Gilles Simeoni, leader des Nationalistes modérés et président du Conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Corse.
« LE SENS DE MA PARTICIPATION A LA CEREMONIE DU 6 FEVRIER 2016
L’assassinat du préfet Erignac, le 6 février 1998, est, à la fois, un drame humain et un acte d’une gravité politique sans précédent. Dix-huit ans après leur commission, les dégâts et conséquences directes de ces faits n’ont pas fini de produire leurs effets : la douleur de la famille et des proches de la victime reste intacte ; ceux qui ont été condamnés pour cet acte continuent de subir la double peine de l’éloignement carcéral ; un homme, dont je suis l’avocat, crie son innocence et défend son droit à un procès équitable devant la Cour européenne des droits de l’homme ; des dizaines de personnes restent poursuivies dans un dossier connexe car la juridiction anti-terroriste refuse de leur accorder le non-lieu qui les innocentera définitivement. C’est dans ce contexte que le Préfet de Corse, représentant de l’Etat, m’a invité, en ma qualité de Président du Conseil exécutif de Corse, à assister à la commémoration de l’assassinat du Préfet Erignac. Je serai présent car je considère qu’il entre dans les devoirs de ma charge, qui implique notamment la représentation de la Corse dans tous les actes de la vie civile, d’assister à cette cérémonie. D’abord, pour exprimer le respect dû au mort et la compassion portée à sa famille. Ensuite, pour réaffirmer que le respect de la vie humaine est, dans toute société, le plus sacré des droits. Enfin, parce que je ne veux pas que mon absence puisse être perçue ou interprétée comme un signe d’indifférence ou d’hostilité à l’égard du souvenir de ces faits tragiques. Tout au contraire, j’entends, par ma présence, réaffirmer que les dirigeants de la Corse, au lendemain du choix fait par notre peuple d’élire des nationalistes pour le représenter, ont conscience de la responsabilité historique qui est la leur : engager la Corse sur le chemin de l’émancipation et, dans le même temps, préparer la réconciliation et construire la paix. Cet objectif majeur est, sur le fond, partagé et assumé de façon commune et indivisible par l’ensemble de la majorité territoriale, dans ses deux composantes. J’espère qu’il le sera également par l’Etat et le Gouvernement. Les faits dramatiques du 6 février 1998 participent d’une histoire conflictuelle, étalée sur un demi-siècle, et qui, de part et d’autre, a brisé des vies, laminé des familles, laissé des cicatrices ouvertes et douloureuses. Assumer l’intégralité de ce lourd héritage, le réintégrer dans le champ de la mémoire partagée serait donner à la commémoration, de la part de ceux qui en sont les organisateurs, la véritable dimension qu’elle se doit d’avoir : certes, ne rien oublier du passé, mais aussi, et surtout, ouvrir les portes de l’avenir ».
L’assassinat du préfet Erignac, le 6 février 1998, est, à la fois, un drame humain et un acte d’une gravité politique sans précédent. Dix-huit ans après leur commission, les dégâts et conséquences directes de ces faits n’ont pas fini de produire leurs effets : la douleur de la famille et des proches de la victime reste intacte ; ceux qui ont été condamnés pour cet acte continuent de subir la double peine de l’éloignement carcéral ; un homme, dont je suis l’avocat, crie son innocence et défend son droit à un procès équitable devant la Cour européenne des droits de l’homme ; des dizaines de personnes restent poursuivies dans un dossier connexe car la juridiction anti-terroriste refuse de leur accorder le non-lieu qui les innocentera définitivement. C’est dans ce contexte que le Préfet de Corse, représentant de l’Etat, m’a invité, en ma qualité de Président du Conseil exécutif de Corse, à assister à la commémoration de l’assassinat du Préfet Erignac. Je serai présent car je considère qu’il entre dans les devoirs de ma charge, qui implique notamment la représentation de la Corse dans tous les actes de la vie civile, d’assister à cette cérémonie. D’abord, pour exprimer le respect dû au mort et la compassion portée à sa famille. Ensuite, pour réaffirmer que le respect de la vie humaine est, dans toute société, le plus sacré des droits. Enfin, parce que je ne veux pas que mon absence puisse être perçue ou interprétée comme un signe d’indifférence ou d’hostilité à l’égard du souvenir de ces faits tragiques. Tout au contraire, j’entends, par ma présence, réaffirmer que les dirigeants de la Corse, au lendemain du choix fait par notre peuple d’élire des nationalistes pour le représenter, ont conscience de la responsabilité historique qui est la leur : engager la Corse sur le chemin de l’émancipation et, dans le même temps, préparer la réconciliation et construire la paix. Cet objectif majeur est, sur le fond, partagé et assumé de façon commune et indivisible par l’ensemble de la majorité territoriale, dans ses deux composantes. J’espère qu’il le sera également par l’Etat et le Gouvernement. Les faits dramatiques du 6 février 1998 participent d’une histoire conflictuelle, étalée sur un demi-siècle, et qui, de part et d’autre, a brisé des vies, laminé des familles, laissé des cicatrices ouvertes et douloureuses. Assumer l’intégralité de ce lourd héritage, le réintégrer dans le champ de la mémoire partagée serait donner à la commémoration, de la part de ceux qui en sont les organisateurs, la véritable dimension qu’elle se doit d’avoir : certes, ne rien oublier du passé, mais aussi, et surtout, ouvrir les portes de l’avenir ».