Le bureau d'Inseme per a Corsica autour de son leader, Gilles Simeoni, et de son porte-parole, Jean-Félix Acquaviva.
- Quel était l’objet de cette journée de réunion ?
- C’est une réunion, prévue de longue date, entre l’Exécutif et le Comité des territoires et des adhérents d’Inseme, pour travailler sur les prochaines réunions de territoire et la réalisation de l’Assemblée générale du 18 avril dont nous voulons faire un grand moment politique. Nous changeons de phase. L’Etat a très peu avancé sur le dossier corse. Il garde une fermeture sur les questions de fond, malgré les votes majoritaires et consensuels à l’Assemblée de Corse (CTC). Même la collectivité unique n’a pas de contenu précis ! L’Etat renvoie, sur des ordonnances, la définition de cette collectivité. Il joue la montre. Cela n’est pas satisfaisant ! D’autant que la Corse subit une situation de crise économique, sociale et culturelle très importante.
- Que comptez-vous faire ?
- Il est de notre devoir de créer les conditions, les outils et les convergences adéquats, à travers Inseme per a Corsica, d’une part, et le rassemblement Femu a Corsica, d’autre part. Il s’agit de devenir efficient sur le terrain politique, et non plus seulement sur le terrain parlementaire, afin que, demain, devant une situation politique installée durablement, l’Etat se rende, enfin, à l’évidence ! Le 1er objectif est que les Nationalistes accèdent au pouvoir territorial, de manière significative. Le 2nd est que les sujets posés le restent longtemps afin qu’avec les outils nouveaux dont se dotera le mouvement nationaliste, nous puissions, en créant avec d’autres des plateformes, mobiliser pour changer la société, faire bouger les choses et engager le développement sur la base des intérêts collectifs du peuple corse.
- C’est-à-dire ?
- Il s’agit de changer les institutions, mais aussi de répondre à la crise culturelle, sociale et économique. La question du foncier a des répercutions sociales sur la vie des Corses. Egalement, la question de la langue, de la fiscalité, notamment pour les entreprises, la question de la paupérisation qui est très importante dans l’île… Ces questions sont, pour nous, essentielles. Il faut des outils de décision sur place pour pouvoir résoudre ces situations. L’énergie, qui a été mise à la CTC lors des votes, est une chose. Rencontrer des Corses pour soutenir, avec eux, une démarche et créer une alternative là où les forces claniques traditionnelles ont échoué, devient, aujourd’hui, la priorité. La société corse doit s’emparer de ces questions et se mobiliser.
- Votre priorité est, donc, de restructurer Inseme. De quelle manière ?
- Inseme est un espace de convergence nationale qui porte un projet national. Nous avons toujours dit que le peuple corse n’était pas formé uniquement de Nationalistes et que nous étions capables d’accueillir en notre sein des gens qui sont pour la langue, pour le peuple corse, pour la défense du foncier, mais qui ne sont pas forcément Nationalistes. Nous allons reprendre notre structuration sur ce cheminement-là en remobilisant nos adhérents et en créant une mobilisation avec les acteurs économiques sur la question fiscale, avec les acteurs culturels sur la question de la langue… Nous ferons en sorte que notre mouvement vive et participe à des Collectifs existants, comme U Culletivu Parlemu Corsu, que nous avons déjà rencontré, le Collectif sur les Arrêtés Miot ou Stimu di stu paese, que nous allons rencontrer.
- Quelle est la place de Femu a Corsica dans ce projet ?
- Femu a Corsica est un rassemblement où Inseme a toute sa place, comme le PNC (Partitu di A Nazione Corsa) ou A Chjama. Nous soumettrons, à nos partenaires, une proposition de structuration de ce rassemblement afin de mettre en place des procédures et une gestion démocratique. Femu est structuré en tant que groupe à la CTC. Il doit, désormais, être structuré sur le terrain et s’élargir à la société corse pour être encore plus efficient sur le terrain sociétal, et pas seulement sur le terrain institutionnel.
- Ne craignez-vous pas que cette double structuration parallèle, mais dissociée, ne manque de lisibilité auprès des électeurs ?
- Non ! Femu a Corsica est une maison qui a beaucoup travaillé de manière institutionnelle et symbolique au niveau de la CTC. Elle a des piliers qui sont, Inseme, le PNC et A Chjama. Pour qu’elle se renforce, il faut renforcer ses piliers ! Cette construction est tout à fait intelligible ! L’objectif est de faire, des élections territoriales de décembre 2015, une étape décisive qui consacre un changement politique et historique. Depuis l’échec du processus de Matignon, l’Etat a adopté un comportement structurel et de longue durée. Les gouvernements, qu’ils soient de droite ou de gauche, ne donnent plus de dimension politique à la question corse. Les discussions, sur les questions fondamentales, sont à un niveau plus bas qu’en 2003. C’est pourquoi il faut de nouveaux outils et l’accession aux responsabilités pour changer de braquet, faire bouger les lignes et imposer une discussion à l’Etat.
- Le PNC dénonce le manque de structure de Femu, à qui il impute l’échec d’Ajaccio, et veut une structuration plus radicale. N’y-a-t-il pas désaccord sur ce point entre vous ?
- Absolument pas ! L’échec d’Ajaccio est du, malheureusement, au fait que Femu a mis toute son énergie sur l’aspect parlementaire, institutionnel, et qu’elle n’était pas assez structurée sur le terrain. Femu n’est pas simplement un groupe élu, c’est une fédération de forces qui, elles, sont très engagées sur le terrain. Jusqu’à présent, Femu n’existait que par le biais du groupe à la CTC, elle doit, aussi, exister en tant que fédération avec des procédures et des plateformes communes d’investissement du terrain sociétal qui prolongent les débats fondamentaux.
- N’y-a-t-il pas également une divergence sur la participation aux élections départementales ?
- Non ! Le PNC est sur la même longueur d’ondes que nous. La position de Femu a Corsica est de ne pas participer aux élections départementales, sauf dans des cas particuliers comme Bastia où il y a une majorité de gouvernance liée à une victoire historique contre le clan Zuccarelli. Globalement, vu les incertitudes sur la durée des Conseils départementaux, sur la collectivité unique, sur le découpage des cantons, inadapté surtout en milieu rural, avec la ville de Porto-Vecchio coupée en deux ou le canton du Centre-Corse qui est le 2ème de France en termes de mètres carrés…, nous avons décidé de ne pas être présents.
- Certains de vos adversaires prédisent ou tablent sur l’implosion de Femu a Corsica. Le risque existe-t-il ?
- Non ! Il y a beaucoup de desiderata d’élus du clan qui voudraient que Femu a Corsica explose parce que, tout simplement, nous sommes l’alternative attendue par les Corses. A travers le travail de consolidation du pilier qu’est Inseme et de notre proposition de structuration du rassemblement Femu, nous sommes, bien au contraire, dans la clarification de la démarche. Notre objectif est d’être prêts, au moment juste, à aller vers les Corses et à l’être avant les autres. Prêts dans le projet, prêts dans les gages de priorité à donner dans une mandature territoriale et prêts à exercer des responsabilités et une gouvernance. C’est à cela qu’Inseme a travaillé pendant toute cette journée et ce à quoi elle travaillera. Des réunions avec nos partenaires de Femu sont prévues rapidement. Nous sommes dans une logique de réaction pour être à la hauteur des enjeux.
- L’enjeu est-ce l’élection territoriale de décembre ?
- Oui ! Notre position est de nous mettre en ordre de marche pour les Territoriales et de préparer des contrats de gouvernance avec d’autres forces sur des principes précis. D’abord sur le chapitre évolutionniste : il faut que les candidats s’engagent sur la collectivité unique et sur les dossiers votés à la CTC. Ensuite, sur la gestion démocratique des collectivités : il faut mettre un terme à l’obscurantisme, donner des gages de volonté de gestion transparente des fonds publics et des décisions publiques dans les futurs Conseils départementaux, même s’ils ont une durée limitée.
- Laurent Marcangeli a lancé un appel vers Gilles Simeoni en vue d’une possible alliance pour les Territoriales. Comment réagissez-vous ?
- Pourquoi pas ! A droite, au-delà de Mr Marcangeli, d’autres personnes parlent d’autonomie. Les lignes bougent ! Notre philosophie est claire. Nous avons été les premiers à dire qu’il fallait une convergence de forces pour gouverner la Corse. Seulement, elle ne peut se faire au détriment des questions fondamentales qui se posent dans ce pays depuis 40 ans, ni au détriment des pratiques démocratiques. Sur ces bases-là, Bastia est un exemple de réussite. Ensuite, il faut cheminer ensemble comme dans tous les mariages. Nous ne rechignons pas à le faire, ailleurs, avec des forces de droite et de gauche. Mais, je le répète, nous voulons des gages tant sur le fond que sur la gouvernance. Certains systèmes se réclament des changements de fond, mais restent très obscurs au niveau de la gestion des collectivités, notamment de la CTC. Nous n’acceptons ni dérives, ni gaspillage de fonds publics, ni assistanat, ni clientélisme. Notre volonté est d’être le moteur du changement, mais nous devons être clair sur le contrat de gouvernance et vis-à-vis des Corses.
Propos recueillis par Nicole MARI
- C’est une réunion, prévue de longue date, entre l’Exécutif et le Comité des territoires et des adhérents d’Inseme, pour travailler sur les prochaines réunions de territoire et la réalisation de l’Assemblée générale du 18 avril dont nous voulons faire un grand moment politique. Nous changeons de phase. L’Etat a très peu avancé sur le dossier corse. Il garde une fermeture sur les questions de fond, malgré les votes majoritaires et consensuels à l’Assemblée de Corse (CTC). Même la collectivité unique n’a pas de contenu précis ! L’Etat renvoie, sur des ordonnances, la définition de cette collectivité. Il joue la montre. Cela n’est pas satisfaisant ! D’autant que la Corse subit une situation de crise économique, sociale et culturelle très importante.
- Que comptez-vous faire ?
- Il est de notre devoir de créer les conditions, les outils et les convergences adéquats, à travers Inseme per a Corsica, d’une part, et le rassemblement Femu a Corsica, d’autre part. Il s’agit de devenir efficient sur le terrain politique, et non plus seulement sur le terrain parlementaire, afin que, demain, devant une situation politique installée durablement, l’Etat se rende, enfin, à l’évidence ! Le 1er objectif est que les Nationalistes accèdent au pouvoir territorial, de manière significative. Le 2nd est que les sujets posés le restent longtemps afin qu’avec les outils nouveaux dont se dotera le mouvement nationaliste, nous puissions, en créant avec d’autres des plateformes, mobiliser pour changer la société, faire bouger les choses et engager le développement sur la base des intérêts collectifs du peuple corse.
- C’est-à-dire ?
- Il s’agit de changer les institutions, mais aussi de répondre à la crise culturelle, sociale et économique. La question du foncier a des répercutions sociales sur la vie des Corses. Egalement, la question de la langue, de la fiscalité, notamment pour les entreprises, la question de la paupérisation qui est très importante dans l’île… Ces questions sont, pour nous, essentielles. Il faut des outils de décision sur place pour pouvoir résoudre ces situations. L’énergie, qui a été mise à la CTC lors des votes, est une chose. Rencontrer des Corses pour soutenir, avec eux, une démarche et créer une alternative là où les forces claniques traditionnelles ont échoué, devient, aujourd’hui, la priorité. La société corse doit s’emparer de ces questions et se mobiliser.
- Votre priorité est, donc, de restructurer Inseme. De quelle manière ?
- Inseme est un espace de convergence nationale qui porte un projet national. Nous avons toujours dit que le peuple corse n’était pas formé uniquement de Nationalistes et que nous étions capables d’accueillir en notre sein des gens qui sont pour la langue, pour le peuple corse, pour la défense du foncier, mais qui ne sont pas forcément Nationalistes. Nous allons reprendre notre structuration sur ce cheminement-là en remobilisant nos adhérents et en créant une mobilisation avec les acteurs économiques sur la question fiscale, avec les acteurs culturels sur la question de la langue… Nous ferons en sorte que notre mouvement vive et participe à des Collectifs existants, comme U Culletivu Parlemu Corsu, que nous avons déjà rencontré, le Collectif sur les Arrêtés Miot ou Stimu di stu paese, que nous allons rencontrer.
- Quelle est la place de Femu a Corsica dans ce projet ?
- Femu a Corsica est un rassemblement où Inseme a toute sa place, comme le PNC (Partitu di A Nazione Corsa) ou A Chjama. Nous soumettrons, à nos partenaires, une proposition de structuration de ce rassemblement afin de mettre en place des procédures et une gestion démocratique. Femu est structuré en tant que groupe à la CTC. Il doit, désormais, être structuré sur le terrain et s’élargir à la société corse pour être encore plus efficient sur le terrain sociétal, et pas seulement sur le terrain institutionnel.
- Ne craignez-vous pas que cette double structuration parallèle, mais dissociée, ne manque de lisibilité auprès des électeurs ?
- Non ! Femu a Corsica est une maison qui a beaucoup travaillé de manière institutionnelle et symbolique au niveau de la CTC. Elle a des piliers qui sont, Inseme, le PNC et A Chjama. Pour qu’elle se renforce, il faut renforcer ses piliers ! Cette construction est tout à fait intelligible ! L’objectif est de faire, des élections territoriales de décembre 2015, une étape décisive qui consacre un changement politique et historique. Depuis l’échec du processus de Matignon, l’Etat a adopté un comportement structurel et de longue durée. Les gouvernements, qu’ils soient de droite ou de gauche, ne donnent plus de dimension politique à la question corse. Les discussions, sur les questions fondamentales, sont à un niveau plus bas qu’en 2003. C’est pourquoi il faut de nouveaux outils et l’accession aux responsabilités pour changer de braquet, faire bouger les lignes et imposer une discussion à l’Etat.
- Le PNC dénonce le manque de structure de Femu, à qui il impute l’échec d’Ajaccio, et veut une structuration plus radicale. N’y-a-t-il pas désaccord sur ce point entre vous ?
- Absolument pas ! L’échec d’Ajaccio est du, malheureusement, au fait que Femu a mis toute son énergie sur l’aspect parlementaire, institutionnel, et qu’elle n’était pas assez structurée sur le terrain. Femu n’est pas simplement un groupe élu, c’est une fédération de forces qui, elles, sont très engagées sur le terrain. Jusqu’à présent, Femu n’existait que par le biais du groupe à la CTC, elle doit, aussi, exister en tant que fédération avec des procédures et des plateformes communes d’investissement du terrain sociétal qui prolongent les débats fondamentaux.
- N’y-a-t-il pas également une divergence sur la participation aux élections départementales ?
- Non ! Le PNC est sur la même longueur d’ondes que nous. La position de Femu a Corsica est de ne pas participer aux élections départementales, sauf dans des cas particuliers comme Bastia où il y a une majorité de gouvernance liée à une victoire historique contre le clan Zuccarelli. Globalement, vu les incertitudes sur la durée des Conseils départementaux, sur la collectivité unique, sur le découpage des cantons, inadapté surtout en milieu rural, avec la ville de Porto-Vecchio coupée en deux ou le canton du Centre-Corse qui est le 2ème de France en termes de mètres carrés…, nous avons décidé de ne pas être présents.
- Certains de vos adversaires prédisent ou tablent sur l’implosion de Femu a Corsica. Le risque existe-t-il ?
- Non ! Il y a beaucoup de desiderata d’élus du clan qui voudraient que Femu a Corsica explose parce que, tout simplement, nous sommes l’alternative attendue par les Corses. A travers le travail de consolidation du pilier qu’est Inseme et de notre proposition de structuration du rassemblement Femu, nous sommes, bien au contraire, dans la clarification de la démarche. Notre objectif est d’être prêts, au moment juste, à aller vers les Corses et à l’être avant les autres. Prêts dans le projet, prêts dans les gages de priorité à donner dans une mandature territoriale et prêts à exercer des responsabilités et une gouvernance. C’est à cela qu’Inseme a travaillé pendant toute cette journée et ce à quoi elle travaillera. Des réunions avec nos partenaires de Femu sont prévues rapidement. Nous sommes dans une logique de réaction pour être à la hauteur des enjeux.
- L’enjeu est-ce l’élection territoriale de décembre ?
- Oui ! Notre position est de nous mettre en ordre de marche pour les Territoriales et de préparer des contrats de gouvernance avec d’autres forces sur des principes précis. D’abord sur le chapitre évolutionniste : il faut que les candidats s’engagent sur la collectivité unique et sur les dossiers votés à la CTC. Ensuite, sur la gestion démocratique des collectivités : il faut mettre un terme à l’obscurantisme, donner des gages de volonté de gestion transparente des fonds publics et des décisions publiques dans les futurs Conseils départementaux, même s’ils ont une durée limitée.
- Laurent Marcangeli a lancé un appel vers Gilles Simeoni en vue d’une possible alliance pour les Territoriales. Comment réagissez-vous ?
- Pourquoi pas ! A droite, au-delà de Mr Marcangeli, d’autres personnes parlent d’autonomie. Les lignes bougent ! Notre philosophie est claire. Nous avons été les premiers à dire qu’il fallait une convergence de forces pour gouverner la Corse. Seulement, elle ne peut se faire au détriment des questions fondamentales qui se posent dans ce pays depuis 40 ans, ni au détriment des pratiques démocratiques. Sur ces bases-là, Bastia est un exemple de réussite. Ensuite, il faut cheminer ensemble comme dans tous les mariages. Nous ne rechignons pas à le faire, ailleurs, avec des forces de droite et de gauche. Mais, je le répète, nous voulons des gages tant sur le fond que sur la gouvernance. Certains systèmes se réclament des changements de fond, mais restent très obscurs au niveau de la gestion des collectivités, notamment de la CTC. Nous n’acceptons ni dérives, ni gaspillage de fonds publics, ni assistanat, ni clientélisme. Notre volonté est d’être le moteur du changement, mais nous devons être clair sur le contrat de gouvernance et vis-à-vis des Corses.
Propos recueillis par Nicole MARI
Les représentants des Comités des territoires et des adhérents.