et l'a reformulée le 31 juillet dernier. Il s'appuie notamment sur le contexte d'austérité budgétaire en utilisant un mécanisme d'ensemble que nous connaissons trop bien. La Corse est toujours l'otage de débats franco-français, de surenchère politicienne de gauche ou de droite sur le thème : les Corses sont des privilégiés, etc.
- Que lui répondez-vous ?
- Nous lui renvoyons l'argument. Nous disons que, dans le contexte de crise économique, le retour au droit commun aurait des conséquences encore aggravées. La Corse ne peut pas être l'otage du débat politicien à l'échelon français, ni faire l'objet de surenchère.
- Le fait que ce soit le vice-président de la Commission des finances, qui pose cette question, n'est-ce pas de mauvais augure ?
- C'est déjà très inquiétant qu'il la pose, encore plus qu'il la pose de cette manière très polémique qui sous-entend que les Corses sont favorisés. Et ce qui est aussi inquiétant, c'est que le ministre du budget n'y ait absolument pas répondu, toujours pas à ce jour, alors que la question est posée depuis deux mois. Si l'Etat avait la volonté politique de faire des choix courageux, il aurait répondu que maintenir, en Corse, un régime dérogatoire spécifique, hérité de l'histoire, n'est que justice. Le silence de l'Etat ne peut que nous apparaître comme le témoignage d'une gêne et, peut-être, pire encore, d'un calcul.
- Comment interpréterez-vous une réponse négative du gouvernement ?
- La réponse, qu'apportera l'Etat, à notre demande légitime aura valeur de test politique général par rapport à la démarche d'ensemble de la CTC, notamment la perspective de révision constitutionnelle. Au moment où la CTC travaille à une révision constitutionnelle fortement attendue par les Corses, si l'Etat n'est pas prêt à proroger un dispositif dérogatoire qui est un acquis historique, il est évident qu'il ne sera pas prêt, non plus, à s'engager sur un chantier de révision constitutionnelle. Il faudra, alors, que chacun en tire toutes les conséquences.
Propos recueillis par Nicole MARI