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Inseme per Bastia : « Nous incarnons le changement »


Nicole Mari le Dimanche 2 Juin 2013 à 23:03

Le mouvement nationaliste modéré d’opposition municipale, Inseme per Bastia, a fêté ses 5 ans d’existence, samedi, à Lupinu. Un anniversaire qui, au-delà des festivités de circonstance, a pris la forme d’une entrée en campagne à 10 mois du prochain scrutin municipal. Son leader, Gilles Simeoni, a, dans un discours de combat, lancé un appel à la mobilisation générale pour faire tomber la citadelle Zuccarelliste. Fustigeant, à la fois, le bilan du maire sortant et le système en place, il a réaffirmé sa volonté d’incarner le changement et de changer les choses en profondeur.



Gilles Simeoni, leader d'Inseme per Bastia.
Gilles Simeoni, leader d'Inseme per Bastia.
Ce n’était pas un meeting politique, juste un anniversaire en forme de nouveau point de départ. Ce n’était pas un discours politique, juste un bilan et des mises au point. Et pourtant…
La célébration des 5 ans de la démarche municipale des Nationalistes modérés d’Inseme per Bastia et le discours de son leader, Gilles Simeoni, marquent bien l’entrée en lice sur le champ de bataille électoral bastiais où un certain nombre de candidats, à droite et à gauche, déclarés ou pas, s’active déjà, surtout, contre leur propre camp. Même si les escarmouches entre majorité municipale et opposition nationaliste se multiplient et s’intensifient, déjà, depuis quelques temps. Et même si, en prévision du duel attendu du 2nd tour, le combat devient de plus en plus frontal entre le successeur désigné du maire sortant et le leader de l’opposition.
 
Une annonce par défaut
Tout le monde s’attendait à ce que Gilles Simeoni profite de cet anniversaire pour déclarer officiellement sa candidature et son entrée en campagne. Mais, le leader nationaliste, qui entend suivre son propre rythme, s’y est refusé, jugeant le moment inopportun ou trop précoce. Il fait, néanmoins, une annonce par défaut : « Le fait qu’Inseme per Bastia sera collectivement candidat, le fait que je serais, avec d’autres, candidat, ne fait de doute pour personne. C’est le sens de notre engagement depuis des années pour une certaine idée de la Corse et de Bastia ». Il définit clairement l’enjeu du prochain scrutin : « Ce qui compte, pour nous, n’est pas de savoir si, en face, c’est Jean ou Emile ou François, nous voulons gagner cette élection, non pas pour remplacer les Noirs par les Blancs. Nous voulons la gagner pour changer profondément les choses ».
 
Une critique sans concession
Changer les choses à Bastia a été l’un des engagements originels de la démarche d’Inseme, début 2008. « « Nous nous sommes dit que Bastia méritait autre chose que le sort qui lui a été réservé pendant 50 ans » explique le leader nationaliste en faisant le bilan des 5 ans écoulés et des actions menées par les cinq conseillers municipaux d’Inseme, à la fois, au niveau politique et sur le terrain auprès de la population. Rappelant la volonté d’Inseme de rassembler au-delà des partis autour d’une logique de projets, il se lance dans une critique sans concession de la gestion municipale et de la difficulté d’être un opposant au sein de l’actuelle majorité. « Bien sûr des choses bien ont été faites… mais parce que nous étions là à les aiguillonner ! Nous avons été très présents sur tous les dossiers, à toutes les séances et à toutes les commissions, faisant des propositions… mais nous avons très vite touché du doigt les limites de l’exercice municipal. La démocratie, certains en parlent très bien à longueur de communiqués, mais la font vivre très mal », dénonce-t-il en pointant du doigt, sans le nommer, le maire sortant.
 
Un rêve réalisable
Evoquant, ensuite, le contexte électoral, le leader d’Inseme demande aux militants de regarder l’horizon au point de mire en déclarant avec solennité : « Nous avons la possibilité dans 10 mois de gagner cette élection municipale. Nous avons la possibilité de faire que ce qui était, hier encore, un rêve, devienne, dans 10 mois, réalité ». Pour justifier cette assertion, il explique, in lingua nustrale, que « les choses ont changé », que la société corse a évolué. « Des idées, qui, hier encore, étaient défendues par 4 % ou 8% du corps électoral, sont aujourd’hui largement majoritaires ».
Et d’ironiser, tout en se félicitant, de la signature de la Charte de la langue corse par Emile Zuccarelli qui s’y était, longtemps, refusé : « Il y a 15 jours, nous avons vécu un moment discret, mais historique. Nous avons reçu une invitation bilingue de la mairie de Bastia ! C’est quelque chose d’incroyable ! Tant mieux ! Il a fallu que nous soyons élus pour entendre résonner notre langue maternelle dans l’enceinte de l’Assemblée de Corse (CTC) ou du Conseil municipal de Bastia. C’est une victoire importante ! ».
 
Deux défis à relever
Revenant sur l’adoption, à l’unanimité des votants, du statut de coofficialité de la langue, il y a 15 jours à la CTC, Gilles Simeoni en tire une conclusion pour le prochain scrutin : « Quand il y a la volonté collective, il y a un chemin. Ici, à Bastia, il y a le chemin pour gagner ». Il explique que les 10 mois à-venir sont essentiels pour relever un double défi. Le premier défi est de gagner les élections. « Le 2ème défi, encore plus difficile à relever, est, si les Bastiais nous font confiance, de réussir politiquement à changer les choses, à rompre avec un système que nous dénonçons ».
Le leader nationaliste fustige un système clientéliste qui est sa bête noire : « Personne ne va m’empêcher de dire que la réalité de cette ville, c’est que pour avoir un appartement HLM ou un emploi public à la ville ou à la CAB, il faut faire allégeance. Si vous ne faites pas allégeance, vous ne l’aurez jamais ! ».
 
Une exigence de démocratie
Pour lui, pas question d'accepter que perdure : « les mêmes impasses, les mêmes erreurs » !
Il proclame, avec force, l’irréversibilité de son exigence démocratique : « Si nous sommes élus, nous avons le devoir de rompre avec ce système. Même si ce système avance, demain, avec la tête de Maure, même s’il devait, demain, voter la coofficialité, s’il continue de demander aux gens d’aliéner leur liberté et leur dignité, je le refuse ! Je préfère que nous perdions plutôt que d’avoir à transiger avec. Mon engagement pour le peuple corse est indissociable de la volonté de construire un pays démocratique. Si la Corse, même avec une tête de maure, n’est pas une démocratie, ce n’est pas le pays que je veux ! ».
 
Un appel à la mobilisation
Très applaudi, il prévient ses troupes que la bataille, même si certains les donnent gagnants, sera très difficile, ne serait-ce que par la différence de moyens employés… « Nous n’avons que la force de nos convictions et de nos idées. Nous n’avons pas d’argent, pas de place à distribuer, pas d’appartement à promettre… Et, même si nous les avions, nous ne le ferions pas ! Nous avons en face de nous une machine éprouvée, une machine qui est, aujourd’hui, d’autant plus efficace qu’elle sait que le système, qu’elle défend, est en danger ».
Il lance, donc, un appel à la mobilisation générale : « Si vous voulez que nous gagnions les élections, il faut impérativement vous engager. Nous avons besoin de vous ». Gilles Simeoni enjoint les militants à aller à la pêche au vote et à s’inscrire ou à faire inscrire des électeurs sur les listes électorales.
 
Changer un système
« Nous incarnons le changement », assure-t-il avant de préciser que l’essentiel n’est pas sa candidature, mais le projet d’Inseme pour les Bastiais et l’équipe qui le portera. « Dix mois, c’est le temps suffisant pour aller dire à chacun que la victoire est à portée de main, si Bastia se donne les moyens de changer un système qui incarne le refus de tout : refus de l’université, refus de la langue corse, refus des avancées institutionnelles, refus de la défense des Arrêtés Miot, répression à tous crins… Ils ont été contre toutes les demandes de progrès qu’il y a eu depuis 30 ans dans ce pays. Nous avons le pouvoir de changer les choses, d’envoyer un signal extraordinaire à toute la Corse et dire qu’un autre chemin est possible ».
C’est, sur ses mots, que le leader d’Inseme per Bastia, longuement acclamé, sonne l’entrée en campagne.
 
N.M.